UN SANCTUAIRE DUBAS-EMPIRE A MATAGNE-LA-GRANDE
L'exploration du site gallo-romain duBois des Noë! à Matagne-la-Grande fut poursuivie en 1980 par le Cercle de Recherches et d'Etudes archéologiques de Doische, sous l'égide du S.N.F. Pendant la campagne d'été, l'équipe du CEREA fut renforcée par un groupe d' élèves et d' anciens de 1' école << Philips van Home» de Weert (Pays-Bas). Sous la direction de M.G. De Boe (S.N.F.), les travaux furent consacrés à une reconnaissance générale du site, afin de compléter Ie plan d'en-semble et d'éclaircir le problème de sa fonction exacte (cf. Arch. Belg. 213, 108-111 et 223, 64-66).
Finalement, le site s'est avéré avoir été un grand sanctuaire. Dans un premier état, l'espace sacré était circonscrit par une enceinte quadrangulaire de forme irrégulière, dont les angles sont orientés vers les points cardinaux. Ses cötés mesurent 78 et 89 m sur 79 et 83 m. Une façade monumentale fut ajoutée du cöté sud-est à une date tardive (après 350). Elle est composée de deux portiques larges de 3,30 m, l'un s'ouvrant à l'intérieur (fig. 23, 2), l'autre à l'extérieur (3). Elles sont flanquées à leur extrémité est par une grande salie d'angle formant saillie (4). Du cöté opposé, la façade bute contre le mur de clöture sud-ouest, partanten retour d'angle de 98°.
L' entrée principale du sanctuaire est légèrement décentrée vers le sud (fig. 23, 5). Elle est composée d'un passage central large de 3 m, traversant les deux galeries et s'ouvrant directement sur !'esplanade, et de deux portes latérales. Celles-ci, larges de 2, 70 m, donnaient uniquement accès à la galerie de façade extérieure. Les pilastres accolés aux murs, formaient vraisemblablement des supports d'arcades.
Le temple, localisé par sondages, est situé dans la moitié oord-ouest du temenos, face à l'entrée du sanctuaire (fig. 23, 6). Le plan semble carré (16,20 m de cöté), mais c'est un point qui reste à confirmer. Le templeest du type gallo-ro-main classique, avec une cella large de 8,20 m (mur épais de 0,75 m), entourée d'un péribole large de 3,30 m (mur épais de 0,60 m). L'édifice est complètement arasé et n'est conservé qu'en fondations.
Il n 'est nollement ex cl u que plusieurs au tres bätiments ai ent existé à 1' intérieur du temenos. L'un d'eux fut dégagé près du mur de clöture nord-est, contre lequel il est appuyé par un de ses petits cötés (fig. 23, 7 et fig. 24). La maçonnerie est différente et des coutures très nettes les séparent, ce qui implique l'adjonction postérieure de cette construction au mur d'enceinte existant. Il s'agit d'une salle reetangulaire de 16 m sur4,80 m, accessible du cöté sud-est par deux portes larges de 1,80 m, situées aux deux extrémités de l'édifice. Les murs ont une épaisseur de 0,60 m, à l'exception de la paroi nord-ouest, épaisse de 0,90 m. Le sol est couvert d'un pavement en béton rose Iisse, coulé sur un radier de pierres. Ce bätiment, assez courant dans les grands sanctuaires, pourrait avoir servi de dépöt pour les
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accessoires du culte et les offrandes. Aucun objet particulier ne vient cependant confirmer cette hypothèse.
Fig. 24. Vue partiellede !'annexe 7.
L'examen des abords irnmédiats du sanctuaire permit de découvrir une se-conde annexe à l'extérieur de l'endos (fig. 23, 8), entre celui-ei et la petite cella située à environ 42 m au nord (fig. 23, 1). Il s'agit d'un petit bätiment (portique ?) de 9 m sur 3,10 m, entièrement ouvert du cöté nord-ouest. Des murs épais de 0,60 m, ferment cette construction sur trois cötés. Un bloc calcaire de forme trapézoïdale repose au centre du quatrième cöté et servit de base au pilier en bois soutenant la toiture. Le sol était simplement en terre battue.
Les recherches de cette année mettent fin aux hésitations qui subsistaient à propos du site de Matagne-la-Grande. Nous pouvons confirmer aujourd'hui qu'il s'agit d'un grand lieu de culte. L'objet de ce culte reste cependant inconnu. Ce site a beaucoup de points communs avec Ie sanctuaire de Matagne-la-Petite, distant de 3 km seulement (cf. Arch. Belg. 206, 60-64; 213, 93-96 et 223, 60-63). Il était
également florissant durant la seconde moitié du me et tout Ie IVe siècle, confir-mant que Ie sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse namurois connut une accupation importante durant Ie Bas-Empire. La presque totalité des nombreuses monnaies
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date de cette période. En outre, Ie sanctuaire reçutune façade monumentale à une date tardive. Cette transformation illustre une nette renaissance durant l'époque vaientinienne. 11 n'est cependant nullement exclu que le noyau primitif du
sanc-tuaire, soit le tempie seul, soit le templeet son enclos, remonte au Haut-Empire,
comme c'est Ie cas à Matagne-la-Petite.