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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le mercredi 18 mai 2011

2011 – N° 13 - Sommaire

RDC

Pour le recensement de la population … page 1 CUBA

Le socialisme cubain, cinquante ans après… page 8 SYRIE

Du souffle... … page 10 France

France-Rwanda : Paul Kagame à Paris début juillet… page 11 L’affaire DSK

Les sept péchés capitaux de Dominique Strauss-Kahn … page 13

Strauss-Kahn ? Une catastrophe pour la gauche, et pour la France ! … page 18 Le FMI, DSK, la réforme des retraites et le gel des salaires… page 20

Stéphane Hessel, je suis indigné par votre soutien au directeur général du FMI … page 23

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RDC

Pour le recensement de la population

Par Guy De Boeck

La démocratie devrait être le gouvernement par le peuple et pour le peuple. On est loin du compte.

La démocratie bourgeoise réduit l’exercice du pouvoir par le peuple au choix périodique de représentants, issus de la bourgeoise, censés représenter le peuple dans des assemblées délibératives. Cela élimine du champ politique un débat important qui est, précisément, le droit que s’arroge la bourgeoisie de jouer ce rôle de représentante, qui lui permet de laisser perpétuellement hors d’atteinte le ressort même de son pouvoir : sa mainmise sur le vrai pouvoir, qui est économique.

Bornons nous cependant à prendre les institutions telles qu’elles existent. Comme le « par le peuple » se réduit aux élections, il importe de savoir qui a le droit d’y prendre part. Et c’est avant tout sous cet aspect de « tenue et mise à jour des listes électorales » que le recensement est évoqué dans le contexte congolais et, plus largement, africain.

Avant d’en venir là, toutefois, je voudrais faire remarquer que la question du recensement de la population est bien plus vaste.

« Pour le peuple »

Le gouvernement est censé agir « pour le peuple ». Que veut dire « pour » ? Imaginons une circonstance de la vie courante où l’on utilise ce mot. « Je vais acheter un cadeau pour mon petit frère ». Quand quelqu’un dit cela, il sous-entend qu’il se croit capable de trouver sans

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erreur l’objet qui fera plaisir à son frère. Par exemple, il sait, connaissant ce jeune homme, qu’il est passionné par le football. Tout cadeau relatif à la pratique de ce sport sera donc le bienvenu, qu’il s’agisse d’une pièce d’équipement nécessaire pour le pratiquer ou d’un abonnement à un périodique qui y est consacré. A quelques maisons de là, il peut y avoir un autre « petit frère » qui ne s’intéresse qu’à la musique et regarderait un ballon avec mépris parce que son rêve à lui est d’avoir une guitare. Les grands frères, en général, ne s’y trompent pas, tout simplement parce qu’ils connaissent leurs cadets. Agir « pour » quelqu’un suppose d’avoir de lui une bonne connaissance.

« Gouverner pour le peuple » suppose donc de connaître ce peuple. On ne va pas, bien sûr, demander au gouvernement de la RDC de connaître individuellement chacun des Congolais qui composent une population de plus de 70 millions d’âmes. La connaissance dont il est question ici est simplement statistique.

Quelques exemples montreront à suffisance combien c’est nécessaire.

Le Ministre en charge de l’EPSP a besoin de savoir combien une ville compte d’habitants entre 7 et 18 ans. Sans quoi, il lui est impossible de savoir si le nombre d’écoles qu’on y trouve est suffisant. Et, à une autre échelle, son collègue de l’ESU se pose le même genre de questions au sujet des universités et des écoles supérieures.

Le Ministre chargé de l’Industrie peut songer qu’il serait bénéfique d’implanter une certaine sine dans une certaine région. Mais il devra aussi se poser la question : y a-t-il dans les villes et villages de la région suffisamment de gens susceptibles de venir y travailler ? Et le voudront-ils ? Cela suppose de savoir combien ils sont et quelles sont actuellement leurs occupations.

On se propose de construire une route ou un chemin de fer reliant les localités A et B. Il faut bien sûr connaître la géologie de la région parcourue. Mais aussi savoir qui sont ses habitants et ce qu’ils font. Ne faudrait-il pas infléchir le trajet de la route, ou prévoir une gare sur le rail pour mieux faire face à certains de leurs besoins ?

A Dieu ne plaise que le Congo connaisse une nouvelle guerre, mais faut-il démontrer que le Ministre de la Défense a le plus grand besoin de savoir combien il pourrait, le cas échéant, mobiliser de soldats ?

Il est bien évident que tous ces besoins sont connus et qu’on essaie d’en tenir compte. Mais, à l’heure actuelle, cela se fait par l’improvisation et la débrouille, au moyen de renseignements approximatifs et « au petit bonheur, la chance ». On ferait de bien meilleur ouvrage en ayant une connaissance précise de ce peuple pour lequel on est censé travailler.

Dans e domaine statistique et administratif où nous sommes, il en ressort qu’une bonne politique, qui puisse s’appuyer sur une bonne administration, requiert l’existence d’une base de données nationale fiable, récente et pourvue d’un mécanisme de remise à jour.

Il suffit ensuite de poser, à côté de cette affirmation, cet autre fait qu’il n’y a plus eu, en RDC, de recensement depuis 30 ans pour voir que l’on est infiniment loin du compte.

Nécessité politique

Commenter la politique congolaise, c’est souvent voguer d’ébahissement en ahurissement devant le spectacle répété de mesures contradictoires votées, semble-t-il, par des gens qui ne se sont même pas aperçus de la contradiction.

Je ne parle pas ici de petites contradictions de détail qui sont en partie dues aux interprétations byzantines de gens vétilleux cherchant la petite bête. Celles-là, n les voit, on en parle à grand

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bruit à la tribune de la Chambre et l’on s’invective à leur sujet dans la presse, à longueur de colonnes.

Je parle du fait que lorsque le Parlement de Transition a adopté le texte de la Constitution congolaise de 2006, personne ne s’est levé pour poser la question « Comment allons-nous faire ? » alors que le texte prévoit explicitement deux cas où il faudrait organiser des élections à des dates imprévisibles et à bref délai.

Ce sont les élections qui se tiendraient en cas de vacance pour cause de décès, de démission ou pour toute autre cause d’empêchement définitif du président de la République ou, dans un registre moins dramatique, de dissolution des Chambres. L’article 76 précise même que, dans le premier cas, les élections doivent être tenues dans un délai de « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus ».

Ces libellés de la Constitution de la RDC n’ont rien d’original. Ils manquent même complètement, et c’est leur tort, d’originalité parce qu’ils sont simplement recopiés de lois fondamentales européennes faites pour des pays disposant précisément d’un recensement permanent de la population.

Au lieu de cela, la RDC n’avait que les bricolages de la CEI, et tout le monde, au sein des chambres qui ont voté ce texte de science-fiction, savait combien son travail était long et difficile. Personne n’a demandé comment on ferait si les cas prévus par ces articles de la Constitution se présentaient. Personne non plus n’a proposé, d’inclure parmi les « dispositions transitoires », que es Assemblées donnent injonction au gouvernement de lancer immédiatement des opérations nationales de recensement. On s’est contenté de laisser le problème aux bons soins de la CENI, qui ne verrait le jour que six ans plus tard. Tout cela est d’autant plus étonnant que cela se passe en Afrique, où l’on ne peut tout de même pas dire que l’assassinat des chefs d’Etat soit chose inconnue !

Il est bien connu que les députés et sénateurs siégeant au Parlement de Transition et désignés par les « composantes et entités » n’étaient ni des aigles, ni de grands érudits. Certains commentaires très acides ont même fait, à l’époque, allusion à une « Assemblée d’Illettrés ».

Pourtant, même un analphabète doit se rendre compte que parler de « convoquer », sans disposer de renseignements sérieux sur ceux que l’on convoque est absurde. Il est donc probable que « l’analphabétisme » des Parlementaires de la Transition n’est pas la première cause de cette absurdité. Ils ont suivi comme des moutons l’aréopage de juristes congolais et étrangers qui ont rédigé la Constitution et accepté comme parole d’Evangile l’affirmation qu’on pouvait se passer de recensement et se contenter du RAPTA de Malumalu.

Du recensement colonial au néant

Au moment de son indépendance, la RDC était au contraire le pays d’Afrique noire où l’autorité avait la connaissance la plus précise de sa population. Il y avait à cela une excellente raison qui tient toute entière dans le nom du département de l’administration coloniale qui s’occupait le plus directement de la population noire : A.I.M.O : Affaires Indigènes et Main d’œuvre. Le Congo belge était une colonie industrielle, et l’un des soucis constants de l’administration a été de connaître façon précise la population pour pouvoir faire face aux demandes de main d’œuvre de l’industrie.

Sans doute les Congolais de l’époque n’étaient-ils pas trop heureux de cette situation. La connaissance précise que le colonisateur avait de la population était, en effet, au service de choses désagréables comme l’impôt, les réquisitions, le recrutement de main d’œuvre…

Contrairement à l’administration congolaise, l’administration congolaise était très visible,

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pour tout dire omniprésente1 et il hors de doute que pas mal de Congolais devaient alors la trouver tout simplement envahissante et penser à peu près « Quand est-ce que les Blancs vont me lâcher un peu la grappe… »

Toujours est-il que lorsqu’en 1960 la question de l’indépendance se posa avec la soudaineté que l’on sait, le Congo était à même de faire face, sans le moindre problème, à l’organisation d’élections générales2. Même si on avait recensé les populations dans un autre but que les consultations électorales, la base de données existait et on l’utilisa.

Par la suite, le régime Mobutu, qui n’avait pas comme trait fondamental de multiplier les consultations populaires ou de s’en soucier beaucoup, continua cependant, mais avec une intensité décroissante au fil de sa déglingue, à recenser et à tenir des statistiques. A la fin des années ’70, cependant, le rapport Remole faisait état de chiffres fantaisistes et peu crédibles, disant par exemple que « le Ministre de la Santé Publique ignore tout simplement combien il peut y avoir de lits d’hôpitaux, de médecins ou de médicaments dans le pays »3. Depuis 1982, c’est tout simplement le néant.

C’est ce qui rend l’usage du système RAPTA particulièrement ridicule. Nous allons voir pourquoi.

RAPTA ou comment mettre à jour le néant

Du fait que leur activité coloniale était avant tout industrielle, les Belges furent amenés à faire du Congo le pays le mieux recensé d’Afrique. Mais, pour la gestion d’un état moderne, le recensement est un outil indispensable et tous les colonisateurs se soucièrent donc de recenser

« leurs » populations exotiques. Les Français, par exemple, à la suite du Général Mangin, auteur de « La Force Noire 4», s’intéressaient beaucoup à savoir combien, en cas de conflit, ils pourraient aligner de « tirailleurs sénégalais ».

A l’heure actuelle, dans les pays développés, le recensement, au sens de démarche spécifique et isolée organisée par l’état envoyant des agents recenseurs, est devenu une pratique obsolète.

L’informatisation des services, et l’existence de multiples bases de données (Etat-civil, Sécurité sociale, Ministère des Fiances, etc…) que l’on peut interconnecter, permettent d’avoir en permanence une image statistique précise de la population. Cela suppose un tissu administratif dense et d’un degré technologique élevé dont les pays du Tiers-monde ne disposent pas.

A la fin de la période coloniale, durant la décennie ’50, lorsque même en Europe le recensement se faisait encore « à la main », les administrations européennes disposaient au moins de la ressource d’adresser à chaque ménage un questionnaire par la poste. Lorsque les

1 Le Congo belge détenait aussi le record de l’encadrement européen par rapport au nombre d’indigènes.

2 Celles de 1957, premières de toute l’histoire du Congo, n’avaient concerné que les centres urbains.

3 Robert Remole était un haut fonctionnaire de l’ambassade S à Kinshasa, qui rédigea un volumineux rapport tendant à démontrer que l’écroulement du régime Mobutu était prévisible et fatal et que les Etats-Unis devraient changer leur fusil d’épaule et cesser de le soutenir. In ne fut pas suivi par sa hiérarchie.

4Livre préconisant l’utilisation massive de troupes africaines en cas de guerre en Europe. Mangin tel qu'il était, adoré ou détesté, a incarné le type de l'officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements. Mais, s’il a prôné très tôt l’utilisation en métropole des troupes coloniales, il n’avait rien d’un

« boucher » et se montrait avare du sang de ses soldats. Mangin se montra résolument adversaire de « l’offensive à tout prix » prônée par certains de ses collègues. S’il a sa part de responsabilité dans la présence des Africains, noirs ou arabes, sur les champs de bataille européens, les massacres où l’on « fit passer les nègres devant » en les exposant à des pertes aussi énormes qu’inutiles, ne furent pas de son fait. L’hécatombe du Chemin-des-Dames,

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postiers ne se rendent pas individuellement chez chaque destinataire, même cette ressource fait défaut. Il faut recourir à des agents recenseurs spécialement engagés5 (et donc rémunérés) pour ce service.

On se heurte alors au problème typiquement africain des distances et des difficultés de communication.

Les Français se trouvaient en la matière particulièrement mal lotis, parce que leur empire colonial, en Afrique du Nord et en AOF, comprenait de vastes territoires désertiques ou sahélien, où la population est non seulement clairsemée, mais de plus en partie nomade.

Atteindre un point précis, en Afrique, peut déjà être parfois un sérieux et difficile effort. Si, en plus, le point se met lui-même à bouger, cela devient la quadrature du cercle !

C’est dans ce contexte, et précisément en zone sahélienne, que durant les années ’50, l’on inventa le Recensement Administratif des Populations, Techniquement Amélioré, ou RAPTA.

Précisément, ce fut une invention de l’administration coloniale française en Haute Volta (Burkina Faso actuel).

L’idée était simple et lumineuse. Elle était même en avance sur son temps, puisque conçue à l’époque où tous les recensements du monde étaient encore des opérations sur papier, faites en général tous les dix ans. Elle consiste en fait à réaliser, dès l’âge du papier et du crayon, les interconnexions entre différents bases de donnée que nous connaissons aujourd’hui sous forme informatique.

Etant donné que la population doit obligatoirement être, à différents moments, en contact avec l’administration et que, même, elle peut désirer et rechercher certains de ces contacts (voter, recevoir des soins médicaux, inscrire un enfant à l’école, bénéficier de distributions de semences …) alors qu’elle aurait plutôt tendance à en fuir d’autres (avec en tête, bien sûr, ceux qui ont un rapport avec l’impôt), il faut profiter de tous ces contacts pour compléter et mettre à jour les données déjà recensées. Cette opération se fait en recourant à des formulaires de recensement qui doivent être remplis pour obtenir le service que l’on désire. Les risques découlant de l’homonymie (risques considérables dans un pays où l’on a parfois l’impression que tout le monde s’appelle Ouedraogo) ou d’autres imprécisions sont éliminés par le recours à des recoupements avec les fichiers existants.

Dès lors, tout contact entre la population et l’administration « rafraîchit » les données existantes et le recensement est continuellement tenu à jour, au prix d’une augmentation légère du travail administratif, très supportable, au lieu de devoir organiser des « campagnes de recensement » au coût prohibitif.

Tout qui a lu attentivement le paragraphe qui précède aura perçu où le bât blesse : le RAPTA est destiné à la mise à jour d’une base de données existante, et non à la création d’une nouvelle base de données. Il « rafraîchit » les données d’un recensement, il ne le remplace pas.

L’opération tentée au Congo, c’est recenser les électeurs d’un pays, où plus aucun recensement n’a eu lieu depuis au moins trente ans, à l’aide d’un procédé destiné à remettre à jour des données préalablement existantes. Cela revient à coller un timbre sur une lettre qui n’est pas là, à placer une porte là où il n’y a pas de mur. Bref, c’est la mise à jour du néant.

5 Ou en charger des fonctionnaires de l’administration territoriale. Cela revient au même, puisqu’il faudra augmenter leur temps de travail et le rémunérer.

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Le résultat de l’opération, c’est que les données, collectées dans un but uniquement électoral (et donc, par exemple, négligeant totalement de compter les enfants), ne pourront même pas servir de premier brouillon pour un recensement futur.

Résultat sur le plan des élections

L’utilisation de ce système inadapté à la situation (car ce n’est pas le système en lui-même qui est défectueux, mais bien l’usage qui en a été fait) découle sans doute de la hâte qui a sous- tendu l’ensemble du processus de Transition. On voulait un processus qui puisse être

« bouclé » en deux ans, trois au plus. Or, on estimait que le recensement de la population demanderait, au bas mot, cinq ans.

Nous avons déjà parlé longuement de l’utilisation du RAPTA pour la confection des listes d’électeurs dans notre série de numéros spéciaux sur les élections africaines. Rappelons simplement ici que sa principale faiblesse, à ce point de vue, est qu’il offre trop de prise à la fraude. Et ce n’est pas étonnant, pour deux raisons : parce qu’il a été conçu pour mettre à jour des données existantes, supposées fables, et parce qu’il a été conçu dans le contexte colonial, où les nationalités actuelles n’existaient pas : sénégalais, ivoiriens, burkinabe, etc… étaient uniformément « sujets français d’Outremer ». Globalement, le RAPTA a été inventé pour recenser des populations plutôt réticentes au recensement, non pour résister à des tentatives d’intrusion par des faussaires.

Il pourrait en découler un jour des contestations graves, au cas où une élection se jouerait sur un écart minime. Les voix décisives se verraient vite soupçonnées d’être « étrangères ».

D’autre part, le nombre de sièges par circonscription est en partie estimé au petit bonheur.

Mais, à côté de cette question de crédibilité, qui n’est pas mince mais a son origine moins dans le RAPTA que dans une atmosphère générale de suspicion, ce système pose des problèmes quant à l’organisation d’élections au Congo.

Dans un pays où l’on crie à la violation de la constitution pour la moindre broutille et qui doit être le seul pays francophone où le plus long mot de la langue (« anticonstitutionnellement ») soit d’un usage aussi courant, on ne semble pas s’être avisé qu’avoir, d’une part, une Constitution qui prévoit dans certains cas des élections dans un délai de « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus » et, d’autre part, un système de recensement des électeurs qui impose un délai d’un an pour les enrôler, crée une situation anticonstitutionnelle permanente .

D’autre part, ces délais d’enrôlement qui contribuent largement à faire de tout calendrier électoral un casse-tête constitutionnel alourdissent aussi considérablement le budget des élections. A chaque échéance électorale, il faut prévoir, à cet usage, des sommes de l’ordre de plusieurs millions de dollars. Ces dépenses ont lieu à fonds perdus, puisque, contrairement aux données d’un véritable recensement, celles que collecte la mise à jour du seul fichier des électeurs n’apporte pas d’éléments susceptibles d’améliorer la gestion du pays.

Résultat politique général

Imaginez une mère de famille qui, devant habiller ses enfants, ne se soucierait pas trop de leur taille ou de leur corpulence et leur ramènerait un ballot de linge en leur disant « Voilà.

Débrouillez-vous ! ». Il en résulterait sans doute un aîné étouffant dans une chemise étriquée

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ne lui arrivant pas au nombril cependant que le cadet flotterait dans des vêtements bien trop amples.

Il en va exactement ainsi de la politique d’un pays dont la population n’est pas recensée. Les besoin sont évalués « au pifomètre », avec inévitablement des manques, du gaspillage et des coulages. Dans un pays pauvre, c’est un scandale pur et simple.

J’ai donné plus haut suffisamment d’exemples de l’emploi des données apportées par un recensement, voire de leur caractère indispensable, pour ne pas infliger au lecteur une nouvelle énumération.

La rais pour laquelle on n’a as recensé pendant la transition était que le recensement passait pour long et coûteux, et l’enrôlement des électeurs, pour rapide et bon marché. Cette opinion est erronée.

Contrairement à l’enrôlement, le recensement apporte des renseignements permettant une meilleure gestion des moyens de l’état. En d’autres mots, il procure des dividendes en termes d’économies réalisées, de gaspillages évités et aussi en termes de bien-être. En outre, il permettrait de réaliser à chaque élection des économies par rapport aux budgets actuels.

Si tous les Congolais, du nouveau-né à l’arrière-grand-père, étaient listés dans un ordinateur,

« sortir » la liste des électeurs pour des élections, disons, le 4 avril 2018 demanderait simplement d’introduire deux « champs-clés » : « Nationalité : Congolaise » et « date de naissance : avant le 04/04/2000 » et d’ordonner à la machine de faire le tri. Il n’y aurait plus à prévoir qu’un délai assez court pour les réclamations concernant d’éventuelles erreurs.

Il est noter que le matériel acquis pour les opérations RAPTA et l’écolage des employés de la CEI/CENI ne seraient pas perdus dans l’hypothèse où l’on procèderait à un recensement national. Il faudrait reprogrammer les ordinateurs pour que les questionnaires couvrent le domaine nettement plus vaste d’un recensement, mais la procédure serait dans ses grandes lignes identiques et les agents aujourd’hui CENI pourraient être aisément et vite recyclés en agents recenseurs (emplois qui seraient durables et non plus liés aux échéances électorales).

D’ailleurs, une fois qu’un premier recensement aurait eu lieu, matériel et agents pourraient très bien être utilisés pour « faire du RAPTA » car le système est parfaitement valable comme moyen de mise à jour. Ce n’est pas un mauvais outil, mais bien un outil dont on a voulu faire un mauvais emploi.

Sans doute faudrait-il que matériel et personnels passent sous la responsabilité de l’Institut National de Statistiques ou du Ministère de l’Intérieur, la CENI s’occupant dorénavant de convoquer les élections, non d’enrôler les électeurs, lesquels se trouveraient enrôlés en permanence en étant recensés. Ce n’est là, au demeurant, qu’un détail.

Que deviendrait, dans ce contexte, le fameux problème des « faux congolais » ?

Il faut remarquer tout d’abord qu’on aurait à tout le moins le temps de s’occuper de ce problème, alors qu’on ne l’a pas lors de l’enrôlement des électeurs. En effet, l’agent CENI doit accepter ou refuser d’enrôler la personne, alors que d’autres attendent et que le temps de tous est compté. Des opérations de recensement se feraient dans une ambiance moins stressée et, le but du recensement étant de connaître la population, congolaise ou non, on peut fort bien recenser les étrangers comme tels et même prévoir une catégorie de « ???congolais ??? » pour les cas douteux. Cela permettrait à tout le moins de commencer par les compter et l’on s’apercevrait probablement qu’ils sont bien moins nombreux qu’on ne l’affirme dans des discours qui relèvent le plus souvent de la polémique électorale. On en aurait aussi une liste nominative de sorte que l’on pourrait, les connaissant, les convoquer individuellement pour régler le cas de chacun en connaissance de cause. Cela supposerait d’ailleurs que le Parlement

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congolais tranche enfin les contradictions et les incertitudes de la législation sur la nationalité.

Ces questions, qui touchent au statut des personnes, ne sont de toute manière pas du ressort d’un agent recenseur, mais bien de la Justice ou du pouvoir législatif.

CUBA

Le socialisme cubain, cinquante ans après

Par Renaud Lambert

« Cuba, c’est comme une telenovela de cinquante mille épisodes dont chacun pense que le prochain sera le dernier », résume Fernando Ravsberg, journaliste à la British Broadcasting Corporation (BBC). Avant d’ajouter, dans un sourire : « Mais elle continue toujours. » Cinquante-deux ans après le « triomphe de la révolution », le volet qui s’ouvre en 2011 débute par un événement et un double anniversaire.

L’événement ? La tenue du sixième congrès du Parti communiste cubain (PCC). Non seulement le précédent rassemblement du parti date de 1997, mais le président de l’Assemblée nationale, M. Ricardo Alarcón, estime que l’enjeu des travaux de cette année n’est autre que de « sauver le socialisme cubain ». Ce qui, peut-être, explique le choix des dates : du 16 au 19 avril.

1961 : les tensions avec le voisin du nord sont telles que plus personne, à Cuba, ne doute de l’imminence d’un débarquement piloté par Washington. Le 16 avril, mobilisant ses troupes pour la bataille qui s’annonce, Fidel Castro proclame le caractère socialiste de la révolution :

« Voilà ce qu’ils ne peuvent pas pardonner : que nous, ici, sous leur nez, ayons donné naissance à une révolution socialiste. » Le lendemain, des exilés cubains tentent d’envahir l’île, en passant par la baie des Cochons. Après trois jours de combats, leur entreprise échoue.

A priori, le calendrier du congrès ne suggère pas la réforme. Pourtant, le 24 décembre 2010, un éditorial de Granma – l’organe du PCC – proclamait : « Il ne s’agit plus pour nous de réfléchir à “l’année qui vient” mais au “pays qui vient”. »

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Cuba pourrait donc « vraiment » changer ? Sur le plan économique, tout conduit à penser qu’il le faudra. Les Cubains manquent de tout : le pays importe 80 % de l’alimentation dont il a besoin. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, la débrouille et les combines constituent un quotidien dont les discours officiels ont récemment pris acte : une petite révolution (lire notre reportage dans l’édition d’avril du Monde diplomatique, en kiosques.) Pour une grande part, le document préparatoire du congrès – les lineamientos (« lignes directrices ») – vise ainsi à légaliser des pratiques courantes, mais discrètes : embauches d’autres Cubains, fixation des prix selon une logique de marché, rémunérations en fonction de la productivité, etc. Mais ce n’est pas tout : il faut « ouvrir l’économie », assène l’économiste Omar Everleny Pérez, l’un des directeurs du Centre d’étude de l’économie cubaine (CEEC) – où sont nées une grande partie des réformes en cours. De retour du Vietnam – « un pays qui ressemble beaucoup à Cuba et qui a beaucoup à nous enseigner » –, il martèle les priorités : « Changer l’état d’esprit des Cubains et accroître l’autonomie des entreprises. » Avant d’ajouter : « Il faut aller vite : pour mettre en œuvre un changement aussi brutal, on n’a que deux ou trois ans. »

S’agit-il pour Cuba de tourner le dos au socialisme ? Bien qu’elle aspire au changement, la population n’est pas disposée à tirer un trait sur les conquêtes sociales de la révolution. Et pour cause : la mortalité infantile de l’île est quatre fois plus faible que la moyenne de la région. Depuis 1950, l’espérance de vie est passée de 58 ans à 77 ans. Un numéro récent de la revue Foreign affairs soulignait que « Cuba est le seul pays pauvre au monde qui puisse affirmer que la santé ne constitue plus un problème fondamental pour sa population. Sa réussite dans ce domaine est inégalée ».

La logique des réformes ne risque-t-elle pas de conduire à la remise en question progressive de ce que l’on prétend aujourd’hui protéger ? Ce ne serait pas la première fois. La question est sur toutes les lèvres ; les démentis convaincants sont rares. Pérez, de son côté, n’hésite à se montrer brutal : « Oui, les inégalités vont augmenter. Mais elles existent déjà dans la société cubaine. »

En 1959, le monde est dirigé par des hommes nés au XIXe siècle : Dwight Eisenhower aux Etats-Unis, Charles de Gaulle en France, Harold Macmillan au Royaume-Uni, Konrad Adenauer en République fédérale d’Allemagne (RFA), Nikita Khrouchtchev en Union soviétique, Mao Zedong en Chine... « C’est dans ce monde de vieillards que débarquent les guérilleros – à la fois jeunes et photogéniques – des collines cubaines, observe l’historien Richard Gott. Des combattants pleins d’énergie, la vingtaine ou la trentaine, qui promettent de balayer l’ordre ancien et de faire advenir une nouvelle époque. »

Cinquante-deux ans plus tard, les guérilleros ont vieilli. Dans le système politique qu’ils ont conçu, la relève « jeune et pleine d’énergie » n’a pas sa place. Il revient donc aux mêmes de faire advenir, une fois encore, « une nouvelle époque ».

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Syrie

Damas : la Grande Mosquée

Du souffle...

Par Nagib Aoun

Iran-Syrie : mêmes procédés, même scénario, un mimétisme flagrant qui n’est que le résultat de longues années de coordination sécuritaire, de complicité politique, de conseils réciproques au niveau des services de renseignements. Une intimité contre-nature entre une théocratie qui gouverne quasiment au nom de Dieu et une dictature qui se veut laïque, mais qui ne se pérennise que dans un communautarisme flagrant.

Manifestations-répression-arrestations : de Téhéran à Damas, le triptyque infernal a été bien huilé, la leçon bien retenue sur fond d’une terreur étatique qui s’abat sur les gens comme une chape de plomb forcément « protectrice ». Et, tout naturellement, ce qui est « révolte

légitime » ailleurs, ce qui est « cri du peuple » à Tunis, au Caire ou à Sanaa devient

« conspiration sioniste » en Iran, complot de « forces étrangères » en Syrie.

Les contestataires jetés en prison, les enfants de Deraa brutalisés pour avoir dessiné des graffitis « subversifs », les défenseurs des droits de l’homme traités comme de vulgaires malfrats, tout cela, bien sûr, est effectué dans l’intérêt supérieur de la nation, pour empêcher les ennemis du peuple d’exécuter leurs noirs desseins.

L’ordre règne donc à Damas et les jeunes contestataires ensanglantés vus sur toutes les chaînes télévisées ne sont que de fieffés menteurs : « Ils ont badigeonné leurs vêtements de peinture rouge pour faire croire aux médias occidentaux qu’ils sont blessés », a annoncé la télévision syrienne le plus sérieusement du monde. Difficile, évidemment, de ne pas prêter foi aux affirmations d’un média connu pour sa légendaire liberté d’expression ! Mais trêve d’ironie : à Lattaquié, à Homs, à Douma, à Deraa et dans d’autres villes syriennes, des

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liberté, pour avoir, tout simplement, brisé le mur de la peur. Scènes tragiques déjà vécues, plus d’une fois, à Téhéran, toujours ramenées à la proportion d’incidents isolés, au statut de manipulations d’origine subversive.

Si en Iran le feu couve toujours sous la cendre, pour la simple raison que la jeunesse iranienne est à l’écoute de ce qui se passe dans le monde arabe et qu’elle n’en peut plus de la mainmise du clergé sur son propre devenir, en Syrie la contestation a pris sa vitesse de croisière et se déplace de localité en localité, comme pour narguer un pouvoir qui ne veut toujours pas comprendre que les temps ont changé.

Et maintenant ? Croire que le pouvoir baassiste finira par s’engager sur la voie de réformes réelles et non de façade, c’est méconnaître la nature même du régime, imperméable à tout changement, hostile à toute ouverture démocratique qui sonnerait le glas du parti unique et des privilèges qui lui sont afférents.

Croire que Bachar el-Assad a les coudées franches et qu’il peut, en toute souveraineté, décider de mesures libérales, dont il serait peut-être lui-même convaincu, c’est oublier qu’il est pris à la gorge par un entourage familial et sécuritaire, une nomenklatura qui lui avait signifié, il y a plus de dix ans déjà, qu’il n’est pas seul maître à bord et qu’il gagnerait à modérer ses

éventuelles ardeurs réformistes.

Le relais, aujourd’hui, c’est le peuple qui l’a pris en main et il n’entend nullement s’en dessaisir dut-il s’engager dans le marathon de tous les écueils, de tous les sacrifices. Les révolutions ont leur prix, c’est celui du sang qui a déjà été versé à Lattaquié, à Deraa et à Douma. Les jalons ont été posés, il s’agit maintenant d’avoir le souffle long, bien long...

France

France-Rwanda : Paul Kagame à Paris début juillet

Par Christophe Rigaud

La peur d'un coup de force à Kigali et la récente nomination d'Alain Juppé avaient reporté la visite officielle de Paul Kagame en France.

Selon Jeune Afrique, le président rwandais devrait se rendre à Paris début juillet.

Une première visite de Paul Kagame en France était programmée pour ce mois d'avril, mais rapidement Kigali l'avait annulé. Deux raisons avaient poussé Paul Kagame à décaler son déplacement. Interne tout d'abord. Au Rwanda, depuis plus d'un an, une dizaine d'attentats à la grenade a secoué la capitale, Kigali. Des rumeurs de coup d'Etat faisaient craindre au président rwandais un coup de force pendant son absence. Et puis il y a eu la récente nomination d'Alain Juppé au ministère des Affaires étrangères. Paul Kagame avait toujours critiqué Juppé, également ministre des Affaires étrangères pendant le génocide de 1994. Pour Kigali, "les Rwandais ont été insultés par son attitude et ses prises de position" pendant et après le génocide.

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Depuis, Alain Juppé a souhaité arrondir les angles à l'occasion d'un message adressé à son homologue rwandaise à l'occasion de la commémoration du génocide de 1994. Dans ce message, Alain Juppé, estime que "la France se tient au côté des Rwandais et partage leur souffrance. La France est engagée dans le devoir de justice, de mémoire, et de vérité, qui doivent aller de pair (...). Nous serons au côté du Rwanda dans le futur, la France veut être un partenaire du Rwanda". Alain Juppé aurait également invité le président Paul Kagame à se rendre en visite officielle à Paris… une invitation visiblement vite acceptée, selon Jeune Afrique, qui annonce la visite officielle pour début juillet.

Après des années de relations franco rwandaises en dents de scie, Nicolas Sarkozy et Paul Kagame trouveront au moins un sujet de discussion qui ne fâchera pas : la Libye. Paul

Kagame a été le premier des représentants de l’Union africaine (UA) à se prononcer en faveur de l’intervention militaire de la coalition internationale dans le pays de Mouammar Kadhafi.

Au moins un point d'accord entre Paris et Kigali.

L’affaire DSK

Nous ne hurlerons pas avec les loups. Et nous ne frémirons pas non plus, l’eau à la bouche et l’œil au trou de serrure en cherchant à entrevoir un « Grand de ce Monde » au moment où il se fait coincer dans une affaire de cul.

Depuis que Bill Clinton et Miss Lewinski ont appris au monde que l’on peut jouir d’un cigare tout en respectant l’environnement, car il ne s’agit pas de le fumer, on sait que la marche de tout homme politique vers le pouvoir et la fortune se passe en louvoyant entre des peaux de bananes en forme de scandales sexuels. Peu importe donc de savoir si DSK est un cochon qui s’est fait prendre la main dans le sac ou un pigeon qui est tombé dans un piège.

Ce qui nous fait bien davantage réagir, et même réagir avec violence et indignation, c’est que l’on fasse de la « chute » de DSK une catastrophe pour la Gauche ou un coup dur pour l’Europe. Ce n’est ni l’un ni l’autre, l’homme n’ayant plus rien de progressiste depuis longtemps et tenant sa place au FMI come un parfait néolibéral.

Voici donc quelques articles qui montrent le vrai visage de Strauss-Kahn et rappellent quelques faits saillants de se carrière.

Quant à l’affaire qui a fait tant de bruit, nous nous bornerons à espérer que justice sera faite et que DSK est toujours, jusqu’ici, présumé innocent… pour ce crime sexuel.

Son indubitable culpabilité politique est bien plus grave…

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Les sept péchés capitaux de Dominique Strauss-Kahn

Par François Ruffin

Ministre des Finances de Lionel Jospin, DSK incarne, à lui seul, tous les renoncements de la gauche plurielle. Les « succès de ce modernisateur », point par point.

Le carcan monétaire : sans conditions

« Dominique Strauss-Kahn convainc Lionel Jospin de jouer à fond la carte de l’euro », Le Monde.

« Sous conditions ». Voilà la formule que trouvent, sur la monnaie unique, Dominique Strauss-Kahn et Lionel Jospin dans la soirée du 4 septembre 1996. C’est qu’en ces journées où le Parti socialiste concocte son programme, le Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement et les communistes réclament un nouveau référendum. Les Verts demeurent, à l’époque, opposé à Maastricht. Et même au sein du PS, la majorité soutient Henri

Emmanuelli : « Si on veut retrouver la croissance, il faut sortir du carcan monétaire. » Devant cette offensive, DSK cherche la parade : le passage à l’euro se fera, mais sous

« conditions ». Avec, notamment, l’affirmation d’un « gouvernement européen » face à la future Banque centrale, le rejet d’un euro surévalué par rapport au dollar, et la révision du pacte de stabilité.

Sitôt promis, sitôt trahi. « Au lendemain des élections législatives de 1997, Dominique Strauss-Kahn convainc Lionel Jospin de jouer à fond la carte de l’euro, et, oubliant les fameuses conditions que posaient auparavant les socialistes à son lancement, de se convertir au très contraignant pacte de stabilité » (Le Monde, 3 novembre 1999). Les ministres

européens des finances se disent vite « rassurés », se montrent « confiants » : aucun

« séisme » ne secouera l’Europe. La « discipline budgétaire » est acceptée, le traité

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d’Amsterdam signé (18 juin), et même : « les quinze accélèrent la création de la monnaie unique » (16 septembre).

DSK n’a guère bataillé. Ou seulement pour que Jean-Claude Trichet succède à Wim

Duisenberg à la tête de la BCE : qu’un libéral français succède à un libéral néerlandais, voilà une jolie victoire… Depuis, tout le pouvoir est laissé aux banquiers, « indépendants », hors de contrôle démocratique. Eux se soucient de la seule inflation, qui menace la rente – guère de l’emploi. Et la gauche ne peut que se lamenter, impuissante, contre un « euro surévalué ».

Le « carcan monétaire » ne s’est pas desserré. Mais renforcé.

Services publics : « le plus grand privatiseur »

« Lionel Jospin privatise plus que Alain Juppé » Le Monde.

« Nous refusons la privatisation des services publics et leur transformation en objet de profits. » La plate-forme de la gauche plurielle n’avait rien de bolchevik, aucune

nationalisation n’était prévue : ne pas privatiser, l’engagement, modeste, semblait tenable.

Aussitôt installé à Bercy, pourtant, DSK reçoit Michel Bon, le PDG de France Télécom – qui plaide pour une « ouverture du capital » de son entreprise. A son tour, le ministre des finances

« fait le siège de Matignon », et Lionel Jospin soupire : « Puisqu’il n’y a pas d’autre solution… » Dès sa déclaration de politique générale, le 19 juin 1997, à l’Assemblée, le Premier ministre revient alors sur son engagement de campagne, et prévient que, pour les services publics, « des adaptations seront nécessaires ».

« Après une concertation sociale approfondie » - il faut cela pour avaler des couleuvres -,

« Jospin donne son feu vert, début septembre, à une privatisation partielle. A Bercy, DSK se réjouit » (Le Nouvel économiste, 23/04/99). La « commission des privatisations », mot honni, est rebaptisé « commission des transferts » - et sous la houlette du grand argentier, elle

« transfert » beaucoup : France Télécom d’abord, Thomson-CSF, Thomson Multimédia, Air France… DSK est médaille d’or : « le plus grand des privatiseurs », pour Les Echos (3 novembre 1999), tandis que Le Monde dresse ce constat : « Lionel Jospin privatise plus que Alain Juppé » (7 août 1998).

Privatiser, soit, mais pour quel résultat ?

Libéré de l’Etat et de ses pesantes contraintes, Michel Bon verse dans la folie des grandeurs : jusqu’alors prospère, France Télécom rachète, en 2000, le britannique Orange pour 50 milliards d’euros, acquiert quelques autres babioles, devient la seconde entreprise la plus endettée du monde, à hauteur de 75 milliards d’euros, et frôle le gouffre dès 2002. Ce fleuron du service public n’évite la ruine que grâce… à l’Etat : bon bougre, il remet 15 milliards au pot. Et son nouveau PDG, Thierry Breton, s’engage sur 15 autres milliards d’ « économies en interne » - sur le personnel, donc. Les suicides à répétition, chez les agents Orange, la

pression qu’ils subissent, trouvent leur source ici. Dans un choix politique. Effectué sous un gouvernement de gauche.

Airbus : en cadeau à Lagardère

C’est à cet « incompétent » que DSK a remis les clés du trésor.

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« Une excellente nouvelle », voilà comment Dominique Strauss-Kahn, alors ministre des finances et « coordinateur aéronautique en Europe », salue la privatisation de Aérospatiale.

Et c’est à Lagardère qu’est confiée l’entreprise – un patron qui fréquentait le Cercle de l’industrie…

A toutes les étapes du « deal », c’est DSK qui a négocié. Et tout accordé : « Airbus », d’abord, cette mine d’or - à une société, Matra, pourtant étrangère aux avions civils. Une ristourne sur les actions, aussi, évaluée à quatre milliard de francs. Et surtout, les pleins pouvoirs au privé : malgré les 15% qu’il possède encore, l'Etat français se retrouve « interdit de gestion ». Ses intérêts sont représentés par Jean-Luc Lagardère (0,9% du capital), dont les lieutenants (Philippe Camus, Noël Forgeard, Jean-Louis Gergorin, Philippe Delmas, Jean-Paul Gut) occupent les postes-clés. Europe 1, la radio de Lagardère peut exulter : « L'équipe Jospin sort des entreprises du giron de l'Etat à un rythme deux fois supérieur à celui de la droite. Pour ce qui est d'Aerospatiale, il était temps. » (16/02/99).

Et pourquoi pareille urgence ?

Par voracité. Durant « cinq années de dividendes », les actionnaires se goinfrent le cours du titre en bourse grimpe de 70 %, un rachat d’actions, à hauteur de 7 milliards d’euros, est programmé. Autre chanson, pour les salariés : à l’automne 2006, la direction décrète la plan Power 8, 10 000 emplois seront supprimés en Europe, délocalisés. L’injustice sociale se double d’un scandale financier : « J'ai le choix de passer pour quelqu'un de malhonnête ou d'incompétent qui ne sait pas ce qui se passe dans ses usines. J'assume cette deuxième version », se défend étrangement Arnaud Lagardère (Le Monde, 15 juin 2006).

C’est à cet « incompétent », donc, que DSK a remis les clés du trésor – et l’héritier s’est servi à pleines mains. Mais l’ancien ministre n’en paraît pas fâché : au moment de l’affaire,

Strauss-Kahn publie une tribune dans Le Monde (également copropriété de Lagardère) sans que ce nom ne soit prononcé. Ni Jean-Luc, ni Arnaud. C’est qu’un pacte les unit – dont le politique récolte aujourd’hui les fruits médiatiques…

Stock-options : la fiscalité des patrons

Le Ministre des finances de la gauche plurielle défait ce que la droite a construit

Sujet sensible. DSK avance donc pas à pas : dès l'automne 1997, « les bons de souscription de parts de créateurs d'entreprise » - stock-options, en français… - bénéficient d’une fiscalité allégée, mais simplement pour « les sociétés de moins de sept ans ». Un an s’écoule, et en 1998, c’est désormais pour « les sociétés de moins de quinze ans. » En janvier 1999,

Dominique Strauss-Kahn croit désormais l’heure venue : toutes les stock-options, désormais, même celle des patrons du CAC 40, seront imposées à 26 % - et non plus à 40 %... Le

Ministre des finances de la gauche plurielle défait, ici, ce que la droite a construit : c’est Alain Juppé, deux ans plus tôt, qui avait relevé le taux d’imposition de 26 % à 40 % !

Le cadeau est trop gros : c’est un tollé. « Quatre milliards de francs pour 12 000 privilégiés, s’emporte Louis Viannet, le leader de la CGT, comparés aux 4,5 milliards de francs dégagés pour quelque 4 à 5 millions de chômeurs ou d'exclus, on voit de suite qu'une telle mesure irait dans le droit fil de la justice sociale !... » (Le Monde, 9/01/99). Les communistes et les Verts protestent. D’autant que, malchance, on apprend alors que Philippe Jaffré, l’ancien (et nullissime) patron d’Elf, serait parti avec deux cents millions d’indemnités et de stock-

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options. Les députés socialistes, en rébellion contre Bercy, déposent un amendement pour relever la taxe à 54 % - comme l’impôt sur le revenu... finalement abandonné.

On en reste au statu quo, un match nul. Et bientôt mis en examen, DSK ne mènera pas son combat plus loin. Mais à ses amis patrons, par pragmatisme, il aura tout de même évité quelques désagréments : la Taxe Tobin sur les transactions financières, prônée dans le programme mais aussitôt repoussée. L’impôt sur la fortune, qui devait s’étendre aux biens professionnels : les grandes fortunes y échapperont. Même les niches fiscales dans les DOM- TOM seront prolongées ! Quant à la taxe professionnelle, elle sera allégée de vingt milliards de francs en cinq ans…

Banque : se débarrasser du pôle public

« La mise en place d’un grand pôle financier public. » Voilà la promesse qu’adresse, au printemps 99, Dominique Strauss-Kahn aux députés communistes. C’est que le groupe PC à l’Assemblée bougonne. D’ « établissements de crédit à but non lucratif », les Caisses

d’Epargne vont se transformer en en « banques coopératives », et nettement plus lucratives – un « véritable bouleversement » comme le titre La Tribune (7/02/00).

En fait de « grand pôle financier public », Libération le félicite : « Et de cinq. Après le GAN, le CIC, la Marseillaise de Crédit et le Crédit Lyonnais, Dominique Strauss-Kahn n’avait plus qu’un dossier à boucler pour achever son grand œuvre, connu sous le nom de code de

‘restructuration du secteur financier’ : la cession du Crédit foncier de France (CFF). Depuis hier, voilà l’affaire réglée. (…) L’Etat s’est débarrassé de la dernière banque publique » (Libération, 11/07/99). On ne saurait mieux dire : bon débarras ! Devant pareille « œuvre », le ministre des Finances s’auto-congratule : « Le secteur financier public a été remis sur les rails. » Et comment ? En supprimant « le secteur financier public » ! Même le quotidien patronal Les Echos est surpris de cette prouesse : « La réduction spectaculaire de l’emprise du public, depuis deux ans, se réclame du réalisme » (7/10/99).

C’est qu’à chaque fois, DSK sait trouver les mots qui touchent. Pour l’ouverture du marché de l’électricité, par exemple, trait de génie, il avait inscrit un « droit à l’énergie », et ça avait marché : les parlementaires avaient approuvé. Pour la « privatisation des Caisses d’Epargne », il ajoute un petit mot sur le « développement durable » et contre « l’exclusion bancaire ». Ca fait joli, et ça marche encore.

Dix ans plus tard, en fait de « développement durable », l’Ecureuil est devenue une « vraie banque » : il s’est lancé à fond dans la spéculation. Jusqu’à la débâcle record de Natixis – près de 10 milliards épongés par les contribuables…

Retraites : des fonds de pension « à la française »

« Une tentative pour faire avancer la retraite par capitalisation au détriment des régimes par répartition » : voilà comment, durant la campagne de 1997, le porte-parole du PS, François Hollande, condamne les fonds de pension.

Changement de partition, à l’automne : « la création d'un système de retraite par capitalisation (fonds de pension), en marge des régimes par répartition actuels, est de nouveau à l'ordre du jour. Le ministre des finances, Dominique Strauss-Kahn, a expliqué devant les financiers réunis par la Commission des opérations de Bourse (COB), mardi 9

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décembre, qu'il allait relancer la réflexion sur les fonds de pension à la française » (Le Monde, 11/12/97).

C’est son dada, à DSK – et depuis un bail. Dès 1982, avec son ami Denis Kessler, ils publient L’Epargne et la retraite - un ouvrage qui plaide en faveur des « assurances vie ». Leurs trajectoires divergent, apparatchik socialiste pour l’un, dirigeant de AXA, puis de la Fédération française des sociétés d’assurance pour l’autre, mais les deux co-auteurs ne se quitteront plus. On dîne ensemble à la maison. DSK invite DK à s’exprimer devant les cadres du PS. DK invite DSK à s’exprimer aux Journées de l’assurance – contre 20 000 F. Et quand ils se retrouvent tous deux aux affaires, l’un comme « n°1 bis du MEDEF », l’autre comme maître de Bercy, les deux partenaires s’accordent pour créer des « fonds partenariaux » - un mot qui sonnait moins anglo-saxon.

Là encore, sa mise en examen – et les réticences des députés – bloqueront le projet. Mais le grand argentier n’a pas dit son dernier mot : « Si on arrive à vivre 100 ans, déclarait-il en mai dernier sur France 2, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans, il va bien falloir que d'une manière ou d'une autre ça s'ajuste. Dans beaucoup de pays, c'est la voie qui est

choisie. » Comme quoi, sur les grands projets, pour les grandes idées, le directeur du FMI peut se soucier de politique intérieure…

21 avril 2002 : la strauss-kahnisation de Jospin

Avant d’entrer à Matignon, Lionel Jospin le sermonnait : « Ne répète pas ce que te disent les patrons », lui reprochait de « baigner dans le patronat », s’agaçait de ses dîners en tête à tête avec le CAC 40.

Mais aussitôt chef du gouvernement, il en fait son « conseiller particulier » : « Le Premier ministre écoute beaucoup le ministre des Finances, le consulte chaque jour en dehors de sa sphère de compétence, sur tous les dossiers : DSK a même à Matignon un petit ‘réduit’

discret qui lui évite de faire des aller et retour à Bercy » (Le Point, 13 juin 1998). Et que lui répète alors le « réaliste », le « pragmatique » Dominique Strauss-Kahn, sur Vilvorde, sur Michelin, sur l’Europe ? Que « les marges de manœuvre sont très faible »<, qu’ « il n’y a pas d’autre solution », etc. Alors qu’une tentative de transformation réclame toujours, à gauche, une confrontation au monde, aux forces d’argent, à leurs médias, aux intérêts des élites, aux diplomaties conservatrices, Lionel Jospin « écoute » l’homme qui, dans son entourage, accepte pleinement cet ordre des choses – et lui recommande la même acceptation.

D’où une métamorphose que raconte, surpris, Le nouvel Economiste, au printemps 1999, titrant « Jospin le libéral » : « C’était mardi 6 avril, devant l’auditoire très select de la Fondation Saint-Simon. Lionel Jospin était venu s’expliquer sur ses conceptions

économiques : ‘J’ai évolué, a-t-il avoué ce jour-là. Sur certains sujets, je me suis étonné moi- même. J’ai découvert que la réalité était plus complexe que je ne le croyais.’ Au lendemain de l’élection présidentielle, quand il n’était que premier secrétaire du PS, devant ce même aéropage très gauche caviar, il était au contraire apparu comme le tenant d’une gauche frileuse hésitant à bousculer les dogmes, accrochée au secteur public, aux nationalisations et au volontarisme d’Etat. Lionel Jospin passait alors pour un archéo, un brin sectaire, brouillé avec les lois de l’économie de marché. Parpaillot affichant son mépris pour l’argent, à mille lieues des entreprises, des affaires, des sphères de la finance. Il y a trois ans et demi, devant les saint-simoniens, Lionel Jospin était mal à l’aise, tendu. Mais le 6 avril, il est apparu rayonnant, affichant sans complexes son pragmatisme de gauche, devant la crème de

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l’establishment, au cœur du temple de la pensée unique. »

« Mon programme n’est pas socialiste », proclamerait bientôt le gentil Lionel pour lancer sa gentille candidature à la présidentielle. Et il refuserait de rencontrer les salariés de Lu, un peu trop vindicatifs, trop virulents. Et il ne prononcerait pas une fois le mot « ouvrier », trop archaïque, d’après ses gentils communicants. Ouvrant un boulevard à gauche pour une myriade de méchants contestataires, et faisant largement fuir l’électorat populaire vers le méchant Le Pen…

Strauss-Kahn ? Une catastrophe pour la gauche, et pour la France !

Par Eva R-sistons

Qui a dit que les Français sont des veaux ? Les voilà qui s'entichent de D. Strauss-Kahn parce qu'il est loin des querelles politiciennes, parce qu'il semble connaître ses dossiers, et parce qu'il occupe une haute fonction internationale. Mais savent-ils vraiment ce qu'est le FMI, le Fonds Monétaire International ? Et d'abord, qui est ce DSK ?

C'est le fils d'un Conseiller juridique et fiscal d'origine juive, installé au Maroc en 1955, puis après le tremblement de terre d'Agadir en 1960, à Monaco et à Paris. Il voit le jour à Neuilly sur Seine. Bref, un bon bourgeois de Neuilly, ou de Monaco, rien de très excitant. Etudes commerciales et d'économie, avocat d'affaires. Pas très excitant non plus pour le peuple de gauche !!!

Que fait-il au PS, après, en plus, un passage au CERES bien à gauche de Chevènement ? Il faudrait sans doute demander cela à ses amis d'Israël qui ont l'habitude de placer leurs pions un peu partout, et notamment dans les principaux partis politiques pour les orienter... où ? Voyons ! En faveur d'Israël et du libéralisme, cela va de soi.

Passons sur sa carrière, et arrivons à l'essentiel, le voici nommé... par la Droite, oui par Sarkozy en personne, à la tête du FMI. Bref, encore moins excitant que tout le reste, et pour le moins ambigu. Et qu'est-ce que le FMI ? Un organisme qui se moque des peuples comme un Roi se moque de la dernière de ses maîtresses...

Ecoutons par exemple les doléances du Président du Benin : Le président béninois, Boni Yayi, a dénoncé mardi à Cotonou le fonctionnement du Fonds monétaire international (FMI) au détriment des pays les plus pauvres : « Garant de la surveillance de la stabilité des changes, le Fonds monétaire international est caractérisé par un fonctionnement dissymétrique et même asymétrique au détriment des économies les plus pauvres de la planète », a-t-il écrit dans une lettre ouverte envoyée au président en exercice de l'Union européenne (UE), le président français Nicolas Sarkozy. Selon lui, "les conditionnalités du FMI ont souvent été sanctionnées par le quasi-abandon de l'Etat, dans son rôle stratégique, même en période de crise...Toujours soumis à des rappels à l'ordre du FMI, les pays africains ont beaucoup souffert de ce dysfonctionnement asymétrique du FMI »

(http://www.africanmanager.com/articles/119232.html)

Pardi ! Le FMI, sous couleur d'octroi de prêts aux pays en difficulté, est synonyme de contrôle, de domination, de perte de la souveraineté, de dérégulation du Marché du Travail,

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de dérèglementation du Système bancaire, de partialité en faveur des pays développés, de politiques d'ajustement structurel asphyxiant l'Etat et le secteur social, de privatisation des entreprises, de libéralisation du commerce, etc etc. Autant dire que le FMI, comme la BM, ont accru la pauvreté des pays pauvres, et enrichi les pays riches, notamment en accordant des prêts difficiles à rembourser et à des taux profitant plus aux banques qu'aux peuples. Et c'est DSK qui orchestre tout ça. Drôle de socialisme !

La réalité, c'est que le sieur en question serait une catastrophe pour la France. Passons sur son amour immodéré pour la gent féminine, si ses épouses s'en accomodent tant mieux pour elles, et sur son mépris des gens, sur son arrogance innée. J'en ai moi-même fait l'expérience à Perpignan, lorsque je lui ai parlé de la dangerosité de l'AMI, l'Accord Multilatéral Investissement, le pire ennemi des peuples. Il a balayé d'un revers de la main et avec condescendance ma remarque, en la qualifiant de "tarte à la crème des altermondialistes".

Pfff ! Que ces choses-là sont déplaisantes à entendre pour un homme prétendûment socialiste - pourtant en pleine campagne électorale, alors qu'il était venu soutenir son poulain M. Ferrand, un brave garçon pâlot et inconsistant qui bridait un siège dans les Pyrénées Orientales. C'est sûr qu'avec DSK, mieux vaut une personnalité discrète, éteinte, qu'affirmée.

D'abord, Strauss-Kahn est tout sauf socialiste. Très exactement, c'est un ultra-libéral qui ne saupoudre son libéralisme de social que quand il ne peut pas faire autrement, notamment lorsqu'il est en campagne électorale. La communication, à laquelle il excelle comme son compère avocat d'affaires lui aussi, Sarkozy, est ce qui lui réussit le mieux. Cherchez les politiques sociales dans les actes, cherchez bien.... D'ailleurs, ces deux-là s'entendent comme larrons (de haut vol) en foire, ce n'est pas sans raison que l'un a choisi l'autre pour le FMI. A moins que ça ne soit par jalousie, pour éloigner un rival potentiel, de "gôche" cette fois. De gauche caviar, très caviar... malgré les "35 heures" qu'il a défendues avec Jospin-Aubry - et quelques emplois jeunes à Sarcelles, ville dont il a été élu maire en 1995. DSK est un fervent partisan de l'Europe de Bruxelles, incluant bien sûr Israël, pardi, et il est le chantre des ouvertures du capital, des privatisations massives et... de la sociale-démocratie, ressemblant comme deux gouttes d'eau à la "démocratie" libérale de la droite. Bref, cette gauche-là est la roue de secours du capitalisme, un joli support du Nouvel Ordre Mondial qu'on tente de nous imposer toujours fort démocratiquement, bien entendu...

Quant à l'indépendance de la France, inutile de compter sur lui. Le pays de son cœur, celui qui occupe son esprit tout au long de la journée et pour lequel il travaille réellement, c'est Israël :

"Je considère que tout Juif dans la diaspora, et donc c'est vrai en France, doit partout où il le peut, apporter son aide à Israël. C'est POUR CA d'ailleurs qu'il est important que des Juifs prennent des responsabilités politiques" (Entretien à Passages, 1991), et dans Tribune Juive :

"Chaque matin, je me lève en me demandant comment être utile à Israël".

Je pose la question à toute personne sincèrement attachée au Bien de la France : Un Président français doit-il d'abord songer à être utile à un autre pays ?

Et comment, en France, une fois élu Président, pourrait-il le mieux aider Israël ? Mais tout simplement en sacrifiant l'indépendance de la France, en étant soumis aux diktats d'Israël, notamment pour le Proche-Orient, en libéralisant toujours plus notre pays quitte à sacrifier des pans entiers de populations, en ouvrant toujours plus l'Europe à Israël et, le moment venu, en agissant pour que l'Etat de son cœur préside aux destins de l'UE, en entraînant la France dans les aventures impériales au service des USA, et bien entendu en poussant notre pays à agresser militairement l'Iran aux côtés d'Israël et de son clone américain. Bref, c'est

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l'apocalypse assurée... Si vous aimez les feux d'artifices, vous serez servi !

Alors, pas encore dégoûté de ce sieur-là ? Eh bien, votez-pour lui. Mais ensuite, comme pour Sarkozy, ne venez pas vous plaindre. Vous l'aurez cherché ! Et le réveil sera douloureux, très douloureux...

Le FMI, DSK, la réforme des retraites et le gel des salaires

Par Ivan du Roy et Nadia Djabali

Discrètement, le FMI distille ses conseils à la France en matière de politique économique et sociale. À lire sa prose, on se croirait revenu trente ans en arrière, à la grande époque des plans d’ajustement structurel qui ont saigné à blanc nombre de pays « en développement ».

Suppression des systèmes de protection sociale, baisse du salaire minimum, privatisation des services (encore) publics… Telle serait la potion magique pour sortir la France et l’Europe de la crise.

Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, candidat virtuel à l’élection présidentielle de 2012, soutient-il l’actuelle réforme des retraites ? Souhaite-t-il une baisse du Smic, un gel des salaires et des prestations sociales ? Envisage-t-il de davantage contrôler les chômeurs de plus de 50 ans dont on connaît la propension à abandonner leur entreprise de leur plein gré ? C’est la question qu’on peut légitimement se poser à la lecture d’un rapport du FMI : un bilan de santé économique de la France, mis en ligne en plein été. Il s’intitule : « France : la reprise est bien engagée mais il faut réduire la dette publique ». Ce document expose les prescriptions économiques du FMI pour sortir la France de la crise. Il s’agit d’un condensé de divagations néo-libérales.

« La reprise sera plus forte et plus durable si les autorités donnent suite à leur engagement d’assainir les finances publiques, consolident la stabilité financière et appliquent des réformes structurelles axées sur la croissance. » Pour l’instant, rien de bien méchant au-delà de l’inévitable ritournelle de la dette, critiquée par le manifeste des économistes « atterrés ».

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au chèque de 210 millions d’euros signé par Bercy à Bernard Tapie, ni de supprimer le bouclier fiscal, encore moins de rapatrier les comptes épargnes off-shore des grandes fortunes…

Travailler plus, se soigner moins

Pour remettre la France sur les rails de la reprise, des efforts doivent être consentis… par ceux qui bossent. L’allongement de l’âge de départ à la retraite et l’augmentation de la durée de cotisations sont observées d’un œil attendri au FMI. « Pour préserver la viabilité budgétaire sans compromettre la reprise, les efforts d’ajustement doivent être concentrés sur les mesures qui nuiront le moins à l’activité économique, à savoir la réforme des prestations des systèmes de retraite et de santé. » Traduction : la multiplication des salariés âgés et fatigués, et

l’augmentation de personnes en mauvaise santé ayant du mal à se faire soigner « nuiront le moins à l’activité économique », ils ne servent plus à grand chose à part grever le budget.

Donc il est acceptable de réduire les dépenses – finalement inutiles – dont ils profitent impunément : l’assurance vieillesse et santé, deux piliers déjà fissurés de notre Sécurité sociale.

Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, ne s’y est pas trompé : « Le PS vient de se prendre un camouflet à travers le rapport du FMI, dirigé par Dominique Strauss-Kahn, qui rend hommage à la politique du gouvernement contre la crise et critique indirectement la critique permanente (sic) de Martine Aubry et du PS. », écrivaient ses petites mains, début août, sur la page Facebook de l’ex député.

Salaires et fonctionnaires : toujours trop chers

Plus classique, la baisse du nombre de fonctionnaires est bien évidemment perçue comme un levier, à généraliser. « Outre la maîtrise des dépenses de l’administration centrale et du système de sécurité sociale, il importe de poursuivre les efforts en cours pour limiter les dépenses des collectivités locales. » Aux régions, départements et communes de subir à leur tour des plans d’ajustement structurel ! Faut-il également baisser le nombre de fonctionnaires internationaux du FMI ? La note ne le dit pas.

Ce n’est pas tout, loin de là. « Pour accroître la compétitivité de l’économie française et mettre à profit l’expansion du commerce international, il faut de nouveau privilégier les mesures propres à modérer la croissance des coûts salariaux, intensifier la concurrence et promouvoir l’innovation », poursuit le FMI. Vous apprécierez le choix de « modérer la croissance des coûts salariaux » plutôt qu’un brutal « gel des salaires » qui risquerait d’exciter le bas peuple. Nous avons tenté de voir si le FMI souhaitait également « modérer la croissance des coûts des dividendes distribués aux actionnaires ». En vain.

Le « jeune » : une entrave à l’efficience du marché

Les collègues de DSK distillent leurs conseils pour créer de l’emploi. Enfin, des mesures salutaires et pragmatiques !, se surprend-on à espérer. « Vu leur impact considérable sur la croissance, il est urgent de miser sur la création d’emplois et l’efficience du marché. Outre les politiques d’activation engagées sur le marché du travail (? ??, ndlr)6 et les mesures de formation, la modération du salaire minimum devrait être poursuivie afin d’établir progressivement une échelle des salaires incitative pour les jeunes et les travailleurs peu qualifiés. »

6 Nous sommes dans l’impossibilité de vous expliquer ce que signifient « les politiques d’activation engagées sur le marché du travail ». Si c’était le cas, on bosserait au FMI pour dix fois le Smic !!!

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