190 L'AFRIQUE ÉQUATORIALE
deproduire l'infection, c'està la culture qu'il faudra recourirpour
com-
battre l'endémie.
Au
surplus, cesdeux mesuressecomplètentl'unel'autre puisque ledrainage a pour effetd'augmenterconsidérablement la fertilité et lavaleur dusol.Il faudra empêcher les déboisements systématiques quepratiquent le s noirs pour leurs plantations de manioc;il faudra, dans certaines régions, opérer des plantations et empêcher leur destruction par les incendies annuels delà brousse. C'estlàune descauses qui rendent le Bas-Congo plus insalubre que le Plateau central. Les déboisements ont pour effe t
non
seulementd'augmenterlamoyenne
de latempératureet de rendre le climat moins supportable, mais encore de faire disparaître les sources permanentesd'eau potable, de rendre torrentueux le régime des rivières etdes ruisseaux, de dénuder les collines et de les rendre stériles et de favoriserla formation des marais étendus dans lesvallées.Dans
certaines régions participant à la fois du régime saisonnier du nord et du sudde l'équateur, où ily a des pluies toute l'année, on pourra recourir aux plantations &'Eucalyptus globulus, un arbre à croissance rapide dont lesracines drainentetassèchentà la fois le sol.Dans
le Bas-Congo, dansl'Angola, leGabon
et lapartieouestduCongo
français,onpourrait
recommander
laplantationautour des habitationsetdes
camps
permanents, d'une plante, la Bemeria, ortie sans dard, à racinetraçante et à tigede lm,50 à3mètres de hauteur,qui sepropage de proche en proche avecune rapidité très grandeetqui étoufferaitpromp-
tement la brousse tout en améliorant le terrain. L'avantage de cette plante est qu'elle estfourragère etaiméedesbestiaux, d'une valeurnutri- tive plus grande que le foin et, de plus, sa partie corticale fournit unefibresoyeuse, brillante, fine et résistante qui pourrait être exploitée par
l'industrie textile.
3° Dans lesagglomérations, il fautqueles pouvoirspublicsveillentà ce que les habitants soient pourvus d'une eau potable pure et de bonne qualité.
4° L'emplacementdesagglomérations ou des camps serachoisi soigneu- sement,non pourlaplusgrande
commodité
despouvoirs publics,ducom-
merce et de l'industrie, mais pour le plus grand avantage hygiénique detous.
On
éviterasoigneusement,nonseulementles marais apparents,mais aussi les terrains imperméables où l'eau séjourneprès de la surface; on évitera aussi lesterrains soumisà des inondations périodiques, soit par le faitde la saison des pluies, soitpar les débordements des fleuves ou des torrents.S'il estabsolumentindispensabled'avoir
un
établissement dans un lieu insalubre, il faudraveiller à ce que le séjour n'y soit que temporaire etdans aucuncasqu'ilne soithabitélanuit.
MALARIA 191
5° Pour les expéditions comportant de grandes fatigues et de pénibles privations, il faudrachoisir lasaison sèche. Les travaux de défrichement, deterrassementet engénéral touslestravaux qui exigent, avec untravail pénible, des fouilles du sol, seront exécutés par les indigènes avant que
les blancsne s'y établissent.
Moyens individuels.
—
L'habitation sera choisie le plus possible sur une hauteur; elle sera bien construite et bien orientée. Lesommet
d'une collinen'est pas un endroit propicepour y bâtir parceque l'influence des ventss'y fait trop sentir.On
prendra de préférenceun
emplacementà quelquedistancedusommet
etsurleversantopposé auxventsdominants.On
choisiracomme
matériaux de constructionle bois, le fer ou la pierre Les habitationsseront élevées sur pilotis àune hauteurde lm,50du sol (voir plusloin). Le sol, immédiatement sous l'habitation, sera maintenu complètement asséché par des fossés assez profonds entourant toute lamaison, recueillant les eaux pluviales pour les éloignerimmédiatement;
car ce sont les alternatives de sécheresseet d'humidité
du
solqui sont le plus nuisiblesaupoint de vue del'endémie.Le voyageur qui devra coucher sous la tente, fera creuser de petits fosséstoutautouren rejetantlaterre contre la toile.Lesol serarecouvert denattes ou mieux de tapisimperméables (toilegoudronnée) pour éviter les émanations
du
sol. Lechoix de l'emplacementserasoumisauxmêmes
règlesque l'habitation définitive.
On
devra éviterde séjournerla nuit sur les bords des marais et des rives fangeuses des rivières, malgré l'attrait de l'ombrage et de la fraîcheur.Le travail et lamarchese ferontauxheures les moins chaudesdujour;
onseprotégera contre lesrefroidissements et contre la pluie; car le fait d'être trempéjusqu'aux os par la pluie constitue une influence nuisible.
On
nesortirajamais sans avoirdéjeuné et pris du théoudu
café. L'infu- sionde théou de caféest uneboisson trèsrecommandable
dans les pays tropicaux parce qu'elle est tonique, rafraîchissante etsurtoutparce quel'eau qui a servi à la préparer aétésoumise à une ébullition prolongée.
Leseaux de boisson seront soigneusement choisies, filtrées, soumises à
l'ébullition, puis refroidies et aérées paragitation. Là où il ne sera pas possible d'obtenirdeseauxsaines,onse servirad'eaux minérales gazeuses naturelles,principalement leseauxferrugineuses légères
comme
l'eau du Tonneletet deBarisart (Spa), qui combattrontavantageusementl'anémie.Ceseauxminérales, bien embouteillées,peuventarriveràdestinationàdes prix relativement bas.
On
doit proscrire sévèrement les boissons spiri- tueusesou distillées.On
peut faire un usagemodéré
de vin,surtoutau
principalrepas. Le vinportugais ordinaire est à
recommander
non seule-Split by PDF Splitter Baluba 1
192 i.'afrique équatoriale
ment
pour sapuretémais aussi pour sonbonmarché
réel (1). Lesgrandes fatigues, les longues marches au soleil,les excès de toutgenre, sont des causesd'accèsfébriles etdoivent êtreévitéssoigneusement. L'alimentation sera tonique; les viandes fraîches : bœuf, volaille, seront préférées aux conserves de viandes. Les œufs, certains légumes frais indigènes peuvent se trouverfacilement etconstituentun
appoint.La
constipation aussi bien quela diarrhéeseront combattues.La
question de l'administration de la quininecomme
préventive est encore très controversée. Sans vouloir faire iciun
exposé de doctrine, nous dirons qu'à notre avis, la quinine n'estabsolumentpas préventivedelamalaria, qu'ellene peut agir que
comme
tonique général et toniquedu
système nerveux.A
petites doses (10 à25 centigrammes pro die) elle a paru diminuer la réceptivitépourl'infectionetsurtoutempêcherlamalariadesemanifester sousses formes les plusgravesetpernicieuses.Administrée decettefaçon, elle a rendu des services à denombreux
médecins exerçant en pays à endémie malarienne (Al. Bryson à SierraLeone; Jilek à Pola, Hertz àAmsterdam,
Thorel au Mékong, Nicolas àPanama,
Groeser à Batavia, Lanel en Algérie). D'autre part, Ross (Indes), Miranda Azevedo(Brésil), Treille (Alger), contestent l'utilité de la quininecomme
préventif surtout pourles accèsrelevant desfièvresbilieusesimputablestropsouvent àune hygiène défectueuse,comme
par exemple une alimentation carnéetrop exclusive et surtout les excès alcooliques.De
plus, ces observateurs objectentavec raison que si la consommation de quinineest exagérée, ce médicamentexerce une action irritantesurles organes,débilitele sujet et lerend insensible à de fortes doses de médicament le jour où le besoin s'en fait sentir.A
notreavis,il vautmieuxrestreindre l'usage delaquininecomme
préventive aux cas où l'on doit faireun
séjour dans les régions maremmatiques, ou bienquand
onressent le prodromesi caractéristique d'un accès: le léger lombago avec irradiations douloureuses versles cuisses qui t'établit dès la veille etqui est ressenti par tous ceux qui s'observent.En
dehors decescas, onsetrouvera mieuxde se servirdepetites doses toniques d'extrait de quinquina, de teinture ajoutés à du vin, ou bien de vin de quinquinaprisavecun
petitbiscuitentrele repasdu matin etcelui de midi.On
a aussi conseillé l'usagedel'arseniccomme
préventif, maisses effets sebornentàune action tonique etexcitante des fonctionsdigestives.Maurel, médecinprincipal dela marinefrançaise,résume
comme
suit la(1)Levinpoitugaisestvenduà Matadià85 centimeslelitre.Ilyen a dedeuxespèces:
levinorerdeet lelino mitro. Cedernierest leplusrecommandable.
MALARIA 193
prophylaxie malarienne : les faits qui tendent à prouver le transport desmicroorganismespar l'atmosphère sontlessuivants:
Pour les habitations existantaumilieud'unfoyerpaludéen,lafréquence plus grande des fièvres chez leshabitants du rez-de-chaussée que chez ceux des étages plus élevés;
Par contre, pourles habitations placées à une certaine distance d'un foyer palustre,ce fait,signaléparCollinpour
Rome,
quecesontlesparties hautesde la ville qui sontle plusatteintes, et les parties bassesle moins, celles-ci étant protégéespar lesplus élevées;L'influence protectrice d'un rideau d'arbres interposé entre le foyer infectieux et les habitations;
Dans tous lespays à vents constants (zone intertropicale), ladifférence de danger bien connue entreles rives des maraisauvent etsous levent;
Le dangerde respirerla rosée du matin et du soir,ce qui expliqneque dans toutgroupe de population le paludisme est moins fréquent chezles enfantset chezles
femmes
quechez leshommes;
Le dangerbeaucoupmoindre duséjour à bord,pourvuqu'onsoitéloigné de 5à 10kilomètres de la côte, quoique l'alimentation et l'eau soient les
mêmes
que pourlepersonnelvivant àterre;Le nombre
d'atteintes beaucoup moindre pour lepersonnel habitant 2ou 300 mètres seulement au-dessusdu
foyer, quoique toutes les autres conditions restent lesmêmes.
Quant au
mode
depénétrationdel'agentinfectieux,l'auteur résumeson opinion en concluant:Que
c'est au moins leplussouvent par l'atmosphèrequelesmicro-orga- nismes dupaludismearriventjusqu'ànous;Que
la respiration, par lemode
nasal, en filtrant l'air quipénètre dans nos voies aériennes, doitconstituerun filtre d'uneréelle efficacitépourles arrêter;Que
si ces micro-organismes sont transportés par l'atmosphère, c'est surtoutpar lavoie buccalequ'ilsont absorbés;Enfin, et
comme
conclusion pratique, que lorsque les troupes sontenmarche
dans les pays paludéens, on doit veiller à ce que,autant quepossible, ellesgardentlesilence.
Il est uneautre question, celle du traitement préventif de la malaria, qu'envisage ensuiteM. Maurel. Il conclut :
Qu'il est à craindre que la quinine, à petites dosses quotidiennes (ne dépassant pas gr. 20 parjour), outreles difficultésde sonadministration chez lestroupes faisant campagne, nesoit qued'une bienfaibleutilité;
Qu'en se basant sur sa pratique dans le paludisme chronique, il se pourrait que la quinine,donnée préventivement à la dose de gr. 75 à
1
gramme,
mais à intervalles de4à 5jours, donnât de meilleur résultats;13
194 L'AFRIQUE ÉQUATORIAI.E
Que
nepouvant éviterle paludisme d'une manièresûre, il faut, parune surveillance attentive, éviter les formes graves, et que, à la condition d'exercercettesurveillance, les formes pernicieuses serontrares.A
propos des mesuresprophylactiques,SI.Maurel conclutainsi : Il faut se tenir autant que possible au vent des foyers paludéens, et s'élever au-dessusd'eux, sionle peut, de 200 ou 300 mètres;Ilfautlaisserlescorvéesdes heureschaudesauxindigènesouauxnoirs ;
Il faut entourerleshabitations d'arbres ayantaumoins leurhauteur,et mettre desvitresaux croisées, pour pouvoir rester à l'abride la rosée
du
soir et
du
matin;Autant que possible,ne pass'exposer àcetterosée.
Enfin,après avoirexposéunesérie d'observationsetde recherches qu'il a faites enGuyane,M.Maurel termine parlesconclusions suivantes :
Dans
lazoneintertropicaleilfautrenonceràfaire fairelesterrassements par des Européens;Cestravaux, toutes lesfois qu'onle peut, doivent être confiés à la race noire,qui les faitsans danger; etlorsqu'onne peut avoir cestravailleurs, s'adresser au moins auxindigènes ;
Lesatteintesdu paludisme, en dehors des terrassements,peuvent être nombreuses, mais ellessontrarementmortelles;
Même
dans les foyersles plus intenses, le paludisme nepeut ni arrêter les entreprises pacifiquesdes Européens dans les pays intertropicaux, ni compromettre leursexpéditionsmilitaires;Le paludismen'estdoncpas un obstacle insurmontable pournotrerace, surtout étantdonné que,dans de
nombreux
cas, des travaux dedrainage, de colmatage,etc.,peuventlefairedisparaître ;Enfin, l'Européen doit savoir qu'il peut dans ces pays
commander,
diriger,êtrefonctionnaire, faire du commerce, exercerles professions libé- rales,et
même
y combattre, etyêtre ouvrier d'art,mais qu'aumoins pourlesrégionsdontl'altitudene corrige pas les effets de lalatitude,le travail delaterrelui est interdit,sous peinede mort.
B.
—
Thérapeutique.1° Moyens spécifiques.
— Le
quinquinaet ses sels sont les médicamentsspécifiques de la malaria.
Tous
lesautres médicaments par lesquels ona prétendu les remplacerleur sontmanifestement inférieurs.Dans
lescas defièvre quotidienne et de doubletierce, il faut donnerla quinine au moins huit heures avantle frisson, oumieux
immédiatement après l'accès qui vient definir. Les petites doses qui peuvent suffiredansles contrées où la fièvre est de faible intensité ne pourront en général
MALARIA 195
convenirdans l'Afrique équatorialc. Il convientde prendre une dose d'un
gramme
àungramme
etdemidequinine.Dans
lescasdefièvretierce, la quininedoit èlreadministréeimmédiate- mentaprès l'accès, etuneseconde dosehuit heures avant l'accèssuivant;danslafièvrequarte, ondonnera la quinine immédiatement après l'accès,
une deuxième dose le lendemain à la
même
heure que la premièreet une troisième dose le surlendemain.
On
évite par cemode
d'admi- nistration le retour de l'accès.On
donnera la dose totale, 1gramme,
1 1 2
gramme
ou 2grammes, en doses fractionnées de 50 centigrammesà une demi-heure d'intervalle et on fera enmême
temps absorber des limonades acides pour favoriser la dissolution et l'absorption du sel de quinine.Dans
les formes rémittentes, la quinine sera administrée pendant les rémissions, aussitôt que la températurebaisse et que la moiteur apparaît, endeuxdoses de 75centigrammes à une demi-heure d'intervalle. Si les rémissions sont peuapparentes oumanquent
(fièvre pseudo-continue), on donneralaquinine, toutes les six ouhuit heuresà fortes doses sans avoir égard aux fluctuations de latempérature, et lorsque la température est abaissée,ily a avantage à répéterles doses de médicament pour prévenir lesrechutes.Quand
lafièvrerémittenteseconvertitenfièvreintermittente, elle seratraitéecomme
nous l'avons dit plus haut. Si la fièvre résiste, ilfaudrarépéter lesdoses de quinine chaquejour et
même
les augmenter, suivantles circonstances pendant l'intermissionoula rémissionjusqu'à ce que les accès cessentet quelafièvre soitjugulée. Lorsqu'on a atteint ce but, on continuerapendantquelquetemps(3à 4jours) àdonnerdepetites dosesde quinine (50 à 60 centigrammes pro die) puis on y substituera le vin, lateintureou l'extraitde quinquina qui agissentcomme
toniqueset antipériodiques.
Davidson
recommande
de rendre laquinine le 7e, 14e, 21e et 28e jour ou lejouravantpourprévenir les rechutesquiontmietendance à revenir àces dates.Laveranformule
comme
suitletraitementspécifique dela malaria.Les1er
,2e et3°jours : 1
gramme
de quinine.Du
4eau7ejour:pas de quinine.Les8e,9eet 10ejours : 0'r.80de chlorhydratedequinine.
Du
11eau 14ejour : pas de quinine.Les 15e et 16ejours :CKr.80de chlorhydratedequinine.
Du
17eau20ejour : pas de quinine.Les21 et22ejours: 0^.80 de chlorhydrate dequinine.
Cetteformule générale devraêtre modifiée
notamment
dans les fièvres graves compliquées de paroxysmespernicieux.Silesvomissementssont continuset ne permettent pas d'administrer le
190 L'AFRIQUE EQUATORIAI.E
médicament
par la bouche, on le donnera en lavement en y ajoutant quelques gouttes delaudanum
pour le faire supporter par l'intestin.Cependant il y aura avantage à insister pour l'administration par la
boucheparce quela quininefinit par calmerlescontractions de l'estomac
si on a soin de répéterles doses àde courts intervalles.
Dans
les formes graves de lafièvre et dans celles à paroxysmesperni- cieux,où la viedu malade estmenacée
à brève échéance et où il faut mettreimmédiatementlemaladesousl'influencedelaquinine,onrecourra aux injections hypodermiques de quinine.Cependant, l'administrationdu médicament
par la bouchedoit être larègle, sauf:1° lorsque lecoma
oulesconvulsions empêchent l'administrationpar la bouche;2° lorsqueles
vomissements sont tellement continus que rien n'est gardé; 3° lorsqu'ily adanger immédiat si la quinine n'est pas absorbée rapidement. Dans ces cas, ilne faut pas hésiter à administrer 1^.50à la fois,soitpar la bouche, soitpar injection sous-cutanée et répéter la dose si les
symptômes
per- sistent. Si lessymptômes
s'amendent, ondonnera des doses plus petitespour prévenir le retour des accès.
Baccelli (1) conseille les injections intraveineuses de quinine.
Ce moyen
doitêtre réservépour les cas désespérés.
Moyensauxiliaires.
—
Lorsquela température est très élevée et que la paralysieducœur
parhyperthermieestà craindre,il yaavantage àadmi- nistrer l'antipyrine (2 gr.) ou Vantifébrine(O
,r.50)sans oublier d'employer enmême
tempslaquinine àlaquelleil faut5 ou6 heures pour agir.L'antifébrine est moins
recommandable
que l'antipyrine, parce qu'elle produitla cyanose etqu'elledétruit l'hémoglobine.S'il y a léger embarras gastrique, on donnera 1 à 2
grammes
d'ipeca- cuanha en poudre qui, outre l'action vomitive, possède encore celle de provoquerune légèretranspiration.On
pourra abaisserlatempératureet raccourcirle stade de chaleur parles bains froids assez courts suivis de l'emmaillotement du malade non essuyé dans des couvertures de laine sèches.
On
peut plus facilement recourirau drap mouillé. Voicicomment
on procède.On
trempeun
drap de lit dansde l'eau froide; on letordde façon qu'il ne conserve qu'unpeu d'eau: puisonl'applique sur toutlecorps du maladeet on recouvreletout avec des couvertures delainesèches.Cesdeux moyens, le dernier surtout que nous avons employé, ont poureffet de provoquer la transpiration et d'abaisserla température.La
pilocarpine en injection hypodermique n'est pas àrecommander
à cause des syncopes qu'ellepeut provoquer.La
poudredeDouer
(50centigr. à 1 gr.) sera parfois employée pendantl'accès. Elle estcalmante, astringente etsudorifique.
(1) Baccelli, Gazetta degli ospitali. Fév. 1S90.
MALARIA 197
Le calomel serautile dans certains cas; il faut l'administrer à la dose d'un
gramme.
Ila pour effetde dégager le foiede la bile accumulée etde permettre à cet organe d'éliminer l'hémoglobine de la circulation.Arsenic.
—
Les opinions les plus diverses ont été émises concernantl'efficacité de ce médicament pour procurer l'immunité ou combattre l'accès fébrile.Il résulte d'expériences sur un certain
nombre
d'agents et sur nous-nième quel'arsenicne procure pas l'immunité contrelamalaria;mais en combattant l'anémie, l'hypersplénie, en améliorant les fonctions digestive^, il
met
l'organismemieux àmême
derésister.On
le donneà ladose de 3 à 6 milligrammes d'arseniate de
Na
en granules pro die.Cette préparation nous a paru supérieure à la liqueur de Fowler qui s'altère facilementdansl'Afrique équatoriale. L'arseniatedeferestunepréparation superflue.En
quoi consiste l'action spécifique de la quinine sur lamalaria
?11 est certain que cette action ne consiste pas à abaisserlatempérature
du
corps,puisqu'il existe des agents thérapeutiques qui possèdent cette actionantithermiqueàunplushaut degréquela quinineetqui,cependant, n'ontaucune action contre la malaria.Ce
n'estpasdavantage àuneaction directe (excitante puis sédative,sur l'axe cérébro-spinal (Briquet), ni à son actionsur la moelle, puis sur lecerveau aprèsavoir paralysé les centres d'action réflexe (Eulenburg),ni à son action réductrice du volumede larate (Piorry).
C'estréellement à son action spécifique sur les parasitesde lamalaria que la quinine doit ses vertus thérapeutiques. Certains observateurs (Binz, p. ex.)ont contesté celte action parasiticide en se basant sur des expériencesnégatives faitessur lesbactéries et lesvibrioniens
du
sang, etsur lesspores, lesalgues et les champignons. Ces expériences n'ont réussi qu'àmettre enpleinelumière l'importancede ladécouverte deLaveran et l'authenticité de la cause de la malaria révélée parcet observateur. Cer- tainement, la quinine ne tue ni les bactéries, ni les vibrioniens, ni les
spores végétales,ni les algues,ni les champignons; maisl'hématozoairede Laveran n'appartientà aucunedeces espèces;il est d'un ordre plus élevé que lesbactéries et serapproche des infusoires. Or,toutesles expériences entreprises sur des parasites de cet ordre ont démontré que les sels de quinine lestuenttrèsrapidement. C'est ce qui se passedans lesang après l'absorptionde la quinine et l'on peut suivrecette action surles hémato- zoairesqui disparaissentpromptement dusang.Si l'onmetencontact avec unegoutte de sang contenant lesdifférentes formes duparasite,
un
sel de quinine,onvoitimmédiatement cesser lesmouvements
desflagella, et les198 i.'afrique équatoriale
corpsamiboidesprennent leurs formes cadavériques. Il n'ya quelescorps encroissant qui soient plus réfractaires à l'action de laquinine.
Les expériences sur le développement de certains parasites
comme
Vaspergillus niger font comprendre, paranalogie, la susceptibilité parti- culière du microbede lamalaria pour le quinquinaet sessels et la spéci- ficitéde ce remède.
Bien loin d'arrêter les
mouvements
amiboides des leucocytes (Binz) ce qui seraitnuisible autraitement, il a étéprouvé que la quininen'agitpas surceséléments(Hayem
et Bochefontaine)etVan Dyke
Carter (1)affirme que l'activité des leucocytes est augmentée par la quinine et que cette action stimulante contribueàdétruirelesparasites et à éloignerlepigment de la circulation. C'estmême
ce qui explique la spécificité de la quinine.Choix
des sels de quinine.Modes
d'administration et dosesdu
spécifique.Le
quinquina, sous forme de poudre, d'extrait ou de teinture, n'est plus guère employé saufdans certains cas spéciaux et dans les convalescences bien établies de la malaria. Le grand inconvénientde lapoudre de quin- quina estquela doseutileest tropconsidérableà faireprendre. D'ailleurs la quinine répond à toutes les indications.Lessels employés sont :
Lechlorhydratede quinine, facilement solubledansl'eau,contientà poids égalplus dequinine. Il y a donc avantage à l'employer;mais sonprix est relativementplusélevé.
Le bromhtjdrate de quinine.
— Mêmes
remarques que pour le chlor- hydrate.Le
sulfate de quinine est le sel leplus employé;il coûte moins cher;ilest moins soluble dans l'eau et son action excitante sur la
muqueuse
stomacale esttrès modérée.Nous recommandons
poursa puretélesulfatede quininePelletier (ditdes 3 cachets) qui nous aparu être mieux toléré etdonner moinsdebourdonnements d'oreillesquelesulfate
du
commerce.En
tous cas, il faudra toujours s'assurerde la pureté du sel ducommerce
par l'expériencesuivante :On
prend ungramme
de sulfate de quinine que l'onmet
dans une éprouvette; on ajoute 4grammes
d'éther sulfurique et2grammes
d'am- moniaque; on agite fortement et la liqueurobtenue doit restercomplète-ment
transparentesile sel estpur.La
quinidine et lacinchonine sont insolubles dans cemélange et sont décelés parce moyen.(1) ScientificMemoirs.Indian med. Offieers,part.III,1887.
MALARIA 199
Le (annote de quinine, peu soluble dans l'eau, a une action lente et incertaineet doit être rejeté.
Le valérianate de quininen'est pas à conseiller.
Les préparations de cinchonine, de guinidine, de cinchonidine et de quinoïdine sont inférieures à la quinine pour les propriétés antimala- riennes.
Les selsde quininedonnent souvent des bourdonnements d'oreille et
unesurdité passagère. Les vertigeset les vomissementssont rarement le faitdu médicament.L'ivresse quiniquearrive1/2à1 heure aprèsl'ingestion par la bouche. Elle se borne à un légertremblement desmains et des doigts ressemblant à du tremblement alcoolique et survenant en
même
temps que
commence
unemoiteur légère àla peau.On
administrela quinine en solution, ce qui assuremieux son absorp- tion;mais sila répugnance du malade est tropgrande, onl'administreen cachets, en capsules (capsules gélatineuses de Leperdriel de différentes grandeurs)ou enveloppé dansdu pain à chanter.Si les vomissements sont incessants etne permettent pas l'administra- tion du médicament parlabouche,onledonnera en lavement avecun peu de
laudanum
pouramener
la tolérance par l'intestin;mais l'absorption par lamuqueuse
intestinale est moins sûre etmoins rapide. Aussi,danslescas devomissements ou lor -qu'il fautmettrelemaladeimmédiatement sous l'influence duspécifique
comme
dansles casdefièvres àparoxysmes pernicieux,on recourra à la méthode hypodermique.Le
chlorhydrate, lesulfovinate, le bromhydrate et lesulfate de quinine peuvent être employés pour les injectionssous-cutanées.Voici quelques formules desolutionpour injectionhypodermique:
Bichlorhydrate de quinine . 5 grammes.
Eau
distiiléeQ. S. pourfaire 10 ce.1 ce. représente50 centigrammes de bichlorhydrate.
Chlorhydrate de quinine 1
gramme.
Glycérine pure / „ _
Eau
distillée iaa 2 grammes.
1 ce. représente25 centigrammesde chlorhydrate.
Sulfovinatede quinine 1
gramme.
Eau
distillée 2 grammes.1 ce.représente 50 centigrammesdesulfovinate.
Bromhydratede quinine 1
gramme.
Alcool 2 gr.50.
Eau
distillée 7 gr. 50.1 ce. représente 10centigrammes de bromhydrate.
200 L'AFRIQUE ÉQUATORIALE
Nous
avonstoujoursusé sansaucuninconvénient delaformulesuivante, qui seconservetrèslongtempslimpide:Sulfate de quinine(Pelletier) 1
gramme.
Acide tarlrique 50centigrammes.
Eau
distillée 4grammes.1ce. représente 25centigrammes de sulfatedequinine.
Celtesolution se conserve très bienet à la condition d'user d'aiguilles aseptiqueset de pousser la pointe de la canule au niveau du tissu con- jonctifsous-cutané,onn'ajamaisà redouterd'escharredesonusage.
Nous
n'avons pour notre partjamais euaucun accident de cegenre à déplorer.On
peutremplacer l'acidetartrique de la solution parlamême
quantité d'eaudeRabel suivantla formulede Vinson.Pourles solutions auchlorhydrate dequinine, il faut toujours chauffer avant de s'en servir pour faire redissoudre les cristaux qui pourraient obstruer la canule ou bien déterminer au sein des tissus la formation d'abcès oud'escharres.
L'injection est en général suivie d'une douleur assez vive et de la formation d'une nodosité sous-cutanéequi dure quelquesjours.
Pour les injections intraveineuses, Baccelli préconise la solution suivante :
Chlorhydrate de quinine 1
gramme.
Chlorure desodium 0.75
Eau
distillée 10 grammes.La
solution est limpide,quand
elle esttiède.On
placeuneligature à la partie supérieurede l'avant-bras pour produirele gonflement des veines.On
introduit de bas en haut l'aiguille de la seringue de Pravaz de 10 ce, de préférence dans unepetiteveine.On
enlève la ligature du bras et oninjecte 5 ce. de jasolution.
La
plus rigoureuse antisepsie est de rigueur pour cetteopération. Aprèsle retrait de l'aiguille, on ferme lapetiteplaie aumoyen
du collodion.2° Traitement symptotnatique.
—
Pendant l'accès fébrile ordinaire, ilfautfaire coucherle malade et le couvrir fortement pendant la période de
frisson et luidonnerdes boissons chaudes
abondamment,
unelégèreinfu- sion dethépar exemple.Pendantlapériode dechaleur,onferausage avec succèsdu
drapmouillé pouramener
rapidementlestadede sueur etl'on continuera à donner beaucoupde boissons.La
céphalalgie sera combattue par des compresses d'eau froide sur lefront, renouvelées fréquemment.Sila congestion estintense et qu'on puisse se procurerde laglace, onappli- quera dessacsde glacesurla tête. S'ilexistedesvomissements fatigants,
onpourra user d'un sinapisme à l'épigastre, de limonades glacées, de
MALARIA ^01
Champagne
par petites portions, d'une injection sous-cutanée cfune faibledose de morphine oud'un courtlavement contenant 10 à 15 gouttes delaudanum.Un
peud'eau chloroformée (Codex) qu'on rend gazeuse con- vient bien aussi pour cet usage. Si la température était trop élevée,on pourra donner1 à -2grammes
d'antipyrine.Pendant le stage de sueur,il n'estpasnécessaired'intervenir,sicen'est pour changer le linge
quand
la sueura cessé.Si l'accès survient au
moment
de la digestion stomacale et qu'il se déclareun
grand malaise provenant de la présence d'aliments copieux dans l'organe, on pourra, si les vomissements ne sont pas spontanés, prescrire un vomitif d'ungramme
d'ipéca. Ce médicament donné en poudre servira non seulement à débarrasserl'organe et à fairecesser les nausées,maisàrendreensuite plus énergiquel'actiondelaquinine.L'émé- tique sera proscrit parce qu'il favorise l'apparition dessymptômes
algides.
Le lendemain d'un accès,nous avons l'habitude de donner unpurgatif
léger, le plus souvent du seld'Epsom, de l'huile dericin, des poudresde
sedlitz.del'Enos fruit sait pour débarrasserl'intestin et fairetolérermieux
laquinine par l'estomac.
Si l'accès estgrave, ilne faut pas attendrela rémission pour administrer la quinine.
Dans
ce casilfaut ladonnermême
pendant leparoxysme.Les opiacés ou les préparations qui contiennent de l'opium (Pulv.
Doweri)seront proscrits
quand
ily a tendanceaucoma.Dans lesformesrémittentes, on suivra les
mêmes
règles que cellesque nousvenons detracer.On
administrera laquinine durant lesrémissionssi elles existent, c'est-à-dire aumoment
où un peu de moiteur apparaît àla peau, signe de larémission; mais en l'absence de rémissions marquées(.fièvre pseudo-continue)on donnera la quininetoutes les6 ou 8 heures, sansfaireattentionaux petites remissions thermiques.
Dans
les formes gravesà paroxysme? pernicieux, certainssymptômes demandent
à être traitésspécialement;cependantil ne faut pas perdrede vueque,même
dans cescas,le traitement spécifique doit avoir le passur tous lesautres traitements.Il faut donc mettrele malade immédiatement sousl'influencede laquinine,soit en l'administrantpar la bouche, soit en lavement,soitenfin parméthode hypodermique.a) Dansla formecomateuse,on appliquerade laglace surlatète ou des compresses froides souvent renouvelées; on administrera
un
purgatif drastique,oumieux encoreun
ou plusieurs grands lavements irritants (huile,sel marin, vinaigreâa, 1 cuilleréeàsoupe pour unlitred'eau tiède).On
appliquera des sinapismes aux extrémités. Dans certains cas où la congestion activedu cerveau est intense, on appliquera 10à 15 sangsues aux apophyses mastoïdes; maisla saignée généraleseraproscrite.202 L'AFRIQUE ÉQUATORIALE
Le même
traitement sera appliqué dansla formeconvulsive.b)
Dans
la formedélirante, si le délire n'est pas causé parla congestion cérébrale,ondonnera15 à25 goutles delaudanum
ou l'hydratedechloral surtout si lepatient a des habitudes alcooliques.On
surveillera attentive-ment
l'action decesmédicaments.c)
Dans
laforme dlgide, il faut stimulerlemalade par desfrictions éner- giques,desapplications stimulantesafinderétablir lacirculationpériphé- rique.On
donnera de l'éther, de l'alcool,à petites doses, fréquemment renouvelées; on feramême
des injections sous-cutanées d'éther (2 à 4 grammes).On
prescrira des boissons chaudes excitantes(lethéalcoolisé par exemple).On
soutiendra l'action ducœur
par des injections d'huile camphrée, desalicylate deNa
et de caféine. S'il existe dela diarrhée, onla combattraparles
moyens
appropriés.d)
Dans
la forme convulsive, d'origine épileptique,on administrera lebromure
deK
concurremment avecletraitementspécifique.e) Dans la forme rémittente à symptômes typhïques, et hypertheruniques,
on aura recours aux bains froids et aux lotionsfroides.
f)
Dans
laforme bilieusesimple, etlaformebilieuseliémoglobinurique,on donnera lecalomel à ladose d'ungramme
enunefoispourdégagerlefoiedeson excès de bile et favoriser l'élimination de l'hémoglobine en excès dansle sang.Contrelesvomissementsincessants,on emploierales
moyens
ordinaires.
Le
D
r de Biran de la marine française, dans les fièvres rémittentes compliquées d'un étatbilieux,prescritlecalomel de la façon suivante:une dose_pro die de40 centigrammes le premier jour, de 30 centigrammes ledeuxième jour etde 20 centigrammes le troisièmejour.
Chaque
doseprodie estdiviséeen huit prisesingéréesd'heureen heure.
En même
temps,ilfaitprendre de 50à 75 centigrammes de sulfate de quinine etdes lave- ments avec 20 ou 30 gouttes de chloroforme pour calmer les douleurs abdominales.Lorsque le
cœur
est affaibli,ilprescrit30à50 centigrammes de digitale en infusion. Contre l'excitation nerveuse, il donne lebromure
de K, seul ouassocié àl'antipyrine.Les résultats obtenus dans le
Mékong
en 1893-1894 par cemode
de traitement ont été excellents. Les douleurs abdominales cédaient vite demême
que la fièvre malgré la faible dose de quinine et l'état redevenait normal au bout de troisjours.Davidson donne le calomel à la dose de 20 à 30grains, soit 1 gr. à
1 gr.50, et répète ces doses massives le jour suivant ou en plus petites doses deuxfoispendant lecours dela fièvre hémoglobinurique.
Certains auteurs, quiont
méconnu
la genèse de la formehémoglobinu- rique,emploientcontre cesymptôme
les astringentstels quelasolutionde perchlorure de feralternéeavecla quinine.LeR
dComber
emploie :acideMALARIA 203
gallique 1
gramme,
poudre deDower
75 centigrammes, à prendre 3 foisparjour.
Le
D
rQuennec
a employé avec avantage dans le cas de fièvre bilieuse hémoglobinurique, l'émulsionde chloroforme:Chloroforme pur 4
grammes
Gomme
pulvérisée Q. S.Eau
sucrée 250grammes
F.S.A. D. S.
A
prendre par gorgéetoutes les 10minutes.Cette médication instituée dès le deuxièmejour de l'affection quand le diagnostic est certain, enraye rapidement les vomissements, tonifie le
cœur, stimulela diurèse et
amène
une diminution constante de l'albumi- nurie. L'ingestion du médicament doitêtre précipitée afin de déterminer un léger état d'ébriété dans lequel le malade est maintenu tant que la diurèse n'est pas augmentée d'une façon notable.Quand
ce résultat est obtenu,Quennec
substitue au chloroforme le chloral en lavement afinde ne pas fatiguer l'estomac.Les
D
rsNeiret etCollonibauSoudan, ontfait aussiunusageheureuxde l'eau chloroformée du Codex dans les casde fièvre bilieusehémoglobinu- rique. Ils donnaient 2à3grammes
de chloroforme prodie.Il convientaussi de citerla médication préconisée dans ces cas parle
professeur Heckel (1) et expérimentée sur lui-mêmeparle
D
rRanson
(2) au Soudan. Il s'agitdu Kinkelibah ou Combretum Raimbaultii. Le Kinke- libah est une plante indigène qu'il conviendrait de faire connaîtreaux médecinset aux explorateurs.On
a accusé la quinine de produire l'hémoglobinuiïe; pour notre part,nous n'avons jamais observéune telle action.
Ne
serait-ce pas,comme
le faitjustement remarquerA. Corre,non pas àlaquinine,maisàson défaut d'action qu'il faudrait dans ces cas attribuer l'hémoglobinurie. D'autre part, dans cetteforme particulière à la côteouest d'Afrique, la mélanurie, la quinine qui est préventive de l'accès, est nuisible pendant celui-ci.Serait-ce peut-êtreà des cas semblables que font allusion Karamitzas et
Tomaselliquiont incriminé la quinine de produirel'érythrurie?
Dansquelques casdefièvrebilieuse, le
D
rMense
(3)aobtenud'excellents résultatsde Vhuiledecroton àla dose d'une goutte. Lesdéjections avaient lieu promptement; les vomissements cessaient par suite de l'irritationproduiteparl'huilesur l'estomac et lesparties supérieures de l'intestin.
(1) Heckel, De Vemploi des feuilles du ' Combretum Raimbaultii„ dans la fièvre bilieusehématurique. Paris,Doin, 1890.Journaldesnouveauxremèdes.
(2)DrKanson, fièvre bilieuse hématuriqueobservéesur lui-même<(t>attéeparJeKin- kelibah.(Arch.de met),nav.etcolon. T.LVI,p.465.)
(3)DrMense, Op.cit.,p.16.
204 ].'AFRIQUE ÉQl'ATÛRIALE
Cachexie
malarienne.—
Traitement.Quand
l'imprégnation de l'organisme par le poison malarien est très ancienne,quand
la médication n'a pu triompher assez tôt de la maladie,il se produit des lésions graves
du
foie, des reins, de la rate, etc.; une véritablecachexieestconstituéequidevient irrémédiable. Lascléroseafaitson
œuvre
;leséléments cellulaires sontdétruits; ladéchéance est fatale.Mais avant l'apparition de ces lésions définitives, il existeune période préparatoirecurable qui doit solliciter l'attention du médecin. Les sujets
que nous avons plus spécialement envue sont d'anciensmalariques, mal
guéris, présentant parfois des accès fébriles, une anémie considérable par suite de la déglobulisation du sang, des accidents congcstifs viscéraux:
hypersplénie, hépato-mégalie, troubles circulatoires et nerveux, teinte terreusespéciale.C'estune sorte d'intoxication chroniquequ'il importe de traiteret quin'est pas
comme
l'empoisonnement aigu uniquementjusti- ciabledelaquinine.Les accès fébriles qui surviennent dans les premiers temps de la cachexie seronttraités par la quinine.
Dans
les intervallesdesaccès,on aura recours auxmoyens
diététiques etaux remèdes toniques.L'anémie sera combattue par les
moyens
ordinaires. L'arsenic sous forme d'arseniate deNa
ou de liqueur de Fowler, la teinture de quin- quina et celle de Kolaà parties égales, 10à 15 gouttes 3 fois parjour, lespréparations ferrugineuses : le vin ferrugineux
amer
seul ou associé à la teinturede noixvomiqueetàla liqueur de Fowler nous semblent une des préparationslesplusrecommandables
:vinferrugineuxamer
120grammes
;teinture de noix vomique 8
grammes;
liqueur de Fowler4
grammes, 3 cuillerées à café par jour aux repas; les eaux minérales ferrugineuses bicarbonatées et les eaux arsenicales (Bourboule, Court-Saint-Etienne, Levico.etc,etc..)l'hydrothérapie.Si l'imprégnationn'est pastrès ancienne, une cureparleseaux minérales deSpa
combinéeauxmoyens
hydrothéra- piques, à l'air des montagnes et au climat d'altitude rendront les plus grands services.La
douche froide, après avoir mis le malade sous l'influence de la quinine pour éviter une rechute de fièvre, ou la douche générale en pluie suivie de la douche en jet sur la rate rendront des services. Si laréaction se fait difficilement, il y aura tout intérêtàdonner une douche chaude enpluie à 45° centigradespendantdeux minutes suivie d'une douche froidependant 15 à20secondes. La douche froideenjetsurlarate pst lemeilleur
moyen
de combattre l'hypersplénie.Nous
avons moins de confiance dans les bains demer
au moinssur les plagesdelamer
duNord
et delaManche
parceque lamalaria règne plus ou moinsendémiquement
toutle longde la côte.Contre Y anorexie, on donnera lesamers ou les alcalinssuivant les cas;
.MALARIA 205
contre l'état dyspeptique, l'acide chlorhydrique et les divers ferments digestifs : pepsine, pancréatine, les absorbants, les antiseptiques suivant lesindications.
Une
cure à Vichy sera parfois indiquée contrelestroubles digestifsen prenant gardede n'administrerau début que de faiblesdoses pouréviterlesrechutes de fièvre. Les sources del'HôpitaloudelaGrandeGrille seront prescritessi on les prend à la source
même
; la sourcedes Célestins, froideaugriffon,sera préférée sil'onfaitunecureàdomicile.L'hypertrophie de la rate,
quand
elle estrécente,ne réclame aucuntraite-ment spécial. Elle disparait en
même
temps que la cachexie et par lesmoyens
employés contrecelle-ci. Dans lesstades plus avancés, on pourra recourir aux applications d'onguent mercuriel sur la glande. Macleanrecommande
l'onguent au biiodure de mercure, appliqué sur l'organe pendant que le malade est exposé àun
feu ardent et fait frictionner jusqu'à ce que l'absorption soit terminée. Mossler emploie localementla glace et les injections dans le tissumême
de la rate à travers la paroi abdominale de la liqueurde Fowler (1 ce. de cette solution au 1 10) ou d'une solution phéniquée au 2/100e. Cette médication employée par analogie avecle traitement de la leucémien'a pas donné de résultats et doit être rejetée.L'électricité(courant faradique)
recommandée
par Botkin ne paraît pas avoirdiminué l'hypersplénie.Critzmann(1) a administré avec succès dans 4 cas de cachexie mala- rienne de la rate de
bœuf
mélangéeà dela moelle osseuse. Les malades prenaientchaquejour 50grammes
de rate debœuf
hachée délayéedansun
jaune d'œufet 10grammes
de moelle osseuse de bœuf.Au
boutde 15 jours de traitement, les malades éprouvèrent unmieux
sensible:l'état général se releva, l'inappétence disparut et l'intervalle entre les différents accès devint plus long. L'amaigrissement, les palpitations, l'œdème péri- malléolaire, enun mot
tous les signes de la cachexie disparurent défini- tivement.Ce traitement qui est basé sur l'action similaire du corps thyroïde employé contrelegoitre etle
myxœdème,
mérited'être essayé.Quand
lefoiecomme
larate estaugmenté
de volume,on pourra avoir recoursaux eaux minéralesde Carlsbad ou deKissingen.Maisilnefaut pas perdre de vue quelepoint essentiel est d'éloignerle
maladedes contrées à malaria.
Un
voyage enmer
s'est souvent montréefficacecontrela cachexie;
un
changement declimat estaussià conseiller.Nous
publions ci-après quelques observations cliniques résumées que nous avons recueillies pendantnotre séjouren Afrique.(ljCritzmann, Comptes rendus des séances de l'Académie de Médecine de Paris, 24décembre1S95.