LE CHÀTEAU DE HAUTEROCHE À DOURBES
Au sud-est du village, le chateau de Hauteroche se dresse sur un pic rocheux qui se détache des pent es raid es à 1' ouest d'un vaste plateau. Ses ruines surplombent d'une cinquantaine de mètres un méandre du Viroin (fig. 70). Gdce à l'autorisation aimablement accordée par le propriétaire, M. A. Fra-neau, et sous l'égide du S.N.F., le jeune Cercle archéologique des Fagnes entreprit en juillet 1977 une première campagne de travaux qu'il a bien l'intention de mener jusqu'au dégagement complet et à la mise en valeur de cette petite forteresse.
0 - - - - -400m
Fig. 70. Situation topograph.iquc.
Les renseignements historiques sant peu nombreux (43). La première mention de Dourbes apparaît dans le polyptique de Lobbes, parmi les pro-priétés de cette abbaye en 868-869. Vers 1060 et en 1064, des chartes citent un Frédéric de Dourbes comme témoin d'un acte. Au début du XIIIe siècle, deux seigneuries existaient. Celle de Dourbes-le-Mont relevait de la seigneurie de Haybes, mouvant elle-même de la prévöté de Poilvache et du comté de
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N amur. Elle fit partie des biens d'une branche cadette (Resves) de la maison de Chimay, pour passer ensuite dans les rnains des families de Haccourt, de
Montenaken, de Bièvres et, à la fin de l'ancien régime, des Hamal. Dour
-bes-le-Val appartenait avant 1219 à Yolande de Rumigny, veuve de Henri,
sire de Hierges, et dépendait de la cour de Surice, détachée de la seigneurie de
Florennes. Jusqu'à la fm du
xve
siècle elie semble être restée à la branche aînéede la maison de Jauche.
A quelle seigneurie appartenait le chateau de Hauteroche dont il est fait
mention pour la première fois au début du
xve
siècle? Certains pensent àDourbes-le-Mont maïs, d'après le Comte de Viliermont, il était alors en
possession de David, batard d'Aymeries, qui aurait tenu ses droits sur Dour
-bes-le-V al par sa mère Gilette, dame de Berlaymont, de Hierges, etc. Le chateau retourna ensuite à la famille de Berlaymont et passa de la maison d'Egmont aux Pignatelii, puis aux d'Arenberg. En 1554, pendant les guerres entre l'Espagne et la France opposant Henri 11 à Charles-Quint, le chateau de Dourbes tomba aux rnains du connétable Anne de Montmorency. L'année suivante, Guillaume le Taciturne contre-attaqua et s'empara des chateaux de Fagnolies, Couvin et Boussu, qui furent démantelés. Dourbes subit sans doute le même sort.
Les ruurailles extérieures, épaisses de 1,30 m à 1,40 m, forment un plan presque reetangulaire (28, 70 m sur 21,90 m), caractéristique des forteresses
baties au XIW siècle sous l'influence de I' architecture militaire française. Seul
au cöté sud, le tracé est adapté à la configuration du roeher (fig. 71, 1). La courtine nord 2 s'élève plus bas sur lapenteet est encore conservée sur une hauteur de plusieurs mètres. L'imposant donjon occupe le point culminant
dans l'angle sud-est. Faisant face au point d'accès leplus aisé, par le plateau, il
cammande 1' entrée protégée par un fossé. Plus loin se voient encore quelques ruines d'une basse-cour ou d'une défense avancée, cernée par un second fossé.
Epais de 2,30 m à 2,60 m à la base, les murs du donjon 3 forment un rectangle de 8,50 m sur environ 8,25 m. Une cave autrefois voûtée et a vee une niche dans la paroi est, occupe le bas (fig. 72, F). Dans l'angle nord-ouest, un passage étroit menait probablement à la salie supérieure. Les murs sud et ouest sont conservés sur une hauteur de deux étages planchéiés, chacun avec une fenêtre étroite s'ouvrant au sud (fig. 72, A). Deux passages existaient à l'angle sud-ouest. Ils menaient probablement au chemin de ronde au premier étage et à une latrine extérieure posée sur des corbeaux au second. Au sommet de la tour, d'autres corbeaux portaient peut-être une superstructure en saillie.
Longeant la face nord du donjon, l'entrée est constituée d'un simple corridor (4) de 3,25 m sur 4,65 m, fermé à l'intérieur par une porte étroite
(1 ,25 m) à vantail unique (fig. 72, B). Le seuil est formé d'une grandedallede
1,90 m sur 0,45 m. Cette portefut reparementée ultérieurement lorsque deux taurelles pleines furent appliquées à l'extérieur, réduisant le passage à environ
1, 75 m de largeur (5) .. La voûte portant une salle au-dessus du couloir
appar-tient probablement à ce remaniement (fig. 72, C-D).
L'entrée est flanquée au nord d'une seconde tour reetangulaire de 6,70 m
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0 5m
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-Fig. 71. Plan général du chateau de Hauteroche.
accès de l'intérieur. Son seuil se situe 2 m plus bas que l'entrée du chateau. A cc niveau apparaissent, dans la tour, des murs qui réduisent sa surface de 3,82 m sur 3 m à 2,03 m sur 2,07 m. Ils pourraient appartenir à une construction
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antérieure ou plus probablement à une citerne dont le fond n'a pas encore été
atteint (7). Quelques tessons du XIVe siècle et une meule y furent découverts.
La porte et une niche carrée dans la paroi opposée ont été murés ultérieure-ment (fig. 72, E).
L'intérieur du chateau, probablement occupé en grande partie par une
cour intérieure, est entièrement comblé de débris. Dans la moitié ouest
apparaissent çà et là des pans de murs de caves voûtées. Un escalier en
maçonnerie deseend vers une poterne étroite (8), accessible par un passage
étroit longeant le rempart ouest au bord de l'éperon.