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Assemblée nationale : Vital Kamerhe partagé entre la loi et la loyauté

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Sommaire

Edgar Bal Mayel : «L’éducation est un droit reconnu à chaque enfant, fille ou garçon»...P. 2

Temiza Nathoo Rawji : «Malgré les efforts fournis, le taux de l’éducation des filles reste bas en RDC»...P. 3

Kasaï Occidental : les filles remplacent leurs mères dans les ménages à Kananga...P. 4

Bandundu : les employeurs engagent peu de femmes à Kikwit ...P. 4

JDC Journal-école n°17 - Semaine du 23 au 29 mars 2009

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Assemblée nationale : Vital Kamerhe partagé entre la loi et la loyauté

Depuis plus de deux mois, un vent violent souffle sur le Palais du peuple, siège du Parlement. En effet, l’Alliance de la majorité présiden- tielle (AMP) appelle Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, à rendre le tablier. Ce regroupement politique proche de Joseph Kabila n’a pas apprécié la déclaration fai- te par le président de la Chambre basse lors de l’irruption des troupes rwandaises en RDC en janvier 2009.

A l’AMP, il est accusé d’avoir désa- voué le chef de l’Etat et posé ainsi un acte de haute trahison.

J

e n’ai jamais été informé de quoi que ce soit sur l’entrée éventuelle des troupes rwandaises sur le territoire congolais (...) Maintenant que vous me dites que les troupes rwandaises sont entrées en RDC, je préfère croire que c’est faux. Si c’est vrai, c’est tout sim- plement grave! (...)». Ainsi, s’exprimait Vital Kamerhe, le 21 janvier 2009, sur radio Okapi.

Cette déclaration a été mal digérée à l’AMP, sa famille politique. Dès lors, des pressions sont exercées sur le pré- sident de l’Assemblée nationale pour le pousser à la démission. En vain. Selon plusieurs sources, aucun de nombreux émissaires envoyés auprès de lui, n’est parvenu à le convaincre. «Je veux bien démissionner, mais cela doit se faire dans le respect des textes», répond le

«speaker» de l’Assemblée nationale aux personnes qui l’abordent.

Pendant ce temps, le chef de l’Etat congolais, cité par le journal «Le Soft», paru le 23 mars 2009, a déclaré aux députés qui l’ont rencontré à Goma, que Vital Kamerhe était au courant de l’entrée des soldats rwandais en RDC.

«Je le reçois à 11 heures. A 14 heures, je reçois un coup de fil: Vital venait de faire une déclaration. Il dit tout ignorer de ces opérations; il dit que cela est très mauvais, que l’Assemblée Natio- nale n’a pas été consultée...», dixit le président congolais.

En dépit des pressions exercés sur sa personne, Vital Kamerhe a refusé de démissionner. Il a même ouvert, seul au bureau, la session ordinaire, le 16 mars 2009. Finalement, le cas de sa démission a été inscrit à l’ordre du jour lors de la conférence des pré- sidents des groupes parlementaires et des Commissions spécialisées de la Chambre basse.

Au sein de sa famille politique, une motion de déchéance a été préparée pour descendre le président de l’As- semblée nationale du perchoir. Cette motion devra être présentée à la plé-

nière. En attendant, plus de 300 dé- putés de l’AMP auraient apposé leurs signatures sur une pétition réclamant la démission de l’élu de Bukavu.

Procédure recommandée Selon plusieurs experts, la Cons- titution, moins encore le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, ne prévoient des mesures en cas de crise persistante au niveau de la Chambre basse du Parlement. Seul l’article 148 de la Constitution indique que l’Assem- blée nationale peut être dissoute par le président de la République au cas où une crise subsisterait entre la Chambre basse et le Gouvernement.

Toutefois, selon le Règlement inté- rieur de l’Assemblée nationale, en son article 21, une fois le bureau installé, ses membres sont élus pour la durée de la législature. D’après l’article 26 du même texte, «les fonctions d’un mem- bre du bureau de l’Assemblée nationale prennent fin par décès, démission, em- pêchement définitif, incompatibilité, dé- part délibéré de son parti politique, con- damnation irrévocable à une peine de service pénale principale pour infraction intentionnelle ou déchéance prononcée par la plénière».

Le Règlement intérieur ajoute : «En cas de faute grave ou d’incompétence constatée par la plénière dans l’exercice de ses fonctions, un membre du bureau peut être relevé par celle-ci suivant une procédure contradictoire». Dans ce cas, le remplaçant est élu pour le reste de la durée du mandat du membre déchu.

Par ailleurs, le président de l’Assem- blée nationale et les autres membres du bureau sont élus par ordre de pré- séance en séance publique, au scrutin uninominal et secret, à la majorité ab- solue des suffrages exprimés. C’est en s’accrochant à cette disposition de leur Règlement intérieur que les députés de l’opposition exigent que le cas Kamerhe soit soumis à un vote en plénière.

«La déchéance ne peut être obte- nue que lorsqu’une plénière est con- voquée», explique Jean-Lucien Bussa, député membre du Mouvement de libé- ration du Congo (MLC). Et de renché- rir : «En ce qui nous concerne, en tant que députés de l’opposition, nous nous étonnons d’une majorité au pouvoir qui refuse de participer au jeu démocrati- que. Mais en même temps, nous som- mes en train de craindre une espèce de dérive présidentialiste et même dictato- riale qui s’annonce à l’horizon».

A l’AMP, tout est mis en marche pour obtenir le départ de Vital Kame- rhe. «Nous demandons au président de l’Assemblée nationale de démissionner

de ses fonctions, à défaut, nous met- trons en œuvre les mécanismes régle- mentaires enfin d’obtenir sa déchéan- ce», peut-on lire dans une déclaration lue par le député Ernest Kiaviro.

Toutefois, tout le monde ne parle pas le même langage au niveau de la majorité. Justin Bitakwira, député issu de l’AMP a, le 16 mars 2009, appelé le président de la République à reconsidé- rer sa position. «S’il veut être encore le chef de l’Etat que tout le monde a vanté, en qui chacun a confiance, qu’il suive nos propos, nos convictions ; dans le cas contraire, je considère qu’il est un chef de l’Etat perdu», a-t-il indiqué.

Choc des arguments politiques et juridiques

La polémique née de l’affaire Kame- rhe embarrasse beaucoup la classe po- litique congolaise, notamment la famille politique du chef de l’Etat. «Sur le plan strictement politique, les choses ont été mal présentées et ont créé diverses interprétations», s’exclame Me Ga- briel Banze, cadre du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocra- tie (PPRD). L’homme avoue avoir émis cet avis comme un analyste politique.

Selon lui, la RDC est en train de vivre,

M

wasi atongaka mboka te» (la femme ne construit pas la nation), entend- t-on dire en lingala dans les rues de Kisangani, chef-lieu de la Province Orientale. L’accès des femmes à l’emploi dans cette ville n’est pas facile. Trop de préjugés, la coutume et autres comportements les en empêchent. La men- talité collective veut les contraindre aux travaux ménagers.

«Nous avons les mêmes capacités intellectuelles que les hommes. Pour- quoi ne pouvons-nous pas travailler avec tous les diplômes que nous déte- nons?», s’étonne Albertine Likoke, qui lutte pour les droits de la femme au sein de l’ONG «Groupe Lotus».Pour elle, la différence entre la femme et l’homme réside au niveau du sexe, mais pas au niveau des rôles que la société confie à l’être humain.

C’est pour dénoncer toutes ces formes de discrimination, d’exclusion et de maltraitance que le 8 mars dernier, lors de la Journée internationale de la fem- me, les dames de Kisangani ont défilé massivement. Sur les calicots, on pou- vait lire divers messages de dénonciation et de revendication : «Faciliter l’accès des femmes à l’emploi», «non à la discrimination basée sur le sexe», «non au harcèlement sexuel et aux violences sexuelles».

Si les femmes ne sont pas obligées de devenir maîtresses avant toute embauche, on leur ferme carrément la porte. «J’ai sollicité un poste dans une entreprise de la place, mais le directeur m’a fait des avances avant que ma demande soit acceptée. J’ai dû abandonner», raconte avec regret Jeannine K.

«J’ai recommandé ma nièce dans un organisme auprès d’un ami, témoigne de son côté C. G., qui travaille dans l’humanitaire, mais il lui a obligé de devenir sa petite amie. J’ai demandé à ma nièce de laisser tomber».

Selon Albertine du «Groupe Lotus», «d’autres services refusent carrément d’embaucher des femmes car disent-ils, la maternité risque d’entraver la bonne marche du travail». C’est ainsi que nombre de femmes qui travaillent dans le privé mettent difficilement au monde de peur de perdre le poste.

D’autres injustices sont d’ordre structurel. Dans la plupart de services publics en effet, la femme mariée n’a pas droit aux allocations familiales, pas d’avanta- ges sociaux. Même à des postes nominatifs, peu de femmes y ont accès. Ainsi, parmi les dix ministres provinciaux, il n’y a que deux femmes en Province Orien- tale. Les femmes subissent des pressions de toute sorte de la part des hommes qui détiennent le pouvoir. «Même si les procédures sont réglementaires, léga- les et consacrées par la Constitution, les femmes sont toujours rabaissées pour les contraindre de négocier», s’étonne Albertine.

Tout n’est pas que la faute de l’homme. «La femme, estime le Groupe Lo- tus, ne veut pas faire de longues études. Elle dit que la politique, c’est l’affaire des hommes. Elle a peur de postuler à des grands postes lorsque les offres sont affichées. Dans les partis politiques, elle préfère crier et étaler les pagnes pour accueillir les chefs, au lieu de réclamer des postes de responsabilité…».

«Pour arriver à changer sa situation, conseille Albertine, la femme doit extir- per sa peur et se jeter à l’eau à tout moment comme son collègue homme. Elle doit mouiller le maillot pour conquérir ses droits».

Pepe MIKWA InterCongo media/Syfia à travers cette situation, le tâtonnement de la jeune démocratie naissante.

Conseiller au collège politique et diplomatique du Président de la Ré- publique, Jean-Pierre Kambila estime que la guerre des mots que se livrent les uns et les autres autour du Chef de l’Etat démobilise l’opinion. Il souhaite le règlement de cet incident au plus vite.

Pour lui, Vital Kamerhe devra rester dans son parti politique, le PPRD. «Sur le fond, soutient-il, Joseph Kabila et Vi- tal Kamerhe sont d’accord sur l’essen- tiel».

Constitutionnaliste, Jean-Louis Esambo estime que c’est un problème purement politique qui n’a aucun ca- ractère constitutionnel. «Le plus im- portant, c’est qu’il y ait une sagesse politique au niveau des personnes à qui on demande de démissionner, mais également au niveau de la plénière. Je pense donc que la sagesse commande à ce qu’il y ait de l’élévation, et pas de passion. Que cette question puisse être gérée en responsable. Il y a lieu d’avoir un nouveau bureau qui commandera les destinées de toute l’Assemblée na- tionale», estime-t-il.

Isabelle KIBUNGU, Gisèle LUKUSA et Persévérance NDEGHEY

Kisangani : les femmes accèdent

difficilement au travail

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JDC Journal-école n°17 - Semaine du 23 au 29 mars 2009

Journal du Citoyen A l’affiche

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mentale promulguée en 2006. Ladite campagne s’inscrivait également dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), parmi lesquels l’accélération de l’éducation des filles et la promo- tion de la parité dans l’enseignement primaire universel.

La Constitution de la République Démocratique du Congo, en son ar- ticle 43, stipule que «toute personne à droit à l’éducation scolaire». Selon cette disposition, «l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics».

L

e Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), avec l’appui du gouvernement congolais,à travers le ministère de l’Enseignement pri- maire, secondaire et professionnel (EPSP) avait lancé en 2002, la cam- pagne «Toutes les filles à l’école». La campagne faisait suite aux engage- ments pris lors du Sommet mondial pour les enfants et la session spéciale sur l’enfance tenue à New York, aux Etats-Unis, en 1990 et en 2002.

Au cours de ces deux rencontres, la RDC s’était engagée à respecter les droits des enfants à la suivie, à l’édu- cation, à la protection et à la participa- tion comme on peut le lire à travers les articles 42, 43, 45 et 47 de la Loi fonda-

L’appui de l’UNICEF à la scolarisation des filles en RDC

L’objectif premier fixé était d’inscri- re chaque année en première année du primaire 1.500.000 enfants en âge d’aller à l’école, dont 750.000 filles.

Le deuxième objectif était d’assurer la parité fille/garçon dans les 2301 écoles primaires cibles appuyées par l’UNICEF. Enfin, cette campagne

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visait l’amélioration, dès 2004, de la qualité de l’enseignement.

Après cinq ans, l’UNICEF a changé de slogan. Au lieu de «Toutes les filles à l’école», le mot d’ordre est devenu

«toutes les filles et tous les garçons à l’école». Malgré ce changement de slogan, la mission première demeu- re. Les objectifs fixés se concrétisent du jour au jour. Dans la province du Bandundu, par exemple, pour les an- nées 2006-2007 et 2007-2008, on compte 23,5% de filles contre 19,7%

pour la première année et 23 % de filles contre 19,1% en deuxième année sur un total de 394 écoles.

L’UNICEF ne se bat pas seulement pour les droits et devoirs de l’enfant.

Il l’assiste aussi en lui distribuant les kits dotés de fournitures scolaires. Ce n’est pas tout. L’UNICEF forme égal- ment des enseignants, réhabilite les infrastructures scolaires et sensibilise les parents sur l’importance de l’édu- cation de tous les enfants.

Gethou PUMBA META

parvenir à supprimer tous les sté- réotypes sexistes au sein de nos sociétés. Avec l’aide de l’UNICEF, le ministère de l’EPSP avait lancé, en 2004, la campagne dénommée

«Toutes les filles à l’école». Celle- ci a connu un grand retentissement et un réel succès dans 2000 écoles ciblées, avec une prise en charge de certains frais scolaires des filles et l’offre de fournitures scolaires.

On retiendra que parmi les enfants non scolarisés, 57% sont des filles.

Par ailleurs, des cadres de direction et des enseignants ont été formés pour leur permettre de disposer des ressources,des aptitudes et des at- titudes nécessaires en vue de pro- mouvoir une pédagogie intégrant la dimension Genre.

La Constitution de la RDC prône la gratuité de l’enseignement au niveau primaire. Cette disposi- tion de la loi est-elle appliquée sur terrain ?

Parler, s’interroger sur la gratuité de l’enseignement primaire, c’est sans doute évoquer le problème du financement de l’éducation. Un pro- blème de fond pour notre système scolaire. Tout Congolais sait que notre enseignement primaire n’est pas gratuit, alors que sous d’autres cieux, c’est l’enseignement fonda- mental qui bénéficie de cette dispen- se. Ce n’est pas tant un problème juridique qu’un problème de volonté politique réelle d’ inscrire les crédits budgétaires conséquents. Pourtant, en RDC, la loi-cadre de l’ensei- gnement national affirme le droit à l’éducation et impose une éducation primaire obligatoire et gratuite. On ne saurait transiger sur la responsa- bilité de l’Etat et de la communauté nationale dans leur devoir d’assurer à tous les enfants une éducation minimum de qualité. En cas de dé- faillance, la Convention des Droits de l’Enfant leur reconnaît le pouvoir d’avoir recours à la coopération bi- latérale ou multilatérale.En RDC, la gratuité est accordée au niveau de l’enseignement primaire. Il faut vite préciser que dans d’autres pays, on parle de l’enseignement fondamen- tal.

Interview réalisée par Huguette WEMBO SAMBI

Edgar Bal Mayel : «L’éducation est un droit reconnu à chaque enfant, fille ou garçon»

Commis de l’Etat congolais de- puis la fin de ses études univer- sitaires, Edgar Bal Mayel exerce actuellement les fonctions d’Ins- pecteur général adjoint au minis- tère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP). Pour cet ancien dé- puté national (1987-1997), tous les enfants, sans distinction de sexe, ont droit à l’éducation.

En termes de pourcentage, qui des filles et des garçons vont le plus à l’école dans notre pays ?

Il est établi que ce sont les gar- çons qui, notoirement, vont le plus à l’école à tous les niveaux et à tous les degrés de l’enseignement.

Le taux de scolarisation des gar- çons est bien plus élevé que celui de filles. Toutefois, dans les grands centres urbains, la parité fille – gar- çon s’impose au niveau primaire. Il tombe sous le sens qu’en dépit de la Convention concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de l’enseignement adop- tée par la Conférence générale de l’Unesco qui a posé, dès l’aube des indépendances (1960), les jalons de l’égalité de chances pour les filles et les femmes, ce mal mine toujours l’enseignement scolaire. Cette Con- vention, comme tous les autres ins- truments juridiques ultérieurs, visait non seulement l’élimination de la discrimination dans l’enseignement, mais aussi l’adoption des mesures susceptibles de promouvoir l’égalité de chances et de traitement dans ce domaine précis de l’enseignement.

Force est de constater qu’on n’est pas sorti de l’ornière et que le phé- nomène «filles cadenas» (allusion faite aux filles condamnées à gar- der la maison et les enfants en âge préscolaire) occupe toujours une place d’honneur dans nos sociétés, surtout rurales.

Quelle est la mission de l’Inspec- tion générale de l’enseignement dans notre pays ?

Conformément aux textes juridi- ques qui organisent l’Inspection de l’enseignement en RDC, la mission dévolue à l’IGE se ramène à une

triptyque dont les panneaux sont d’abord le contrôle pédagogique du système scolaire dans tous ses compartiments (aspect normatif);

ensuite la formation en cours d’em- ploi du personnel enseignant et, en- fin, l’évaluation sommative des ac- quis scolaires (TENAFEP, examen d’état).

Comment l’inspecteur de l’en- seignement s’acquitte-t-il de ses missions ?

A différentes étapes de l’évolu- tion politique et administrative du pays, l’inspecteur d’enseignement a été, tour à tour, le gendarme, l’enca- dreur ou l’animateur pédagogique.

L’actuelle recherche en pédagogie dite «pédagogie de l’intégration», qui s’écarte des anciennes théories, vise à développer les compétences à l’école et à réduire les échecs scolaires. Elle prône des pratiques de classes novatrices, mais non ré- volutionnaires. En harmonie avec cette nouvelle pédagogie, le rôle de l’inspecteur devrait fatalement être reconfiguré : le nouveau rôle sera celui d’un expert en accompagne- ment appelé à structurer les diver- ses productions de l’enseignant. Ce dernier, à son tour, aura la propen- sion à positiver la production de cha- que élève. L’inspecteur ne devrait

«Aucune discrimination ne peut être appliquée vis-àvis des enfants à scolariser», estime l’Inspecteur général adjoint, Edgar Bal Mayel

(Photo JDC)

plus porter des lunettes noires. Les lunettes jaunes lui conviendraient mieux : devant un verre d’eau, il ne le verra pas à moitié vide, mais le verre plutôt à moitié plein.

Quelle évaluation faites-vous de la campagne «Toutes les filles à l’école» lancée par l’UNICEF ?

L’UNICEF a, de tout temps, été un partenaire clé du ministère de l’EPSP dans sa lourde mission d’as- surer à tous les enfants congolais l’accès à l’école, de garantir l’équité des apprentissages à tous, gage de son développement intellectuel intégral, afin qu’ils deviennent des citoyens productifs et utiles aussi bien à eux-mêmes qu’à la nation.

L’éducation est un droit reconnu à chaque enfant, sans distinction de sexe, de religion, de condition sociale. Aucune discrimination ne peut être appliquée vis-à-vis des enfants à scolariser, même la per- sonne avec un handicap. Toutes les pratiques, coutumes,habitudes né- gatives tendant à minimiser l’édu- cation des enfants ou de quelques enfants sont à combattre et à ban- nir. Un des défis de l’Enseignement Pour Tous (EPT) consiste à briser les barrières culturelles pour faire participer toutes les filles à l’édu- cation. Sur terrain, l’objectif est de

Focus

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Journal du Citoyen

Libre expression

3 JDC Journal-école n°17 - Semaine du 23 au 29 mars 2009

visait l’amélioration, dès 2004, de la qualité de l’enseignement.

Après cinq ans, l’UNICEF a changé de slogan. Au lieu de «Toutes les filles à l’école», le mot d’ordre est devenu

«toutes les filles et tous les garçons à l’école». Malgré ce changement de slogan, la mission première demeu- re. Les objectifs fixés se concrétisent du jour au jour. Dans la province du Bandundu, par exemple, pour les an- nées 2006-2007 et 2007-2008, on compte 23,5% de filles contre 19,7%

pour la première année et 23 % de filles contre 19,1% en deuxième année sur un total de 394 écoles.

L’UNICEF ne se bat pas seulement pour les droits et devoirs de l’enfant.

Il l’assiste aussi en lui distribuant les kits dotés de fournitures scolaires. Ce n’est pas tout. L’UNICEF forme égal- ment des enseignants, réhabilite les infrastructures scolaires et sensibilise les parents sur l’importance de l’édu- cation de tous les enfants.

Gethou PUMBA META

parvenir à supprimer tous les sté- réotypes sexistes au sein de nos sociétés. Avec l’aide de l’UNICEF, le ministère de l’EPSP avait lancé, en 2004, la campagne dénommée

«Toutes les filles à l’école». Celle- ci a connu un grand retentissement et un réel succès dans 2000 écoles ciblées, avec une prise en charge de certains frais scolaires des filles et l’offre de fournitures scolaires.

On retiendra que parmi les enfants non scolarisés, 57% sont des filles.

Par ailleurs, des cadres de direction et des enseignants ont été formés pour leur permettre de disposer des ressources,des aptitudes et des at- titudes nécessaires en vue de pro- mouvoir une pédagogie intégrant la dimension Genre.

La Constitution de la RDC prône la gratuité de l’enseignement au niveau primaire. Cette disposi- tion de la loi est-elle appliquée sur terrain ?

Parler, s’interroger sur la gratuité de l’enseignement primaire, c’est sans doute évoquer le problème du financement de l’éducation. Un pro- blème de fond pour notre système scolaire. Tout Congolais sait que notre enseignement primaire n’est pas gratuit, alors que sous d’autres cieux, c’est l’enseignement fonda- mental qui bénéficie de cette dispen- se. Ce n’est pas tant un problème juridique qu’un problème de volonté politique réelle d’ inscrire les crédits budgétaires conséquents. Pourtant, en RDC, la loi-cadre de l’ensei- gnement national affirme le droit à l’éducation et impose une éducation primaire obligatoire et gratuite. On ne saurait transiger sur la responsa- bilité de l’Etat et de la communauté nationale dans leur devoir d’assurer à tous les enfants une éducation minimum de qualité. En cas de dé- faillance, la Convention des Droits de l’Enfant leur reconnaît le pouvoir d’avoir recours à la coopération bi- latérale ou multilatérale.En RDC, la gratuité est accordée au niveau de l’enseignement primaire. Il faut vite préciser que dans d’autres pays, on parle de l’enseignement fondamen- tal.

Interview réalisée par Huguette WEMBO SAMBI

biais du ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (EPSP), qui est notre partenaire clé.

Des critères sont définis de commun accord quant à la sélection des écoles ciblées. L’un de nos grands objectifs est de renforcer les structures étatiques de ce ministère.

Quelle évaluation faites-vous de la campagne «Filles et garçons, tous à l’école» ?

Il faudrait reconnaître qu’il reste en- core un grand travail à abattre. Malgré le travail de sensibilisation des parents, les résultats sont encore maigres. Il faut que les parents, à leur niveau, ar- rivent à réaliser l’importance pour une fille (comme pour un garçon) d’étudier.

Par ailleurs, il est important de noter que, par rapport à l’année 2002, il y a une légère augmentation. Autre fait à déplorer : dans la société congolaise, il n’existe pas un grand leadership fémi- nin qui peut servir d’exemple aux filles.

Il n’y a pas beaucoup de femmes mé- decins, journalistes, institutrices, chefs d’entreprise ou directrices d’école, par exemple.

Que suggérez-vous pour améliorer le taux d’instruction des filles et des garçons en RDC ?

Il faut beaucoup de travail d’éduca- tion civique. C’est d’ailleurs ce que vous êtes déjà en train de faire au niveau du

«Journal du Citoyen !». Il y a aussi la mobilisation pour que les parents chan- gent de comportement. Mais égale- ment, la société doit changer d’attitude en ce qui concerne l’instruction des filles et des garçons. Le gouvernement avec ses partenaires font déjà quelques pas dans la bonne direction avec l’initiative de réduction progressive de frais sco- laires au primaire.

Interview réalisée par Giscard ABETY

Que pensez-vous de l’application des filles à l’école ?

Temiza Nathoo Rawji : «Malgré les efforts fournis, le taux de l’éducation des filles reste bas»

De nationalité canadienne, Mme Temiza Nathoo Rawji est chargée du Programme de l’éducation primaire à l’UNICEF en vue de favoriser l’ac- cès d’un grand nombre d’enfants congolais à l’école.

La Constitution de la RDC prône la gratuité de l’enseignement au ni- veau primaire. Cette disposition est- elle appliquée sur terrain ?

La gratuité de l’enseignement pri- maire est une question qui préoccupe l’UNICEF. Des discussions sont en train d’être engagées entre notre ins- titution et la partie congolaise pour trouver des solutions devant faciliter la gratuité de cet enseignement. Il faut savoir que l’éducation est un système qui doit répondre à diverses charges

(salaires, réhabilitations, équipements, manuels, etc.). Si l’enseignement pri- maire est gratuit, il faudra trouver des mécanismes susceptibles de permet- tre au système éducatif de continuer à fonctionner sans que la charge soit trop lourde pour les parents.

En termes de pourcentage, qui des filles et des garçons vont le plus à l’école en RDC?

Le taux de scolarisation des filles reste bas en RDC, malgré les efforts fournis pour mobiliser les parents. Les efforts fournis grâce à la campagne d’accélération «Filles et garçons, tous à l’école» ont conduit à une augmenta- tion de 24,6% pour les deux sexes de 2006 à 2007. En termes de chiffres, il se dégage un pourcentage de 24,5%

des filles qui sont inscrites en 1ère an- née primaire contre 24,7% des garçons pendant la même période pour toute la RDC. En 2002, l’UNICEF avait lancé la campagne «Toutes les filles à l’école».

Une évaluation de la campagne a ré- vélé un déséquilibre progressif entre le nombre des filles et des garçons inscrits à l’école primaire. La nouvelle campagne tend à réduire l’écart entre filles et garçons.

Qu’est-ce qui serait à la base du fai- ble taux de scolarisation des filles?

Il y a notamment les mariages pré- coces, le travail des enfants à la mai- son et dans des endroits tels que les marchés. Il y a aussi la pauvreté des parents. Démunis, ils privilégient les études des garçons plutôt que celles des filles. Un autre constat : à la rentrée scolaire, les parents envoient les filles et les garçons à l’école; mais en cas de difficultés salariales ou de manque de moyens au milieu de l’année scolaire, ils préfèrent retirer les filles de l’école.

Micro baladeur A coeur ouvert

«Les étudiantes se comportent comme des gens non informés»

Nous apprécions l’application des filles comme celle de jeunes garçons.

Parmi les filles, il y a celles qui s’appli- quent sérieusement comme il y en a d’autres dont l’application est moyen- ne. De même, chez les garçons, vous trouvez des jeunes gens qui s’adon- nent sérieusement aux études et qui

ont un rendement au-dessus de la moyenne. Mais, actuellement, beau- coup d’étudiantes se comportent comme des gens non informés. Il y en a qui trouvent un moyen de sédui- re quelques enseignants avec l’idée d’être bien cotées. Mais, elles n’imagi- nent pas le danger qu’elles courent de ce type de relations 

La femme amène l’infériorité qu’elle éprouve auprès de l’homme jusque dans la salle de cours 

«L’application des filles correspond aussi à celle des garçons»

La campagne «Toutes les filles

à l’école» semble porter des fruits.

Les filles prennent de plus en plus conscience de la nécessité d’en- treprendre des études. On les voit nombreuses dans des institutions universitaires et scolaires. Comment apprécie-t-on leur application ? Les Kinois réagissent.

«Les parents congolais doivent réaliser l’importance de faire étudier les filles»,

affirme Temiza Nathoo

(Photo tiers)

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En tant qu’enseignant et parent, je dirai que l’application des filles cor- respond aussi à celle des garçons. La fille est une personne humaine dotée d’une intelligence et des capacités qui lui permettent de réagir lorsqu’il y a un problème. Par contre, on constate que, comme les garçons aussi, il y a des filles qui négligent les cours et n’ob- tiennent pas de bons résultats. Dans le monde du travail, nous notons que la fille qui a bien suivi sa formation, pro- duit du bon travail 

«Il y a des filles qui s’appliquent mieux que les garçons»

Sur le plan intellectuel, filles et gar- çons sont égaux. Il y a des filles qui s’appliquent mieux que les garçons.

C’est vraiment une fausse conception que de penser que les filles sont les plus ignorantes du monde. Il y a des filles plus intelligentes que des garçons.

Cependant, il y a certaines réalités qui se passent dans le milieu estudiantin.

Certaines filles qui ne s’appliquent pas se donnent elles-mêmes aux profes- seurs pour obtenir des points. Tout comme il y a des filles intelligentes, mais qui sont négligentes 

Propos recueillis à Kinshasa par Ricky KAPIAMBA

« L’application des filles à l’école est beaucoup plus théorique»

L’application des filles à l’école est beaucoup plus théorique. En clair, el- les sont là pour écrire, écouter ce que dit le professeur, au lieu de faire mieux comme les hommes, c’est-à-dire par- ticiper, susciter une controverse, un débat où chacun a un argument ou un avis à émettre. L’application aux cours

chez les filles est un problème naturel. Delly Lunzala, 50 ans, conseiller d’orientation, Ngaliema Gracia Oleko, 20 ans,

étudiante, Bandalungwa

Théophile Sumbu, DG de l’Institut National des Arts, Masina

Laurianne Tubiangaliye, 23 ans, étudiante, Gombe Quel a été l’apport de la campagne

d’accélération «Filles et garçons, tous à l’école»?

Cette campagne a pour objectif de motiver les parents à envoyer leurs en- fants à école. Le programme de mobi- lisation sociale est très important pour nous. Vous avez suivi à travers les ra- dios et les télévisions les chansons des musiciens populaires de la RDC invi- tant les parents à inscrire leurs enfants à l’école. Il y a aussi d’autres spots publicitaires avec des messages clés en rapport avec la mobilisation des pa- rents. En outre, l’UNICEF avait procédé par une approche communautaire pour cette même mobilisation et avait éga- lement initié des activités génératrices des revenus qui ont impliqué différents comités des parents à travers le pays.

Dans la nouvelle optique, la campagne d’accélération amorcée est très impor- tante pour inciter et appuyer, à travers la distribution des kits scolaires, les pa- rents afin qu’ils envoient leurs enfants à l’école. Nous distribuons des kits de fournitures scolaires aux élèves de 1ère et 2ème année primaires dans toute la RDC. Ces kits contiennent des stylos, des crayons et des cahiers. Nous as- sistons aussi leurs enseignants et les directions d’écoles à travers des kits didactiques. Un appui plus important est accordé aux écoles dites «ciblées».

Dans ces 2500 écoles, tous les élè- ves de la 1ère à la 6ème primaire reçoi- vent un kit scolaire, y compris leurs enseignants. Ces écoles bénéficient également des formations et des équi- pements pour améliorer les conditions d’enseignement.

Avec quel partenaire avez-vous mené vos campagnes ?

L’UNICEF ne peut pas travailler seul. Nous travaillons toujours en par- tenariat avec le Gouvernement par le

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JDC Journal-école n°17 - Semaine du 23 au 29 mars 2009

Journal du Citoyen Congo profond

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A Kananga, chef-lieu de la pro- vince du Kasaï-Occidental, bon nombre de jeunes filles terminent avec peine leurs études ou les abandonnent en cours de route.

Ce sont elles qui doivent s’occu- per des tâches ménagères, parce que leurs mères travaillent. Sou- tenues par les ONGs, certaines d’entre elles réclament le droit d’étudier.

T

ous les enfants, filles et gar- çons, à l’école!», tel est le slo- gan de l’UNICEF inscrit sur les polos et les cahiers des élèves de la ville de Kananga. Depuis 2004, ce message s’adresse particulière- ment aux filles, que de nombreux parents préfèrent voir s’occuper de la maison, plutôt que consacrer leur temps aux études.

Maman Véro est enseignante et commerçante. «J’ai appris à ma fille aînée à faire le ménage. Le soir quand je rentre fatiguée, elle a tout fait», explique-t-elle. Meta Ka- lala, élève au lycée Buenamuntu, au centre ville, se lamente : «Je suis issue d’une famille de six en- fants, dont cinq garçons. Ma mère vend des fretins au marché central de Kananga. En son absence, elle m’oblige à faire la cuisine, la lessi- ve, la vaisselle et à nettoyer la mai-

son. Elle me recommande de servir le repas à temps à mon père et à mes frères. Ces derniers ne font pas le ménage, parce que ce sont des garçons».

A cause des tâches ménagères, les filles ne peuvent pas consacrer suffisamment de temps à leurs étu- des. Dès qu’elles échouent à l’éco- le, elles se découragent rapidement et restent à la maison en attendant de se marier.

Destinées à se marier Au Kasaï-Occidental, au village comme en ville, les filles sont enco- re destinées à un mariage précoce.

Davis Mutombo, un chauffeur de 35 ans, père de quatre enfants, expli- que : «Payer des études à une fille ne sert à rien, car elle est destinée à se marier pour être soumise à son mari, faire la cuisine, et mettre au monde, voilà tout».

Outre les parents, certaines Egli- ses de réveil ou pentecôtistes véhi- culent aussi l’idée que l’épouse est la «servante» de l’homme. Ce qui explique le fait que le mari ne parti- cipe pas aux travaux domestiques, même s’il ne travaille pas. Certai- nes familles cherchent, toutefois, à résoudre le problème en employant une domestique pour faire le mé- nage.

Le partage des tâches est aussi une solution envisageable. Joseph Mankamba, professeur d’anglais

Les filles remplacent leurs mères dans les ménages à Kananga

au collège Saint Clément, témoigne : «Je suis d’une famille de cinq gar- çons et de trois filles. Nos parents nous ont appris à faire les travaux ménagers sans discrimination de genre. Chaque matin, nous faisions le ménage et la vaisselle avant d’al- ler à l’école. Cela m’aide aujourd’hui à assumer mes responsabilités de père».

Se défendre pour apprendre Patrice Malumba, du Bureau in- ternational catholique des enfants (BICE), s’occupe du volet «mineurs en conflit ou privés de leur liberté».

Il note que de plus en plus de jeu- nes, surtout des filles, viennent nombreux protester contre le fait que leurs parents de ne les infor- ment pas de leurs droits et devoirs.

«Les filles se plaignent souvent

d’être délaissées, mal nourries, pri- vées des études ou des loisirs», ra- conte Patrice Malumba. «Ma mère ne veut pas que j’étudie. Elle veut que je garde mes deux petits frè- res jumeaux en son absence. Mes grands frères, eux, étudient sans problème. N’ai-je pas aussi le droit de faire des études?», interroge une jeune fille venue se plaindre au BICE. Le Bureau tente de résoudre les conflits en réconciliant les fa- milles. En cas de résistance, il fait intervenir le parquet ou le tribunal de la Paix.

Petit à petit, les jeunes filles par- tagent leurs difficultés avec leurs responsables d’écoles, dans des mouvements de jeunes, ou des clubs d’amis. Des structures créées par l’UNICEF dans les quartiers permettent également aux adoles- cents de prendre connaissance de leurs droits et devoirs.

Julienne ELAMEJI InterCongo media/Syfia

Kasaï-Occidental

Pigistes (provinces)

Correspondants de Syfia/InterCongo média et de Panos Paris

Dessin Patou BOMENGA Lay-out et mise en page

ASIMBA BATHY Diffusion Jean KIALA Hebdomadaire indépendant

d’éducation civique Avenue Colonel Ebeya n°101

Kinshasa/Gombe e-mail : journalducitoyen@yahoo.fr

Tél. (00243) 815991860 (00243) 991671541 http://www.jdconline.net

Réalisé avec l’appui financier du Projet franco-britannique d’appui aux médias, en partenariat avec l’Institut Panos Paris

et l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication

(IFASIC)

Le «JDC» est envoyé en provinces avec l’appui logistique de la MONUC

Directeur de rédaction Yves KALIKAT Secrétaire de rédaction Rombaut KASONGO Gestion et Comptabilité Sylvie KOKOKANI Délégué de l’IFASIC Georges WAWA MOZANIMU

Rédaction (Kinshasa) Giscard ABETY (IFASIC) Ricky KAPIAMBA (IFASIC) Isabelle KIBUNGU (IFASIC) Gisèle LUKUSA (IFASIC)

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J

e n’aime pas embaucher beau- coup de femmes dans le ser- vice : elles sont problématiques.

L’expérience m’a démontré qu’une femme ne peut pas travailler du- rant un mois du début à la fin sans absence, ni retard. Elle ne manque jamais de raison pour se justifier».

Cette déclaration d’un responsa- ble du bureau de la Société natio- nale des éditeurs, compositeurs et auteurs (SONECA) à Kikwit, tra- duit les difficultés que rencontrent les femmes pour trouver du travail dans cette ville de la province du Bandundu, située à plus de 500 km de Kinshasa.

Plusieurs employeurs rencon- trés émettent des réserves à l’en- droit des femmes pour les enga- ger. «Chez moi à la SONECA, trois femmes sont en congé de mater- nité au même moment. Comment les activités peuvent-elles bien marcher? Faut-il continuer à en- gager trop de femmes?», s’inter- roge Lumwamu Makasi.

A Kikwit, la représentativité de la femme dans les services publics est donc très moindre. Trop de préjugés les empêchent d’émer- ger. Selon Donatien Kizenge Ka- bemba, responsable du service urbain de la Jeunesse, qui emploie 96 agents dont 13 femmes, «il est rare de voir des filles ou femmes très efficaces sur terrain même si elles ont un diplôme. Souvent, elles-mêmes ne s’intéressent pas

Kikwit : les employeurs engagent peu de femmes

aux travaux de cette envergure par complexe d’infériorité».

Des préjugés défavorables Dans la cellule de l’Industrie, petite, moyenne entreprise et arti- sanale (IPMEA) au marché central de Kikwit, une femme seulement est au milieu des hommes. «Chez nous, le quota des femmes était déjà déterminé par la hiérarchie», tente d’expliquer Lumaswa Eyou, chef de service. Au même endroit, le service voisin de l’Economie ne fait pas exception. Aucune femme n’est répertoriée parmi ses agents:

«Nous venons de nous installer il n’y a pas longtemps», se justifie le responsable.

Les privés ne font pas excep- tion à la «règle». Si à la radio To- misa du diocèse de Kikwit, deux femmes prestent parmi les sept permanents, au Cefonam (Centre de Formation de Nature Mana- gement), deux femmes émergent parmi les neuf embauchés. René Malombo Sami, directeur de ce Centre a même sa petite idée de la femme : «Depuis la création et les origines de l’humanité, la femme a des tâches à la maison. Si elle est au travail, elle s’écarte de sa mission première qui est celle de s’occuper de l’homme, du ménage et des enfants».

Même si la Constitution de la République Démocratique du Con- go prône une «représentation équi-

table au sein des institutions entre l’homme et la femme» et même si les femmes continuent à revendi- quer leurs droits, le chemin reste encore long à parcourir. Mme Ma- riane Busa-Busa, diplômée d’Etat, se plaint de l’attitude des patrons:

«Ils nous déconsidèrent. J’ai un diplôme, je suis compétente, mais des patrons ne veulent pas m’en- gager. Pourtant, j’ai passé un bon stage de perfectionnement».

L’informel pour les femmes Pour contourner les capri- ces des hommes, les femmes de Kikwit préfèrent le secteur informel où, selon les statiques du service de l’Economie, elles sont plus de 70% à exercer. «Pour moi, tra- vailler dans un service et attendre un salaire à la fin du mois est un passe-temps», déclare Olga Kinia- ta, vendeuse au grand marché de Kikwit, fière de ses recettes.

«Je gagne en moyenne 7.000Fc (environ 8 $), affirme-t-elle. A la fin du mois, j’empoche 168.000Fc (208$), plus que même certains salariés».

Mwadi Tumwaka, une autre vendeuse qui préfère l’informel à un poste à la Fonction publique, est «surtout découragée par le re- tard avec lequel les salaires des agents de l’Etat sont versés…et l’attitude des patrons à l’égard des femmes». Badylon KAWANDA

InterCongo media/Syfia

Bandundu

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