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Retour sur un mystérieux « coup d’État » RDC, 27.02.11 :

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le dimanche 20 mars 2011

L’incident pourrait être une affaire interne à la garde républicaine. © AFP

2011 – N° 8 - Sommaire

RDC, 27.02.11 :

Retour sur un mystérieux « coup d’État »

Le 28/02/11/ a été l’un de ces jours où la RDC occupe la Une de la presse mondiale. Les projecteurs de l’actualité sont braqués sur le coup d’Etat déjoué par la Garde républicaine dimanche 27 février à Kinshasa. «Tentative de coup d'État à Kinshasa», annonce le magazine Jeune Afrique. «Kinshasa: attaque de la résidence présidentielle, 6 morts, selon Lambert Mende», lit-on sur le site de Radio Okapi. «Kinshasa: Tentative de coup d’Etat ou mascarade?» s’interroge le site congoindependant.

Les faits

On s’est battu devant la résidence du chef de l’Etat le dimanche 27 février 2011 en début d’après-midi. Des assaillants ont tenté une entrée en force en ce lieu hautement stratégique de

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la République. La Garde républicaine les a repoussés.

Le bilan fait état de six ou sept morts. Selon des sources, un blessé grave, plusieurs arrestations… Des éléments de la Garde républicaine ont été déployés dans différents endroits stratégiques de la ville.

Comme à son ordinaire, le Ministre Mende n’a as été des plus clairs et s’est même embrouillé un peu. Il a en effet assuré qu’il y avait

« vraiment eu une tentative de coup d’Etat » sans donner de précision puis invité à dénoncer « les propagateurs de rumeurs alarmistes »,… donc les gens qui, par exemple, diraient qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat. Cherchez l’erreur !

Pratiquement toutes les sources font état de 6 morts (tous assaillants) et un nombre

indéterminé de blessés et prisonniers. Cependant le site DailyBlitz (basé en Italie et donnant cette nouvelle en anglais) fait état d’après « un témoin oculaire ayant requis l’anonymat » de 9 morts, 7 assaillants et deux Gardes Présidentiels.

Autres divergences, cette fois entre les agences et « l’Internet congolais » : JKK, simplement

« absent du palais » dans les nouvelles officielles, était selon d’autre « en fuite à Lubumbashi » ou même « blessé à l’épaule ».

Quelles sont (en « ratissant » large), les hypothèses possibles ?

1) Une tentative de « révolution à la tunisienne » est exclue. Il est en effet question d’une attaque de style militaire, non d’un mouvement populaire.

2) Une attaque visant effectivement à tuer JKK. Mais cela se heurte à une

invraisemblance : pourquoi alors avoir pris la fuite vers le camp Kokolo, notoirement aux mains de soldats « katangais » très liés à JKK ?

3) Une mise en scène, destinée à offrir, grâce à une « menace de coup d’état », un prétexte pour une manœuvre favorable au pouvoir (ici, on a l’embarras du choix : retarder les élections, supprimer les élections, limiter les libertés civiques – couvre- feu, interdiction des manifs ou meetings, s’en prendre à l’opposition en y découvrant des « conjurés », etc…), mesure qui pourrait être elle-même due à la crainte,

précisément, d’un scénario « à la tunisienne ».

La presse

Version du Potentiel : « Une attaque surprise à la résidence du chef de l’Etat le dimanche 27 février 2011 en début d’après-midi. Des assaillants ont tenté une entrée en force en ce lieu hautement stratégique de la République. La Garde Républicaine les a repoussés. Le bilan fait état de six ou sept morts, selon des sources, un blessé grave, plusieurs arrestations, … Des éléments de la Garde républicaine ont été déployés dans différents endroits stratégiques de la ville de Kinshasa.

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Une attaque armée partie, selon des sources concordantes, du flanc du Grand Hôtel Kinshasa a visé, le dimanche en début d’après-midi, la résidence du chef de l’Etat.

Selon un officiel s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, les assaillants habillés en tenue civile, lourdement armés ont franchi la première barrière à hauteur de CCIC (Centre de commerce international du Congo).

Leur progression a été stoppée au niveau de la deuxième barrière. Un échange nourri des coups de feu s’en est suivi faisant entre six et sept morts, rapportent des sources

concordantes. Se confiant à l’AFP, le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, s’est exprimé en ces termes :« La résidence du président Joseph Kabila, dans le quartier de la Gombe à Kinshasa, a été attaquée par un groupe d’hommes encore non identifiés, dimanche vers 13h30 ». Le porte-parole du gouvernement a poursuivi en faisant observer que « six assaillants ont été tués, quelques-uns ont été faits prisonniers »,

soulignant, par ailleurs, que « les assaillants étaient lourdement armés. Le président était dans les environs », a-t-il ajouté sans autres précisions.

Les assaillants n’auraient donc pas pu accéder à la résidence officielle du chef de l’Etat, suite à la résistance opposée par la Garde républicaine. Conséquence immédiate, les alentours de l’immeuble GLM ont été bouclés en vue de démasquer les éventuels assaillants - en

débandade. « Des blindés légers et un char d’assaut circulaient lentement également dans le quartier », a confirmé l’AFP.

Quasiment au même moment où les assaillants tentaient de prendre d’assaut la résidence du chef de l’Etat, des coups de feu ont été aussi entendus du côté du camp Kokolo. Des sources renseignent que quelques assaillants s’y seraient retranchés avant d’être maîtrisés par les forces loyalistes.

Porte-parole du gouvernement, Lambert Mende est aussitôt passé sur les antennes de la RTNC aux alentours de 16h00 pour annoncer la nouvelle, et éventuellement, calmer les esprits.

Se confiant à l’Agence France Presse, le ministre de la Communication et Médias a affirmé que « le chef de l’Etat était dans les parages » au moment de cette attaque. Il a rapidement rassuré que Joseph Kabila se trouve « en lieu sûr » - sans toute autre précision.

Pendant que nous bouclons la présente édition, le calme règne sur la ville de Kinshasa. A certains coins de la capitale, les Kinois ne savent même pas qu’il venait de se produire une tentative de coup de force. Mais, les éléments de la Garde républicaine ont été déployés sur les axes stratégiques. Un appel a été lancé en direction de la population pour qu’elle dénonce

« les fauteurs de troubles ».

FAIRE TOUTE LA LUMIERE

Il va de soi qu’en pareilles circonstances, des enquêtes seront diligentées pour faire toute la lumière sur la question. C’est d’ailleurs le souhait de tous les Congolais.

Il serait intolérable qu’en ce temps où le peuple s’apprête à élire ses nouveaux dirigeants des tentatives visant à déstabiliser les institutions légalement établies se produisent.

Le ministre de la Communication parle « d’un groupe d’hommes armés non identifiés ». Il urge de les identifier afin d’éviter à la République d’autres drames comme celui du 16 janvier 2001.

En démocratie, c’est à travers les élections que l’alternance doit s’opérer. La prise de pouvoir par les armes ne ferait que ramener le Congo à la case départ et rouvrir la boite de Pandore autour de la légitimité du pouvoir.

Cinquante ans après son indépendance, le Congo n’a plus besoin de coup de force. Depuis 2006, le peuple a choisi la voie des urnes comme seul moyen accès à une quelconque charge d’Etat ».

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Le Potentiel sous le titre « Lambert Mende s'explique » écrit encore, d’après le Ministre :

« «Il se passe qu'il y a quelques heures, un groupe d'individus, fortement armés et non encore identifiés, a attaqué, à l'arme lourde et aux armes légères la résidence du président de la République, à côté du fleuve au GLM. Il s'est heurté à la Garde républicaine qui protège le président à la première barrière. Et c’est là que tout s'est passé. Ils n'ont pas eu la possibilité d'avancer plus loin. L'affrontement a été rude. De part et d'autre, on signale quelques morts.

Des arrestations ont été opérées parmi le commando qui est venu réaliser cette opération qui ressemble assez à une tentative de s'en prendre à la personne du chef de l'Etat. Dieu merci ; le président est sain et sauf. Il n'a même pas été approché par ces individus. Il est dans sa résidence. Les institutions sont aux commandes. Le pays tourne normalement. Nous invitons les populations à prendre en compte ces informations et à aider les forces de sécurité qui sont déployées maintenant pour mieux qualifier les faits, pour sécuriser la ville et le pays de sorte que nous poursuivions normalement notre cheminement vers les échéances électorales que le peuple congolais attend de tous ses vœux.

Il y a sûrement des soupçons. Mais il n'est pas de notre devoir ni de notre droit de pouvoir nous livrer à alimenter la rumeur. Nous laissons aux services de sécurité, aux services auxiliaires de la justice et à la justice elle-même le soin d'interroger les conjurés qui ont été mis aux arrêts. Et je pense que, d'ici quelques heures, quelques jours, les services compétents feront savoir à l'opinion, par les médias, les tenants et les aboutissants de cette action

criminelle qui a été, heureusement, maîtrisée.

Nous donnons à la population la consigne de continuer à vaquer normalement à ses

occupations. Nous la prévenons de ce que de petits malfrats, certainement en complicité avec les criminels qui ont opéré à la Gombe, s'amusent avec les rumeurs faisant état d'une

déstabilisation dans tel ou tel autre point de la ville, essayant de susciter des mouvements de panique. La situation est bien sous contrôle. Pour les populations, il faut plutôt désigner à la police, aux services de sécurité les personnes qui s'amuseraient à essayer de faire monter la panique au-delà du raisonnable parce qu'il n'y a plus de raison de paniquer».

Le Palmarès signale qu’un commando lourdement armé a tenté un coup de force contre la résidence GLM du Chef de l’Etat dimanche aux environs de 13 heures.

Pendant 15 minutes, la Garde républicaine a courageusement fait face aux assaillants, avant de réussir à les repousser. Bilan des escarmouches : 7 morts de part et d’autre et quelques assaillants faits prisonniers. Dans la débandade, quelques insurgés, en désespoir de cause, ont tiré des coups de feu sporadiques sur l’avenue Prince de Liège vers le Camp Kokolo.

Mais, J. Kabila qui venait de quitter les lieux 30 minutes avant l’arrivée des assaillants, soit à 12h 30, est sain et sauf. Pendant que la Garde républicaine faisait mordre la poussière aux assaillants, J. Kabila a été aperçu, en pleine inspection sur le Boulevard du 30 Juin et même à Barumbu où il a eu droit à des ovations populaires.

A propos de ces tirs nourris à la résidence du chef de l’Etat, Le Phare rapporte que le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, qui s’est exprimé à la fois en français et en lingala, interrompant ainsi à deux reprises la diffusion du match V. Club-Ocean View de Zanzibar, a tenu à préciser que la vie du chef de l’Etat, qui se trouvait dans les parages de sa résidence au moment de l’affrontement, n’était pas en danger. Le Phare rappelle qu’un mois auparavant, l’aéroport de la Luano, à Lubumbashi, avait enregistré l’attaque d’un commando.

(Attaque qui, comme celle 27/02, avait paru à la fois mystérieuse et inconsistante)

Forum des As souligne que ce qui s’est passé dimanche à la résidence du chef de l’Etat mérite une attention particulière. Ce ne sont pas de « Kuluna ». Bien au contraire, il s’agit des gens armés et qui, visiblement, avaient une mission précise. Face à cela, les autorités des

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services compétents, en l’occurrence l‘armée et les autres forces de sécurité doivent prendre cette situation très au sérieux. Il ne faudrait pas que ce cas vienne allonger la liste des enquêtes qui n’ont jamais abouti jusqu’ici.

«Une attaque armée s'est produite en République Démocratique du Congo, rapporte le magazine Jeune Afrique. Elle visait le convoi du chef de l'État Joseph Kabila, puis les militaires en civil auteurs du coup de force s'en sont pris à sa résidence». Selon nos informations, poursuit l’hebdomadaire français qui cite le ministre Lambert Mende, «les mutins ne sont pas parvenus à leurs fins et seraient retranchés au camp Kokolo, à Kinshasa».

Le porte-parole du gouvernement a confirmé que le coup d'État avait échoué et que Joseph Kabila allait bien.

«Kinshasa: attaque de la résidence présidentielle, 6 morts, selon Lambert Mende», lit-on sur le site de Radio Okapi. «Des coups de feu ont été entendus ce dimanche 27 février en début d’après-midi dans les environs de la résidence du chef de l’Etat, derrière le Grand Hôtel Kinshasa, dans la commune de la Gombe, poursuit la radio onusienne. Selon le ministre de la Communication et médias, Lambert Mende, le bilan de cette attaque est de 6 tués, tous des assaillants qui étaient lourdement armés». Contacté dimanche soir par Radio Okapi, le porte-parole du gouvernement a fait la déclaration suivante: «Ce dimanche après-midi, un groupe d’hommes armés a attaqué la résidence présidentielle au lieu dit GLM à Gombe. Ce groupe qui était lourdement armé s’est heurté au premier cordon de la sécurité présidentielle, donc de la Garde républicaine. C’est à ce niveau que les affrontements ont eu lieu. Ils ont été assez intenses puisqu’ils ont duré entre 15 et 20 minutes. Et ils [les assaillants] ont été mis en déroute par la Garde républicaine. Six des assaillants sont tombés, certains ont été arrêtés, un autre groupe a pris la fuite, et est pourchassé par police et la Garde républicaine».

Concernant les coups des feu qui ont été entendus du côté du Camp Kokolo où se trouve la base logistique, Lambert Mende a donné la réponse suivante: «C’est possible que, mis en déroute au niveau de la Gombe, dans leur fuite, ces gens soient passés par le camp Kokolo, mais ils sont toujours pourchassés par les unités loyales».

L’agence chinoise Xinhuanet qui revient sur la même information, indique que «des combats à l'arme lourde ont éclaté entre les assaillants et les éléments de la garde républicaine (garde rapprochée présidentielle) au cours desquels sept assaillants ont été tués, plusieurs autres ont été arrêtés et faits prisonniers, tandis qu'un soldat de la garde républicaine a été grièvement blessé après une trentaine de minutes de combats». Selon le ministre congolais de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qui est intervenu quelques heures après en invité au journal de la Radio-Télévision nationale Congolaise (RTNC), «le président Kabila ne se trouvait pas à son domicile au moment de l'attaque».

«Kinshasa: Tentative de coup d’Etat ou mascarade?» s’interroge le site congoindependant.com, qui revient longuement sur les différentes déclarations faites par le porte-parole du gouvernement congolais sur cette affaire. «Nous avons été témoins d’une tentative de coup d’Etat. Un groupe de gens lourdement armés a attaqué le palais présidentiel aux alentours de 13h30", a annoncé le ministre Mende. Selon lui, les malfaiteurs ont été stoppés au niveau de la première ceinture de sécurité. Bilan : six tués parmi les assaillants et plusieurs arrestations. A en croire Lambert Mende, «le président Kabila se trouvait aux environs» sans fournir des précisions. Une source à la Présidence de la République a précisé aux médias que Joseph Kabila, ne se trouvait pas en sa résidence lors de l’attaque mais il l’a regagné depuis et il est indemne. Une source locale jointe au téléphone à Maluku, à une

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soixantaine de kilomètres de la capitale, a confié à la rédaction de Congo Indépendant que cette agression a eu lieu une heure après le départ de Joseph Kabila pour sa ferme située sur la route de Bandundu». « De l’avis général, il s’agit d’une mascarade», ajoute-t-il. Pour le site congoindependant.com, «cette énième tentative de coup d’Etat sous le régime de Joseph Kabila laisse des analystes sceptiques au motif que des questions essentielles demeurent sans réponse». Qui sont les agresseurs? D’où viennent-ils? Qui est le commanditaire de leur action? Quel est leur objectif ? «Dans ce Congo démocratique où le pouvoir ne communique que pour faire sa propagande, il est clair que nul ne saura la vérité sur ce qui s’est réellement passé dimanche à Kinshasa», conclut l’auteur de l’article.

Bien entendu, le lendemain, 1° mars, la presse continue à commenter les événements du Week-End.

Le Phare fait état d’une panique lundi 28 février au Camp Luka où un écolier a été touché par une balle perdue. Sunzu Chadrac, 8 ans, écolier en 2ème année à l’Ecole primaire I Mayele na Bomoi au Camp Luka dans la commune de Ngaliema, a été blessé par une balle perdue lundi 28 février 2011 pendant la recréation. L’enfant, qui est sous observation médicale, serait hors du danger. Toutefois, une « balle perdue » renvoie en principe à un combat auquel prenait part le tireur qui a perdu cette balle. Qui se battait donc contre qui ce lundi ?

L’Observateur, dans son article « Kinshasa, le calme après la tempête », constate : « Le calme est revenu à Kinshasa quarante-huit heures après l’attaque contre la résidence du président de la République Joseph Kabila, Les magasins les boutiques, les échoppes ont réouverts à travers la ville de Kinshasa hier lundi 28 février, le trafic était intense sur le Boulevard du 30 juin ainsi que sur les avenues de la commune de la Gombe, malgré la pluie qui s’est abattue sur la ville. Malgré le climat de tension latent, les habitants de Kinshasa ont montré leur flegme légendaire. Le marché central de Kinshasa ne désemplissait pas.

Commerçant, vendeurs et acheteurs ont même bravé la pluie qui s’est abattue à Kinshasa pour respectivement vendre leurs marchandises et achetaient des produits ».

Le Potentiel revient sur la tentative du coup d’Etat du dimanche 27 février 2011 et titre :

« Des arrestations après l’attaque de la résidence de J. Kabila ». Le confrère signale que présidé par le chef de l’Etat, Joseph Kabila, le Conseil supérieur de la défense1 s’est penché, lundi 28 février, sur la situation qui a prévalu à Kinshasa dimanche dernier en début d’après- midi. L’on sait d’ores et déjà que des arrestations- une trentaine, selon des sources officielles- ont eu lieu dans différents services, tant de l’armée que de la sécurité. Des investigations se poursuivent pour faire toute la lumière sur ce grave incident et la machine judiciaire est en marche, le Procureur général de la République s’étant déjà saisi du dossier pour approfondir les investigations.

Le Climat Tempéré y consacre un article intitulé « Des élections sous haute sécurité ».

« Hier lundi, Kinshasa s’est réveillée en écarquillant les yeux, comme sortant d’un mauvais rêve. Les taxis bus et taxis qui prennent le service dès l’aube ont dû d’abord suivre les informations de 5H et 5H30 sur les radios internationales pour se rassurer que rien de bien particulier ne se déroulait dans la ville. Pourtant, la nuit de dimanche au lundi, dans certaines communes, l’on a vu des patrouilles de police occuper quelques carrefours mouvementés. Le quartier de Kingabwa, réputé sensible parce qu’adossé au fleuve Congo, une voie de communication pleine de mystères et toujours suspecte, a été bouclé par des

1 Un communiqué a été publié par le Conseil supérieur de la défense, on peut le trouver à

http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=2&newsid=175080&Actualiteit=selected

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forces de l’ordre. Mais au centre-ville, lundi, rien ne donnait à penser que les institutions de la République avaient failli basculer la veille.

Mais que s’est-il donc passé ? A la mi-journée, ce dimanche, aux environs de 13H-14H, des tirs soutenus ont été entendus venant du quartier GLM, du côté de la résidence officielle du chef de l’Etat. Mais aussi aux abords du camp Kokolo, créant panique et remue ménage dans le périmètre. Dans cette ville tentaculaire qu’est Kinshasa, il faut dire que c’est

principalement le cellulaire et le téléphone arabe qui ont fonctionné pour informer. De quoi en fait ? De rien, sinon que ça tirait. Au climat Tempéré, nous avons eu des appels de gens qui cherchaient à savoir et qui pensaient devoir interroger les bonnes sources, les

journalistes, dont c’est le métier d’informer. Mais comment informer quand on ne l’est pas soi-même ! C’est finalement vers 16 H que le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende, s’est improvisé, pour apporter les précisions sur ce qui se passait ». (cfr supra)).

Le flou persiste autour de cette tentative de putsch. Des questions restent sans réponse.

On ne révélait encore ni l’identité des assaillants ni d’où sont venus ces agresseurs mystérieux. Un correspondant de RFI, s’en référant à des témoins, a parlé d’hommes en tenue civile, munis de machettes, de flèches, alors que le porte-parole du gouvernement parle d’un commando lourdement armé. L’Agence Chine Nouvelle, Xinhua, affirme pour sa part que «des partisans de l'opposition tentaient de pénétrer dimanche dans le palais présidentiel et le bureau du Premier ministre à Kinshasa. La garde présidentielle a ouvert le feu pour les empêcher, faisant des victimes, selon ces sources, sans préciser toutefois le nombre des victimes. Après ces incidents, la garde présidentielle fouillait des véhicules dans certains endroits de Kinshasa, a-t-on constaté sur place».

Des sources gouvernementales précisent que les insurgés ont été bloqués au niveau de la première barrière, peu avant l’entrée de l’immeuble ex-Centre du Commerce International du Congo, CCIC. Et, le nombre de ces éléments armés était estimé à une cinquantaine

d’hommes. Pour atteindre le palais du chef de l’Etat, les insurgés ont dû passer devant

l’ambassade helvétique ! Des questions sont soulevées, d’autant que le bord du fleuve Congo, derrière le CCIC, est investi par les éléments de la garde présidentielle, après en avoir fait évacuer les pêcheurs qui campaient dans ce périmètre de la résidence présidentielle. En outre, des voix s’élèvent pour rappeler d’autres coups similaires qui ont laissé des interrogations.

Dans la nuit du 27 au 28 mars 2004, Kinshasa connut ce qu’on a appelé « l’opération Pentecôte », dans laquelle une quarantaine d’ex-FAZ (Forces armées zaïroises) furent accusés de participation à un mouvement insurrectionnel. C’est seulement en juin 2010 que la cour militaire de Kinshasa a rendu son verdict, à la prison de Makala. Trente six de ces détenus ont été condamnés à la peine maximale de dix ans de servitude pénale. Sept ont été condamnés à la prison ferme de deux ans alors qu’ils avaient déjà passé six ans en prison.

Sept autres ont été acquittés.

On rappelle aussi qu’en juin 2004, dans la nuit du 10 au 11, un certain major Eric Lenge, à la tête d’un petit groupe d’une vingtaine de soldats de la Garde présidentielle, a tenté de prendre le pouvoir à Kinshasa. Sur les ondes de la radio nationale les insurgés ont alors annoncé «la suspension des institutions et la neutralisation de la transition congolaise». Mais très vite les forces loyalistes avaient repris la situation en main. Des tirs ont été entendus dans le quartier résidentiel de Gombe, et au camp Tshatshi. Les tirs à l’arme automatique ont fait suite au quadrillage des principaux quartiers de Kinshasa et au déploiement des forces loyalistes autour de l’aéroport de Kinshasa-N’ Djili. Mais les putschistes avaient réussi à battre

entièrement en retraite et à s’évanouir dans la nature ! Les interrogations subsistent jusqu’à ce jour.

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On rappelle encore les attaques des résidences des ministres Thambwe Mwamba et Endundo Bononge… dont l’issue demeure à ce jour inconnue.

Alors que la voie est ouverte vers de nouvelles élections, il est important que toute la lumière soit faite sur cette nouvelle tentative de coup d’Etat, qui est une initiative à contre courant.

D’après des sources judiciaires, le procureur général de la République s’est saisi de cette affaire, qui suscite déjà des remous au sein de la classe politique congolaise.

Le président de la République, Joseph Kabila, qui était déjà visible dans les rues de la capitale le même dimanche 27 février, a présidé hier lundi une réunion du conseil supérieur de la défense, avec au centre la question de l’incursion des hommes armés dans la zone

résidentielle du chef de l’Etat. Finalement, il semble bien qu’à l’approche des élections, le problème sécuritaire qui a fait l’objet des préoccupations de leaders de l’opposition est une question qui concerne tous les acteurs politiques. Même le chef de l’Etat !

Pour La Tempête des Tropiques il y a autour du « coup d’Etat, des questions sans

réponses ». Ce quotidien révèle plusieurs incohérences dans les faits qui ont été présentés sur l’attaque du palais présidentiel, dimanche 27 février, en début d’après-midi. Comment est-ce que le palais présidentiel de la Gombe est attaqué alors que le raïs est aperçu détendu au Rond Point Socimat et à Barumbu dans sa randonnée dominicale habituelle ? Comment des

personnes armées des machettes et des flèches arrivent-elles à atteindre ce lieu hyper sécurisé et résister pendant vingt minutes à la Garde républicaine généralement bien armée ? Est-ce une bande des « Kulunas » [Bandits de grand chemin] ou un commando ? Autant des questions qu’on se pose et qui poussent certains observateurs, relève le journal, à orienter leurs analyses vers d’autres angles.

L’Avenir souligne que « Coup d’État, les assaillants venaient de Brazzaville » et annonce encore que « Un élément parmi les assaillants arrêtés portait une carte des miliciens du Mlc.

Une source de la Monusco, au lieu de s’inquiéter de l’attaque contre le Chef de l’Etat, prétend que bientôt il y aura rafle des opposants. Le Conseil supérieur de la défense félicite les éléments des Fardc et de la police nationale pour leur intervention efficace contre les assaillants ».

« Il a aussi été pris sur les assaillants une carte militaire qui établit que l’élément appartient au groupe des anciens miliciens du Mlc. Après l’attaque, certains éléments ont tenté de regagner Brazzaville. Ils ont été cueillis par la force navale. L’autre groupe a tenté de disparaître dans la nature en se dispersant dans la cité. Ce sont ces éléments que les Fardc ont pourchassés dans les communes de Kasa-Vubu, Lingwala et autres environnant le camp militaire colonel Kokolo.

Le bilan des opérations a beaucoup évolué notamment avec les arrestations qui ont été opérées nuitamment. On parle aujourd’hui, en attendant la fin de l’enquête, de dix tués parmi les assaillants dont sept à la résidence du Chef de l’Etat. Une trentaine de prisonniers sont aux mains des forces de sécurité. On compte également un blessé grave parmi les éléments de la garde républicaine. L’information selon laquelle cinq soldats de la garde républicaine auraient été tués lors de l’attaque du camp colonel Kokolo reste à confirmer dans la mesure où aucune source officielle n’a confirmé cela. Il est également établi à ce jour que le Chef de l’Etat était absent de sa résidence. Car, comme dans ses habitudes, il est allé visiter certains chantiers notamment le boulevard Lumumba en pleins travaux de réfection.

Il se pose maintenant beaucoup de questions sur cette insécurité quasi permanente dont la ville voisine de Brazzaville serait la source en dépit des assurances que se donnent les

dirigeants de deux pays. En effet, ceux qui veulent se soustraire de la justice congolaise n’ont qu’à traverser le fleuve pour se trouver comme des poissons dans l’eau à Brazzaville. C’est ainsi que Brazzaville abrite les ex-soldats de l’armée de Mobutu dont se sert certains

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mobutistes exilés en Europe et qui n’ont pas hésité à revendiquer les actes terroristes sur le territoire congolais.

Brazzaville n’offre à Kinshasa aucune garantie de sécurité tout en refusant de rapatrier les terroristes. On avait parlé du chef des Enyele qui avait semé la désolation au nord de la province de l’Equateur. Jusqu’à ce jour, Brazzaville n’a jamais accepté le transfèrement de Udjani. Comme il n’y a pas un sans deux, c’était le tour du général Faustin Munene.

Soupçonné par la justice militaire de la Rdc des actions pouvant porter atteinte à la sécurité du pays, il s’est sauvé à Brazzaville. Arrêté, Munene bénéficie comme Udjani, de la

protection de Brazzaville qui trouve des raisons pour ne pas l’extrader. Par contre, Kinshasa envoie à Brazzaville le moindre élément dangereux à la sécurité de ce pays appréhendé en territoire rd-congolais.

...

Sans aucun doute, les autorités de Brazzaville clameront sur tous les toits n’avoir aucun lien avec les assaillants. Mais, pourquoi ne pas offrir à Kinshasa la garde des éléments douteux et dangereux à la sécurité de la Rdc ? Il y a dans cette affaire une attitude qui commence à devenir insupportable. Il nous revient qu’un bateau, dont la cale a servi de cache d’armes a été découvert au port de Kinshasa. On croit savoir que ces armes ont un lien avec les attaques menées à Kinshasa le dimanche. Le contraire étonnerait lorsqu’on sait qu’il ne s’agit pas d’armes pour chasser les oiseaux.

L’attitude de la Monusco dans cette affaire suscite également des interrogations lorsque sous anonymat, une source onusienne déclare à l’Afp qu’ « Il va y avoir des rafles d’opposants pour mettre tout ça sur le compte de l’opposition ». Comment comprendre cette observation irresponsable ? Cette source de l’Onu ne semble pas s’inquiéter de la vie du Chef de l’Etat contre qui une attaque avérée à été lancée. Elle verse dans l’absurdité de l’attaque des opposants. Si l’enquête démontre qu’un opposant ou un groupe d’opposants a un lien avec cette attaque, faut-il l’absoudre pour la bonne et simple raison que les élections seraient proches ?

La Monusco qui se dit observateur neutre et averti de la scène politique congolaise, peut-elle affirmer qu’un opposant, par le temps qui court, ferait peur à Kabila au point de chercher à l’arrêter en lui mettant sur le dos l’attaque de dimanche ? C’est du n’importe quoi. Si la Monusco s’attendait à des arrestations arbitraires pour se donner du travail, elle doit revoir ses calculs. On connaît des pays où une simple grenade lancée dans la cité donnerait

occasion à l’arrestation des opposants. La Rdc se veut un Etat de droit. La Rdc ne veut pas faire les choses à moitié. Si la Monusco et certains voisins considèrent cela comme de la faiblesse, ils doivent se détromper.

Le Conseil supérieur de la défense qui s’est réuni hier sous la présidence de Joseph Kabila, a rendu hommage aux éléments de la garde républicaine et aux autres soldats des Fardc et de la police nationale pour avoir réagi avec efficacité à ces attaques contre la résidence du président de la République et de la base logistique. Le conseil a noté avec satisfaction le calme observé par la population qui a continué à vaquer à ses occupations en toute quiétude et l’appelle à la vigilance. Cela n’a pas empêché le conseil à prendre un train de mesures afin d’accroître davantage la sécurité, en vue d’assurer le déroulement normal des élections ainsi que le développement du pays ».

« Très fâché, Kabila prépare la contre-attaque », titre La Prospérité. Ce quotidien rapporte que l’attaque de la résidence du chef de l’Etat, des sièges des autres institutions ainsi que de la Base Logistique du Camp Kokolo constituent les points inscrits à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la défense présidée lundi par le Président de la République en sa résidence de GLM. Selon le compte-rendu fait par le ministre de la Défense,

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Charles Mwando Nsimba, un train de mesure a été pris pour le renforcement de la sécurité en vue de l’organisation des élections et de la poursuite du développement du pays. Le Conseil a vivement félicité les vaillants éléments des Fardc et de la Police nationale pour leur bravoure ainsi que la population pour le calme observé. Un appel à la vigilance a été lancé.

LE BILLET du Climat Tempéré, sous le titre « Cherchez l’erreur! », poursuit le commentaire du « coup d’état ». Ainsi donc, Joseph Kabila vient d’échapper à un coup de force. Pour ce que l’on en sait jusqu’ici, c’est-à-dire, selon ce qu’en a dit le porte- parole du gouvernement, un commando lourdement armé a lancé dimanche, à la mi-journée, sur la résidence principale du président de la République, « une opération qui ressemble assez à une tentative de s’en prendre à la personne du chef de l’Etat ». Le commando a été stoppé dès la première barrière par la Garde Républicaine, après un rude affrontement ayant fait quelques morts de part et d’autre. Dimanche, jusque tard dans la soirée, ils étaient encore nombreux dans Kinshasa qui ne savaient pas qu’il y avait eu des événements aussi graves tout près d’eux. Hier lundi, la capitale affichait un calme tel qu’il était difficile d’imaginer qu’on fût passé à côté de la tragédie qu’on dit. Même sur la ville basse, l’on ne voyait pas lundi ces spectacles qui généralement meublent le décor dans ce genre d’événements. Rien de ces barrières policières ou militaires qu’on ne franchit qu’après avoir montré patte blanche. Rien de ces détachements des forces de sécurité patrouillant à bord de jeeps ou de blindés, l’air mauvais. Que s’est-il finalement passé ? Qui sont ces assaillants ? D’où venaient-ils ? Par où sont-ils passés pour arriver aux portes de la résidence du chef de l’Etat? Voulaient-ils seulement assassiner le président ? Ou s’emparer du pouvoir d’Etat? Y a-t-il derrière eux une organisation structurée prête à prendre la direction du pays ? Les questions de bon sens fusent dans l’opinion et demeurent sans réponse. Il faudra attendre que les enquêtes et les interrogatoires des éléments du commando appréhendés apportent l’éclairage sur cette affaire.

Est-ce à dire qu’il n’y avait rien de sérieux ? Doucement ! Le 16 janvier 2001, si le coup ne s’était pas soldé sur la mort de M’Zee, aucune personne sensée n’aurait pu admettre qu’il y eût un tel acte de folie perpétré au Palais de marbre. On aurait crié à la farce. Mais face à l’évidence de la conséquence, il fallut en admettre la cause. Et donc, il faut bien s’arrêter sur ces événements qui sont survenus dimanche. D’autant qu’il y a à peine quelques semaines, des faits aussi étonnants se sont produits à Lubumbashi où de curieux assaillants ont fait le coup de feu et réussi même à occuper pendant quelque temps l’aéroport, avant d’en être délogés par la Garde Républicaine. Déjà ! Il faut d’abord féliciter l’armée pour avoir su maîtriser la situation. La solidité d’un Etat réside aussi dans la capacité de ses institutions à résister et à ne pas s’effriter au moindre choc. Ensuite, il faut dire que nous sommes en période délicate. S’il fallait paraphraser, voyons donc dans la navigation aérienne. Près de 80 pour cent des accidents d'aviation se produisent un peu avant, pendant ou un peu après le décollage ou l'atterrissage. Ainsi de la marche républicaine dans nos pays. Les temps préélectoraux –atterrissage - de même que les temps postélectoraux-décollage des nouvelles institutions- sont des périodes cruciales. La période du démarrage de la nouvelle légitimité, lorsqu’il faut mettre en œuvre les institutions provenant des urnes, constitue un temps propice aux contestations, aux remises en question, aux soubresauts. Et à l’autre bout, quand on arrive en fin de mandat, et donc au terme de l’ancienne légitimité, pendant que l’on s’apprête à rechercher une nouvelle légitimité, il faut faire attention. Parce que des malins peuvent aller à imaginer que le moment est idoine pour que l’ordre finissant soit remplacé en utilisant des moyens autres que ceux prévus dans un Etat démocratique. Voilà pourquoi, il faut rappeler, qu’aux termes de notre pacte commun tel que consigné dans la constitution, « la souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple … Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice… Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ». Il faut dire à ces

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apprentis putschistes que l’on n’a plus besoin de ça. On ne peut pas avoir, pendant plus de quarante ans, enduré les affres de la crise de légitimité, avec tout ce lot de guerres, de destructions et de violences, et puis, lutté pour dépasser ces traumatismes et organiser des élections démocratiques, que pour venir retomber de nouveau dans des putschs ! Que voudrait-on ? Nous ramener à l’époque des hommes forts ? Du pouvoir au bout du fusil ? Il faut dire à ces Messieurs qu’ils ne sont même pas foutus de suivre le sens de l’histoire. Peut- être sont-ils abusés par ce qui se passe dans le monde arabe ! Eh bien, là bas, ce n’est pas de coup d’Etat qu’il s’agit. C’est de révolution populaire. Oui, C’est le peuple qui installe au pouvoir. Les coups de force ne sont plus de saison. Il faut par ailleurs éviter de donner des idées à des écervelés, avec des discours du genre : « si les élections ne sont pas organisées dans les délais constitutionnels, ce sera le vide politique, car dès le 6 Décembre, c’en sera fini du pouvoir de Kabila ». Il ne faut pas tenter le diable !

Cela dit, si l’on admet que ces événements successifs-à Lubumbashi, à Kinshasa- n’ont rien d’une mise en scène, il faut alors conclure qu’ils n’ont rien d’un hasard. Une telle répétition d’événements suggère qu’il y a problème. A quel niveau se situe-t-il ? C’est du devoir du pouvoir de s’interroger et de porter des remèdes pour nous éviter les surprises à seulement quelques encablures des nouvelles élections.

Toujours dans le même registre, Le Palmarès note qu’à l’issue de la réunion présidée par le chef de l’Etat, le Conseil supérieur de la défense révèle les différents lieux attaqués dimanche.

Outre la résidence GLM du chef de l’Etat, d’autres sites stratégiques ont aussi subi des agressions !

Forum des As fustige le silence de la classe politique. Ce quotidien relève que, chose

curieuse, on n’a enregistré aucune réaction de la classe politique pour condamner la tentative d’assassinat du chef de l’Etat. « Là où, au nom de la démocratie, on s’attendait à ce que des réactions fusent de partout pour condamner un acte qui risque de bouleverser le processus au point d’instaurer une terrible jurisprudence destinée, en cas de moindre contentement, à pousser certains compatriotes à recourir aux armes pour faire entendre leurs voix alors que depuis 2006, le mode d’accès au pouvoir est connu ».

(Il est exact qu’il est de bon ton, après un attentat, que tous les partis politiques condamnent unanimement l’usage de la violence, même contre un adversaire. Mais il est peut-être un peu tôt pour parler de « silence » moins de 24 heures après les faits. Le « silence » des partis, s’il devait persister, pourrait avoir deux explications : 1) le scepticisme, c'est-à-dire le soupçon d’un « attentat ya mascarade » 2) la crainte de paraître cautionner une éventuelle « chasse aux sorcières » consécutive à un attentat, vrai ou faux. NdlR)

Du côté de la Société Civile, le RENADHOC, qui regroupe des organisations militant pour les Droits de l’Homme a publié sa position, dont voici l’essentiel: “ Le RENADHOC

condamne avec la dernière énergie cette attaque meurtrière et rappelle à cet effet que le Peuple Congolais longtemps meurtri par plusieurs conflits armés dont certains

internationalisés, qui ont fait des millions des morts, aspire aujourd’hui à la paix, à un Etat de droit et véritablement démocratique, et n’a plus besoin de ces actes criminels qui n’ont d’autres visées que de perturber sa quiétude, au moment où il se prépare résolument à mettre aux commandes du pays, au travers des élections libres, démocratiques, pluralistes et

honnêtes, de nouveaux animateurs ou dirigeants capables de prendre en mains et en toute responsabilité sa destinée.

Aussi, le RENADHOC condamne vivement tout recours à la violence comme moyen pour accéder au pouvoir politique. Il rappelle à ce propos le principe démocratique réaffirmé dans la Constitution de la République Démocratique du Congo, selon lequel « Tout pouvoir émane

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du peuple en tant que souverain primaire ». C’est pourquoi, tout pouvoir pris par des voies non démocratiques constitue une violation grave de la volonté du détenteur naturel du pouvoir et donc, une atteinte grave aux droits civils et

politiques garantis par les instruments internationaux des droits de l’homme et par la Constitution de la République.

Autant le RENADHOC continue d’attendre les conclusions de l’enquête sur les derniers événements similaires de Lubumbashi, autant il exige du Gouvernement de la RDC qui a la charge d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, de faire toute la lumière sur ce énième incident meurtrier qui a sans nul doute semé la panique dans la ville de Kinshasa et mis en débandade sa population”.

Le lendemain, loin de s’éclaircir, les choses s’obscurcissent encore davantage. On connaissait déjà les discussions sur le sexe des anges, qui passionnaient Byzance. On assiste alors à l’engouement de Kinshasa pour la définition exacte de la catégorie où classer les événements du 27 février. Et c’est la cacophonie ! «Attaque de la résidence présidentielle: un acte terroriste et non une tentative de coup d’Etat, selon le ministre Mende2», cité par Radio Okapi. «Lambert Mende dément le coup d’Etat, l’AMP exige des sanctions», titre La Prospérité. «RDC : Coup d’État manqué ou le bluff de Kabila à Kinshasa ?» s’interroge le site Afriscoop. Quant à Digitalcongo, il affirme « avoir la confirmation du ministre de la Communication et des Médias que cet acte n’est pas un coup d’Etat mais plutôt un acte terroriste » et précise dans un autre article qu’il s’agit de « terrorisme primaire ».

«Attaque de la résidence présidentielle: un acte terroriste et non une tentative de coup d’Etat, selon le ministre Mende», cité par Radio Okapi. «Le gouvernement congolais exclut

l’hypothèse d’un coup d’Etat sur l’attaque de la résidence présidentielle dimanche dernier, rapporte la radio onusienne. Le ministre de la Communication et médias, Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, l’a déclaré mardi au cours d’une conférence de presse à Kinshasa. Pour Mende, un coup d’Etat est un acte politique et ça se revendique».

«Un coup d’Etat, normalement, ça se revendique, un coup d’Etat, en principe est signé. Et nous n’avons reçu aucune revendication, aucune signature», a-t-il souligné, ajoutant que

«c’est la justice qui nous dira exactement qui est à la base de ça, parce que les auteurs eux- mêmes n’ont jeté aucun tract, ils n’ont diffusé aucun message radiodiffusé». «Ce dont le gouvernement est sûr, c’est que l’attaque de la résidence présidentielle dimanche dernier était une offensive terroriste», a laissé entendre Lambert Mende. Pour Lambert Mende, «ces gens voulaient manifestement faire peur aux populations de Kinshasa».

«Lambert Mende dément le coup d’Etat, l’AMP exige des sanctions», titre le quotidien La Prospérité. «L’AMP, la plate-forme politique qui ne jure que par Kabila, est sortie hier, de sa réserve, renseigne le journal. Pour elle, cet acte ignoble qui vise à assassiner la démocratie et étouffer les aspirations profondes du Peuple congolais, est l’expression du désespoir de la part de ceux qui ont décidé de trahir la volonté solennelle du peuple de ne plus jamais recourir ni aux armes, ni à la violence pour prendre le pouvoir et de respecter en toutes circonstances, le verdict des urnes». «L’AMP, poursuit le quotidien de Mont Fleury, encourage le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, à poursuivre avec le même élan le processus démocratique jusqu’à la tenue des élections libres, transparentes et

démocratiques». L’AMP, citée par La Prospérité, «demande au chef de l’Etat de tirer, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions, toutes les conséquences qui

s’imposent tant au niveau du Gouvernement que des autres organes spécialisés de l’Etat».

2 http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=2&newsid=175111&Actualiteit=selected texte du point de presse

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«N’est-ce pas là une façon d’exiger des sanctions à tous les niveaux de l’appareil de l’Etat?»

s’interroge l’auteur de l’article.

«RDC : Coup d’État manqué ou le bluff de Kabila à Kinshasa ?» s’interroge le site

Afriscoop. «Depuis dimanche 27 février 2011, il semble que le raïs des congolais a échappé à une révolution du palais», peut-on lire sur le site qui par la suite, aligne une série de questions : «que s’est-il réellement passé cette journée ? Qui sont ces malfrats qui auraient attenté à la vie du Président congolais ? Comment le lieu le mieux protégé de Kinshasa peut- il être pris d’assaut en pleine journée par un groupe d’individus fortement armés sans qu’aucun service de sécurité ne s’en rende compte ? Comment expliquer que son excellence monsieur le ministre de l´Information, Lambert Mende Ombalanga, soit amené à annoncer ce fameux coup d’État sur les antennes de la radio télévision nationale congolaise (RTNC) alors que les coups de canon sifflaient à cinq cent mètres (camp Nkokolo) ? Est-ce peut on dire qu’il y a eu un putsch manqué contre Joseph Kabila ? Ou s´agit-il d´une comédie de mauvais goût signée Joka (Joseph Kabila)? Est-ce la répétition de l´aventure de l´assassinat de Laurent Désiré Kabila un certain 16 janvier 2001 au Palais de Marbre à Kinshasa ?» «Si en 2001 l’issue était fatale pour Laurent Désiré Kabila, cette fois, c´est le happy end ; car, Joseph Kabila venait de quitter sa résidence trente minutes avant qu’elle ne fasse l’objet d’une attaque surprise par des assaillants non autrement identifiés lesquels, aux dires de son excellence monsieur le ministre de l´information Lambert Mende, étaient lourdement armés.

Bilan : Sept morts, une centaine de blessé et plusieurs capturés», commente Afriscoop.

«Selon les mauvaises langues à Kinshasa, la version officielle de son excellence Monsieur le ministre congolais de l´Information serait un gros montage, c´est-à-dire du bluff, révèle le site. Cette source soutient, en revanche, que des assaillants seraient armés des machettes dissimulées au dos de leur t-shirt à l´effigie du président Joseph Kabila». «Une indication non signalée par son excellence monsieur le ministre de l´information lors de sa conférence de presse au cours de laquelle il a prétendu que les assaillants étaient lourdement armés», conclut le site.

Revenant sur le même sujet, le journal belge La Libre Belgique croit que «l'armée reste un problème de fond en RDC». «Moins d'un mois après l'attaque armée de l'aéroport de

Lubumbashi, chef-lieu de la province minière du Katanga, le 4 février, un nouvel assaut armé a eu lieu dimanche à 13h40 à Kinshasa, raconte le journal belge. Selon les informations recueillies à Kinshasa, 20 à 30 hommes en uniforme de l'armée ont essayé de passer un barrage de la Garde républicaine (garde présidentielle) proche d'une villa de la Gombe - quartier central chic de Kinshasa - occupée par le président Kabila, qui n'était pas présent».

La Libre Belgique qui parle «de grave incident armé» croit celui-ci «serait une nouvelle manifestation de mécontentement de militaires en raison de leurs conditions de vie». Il soutient qu’en l'absence d'éclaircissements officiels des événements de Lubumbashi le 4 février, c'est également l'explication qui circule avec le plus de crédibilité au Katanga. «Le processus de paix en RDC a prévu l'intégration dans l'armée d'un grand nombre d'ex- combattants armés, mais l'intendance ne suit pas, rappelle le journal belge. Si le président Kabila se montre attentif aux conditions de vie de sa Garde républicaine - véritable armée dans l'armée, puisqu'elle n'est pas placée dans la chaîne de commandement normale - il n'en va pas de même pour la majeure partie des Forces armées, qui survivent dans des conditions misérables». (La thèse du journal belge est donc celle d’une mutinerie militaire. On est un peu surpris d’y lire que les attaquants étaient « en uniforme » car les journaux congolais ont parlé d’assaillants « en civil » ou « ceinturés de grigris ». Bien sûr, il peut s’agir d’un déguisement, ou même d’un camouflage ! NdlR)

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Ça pourrit de partout, constate AfricaNews qui affiche à la Une : « Après les terroristes de GLM, SMS et mails suspects ». Il relève que Kinshasa ne s’était pas encore remis de la

panique consécutive à l’attaque simultanée, dimanche 27 février, de GLM, un des bureaux du Président de la République, J. Kabila, et de l’armurerie de Camp Kokolo, que des SMS infects, dangereux et séditieux circulent sur les portables. Le tout dernier a été mis en branle lundi 28 février dans la soirée. Son contenu : « Ngonga na biso pe ekoki pona kobengana Kabila, à l’ex. de tunis, egypte. Tozali na posa ya mutu nioso. Faites passé le message le 10/3/11 a 08h00 place de matonge victoire manif de grand ampleur… ». AfricaNews, qui signale que les auteurs de ce message attribué aux acteurs de l’opposition n’ont pas été

identifiés, fait remarquer que la RDC à peine sortie d’une longue crise et qui se réveille de son profond coma, n’a nullement besoin de replonger dans un cycle des violences et dans

l’insécurité.

(Examinons les zigzags de l’information officielle sur ce sujet. Version 1, tout de suite après les faits : combats devant GLM puis, consécutivement, vers le camp Kokolo. Version 2 et premiers commentaires de Mende : il s’agissait bien d’un coup d’Etat. Dans les heures qui suivent, on précise qu’il ya eu bien eu attaque simultanée de plusieurs objectifs classiques en cas de « coups » militaire : radio, camp militaire, présidence. Le nombre estimé d’assaillants passe de 50 à 100. Version 3, actuelle : il s’agissait d’une attaque terroriste « primaire », c'est- à-dire que le but était d’abattre le Président pour créer le chaos.

On est bien forcé de remarquer que ce morceau, joué d’après deux partitions différentes, s’adapte au public visé : à usage interne, on se plaît à souligner qu’il y a irruption de la violence, alors qu’il y a un large consensus dans le pays pour exclure tout autre accès au pouvoir que les élections ; puis, on découvre que tout cela se rattache à la nébuleuse du terrorisme international, thème de nature à émouvoir plutôt les puissances internationales alliées du régime, en particulier les USA. Pourquoi ? La réponse est dans les indications données sur Digitalcongo (« en dehors et à l’intérieur du pays ») et dans les propos tenus par AfricaNews à propos des messages et SMS. On se prépare, en « faisant passer la pilule » sous prétexte de lutte antiterroriste, à gêner au maximum les activités de l’Opposition. Le

« Moniteur du Joséphisme » avait déjà donné le « la » de concert. L’Avenir écrivait hier :

« L’attitude de la Monusco dans cette affaire suscite également des interrogations lorsque sous anonymat, une source onusienne déclare à l’Afp qu’ « Il va y avoir des rafles

d’opposants pour mettre tout ça sur le compte de l’opposition ». Comment comprendre cette observation irresponsable ? Cette source de l’Onu ne semble pas s’inquiéter de la vie du Chef de l’Etat contre qui une attaque avérée à été lancée. Elle verse dans l’absurdité de l’attaque des opposants. Si l’enquête démontre qu’un opposant ou un groupe d’opposants a un lien avec cette attaque, faut-il l’absoudre pour la bonne et simple raison que les élections seraient proches ? » NdlR)

Il y a un classique dans la presse mondiale. Après un quelconque « coup de tabac », la presse proche du pouvoir titre, d’une façon ou d’une autre « Plus flics ! Plus de matraques ! ». Le

« Moniteur du Joséphisme » a eu a cœur de se conformer à cette tradition. L’Avenir consacre en effet sa manchette du 3 mars à la « sécurité nationale » et affirme que la réhabilitation des services de renseignements s’impose.

On ne peut pas comprendre que dans ce pays, un chef de l’Etat ait été assassiné dans son bureau dans un complot dont on parlait, mais les services n’ont pas su comment cela se fera pour l’empêcher. Ce qui est arrivé à la résidence du chef de l’Etat dimanche dernier démontre que les institutions du pays, toutes sans exception, sont à découvert.

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On sait qu’à propos de cet attentat, certains soupçons de Kinshasa sont dirigés vers le « voisin d’en face », la République du Congo. Et les dernières nouvelles ne vont sûreent pas améliorer les choses. «Le Général Faustin Munene ne sera pas extradé». Selon le site

congoindependant.com, cette déclaration a été faite par le président congolais Denis Sassou- Nguesso dans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique n°2616 daté du 27 février au 5 mars. Répondant à la question de savoir si le Congo-Brazzaville va extrader le général Faustin Munene vers Kinshasa, le chef de l’Etat du Congo-Brazzaville a réagit sans équivoque : «(…). Ce n’est pas la première fois que telle ou telle personnalité de la RDC traverse le fleuve pour se réfugier chez nous. (…). A chaque fois, nous les interceptons et nous en informons les autorités de Kinshasa. Reste le problème de l’extradition sur lequel nous observons depuis plus de quarante ans une position négative de principe». «Il a justifié cette attitude par le précédent Pierre Mulele, croit le site. Un cas qui est resté au travers de la gorge des autorités brazzavilloises». «Nous nous sommes promis de ne plus jamais nous tromper de la sorte», a déclaré Sassou-Nguesso avant d’aborder le cas du fameux Ondjani présenté comme le gourou des insurgés Enyele. L’homme a été appréhendé à Impfondo, préfecture de la Likouala. «La mesure dont bénéfice Munene vaut d’ailleurs aussi pour le chef tribal Ondjani», a dit Sassou.

Au niveau de la presse internationale, il y a lieu de remarquer un article de la journaliste vedette du Soir. Dans son « carnet », Colette Braeckman publie un article, « Le silence des amis du Congo », dont on peut se demander quelle sont exactement la portée et la

signification.

« Tentative de coup d’Etat ou acte terroriste ? Malgré les versions différentes proposées par le Ministre de l’Information congolais Lambert Mende, il semble bien que, dimanche dernier, c’est de justesse que le président Kabila a échappé à l’attaque de sa résidence, menée par plusieurs dizaines d’hommes lourdement armés. Mardi, le président a dirigé une réunion des gouverneurs des provinces de l Est et a annoncé sa décision de lever

l’interdiction de vendre les minerais ».

« Plus de peur que de mal donc… Il n’empêche que cette attaque a fait des morts, une dizaine au moins parmi les assaillants et plusieurs membres de la garde républicaine ; une trentaine de prisonniers sont toujours interrogés et leur appartenance exacte n’a pas encore été

révélée. Si l’on fait abstraction de toutes les supputations et autres rumeurs fantaisistes qui circulent sur Internet, les faits sont là : s’il n’avait pas quitté son domicile dimanche en fin de matinée, mu par une impulsion soudaine, ou mystérieusement averti, peut-être par des amis bien intentionnés et outillés pour écouter les conversations téléphoniques, le chef de l’Etat congolais aurait probablement été « liquidé

Cela pose déjà quelques questions. Est-il anodin que les « versions Mende » de l’attaque de dimanche aient, en 48 heures, tournicoté comme une girouette, indiquant successivement tous les points cardinaux ? Pourquoi, plutôt que de se limiter à l’annonce que « le Chef de l’Etat a fait ceci ou cela » JKK ne met-il pas fin aux rumeurs (qui le disent blessé, voire mort) en apparaissant publiquement ?

Quant à la reprise de l’antienne sur les « hommes lourdement armés », elle paraît bien

« gonflée » si on la compare au bilan officiel donnés par Le Soft : 6 morts FARDC,

11 assaillants tués.

42 assaillants arrêtés.

Armes récupérées:

8 machettes,

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4 AKA 47,

1 lance-roquettes.

On ne peut en conclure qu’une chose : est « lourdement armé » tout homme qui, pour commettre un attentat, utilise un armement qui dépasse le couteau suisse à lames multiples.

CB poursuit : « Or, qu’on le soutienne ou non, que l’on se félicite ou non de sa politique, un autre fait doit être rappelé : en 2006, Joseph Kabila a été élu à l’issue d’un scrutin reconnu comme démocratique par la communauté internationale et cette élection scellait un processus de paix entamé en 2002 ». Il est exact qu’aux yeux des Congolais l’acquis (le seul, en fait) de la Transition a été la mise en place d’un système d’accès pacifique au pouvoir par élection.

Même si, pour beaucoup d’entre eux, il s’agit plutôt d’une confiance malgré tout dans ce système, que de la conviction que les élections de 2006 aient été « libres, démocratiques et transparentes », quoi qu’en dise la « Communauté internationale ».

« L’attaque menée dimanche, poursuit CB, qui avait été précédée par des affrontements militaires survenus à l’aéroport de Lubumbashi le 4 février dernier, aurait donc, si elle avait réussi, décapité la pyramide politique congolaise et risqué de plonger le pays dans le

désordre ». C’est le thème de « l’attaque terroriste » : créer le désordre en assassinant le Président. Peut-on faire remarquer que cela tient fort peu debout ? Quand l’assassinat d’un Chef d’Etat a-t-il réellement, à lui seul, déstabilisé un système politique ? Même la mort de Laurent Kabila n’a pas eu cet effet. Le cas est prévu par la Constitution. La mort de JKK aurait pour seule conséquence que les élections de 2011 seraient organisées sous l’intérim de Kengo wa Dondo.

« Or jusqu’à présent ces évènements, qui auraient pu être dramatiques, n’ont suscité aucune réaction ! Les institutions congolaises (Parlement, Sénat) où l’AMP (Alliance pour une majorité présidentielle) est majoritaire et qui sont le socle de la démocratie, demeurent muettes, sans réaction. Le silence n’est pas moins assourdissant dans le chef de la

« communauté internationale », qu’il s’agisse des pays amis, dont la Belgique, qui avaient proclamé haut et fort leur soutien multiforme à la jeune démocratie congolaise, ou des pays voisins liés à la RDC par des accords de sécurité… »

Les Assemblée congolaises sont en vacances. Faut-il que Boshab et Kengo convoquent en toute hâte des sessions extraordinaires pour faire savoir qu’elles n’approuvent pas ce genre de choses ? Et faut-il convoquer le Conseil de Sécurité des NU pour dire la même chose ?

« Or on sait que le Rwanda, si souvent mis en cause dans la région, tient beaucoup à sa bonne entente avec Kinshasa car elle se traduit par des opérations militaires menées dans l’Est contre les groupes armés hutus, que l’Angola, même si un litige l’oppose à Kinshasa à propos du plateau continental, déteste plus que tout les aventures politiques et l’instabilité chez son grand voisin, tandis que le président ougandais Museveni et son voisin tchadien viennent de remporter les élections… » Que Kagame et Museveni, et même dos Santos, se taisent, c’est peut-être le meilleur service qu’ils puissent rendre à JKK, dans la mesure où, lorsqu’on est impliqué – ou fortement soupçonné de l’être – dans les affaires d’un autre état, le profil bas est encore ce qui se fait de mieux. Curieusement, on ne nous dit rien du seul pays que la RDC ait nommément mis en cause : le Congo Brazzaville.

« Si l’absence de réactions des pays de la région surprend, la passivité de l’Europe étonne plus encore : attend-on des preuves supplémentaires ? Estime-t-on que, pour être qualifié de réel et dissiper les soupçons de montage, un coup d’Etat doit nécessairement réussir ? Ou bien considère-t-on que, dans un pays qui se prépare à organiser des élections en novembre

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et où le mode de scrutin a été modifié, à la hâte certes mais sans illégalité, la violence demeure une manière légitime de modifier les équilibres du pouvoir ? Quant à la Monusco, qui est aussi censée accompagner la jeune démocratie congolaise et protéger ses citoyens dans l’Est, elle observe la même discrétion que les autres partenaires occidentaux… » Encore une fois, qu’appelle-t-on ici « passivité » ? Compte tenu de ce que la RDC n’a rien demandé à personne et que ses institutions, si elles ont été secouées, ne semblent néanmoins pas être en péril, il semblerait que tout ce que pourraient faire l’ONU, l’UE, la Belgique, etc… ce seraient des déclarations. Or, ces derniers mois, toutes ces respectables institutions ont plutôt donné le spectacle lamentable du verbalisme impuissant. Ce qu’on pourrait leur reprocher surtout, c’est précisément de multiplier déclarations, mises en garde et menaces, sans être capables d’y donner suite. Faut-il leur reprocher de ne pas saisir une occasion (une de plus !) de sombrer dans le ridicule ?

CB conclut : « A ces questions, une seule réponse est opposée : on n’y voit pas clair. Pas assez, pas encore…. Si les Congolais veulent pouvoir compter leurs vrais amis, il leur appartient donc de faire toute la lumière sur ces évènements, d’en retracer la chronologie et d’en remonter les fils, de nommer les commanditaires éventuels et de faire comparaître les coupables devant des institutions judiciaires indépendantes…

Jusqu’à présent, on est loin de ces coups de projecteur et si le président Kabila semble avoir repris ses audiences, il aurait peut-être intérêt à couper court aux rumeurs, à apparaître publiquement en donnant sa version des faits…

L’opacité du pouvoir ne peut qu’encourager les ténébreuses menées des ennemis de la démocratie et l’étrange silence des ‘amis du Congo’… »

La dernière phrase semble faire un amalgame entre les « ennemis de la démocratie » et les

« ennemis de JKK » ou les « amis du Congo » et les « amis du régime ». Or, lorsqu’on est ami du Congo, c'est-à-dire lorsqu’on voudrait que les Congolais se voient enfin respectés dans leur droit à la vie et à la poursuite du bonheur, on ne peut que se poser une question. Jusqu’où peut-on aller ?

Il ya maintenant plus de six mois que le régime congolais a commencé à manifester ouvertement son intention de faire réélire JKK coûte que coûte. L’ancienneté exacte de la chose dépend de la date que l’on choisit comme en étant la première manifestation claire : débats sur la CENI ? Cinquantenaire ? « Université » du PPRD ?

Il est parfaitement légal et légitime que Kabila veuille garder son fauteuil. Mais il est supposé le faire avec correction, loyauté et fair-play. Et c’est volontairement que nous usons de ces termes et non du mot « légalité ». Ce dernier est trop technique et trop limité.

Il n’était pas loyal – même s’il n’y a pas de loi pour l’interdire – de prévoir une campagne électorale de plus d’un an pour soi-même et de réduire durant ce temps ses adversaires au silence.

Il n’était pas loyal – même s’il n’y a pas de loi pour l’interdire – de jeter dans la bataille, bien au-delà de la visibilité plus grande qui est celle du pouvoir par rapport à l’opposition- tous les moyens de l’Etat, et cela très longtemps à l’avance, de manière à écraser ses adversaires tout simplement parce que l’on a plus d’argent.

Il n’était pas loyal – même s’il n’y a pas de loi pour l’interdire – de transformer une célébration nationale, comme l’anniversaire de l’Indépendance, en show de propagande.

Il n’était pas loyal – même s’il n’y a pas de loi pour l’interdire – d’installer une CENI politisée à outrance, alors qu’il existait, au Sénat, un projet excellent et équilibré.

Il n’était pas loyal – même s’il n’y a pas de loi pour l’interdire – après avoir stigmatisé le rôle joué en Côte d’Ivoire par Yao N’Dré, de préparer un Conseil Constitutionnel du même

Referenties

GERELATEERDE DOCUMENTEN

Il s’agit de renforcer l’armature urbaine du Congo pour permettre aux villes de jouer leur rôle d’impulsion du développement dans un système d’échange entre villes et

Les juges sont devenus peut-être aussi plus stricts dans l’adm is­.. sion de la

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