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Le château des seigneurs de Florenville

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des Fouilles

Opgravingen

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

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LE CHATEAU DES SEIGNEURS

DE FLORENVILLE

BRUXELLES

1972

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ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

© Service national des F ouilles

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

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LE CHATEAU DES SEIGNEURS

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I. INTRODUCTION

Repérées en 1951 1, les ruines du chateau des seigneurs de Florenville firent l' objet de sondages préliminaires en 1966 et 1967 par J. Mertens, dans le cadre des activités du Service national des Fouilles 2Ces premiers travaux avaient permis de localiser une tour, ainsi que divers éléments de construction dans le secteur nord-ouest du site.

Les fouilles furent reprises en 1971, du 26 avril au 29 juillet. Le Service national des F ouilles apportait ainsi sa contribution aux manifestations orga-nisées lors de l' << Année des Chàteaux >>, placées sous les auspices du ministère de la Culture.

Nous tenons à exprimer notre gratitude à tous ceux qui ont permis cette fouille et qui par leur compréhension et leurs conseils ont facilité et éclairé nos travaux : M. J. Mertens, dont les travaux préliminaires ont grandement facilité l' orientation des recherches, Mlle H. Remy dont nous tenons à souligner la collaboration aussi dévouée qu' efficace. Nous exprimons notre reconnaissance à M. Nelis, avocat à Louvain, qui mit gracieusement ses terrains à notre disposition, ainsi qu'à M.

J.

Vreuls dont la bienveillance nous a été d'un grand secours. Nous remercions également MM. A. Ricaille, L. Genin, D. Rausch et B. Mathelin qui ont accompli avec méthode la tàche qui leur avait été confiée.

Nous remercions, tous ceux qui nous ont aidés ou témoigné de l'intérêt pour nos recherches : Melle Y. Vanden Bemden, MM. H. Boreux et C. Geeroms, M. Bertrand, M. A. Geubel, M. et Mme G. Hossey, M. A. Giaux, M. A. Leroy ainsi que M.

J.

Laurent, géomètre-expert à Saint-Hubert, à qui nous devons le relevé hypsométrique du site.

Nous remercions, enfin les Ets. Le Berrurier et la Sabena qui ont mis leur documentation photographique à notre disposition.

1 Les premiers sondages permirent de localiser des traces de construction; ils furent effectués par MM. R. François et J. de Rémont.

2 Cf. Archéologie, 1966, p. 87; 1967, p. 82; 1971, p. 36-38 et Ardenne et Famenne, 1966, 2, p. 106; 1967, 1, p. 36; 1968-69, 4, p. 252.

(7)

-6 INTRODUCTION

Fig. 2. - Cartes de situation A. plan général B. plan topographique

(8)

II. SITUATION TOPOGRAPHIQUE

Si le site du chateau se trouve actuellement sur le territoire de la commune de Lacuisine, la topographie et l'histoire le rattachent sans conteste à Floren-ville, au pied de laquelle il avait été établi.

Florenville est située dans l' extrême sud-ouest de la province de Luxem-bourg, sa partie méridionale touche à la France (fig. 2); elle forme le point de contact entre la zone ardennaise et la Gaume. Assise sur une petite colline, vers 352 mètres, à la limite du versant nord de la première grande cuesta jurassique, elle domine, vers le nord, la large plaine alluviale de la Semois qui y serpente en larges courbes; venant de Chiny, la rivière passe par La-cuisine ou elle amorce un large méandre débouchant sur Florenville pour repartir en une grande boude sur Martué et puis Laiche; elle se dirige enfin sur Chassepierre pour continuer ensuite vers le nord (fig. 2, 3).

C' est dans cette plaine marneuse, légèrement vallonnée et dégagée de toutes parts, le long de la Semois, au pied même de Florenville et au lieu-dit << la Coue >> 3, que se trouve le site du chateau. Le terrain y dévale en pente douce vers la rivière; saturé d'eau pendant une longue période de l'année, sa végétation est largement hygrophile 3bis (fig. 2, 3 et 5, n° 1).

Rien ne subsiste, en apparence, du chateau des seigneurs de Florenville 4 • Que l' on emprunte la route de Florenville à Martué ou que, du point de vue derrière l' église, on scrute les prairies entre la route et la Semois, au nord de la <<Ferme <l'en-bas>>, pas un vestige de muraille n'apparaît. Si ce n'est un quadrilatère bien marqué qui change de couleur avec les saisons (fig. 3 et 5, n° 2). Zone de marais favorisée par un terrain tourbeux, sa forme géométrique atteste l' existence d'un ancien vivier. Le sol, lui-même, ne désigne à l' observateur attentif que de rares traces de dénivellations, vestiges 3 L'étymologie de ce toponyme n'est pas encore expliquée. Il peut être rapproché du mot «queue » (lat. cauda), il faut rapprocher notre Coue de la Queue de la Lente, sorte de pres-qu'île qu'elle voisine (cf. fig. 5, n° 8).

3 bis Cf. R.

STEFFENS, Texte explicatif de la planchette de Florenville 217 W (Cartes des sols de la Belgique, Gand, 1967, p. 130. Le site du chateau est renseigné comme sol forte-ment ou très forteforte-ment gleyifié sur argile. La phase g El p 2 (v) à substrat caillouteux débutant à faible profondeur, à couche superficielle tourbeuse semble caractériser au mieux Ie sous-sol. Le site est en partie renseigné comme remanié (série OT).

• Le chateau se trouvait sur Ie territoire actuel de la commune de Lacuisine, ancien ban de Martué, à quelques dizaines de mètres de la limite du territoire de la commune de Florenville. Cependant, que ce soit lorsqu'à son début la seigneurie comprenait, outre Florenville, Martué, Chassepierre avec Azy, Menil et Laîche - , Sainte-Cécile, Fontenoille, Mortehan avec Auby et Cugnon, ou dans la suite lorsqu'elle se trouva réduite, du XIVe au XVIIIe siècle, à Florenville et Martué, ce fut toujours " la seigneurie de Florenville » les " seigneurs de Florenville » et, forcément, " Ie chateau de Florenville ».

(9)

- - - -

-8 SITUATION TOPOGRAPHIQUE

Fig. 3. - Vue générale de Florenville, à l'arrière-plan la vallée de la Semois débouchant sur Martué, à gauche Ie site du chàteau (flèche). (Photo Sabena).

des anciens fossés. Outre les traccs fugitives des fossés et du vivier, la photo -graphie aérienne et une bonne observation du terrain permettent de déceler le remblai d'une voie rectiligne; bordée de deux fossés, elle prend son départ à la route menant de Florenville à Martué pour aboutir quelque peu en amont du pont de Martué, là ou naguère la Semois pouvait se traverser à gué. Ce pourrait être également le point de passage de la voie romaine Reims-Cologne (fig. 3 et 5, n° 4).

L' origine de cette route semble difficile à préciser, mais au XIXe siècle elle était encore le seul chemin reliant Florenville à Martué. La route actuelle est clone de création relativement récente 5 (fig. 5, n° 5).

5 Cette route est encore figurée sur la carte de Vander Maelen, imprimée en juin 1854 (Planchette 2115

, Chiny [Herbeumont]); Ie tracé a été modifié en 1893 (Cadastre comm. de Lacuisine) (cf. fig. 2, 5).

(10)

SITUATION TOPOGRAPHIQUE 9

Entre la Semois et le chemin aujourd'hui disparu, en bordure directe de celui-ci à quelques cent mètres au nord-ouest du site du chateau, ont été découverts les vestiges d'un établissement gallo-romain. Les murs ne sub-sistaient plus qu'à l'état de traces négatives : les matériaux de construction avaient sans doute été récupérés pour l' érection du chateau tout proche 6 (fig. 5, n° 6).

Si les documents situent l' emplacement du chateau féodal dans la plaine, le long de la Semois, d' autres sources mentionnent une maison forte sur le promontoire qui supporte l' église de Florenville. L' ensemble des batiments composant actuellement la maison communale, l' ancienne justice de paix et la gendarmerie, assemblés en forme d'U, sont encore appelés << le Chateau ►>, et la rue qui y conduit, la << rue du Chateau ►> (fig. 2). Il y eut effectivement là-bas une gentilhommière, qui n'est cité qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles, et qui appartint à des familles nobles qui se dirent, en 1630 puis de 1714 à 1766, et sans doute plus à tort qu'à raison, << seigneurs de Florenville ►> 7•

6 Ardenne et Famenne, 1965, 2, p. 82 et Archeologie, 1966, p. 86; 1969, p. 80-81.

Des tessons médiévaux furent retrouvés parmi les remblais de destruction de la villa, tandis que des vestiges romains - un tesson de sigillée, des carreaux de revêtement -furent retrouvés sur Ie site du chateau.

' Ce chateau, appelé aussi forte maison séant devant l' église de Florenville est cité comme étant une masure Ie 10 septembre 1600 (A.G.R., Acquits de la Chambre des comptes, n° 154); certaine maison et pourprins (propriété, enclos) gisant à Florenville lez l' église (A.G.R., Chambre des comptes, registre n° 159, à la date du 28 juin 1607); maison forte en 1641 (A.G.R., Conseil privé espagnol, n° 1136, à la date du 15 février 1652), année ou il fut détruit par Ie marquis de Sourdis au nom du roi de France; reconstruit quelque temps après et légué Ie 19 mars 1719 par Nicolas-Jean de Pascha! à son frère François-Philippe (maison qu'il a fait bastir de ses propres deniers; Tandel, Communes luxembourgeoises, III, p. 944); consistant, en 1758, en maison, grange, établerie, basse cour, jardin et clos et un petit jardin détaché et séparé par Ie chemin d' aisance, Ie tout faisans une enceinte d' environ cinq journaux de terre boutissant du cóté bas du clos au moulin de Sa Majesté (Archives du Gouver-nement à Luxembourg, Dénombrements, vol. Ier, pages 294 à 297); propriété de Paul-Joseph de Nonancourt après 1770, de Charles-Paul-Joseph Maximilien Collart, avocat, substitut du procureur général à Luxembourg, puis de son fils Jean-Baptiste Alphonse, qui fut notamment juge de paix de Florenville, vers 1824 de la famille Gérard-Gofflot, de Neuf-chateau, enfin de la commune en 1836.

D'après Ie document du 28 juin 1607, ce chateau existait déjà en 1552, date à laquelle il appartenait à Jehan de Ludre, homme d'armes des ordonnances de l'empereur Charles-Quint.

Gilles du F aing, en 1619, avait demandé la seigneurie de Florenville et elle lui avait été refusée (A.G.R., Acquits Ch. des comptes). Cependant, Ie 6 octobre 1630, Baudouin de Monfün est dit "seigneur de Florenville» (R.P. Jamoigne). En 1700, Jean-Nicolas de Pascal demande la seigneurie de Florenville et Ie Conseil d'Etat du Roy propose qu'on la lui refuse (A.G.R., Conseil d'Etat). Cependant, Ie 9 juin 1714, il s'intitule «seigneur de Florenville» (A.G.R., Conseil d'Etat de Maximilien-Emmanuel à Namur), puis, en 1719, dans son testament, «seigneur haut-justicier de Florenville » (Tandel, op. cit., t. III, p. 944). De 1720 à 1727, Philippe-François de Pascal se dit toujours «seigneur de Florenville » (A.E. Arlon, Prévóté de Chiny, Tabellionnage; A.G.R., Conseil des Finances). Et, en 1766 encore, Philippe-Joseph de Nonancourt est dit "seigneur foncier de Florenville» (A.E. Arlon, Cadastre de Marie-Thérèse, pièce générale n° 6). D'autres textes disent, par exemple en 1739,

(11)

III. LES SOURCES HISTORIQUES

1. La seigneurie et les seigneurs de Florenville.

Au début du XIIIe siècle, Florenville faisait partie du comté de Chiny. Les comtes de Chiny étaient clone ses seigneurs 7bis.

Au début du XIIIe siècle, Louis IV, comte de Chiny, donne sa troisième fille, Isabelle, en mariage à Othon III de Trazegnies, né vers 1197, veuf d' Agnès de Hacquegnies. Celle-ci étant morte en 1230 et Othon en 1241 ou 1242, c'est peu après 1230 que, manifestement à !'occasion de ce mariage, est créée la seigneurie de Florenville : Othon et Isabelle sont dorénavant cités sous le titre de seigneurs de Florenville, comme tous leurs descendants et successeurs 8

Othon et Isabelle eurent six enfants connus, <lont l'aîné, Jean<< dit l'Ar-dennois >> succéda à son père comme seigneur de Florenville. Il épousa Agnès

de Strépy ou d'Estrépy. Ensemble, ils affranchissent Florenville à la loi de Beaumont le 24 juin 1273.

Jean l'Ardennois eut au moins trois enfants, <lont Arnoul qui lui succéda à Florenville: Jehan, qui affranchit Martué, avec sa femme Isabelle, le 10

que la dame de Nonancourt n' est ni patronne ni dame haute justicière (A.E. Arlon, Prévoté de Chiny), en 1762 que Sa Majesté est Dame, haute-justicière du lieu (A.G.R., Conseil des Finances), en 1772 l'impératrice Reine et seigneur tempore! de ce lieu (Visite archidiaconale).

D'après d'autres documents et les déductions qu'on peut en tirer et qu'il serait trop

long d'aligner ici, il semble bien que ces personnages n'aient jamais été seigneurs de Florenville, mais aient obtenu, certainement contre payement, Ie droit de percevoir les

amendes. Ce serait clone abusivement qu'ils se seraient intitulés « seigneurs de Florenville"· 7bis La prétendue existence de « seigneurs de la Coue" en 1199 et 1200, et d'un Thibaut

de Mellier, seigneur de Florenville en 1206, dans TANDEL, Comm. Lux., t. III, p. 924,

relève de la plus haute fantaisie, et l'on ne s'en étonnera pas lorsque l'on saura que la

source de ces affirmations se trouve dans ]EANTIN, Les Chroniques de l'Ardenne et des Woëpvres, t. I, Paris, 1851, p. 363 et t. II, p. 109.

• Othon de Trazegnies, né entre 1198 et 1203, mourut après Ie 12 août 1241 et avant avril 1242 (J. PLUMET, Les seigneurs de Trazegnies au moyen áge, Mont-Sainte-Geneviève, 1959,,

p. 124 et 145) - Sa veuve est citée comme dame de Florenville dès 1244 : au mois de Afresen (?) 1244, lsabeau, dame de Florenville, termine un différend avec l'abbaye d'Orval

(DELESCLUSE et HANQUET, Nouvelles chartes de l'abbaye d'Orval, Bruxelles, 1900, p. 9);

puis en décembre 1255 : accord entre Isabelle, dame de Florenville et de Saint-Leu, et

Jean l'Ardenois, son fits, d'une part, et Ie prieur de Chiny, d'autre part, à propos de l'usage du moulin de Sainte-Cécile, des fours de Chassepierre et de Laîche, de la pêcherie de

Laîche, du moulin de Martué (GoFFINET, Cartulaire de l'abbaye d'Orval, Bruxelles, 1879,

p. 336); en avril 1259, enfin, Isabiaux, dame de Florenville, et Jehans, chevaliers, ses fiz, diz Ardenois, terminent un différend avec l'abbaye d'Orval à propos des terres de Vieux et

(12)

'

LES SOURCES HISTORIQUES 11

octobre 1327, et Gérard de Florenville, dit << li Ardenois >> qui mourut à la

bataille de Stavoren le 26 septembre 1345.

Gérard eut notamment un fils, Gérard II de Florenville, écuyer, époux de Marie de Limbourg. C' est le dernier seigneur de cette première race des Trazegnies-Florenville 9

Lui succédèrent Ourry de Billy - cité en 1382 - , puis Guillaume de Bracquemont, d'une famille de Normandie, qui fut gouverneur de Luxem-bourg de 1404 à 1407 et seigneur de Sedan et de Florenville en 1410. De Marie de Campremy, Guillaume de Bracquemont eut Marie, épouse d'E-vrard II comte de la Marck, et Louis, qui lui succéda à Florenville et à Sedan.

Louis de Bracquemont vendit ensuite - le 8 juin 1424 - Florenville et Sedan à son beau-frère Evrard II de la Marck.

Quatre générations de la puissante famille des la Marck se succédèrent

ainsi à la tête de la seigneurie de Florenville : Evrard II, Jean Ier, Robert Ier et Robert II 10 •

Ce dernier, se croyant fort de l'appui de François Ier, et imtigué par lui, n'hésita pas à déclarer la guerre à Charles-Quint, et c'est ainsi qu'en mai 1521 tamba le chateau de Florenville. Robert II perdait aussi Bouillon, Logne et Messincourt, mais gardait Sedan et Jametz.

La seigneurie resta jusqu'à la fin de l' Ancien régime entre les mains des descendants de Charles-Quint, les souverains des Pays-Bas, à l' exception de la période du rattachement à la France, de 1680 à 1698.

2. Les documents d'archives.

Les documents d' archives consultés sont conservés dans les institutions ou lieux suivants :

(A.E.A.) Archives de l'Etat à Arlon (A.E.L.) Archives de l'Etat à Luxembourg

(A.G.R.) Archives générales du Royaume à Bruxelles 1. - 1273, 24 juin

Jean l' Ardennois, sire de Florenville, et Agnès, sa femme, affranchissent

nostre ville de Florenville 11 à la loi de Beaumont. Ils retiennent douse jors devant

• Voir notamment, sur la familie de Trazegnies, !'excellent ouvrage de !'abbé

J.

PLUMET,

Les seigneurs de Trazegnies au moyen age, Mont-Sainte-Geneviève, 1959, passim.

1 DE CHESTRET DE HANEFFE, Histoire de la Maison de la Marck, y compris les Clèves de la seconde race, Liège, 1898.

11 Tout au cours de son histoire, Florenville est appelée « ville » tout autant que « village ».

Les localités affranchies au droit de Beaumont portent d'ailleurs souvent ce titre : C.

J.

JosET, Les villes au pays de Luxembourg, Bruxelles, 1940, passim. Mais ce n'est évidemment !à qu'un usage qui n'a rien à voir avec Ie titre de ville proprement dit. Cf. A. GEORIS, Qu' est-ce qu'une ville?, dans Revue Générale Beige, juillet 1965, p. 15 à 30.

(13)

12 LES SOURCES HISTORIQUES

nostre maison 12, priès dou jardin 13, et doivent avoir en accroissement de leurs

prés Ie paskis ki est entre maison et Ie moulin 14.

Les bourgeois paieront et doient paier le charroi as hordis de nostre maison de Florenville, et aidier a harder 15, quant mestiers sera, sans okison. Et nous doient le charroi de nostre maison de Florenville, s' amender, u detenir, u enforchier le volons, dedens les Jossés, quant mestiers sera 16

2. - 1285, 3 octobre (fig. 4)

Les seigneurs de Florenville part1c1pent au tournoi de Chauvency :

Et d' ardanne celle contree -

I

ert une dame honoree - De Florenvile lou chastel, - Et avec li un genti jouel, - Agnès se fille, ce m' est vis, - Blanche brune, clere de vis, - Simple comme est uns angelot 17

12 Il s'agit de la terre qui n'a jamais cessé d'être appelée Ie Grand pré et qui se trouvait

entre Ie chateau et Ie moulin. Un jour valait environ 33 ares. La superficie actuelle est de

3 hectares 16 ares 10 centiares. Il s'agit d'une prairie qui a été, au XIXe siècle, partagée

en deux, puis une des deux parties en trois (fig. 1 C, pare. cadast. n° 853 b et 853 c, d, e

et fig. 5, n° 7).

Il est assez curieux de constater qu'en 1766, lorsque les maire et justice établissent la

déclaration des biens appartenant à la communauté, ils font observer que s'ils jouissent des divers droits d'usage dans la forêt de Chiny, des droits de chasse et de pêche, ils leur ont

été cédés par la charte de 1273 en échange du Grand pré (A.E. Arlon, Cadastre de

Marie-Thérèse, pièce générale n° 4) et que Ie 23 prairial an V - 11 juin 1797 - , les habitants de

la commune de Florenville prétendent à nouveau qu'ils ont des droits sur un prez dit Ie grand

prez, et six vingt jours de terre dit les terres de Tonneux et anciennement dits les terres devant

la grange de Mousin, qui faisaient partie des ci-devants domaines de l'Empereur d'Autriche,

par suite d'un échange fait il y a plusieurs siècles à Jehan dit Lardenois, sire de Florenville et

à Agnès sa femme, contre divers droits tels ceux d'usagers dans les forêts de Chiny (A.E. Arlon, Régime français, Commune de Florenville, Biens nationaux).

13 Le ]ardin entre Ie Grand pré et Ie moulin, actuellement appelé la Rosière (fig. 5, n° 9).

14 Il semble bien que Ie Paquis d'après de nombreuses mentions du XVIIIe siècle, soit

cette languette de terre comprise entre Ie Grand pré et la Semois. Chose curieuse, et

inex-plicable jusqu'ici, la limite entre les communes de Florenville et de Lacuisine, est

exacte-ment la limite entre Ie Grand Pré et cette languette de terre. Cette situation découle-t-elle

des accords pris entre Ie seigneur de Florenville et la communauté et qui ont été matérialisés

par la charte de 1273? - Quant au moulin, il existe toujours au même endroit, et appartient

maintenant à la comnnne de Florenville (fig. 1 B, 1 C).

15 Horder, hordir. XIIe-XVe s. Garnir Ie sommet des murs de hourds (R. GRANDSAIGNES

n'HAUTERIVE, Dictionnaire d'ancien français, Paris, 1947, p. 355)

16 « Les bourgeois payeront Ie charroi (des matériaux nécessaires) aux hourds de notre maison de Florenville, et doivent aider à garnir les murs de hourds, quand ce sera néces-saire, sans aucune faute. lis feront aussi Ie charroi de notre maison de Florenville, lorsqu'il s'agira de la réparer, de l'entretenir, ou d'en renforcer !'enceinte comprise dáns les fossés »

- Goffinet, Cartulaire de l'abbaye d'Orval, Bruxelles, 1879, p. 480, 481. - Texte reproduit

par TANDEL, Les Communes luxembourgeoises, III, Arlon, 1891, p. 930. - Restitué en

français moderne par GoFFINET, Les comtes de Chiny, Arlon, 1880, p. 365-366. - copie

(vidimus) de Robert, duc de Bar, Ie 6 juillet 1395 (A.G.R., Acquits Ch. des comptes. liasse 3002, années 1765 à 1781. - Ce vidimus a été copié par Jehan de Lorcygnoul (Rossignol),

abbé d'Orval, Ie 25 octobre 1462 (collection Louis Wirion aux archives de l'Etat à Arlon).

17 Le tournoi de Chauvency, organisé par Louis V de Looz, comte de Chiny (1268-1299) et sa femme Jeanne de Bar ( +après 1295), se déroula à Chauvency-le-Chäteau

(Meuse, France, à une quarantaine de kms au sud-est de Florenville), chez Ie frère de Louis V, Gérard, du 30 septembre au 5 octobre 1285 (fig. 4).

(14)

LES SOURCES HISTORIQUES

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13

Fig. 4. - Jacques Bretel : « Le tournoi de Chauvency >, (1285) - Agnès de Florenville

(15)

14 LES SOURCES HISTORIQUES

3. - 1290, 4 juin

Otton de Trazegnies enlève l'abbé de Floreffe, son proviseur et son chapelain, et les fait partir secrètement chez son demi-frère, au chateau de Florenville en Ardennes. Mais l' abbé fut libéré à son passage à Bouillon, par le prévót de l' endroit 18.

4. - 1327, 10 octobre

Jehan dit l' ardenois, écuyer, sire de Florenville et de Martin wés, et damoiselle katherine sa feme affranchissent leur ville de martinwé à la loi de Beaumont.

Les bourgeois de Martué leur doivent le charoy au hourdis de notre fort maison et avec a hourdeir quant besoigns serat saris malvaises ocquison et nous doivent le charroy de nostre fort maisons si amendier ou detenir ou enforcher le volions

dedens les fossez. Ils retiennent toutes les terres et preis qui appandent a nostre gaignaige devant notre fort maison 19

5. - 1333, 14 juin

Jehans, sire de Florenville, escuiers, tieng en fies et homaige du Conte de

bar la fort maison de florenville la ville de florenville la ville martinwes en tous bans et justices hautes et basses ... 20.

6. - 1371

Lettre de rendage de rachapt par le Sr Ouliers de Villy, au profit de Gobert d' Afflance, de son gaignage qu' il avoit à Florenville devant la forteresse, ladite lettre en parchemin, laiette 73, cotté 2 21

7. - 1424, 8 juin

Louis, seigneur de Bracquemont, vend à Evrard de la Marck sa forteresse

Jacques Bretel, Le Tournai de Chauvency, édition complète par Maurice Delbouille, Liège, Vaillant-Carmanne, 1932, p. 8, vers 177 à 183 et 2533 à 2596. - Jacques Bretex au Bretiaus, Le tournoi de Chauvency, publié par Gaëtan Hecq, Mons, 1898, p. 6 et 7.

-Rita LEJEUNE, L' Ardenne dans la littérature médiévale, dans Anciens pays et assemblées d'Etats, Namur, 1963, p. 77-78. - }ACOB-DucHESNE, Miettes historiques, Le tournoi de Chauvency en 1285, Arlon, 1906, p. 14 - ScHAUDEL, Sur la date du tournoi de Chauvency, Longuyon, 1933, s'appuyant sur Léon GERMAIN DE MAIDY, Sur la dame de Boinville et le tournoi de Chauvency, dans Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, 1921, p. 107-112,

dit que le tournoi est de 1284 et non 1285.

18 PLUMET, op. cit., p. 198. - Les recherches que nous avons entreprises au dépót des archives de l'Etat à Mons n' ont pas permis de retrouver le document original sur lequel se fonde l'auteur, malheureusement décédé; son ouvrage ne donne aucune référence, et, de plus, le dépót des archives de Mons a brûlé en 1940.

19 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, vol. 2070. Texte publié et commenté par

J.

DE RÉMONT, Mémorial Bertrang, Arlon, 1964, p. 58 à 68. - Les seigneurs retiennent pour eux et leurs héritiers le gret le hahc.y les osts et les chevaulchie ... , c' est-à-dire la justice civile et pénale, l'aide militaire. Le texte cité ci-dessus est pratiquement identique à celui de la charte de Florenville. Gaignaige : terres cultivées.

2

' Archives Condé à Chantilly (France).

21 A.E.A., Inventaire des archives d'Orval, p. 160r., sous rubrique « Hayon lez Florenville». Le document lui-même n'existe plus.

1

(16)

1 1 \1 1 1 ' 1

LES SOURCES HISTORIQUES 15

et terre de Florenville avec toutes les appartenances d'icelle, et sa seigneurie de Sedan, ville terre et appendances ( ... ) 22

8. - 1441 à 1445

Somme payée aux gens d' arme de l' armée levée pour aller au siège devant Florainville 23

9. - 1445, 30 décembre

Jehan de la Marche Seigneur darberch ( ... ) ordonne institue et establis man chier cousin frasçois dorne ( ... ) pour relever 24 la place de florainville ... 25

10. - 1521, mai

Le comte Félix marchait toujours avecques ces Alemans et vint passer par

ungne petite ville place qui avoit Florinville qui estoit à M. de Sedan, et le capi-taine avoit nom Damian de Guarighes, gascons, et y avoit faict faire ung petit lieu de plaisance, pour ce qu' elle est sur la rivière de Semoys. Incontinent que le comte Felix vint devant avecque ses gens ceulx de dedans la rendirent comme la raison le voulloit, car elle n' estoit pas tenable. Après avoir prins Florinville, et

l' avoir pilliez, misrent le feu dedans. Et il n'y a que trois lieues de là audit Messan-court, et séjournèrent audict Florinville deux au trois jours, et après vindrent mettre le siège devant ladicte place de Messancourt 26.

11. - 1521, mai

. . . la ditte seigneurie de Florenville n' est entrée sous la domination du duc de Luxembourg que par la conquette que l' empereur Charles quint en a fait en 22 Paris, Bibliothèque Nationale, ms FF na 7988. - Texte reproduit par P. CoNGAR,

J.

LE-CAILLON et J. RoussEAU, Sedan et Ie Pays sedanais, Paris, 1969, annexe 11.

23 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy (France), n° B-8101.

2Relever : relever un fief, reconnaître, avec les formalités requises et en payant les droits

de relief, qu'un fief est mouvant du seigneur.

25 Archives Condé à Chantilly (France).

26 GouBEAUX-LEMOINE, Mémoires du maréchal de Florange dit cc Le Jeune Adventureux" (Robert III de la Marck), Paris, 1913, I, p. 292. - Il est évident qu'après Ie départ de la

première dynastie des seigneurs de Florenville, Ie chateau n'a plus été qu'une résidence

secondaire, en tout cas pour les la Marck, puissants propriétaires de nombreuses seigneuries <lont certaines très importantes comme Sedan et Bouillon. Les la Marck résident le plus souvent à Sedan. Comme on peut voir ici, ils avaient placé une petite garnison au chateau de Florenville. C' est ce qui explique, et en tenant compte aussi de ce que les moyens d'attaque et de défense des chateaux forts n'étaient plus, au XVIe siècle, ce qu'ils étaient au Xllle, que Ie texte dise qu' elle n' estoit pas tenable.

Il ne peut y avoir de doute qu'il s'agit bien du chateau qui nous occupe et non d'un chateau près de l'église. Robert 111 de la Marck, maréchal de Florange, raconte en ses mémoires la défense et la chute successive de ses forteresses : Florenville, Messincourt,

Jametz, Bouillon. Le chateau pris à Robert II de la Marck coïncide avec les ruines qui sont évoquées aux documents suivants.

Il est intéressant de noter que Ie lieu de Florenville était déjà considéré comme cc un

petit lieu de plaisance" ,un endroit agréable, parce que situé sur la Semois.

La chute du chateau a dû avoir lieu avant Ie 6 mai, semble-t-il, voir ci-dessus Ie docu-ment 12.

(17)

16 LES SOURCES HISTORIQUES

1521 contre Robert de la Marck ( ... ) et après avoir pris à main armée laforteresse dudit Florenville, il fit faire main basse sur les soldats qui la deffendoient et joignit sa conquette à la Province dudit Luxembourg 27

12. - 1523

Les biens du seigneur de Florenville ayant été confisqués par Charles-Quint le 6 mai 1521 28, ils figurent dorénavant dans les deux comptes annuels

du receveur des domaines. En 1523, première mention des viviers et fossés

dudit florenville a présent a ruynes pour ce ici : néant 29

13. - 1532

On trouve encore dans les comptes du receveur que l' on a laissé a un nommé hingo de Martuelz sept jour de terre des terre de la place de florenville que on nen f aisoit point de proufitz 30

14. - 1532

Et le même compte ajoute que l' on a payé a ung nommé hingue de martuelz

pour avoir charrues et besongniez autour du grant preys de la court 31 dud. floren-ville ung frans 32

15. - 1568

Le compte de cette année indique, comme tous les ans : Des viviers et

f ossés de florenville lesquelle sant en ruyne de longtemps et ny ait personne quy les ait voulus mectre avant pour lan de ce présent compte. Mais, cette fois, on a ajouté au compte, par après, ces mots : Et ne se trouve (viviers et fossés) en

aultre endroit nulz que les ceulx estant joindant de la fort maison 33

16. - 1592, 13 septembre

Le receveur fait procéder au mesurage des terres du gaignage de la Coue.

Item une piece joindant les Jasses de la court contenant environ quattre jours de terre appellé Ie champs de la Caue royant Ie routy de martuel.

27 A.G.R., Jointe terres contestées, liasse 479, protestation - en 1717 - du prince de Loewenstein-Wertheim, seigneur de Chassepierre.

28 « en notre cité impériale de Worms» : A.G.R., Acquits Ch. des comptes, liasse 2069, n° 2.

29 A.G.R., Ch. des comptes, vol. 6119. 30 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2070.

31 Il faut faire, en tout cas aux premiers temps qui ont suivi la destruction du chàteau, une nette distinction entre le mot cour, court et le mot Coue. Cour indique nettement Ie ehàteau, il est en général voisin du Grand pré, des fossés, par opposition aux ehamps ou

gaignaige de la Coue. Selon F. GonEFROY, Dictionnaire de !'ancien français (IXe-XVe s.),

Paris, 1938, p. 318, court signifie « exploitation agrieole » et n'apparaîtrait plus après Ie XVe siècle. On relève iei une eertaine eontradietion : le mot apparaît bien en 1532 (Doe. 14) er plus tard aussi, sans toutefois désigner d'exploitation agricole qui ne sera eonstruite

qu'après 1599 (Doe. 17) et avant 1622 (Doe. 18). Cour signifierait bien ici « domaine

seigneu-rial » cf. P. ROBERT, Dictionnaire alphabétique et analogique de langue française, Paris, I, 1965, p. 993.

•• A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2070. - Voir, en ce qui coneerne Ie Grand pré, la note 12, p. 12. 33 A.G.R., idem, n° 2071. l 1

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LES SOURCES HISTORIQUES 17

Item ung pries que soulloit estre ung estant du passe joindant Ie Circuit de la Court contenant environ deux faulchies de preis royant la rivière d'une part et routy dudit martuel daultre part .

.. . Item le circuit de la maison avec les fosse a lentour contenant environ

quattre jours 34.

17. - 1599, 26 août

La Chambre des comptes loue au receveur Baudouin de Monflin une vielle place de loingtemps ruinez par les guerres scitues entre florainville et martuez

communément appellé la court de laquelle place seroit dependante environ soixante

jour de terre labourable et quelque peu de prerie ( ... ) les maisons et bastimens quil

y a sur ladite place sant ruynes, passés quattre vingt ans ( ... ) a condition de faire faire sur le lieu et place du viel chasteau ruines comme dict est une maison, grange

et estabellerie propre et commode pour y lager ung censier dressant les pignons et

vollez tous de pierres auquel effect il se pourra servir et aider des pieres et maté-riaux qui se retrouveront sur ledit lieu ... 35.

18. - 1622, 6 juin

Le receveur et le clerc-juré de Chiny, assistés de Jean Thibault, maître charpentier et de Pierre le Maçon, maître maçon, demeurant à Florenville, visitent la maison du gaignaige de la Coue en la seigneurie de Florenville, en

présence de François et Moyen Lambert, à ce qualifiés, comme héritiers de Henry Lambert admodiateur dudit gaignaige, attenus au relivrement d' icelle maison

en bon estat. Lesquels maîtres artisans après serment prestés ont rapportés ce qui

s' ensuit.

Ladite maison y comprins la grange tenante à icelle contient en longueur 50 pieds et en largeur 46.

Les trois pignons de ladite maison sant en bon estat sous la réserve qu'il convient de reffectionner Ie pignon vers la rivière a l' angle du costel de Martué, laditte refection estimée à 10 sols.

Les deux lairesse, fault rebastir a scavoir a celle du devant, a langle et vers le boys de la Concye, quelque peu de vieille muraille jointe à la nouvelle, environ

une toise bas : 15 sols.

Et a celle du derrière, devant la grange vient a rebastir au milieu, une fente

et creva, qui vauldrat 6 sols.

La muraille de l' allée est en bon estat.

Les estaches, liaisons, cheverons et lattes sant en bon estat.

La couverture desdits bastimens estant d' aschelles, con vient estre relevée et renouvellée, et faudra 2 milliers 500 daschelles 36, soit 6 florins 10 sols.

34 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2072. 85 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2072.

36 Ascholles, aschelles, eschannes : bardeau : petite planche employée dans la construction, surtout pour remplacer tuiles et ardoises dans la couverture de maison (P. RoBERT, Dic-tionnaire .. . , Paris, 1965, I, p. 413).

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Il , Il

18 LES SOURCES HISTORIQUES

La toiture doit estre avancée sur et pardevant, la vieille muraille de la

lairesse du derrière, à raison que la pluie decoulante deans icelle la fera crouler

et emporter, quant et quant la nouvelle exigée joindant icelle soubs les bastimens

ce qui pourra valoir, pour un millier d' aschelles, 1 dent de laste, 2 pièces de boys

pour estre clouées sur icelles, quelque 3 florins : 3 livres.

La toiture doibt estre avancée d'ung pied oultre Ie pignon, vers Ie chemin de

Martué : 1 2 sols .

La porte venant de la maison à la grange est bonne y ayant ung tallon de

fer et une chaisne pour la fermeture.

La porte de la maison entrant en icelle est bonne, ayant une chaisne pour la fermeture, et ung tallon de Jer.

La porte de la cuisine est bonne.

Il ny a aulcune porte a l' entrée du poil, ce coustera 12 sols.

Il manque une porterie et une porte, à l' entrée d' une petite estable derrière

la cuisine, 23 sols.

Il ny at aulcune tacque, et y en f ault une : 6 livres.

Il y at une petite fenestre au poil, sans verière, et vauldra 20 sols.

Les sommiers sant en bon est at. Le grenier est bon, estant de terroir f açonné sur plancher.

Il ny at aulcune montée audit grenier, qui vaudra 1 florin.

Et daultant quil ne sy retreuve qu'une petite estable derrière la cuisine a ou lager des chevaux, Ion a trouvé qu'il en prendra en usage d' establerie ung petit bastiment joindant la maison, qui sera réparé aux murailles, a couvrir de

nouvelle toiture et couverture. 12 livres 15 sols.

Les héritiers de François Lambert ont ordre de procéder aux dites

réparations et additions dans les six semaines, à peine d' exécution 37

19. - 1624, Ier juin.

Nouvelle visite de la maison et bastiments en dépendans, du gaignage de la Cour en la Seigneurie de floranville.

Nous ne retiendrons que les parties du texte différentes de celui de la visite précédente.

Les murailles de ladite maison et grange consistante en trois pignons, deux

lairesses et murailles de lattes estaches jusque à la traveure sant en bon estat avecq

celle d' entre le poisle et cuisine et chacune toise de muraille vault 20 sols. Les attaches, liaisons et chevrons soubstenans les couvertures tant de la maison

que grange sant en bon estat et de bois de chesnes valant la somme de 4 7 sols.

La couverture desdits bastiments estant de lattes et ascholles de chesnes, aiaint esté nouvellement re lier et avancée d' ung pied oultre Ie pignon vers Ie chemin de Martué, une aussy par dessus la vieille muraille de la lairesse du derier selon

(20)

LES SOURCES HISTORIQUES 19

La cheminée de la dite maison est en bon estat : 8 florins.

( ... ) La tacque de la cuisine enchassée dans la muraille est bonne, y ayans

esté mise par ordonnance de ladite visite et vault 6 florins.

( ... ) Les murailles, toitures et couvertures façonnées de bois de chesne comme

aussy Ie bacq et ratelier d'une petite establerie de chevaulx de 28 pieds de longueur et 20 pieds de largeur sant en bon estat. 23 florins 16 sols 38

. 20. - 1630, 5 septembre

Claude Monflin, receveur de la prévöté de Chiny, invoque que ... il y a plus de soixante et dix ans que Sa Majesté ne tire aulcun profict des fossés de la cour de floranville et demande à pouvoir les louer 39

. 21. - 1636

Des viviers et fossés de la Cour de florainville admodiés à ce rendant au pris de 2 florins par an et renseignés cy devant au compte précédent sur ce que les gens de guerre luy ont pesché lesdits viviers es f ossés en l' an 1635 et qu' ils ont rompu les chaussées 40 sans qu'il soit esté a son pouvoir d' en prouficter pour les années

suivan-tes finies a septembre 1636 et 1637 41 .

22. - 1636

Description du gaignaige de la Coue : Des viviers et fossez de floranville relaissez par Messeigneurs de la Chambre des comptes pour neufz ans.

Du gaignage de la Cour de Florenville duquel la déclaration sensuit :

Premierement la place et fossez de la dite Cour, sur laquelle il y a maison,

grange et estableries, roier la rivière, Ie grand preiz, et terres dudit gaignage, contenant environ quattre jours de terre. Une piece de terre a la sortie du villaige de floranville appellé Ie champ boucquin, roier Ie routis de Martué d'une part et Ie grand preiz d' aultre, aboutissant au dit villaige d'ung costel et terres dudit gaignage d'autre ( ... ). Item une piece de terre appellée Ie champ de la Coue, roier

ledit routis de Martué, d'un costel et les dis fossés d' aultre, aboutissant d'une part audit routis et terre dudit gaignage d' aultre ( ... ) 42

23. - 1636, 24 avril

Nouvelle visite de la ferme de la Coue.

Rien de bien différent par rapport aux visites de 1622 et 1624, sinon :

Les murailles desdites maison et grange consistant en trois pignons, chacun desquels contient 15 toises.

Item deux lairesses dont celle du devant contient 11 toises et celle du deriêr 14 toises.

38 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2076. 39 Ibid.

41 Chaussée : au XIIIe s., élévation de terre servant à retenir !'eau, <ligue; P.

RoBERT,

Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Paris, S.N.L., 1967, p. 266.

41 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2078. - Le document énumère toutes les terres du gaignage, qui totalisaient environ 21 hectares.

42 A.G.R., Chambre des comptes, n° 6133.

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20 LES SOURCES HISTORIQUES

Item en séparation des bastimens dont celle de l' allée séparant la cuisine est seulement eslevée jusque a la traveure contient six toises celle séparant le poisle

une toise et celle separante une chambrette pareillement 1 toise.

Faisant en tout 78 toises, chacune desquelles en raiage de terre, manmuvres et Jaçon, joint ce qui peut estre du transport de ladite terre et des pierres prinses

sur le lieu peut valoir 30 sols f aisant en tout 117 florins.

La couverture desdits bastimens est de lattes et eschannes contenant en tout

56 toises, chacune desquelles requiert environ 26 lattes et 2 cents et demy d' eschan

-nes, dont le cent de lattes vault 14 sols et le millier d' eschannes 40 sols et sur ce

que les lattes de la dite couverture ne sant clouées en rapportant les unes aux aultres

que d' ung clou chacune le tout monte a 39 florins et 18 sols.

A ladite couverture con vient y emploier ung millier d' eschannes ( ... ) 43

24. - 1633, le 19 octobre

Les officiers et féodaux des prévótés de Chiny, Etalle et Seigneurie de Florenville certifient que le lieu de Florenville porte tiltre de seigneurie de sy longtemps qu'il n' est mémoire du contraire; qu' outre le village dudit florenville et celluy de Martué qui en despend, y a maison ou chateau seigneurial entouré de

trois Jossés présentement en ruine appellé la Cour de Florenville ... 44.

25. - 1685, 16 février

Le lieutenant-prévót Nicolas du Chesnes procède à une enquête sur la

jouissance possessions, et usages de leurs droits et privillèges repris dans l'aveu et

dénombrement qui précède.

Henri du Mont, ancien maire de Martué en la seigneurie de Florenville,

agé d' environ 64 ans, déclare que << la seigneurie de Florenville est distincte de

la prévosté [de Chiny] et pour marque de ce se trouve en icelle ( ... ) un lieu destiné

pour le signe patibulaire quy est sur le ban de Martué ... >> 45•

26. - 1757, 4 avril

Le receveur des domaines met, comme chaque année, les parties des domaines de Sa Majesté aux enchères. Il est dit que le locataire de la masure

et de la partie des fossez de l' ancien Chateau de la Cour sera tenu (ainsi que les

autres fermiers à l' égard des prairies, ou des terres réduittes en même nature), de

les nettoier des ronces, d' épines, et des buissons ,et a fin de terme, de les relivrer

43 A.G.R., Acquits Ch. des comptes, n° 2078. - Il ressort manifestement de cette descrip-tion que les murs étaient construits en colombages et torchis, et la couverture du toit en bardeaux (cf. note 36, p. 17).

44 Ce texte nous a été communiqué par son détenteur, M. A. Leroy (Chiny), que nous remercions vivement. C'est un extrait d'une « Coppie d'Attestation des officiers des prévosté de Chiny Estalle et seigneurie de Florenville touchant les patentes desdict officiers au regard de la dicte seigneurie. Daté et signé par Jean Bequinet, greffier.

45 A.G.R., Acquits Chambre des comptes, liasse n° 3002. - Le gibet est un signe du droit de haute justice, il devait probablement se trouver près du chateau des seigneurs, et il est intéressant de noter ici qu'on le dit « sur le ban de Martué », comme le chateau.

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LES SOURCES HISTORIQUES 21

de même sans qu'il luy soit permis de toucher a aucun chênes, chenaux, Jauels, ni charmes qui sant exceptés ei réservés par les présentes à la disposition de Sa Majesté 46

On met aussi aux enchères, à partir de ce moment, la paisson et glandée

du bois dit Ie chateau de la coux.

27. - 1786, 10 juin

Le capitaine-prév6t procède à une enquête dans un procès en reconnais-sance de paternité intenté par Elizabeth Willeme, la fille du meunier, à Nicolas Lejeune.

Le témoin Jean-Baptiste Thiry dépose qu'il y a environ deux ans qu'il a vu la fille du meunier se pramener un jour pendant l' été vers les dix heures du soir, avec un nommé Balbeur ( ... ) dans les prés de la Coue, revenant du cóté du petit bois de la caue 47

28. - 1787

Le bois du chateau de la Coux consiste dans l' emplacement du vieu Chateau de la Coux, de la grandeur d' environ 4 arpents, situé entre le vilage de flarenville et celui de Martuay, parmi les ruines, et sur les Jossés de ce chateau sant crûs quelques arbres en essence de Chêne, et de hêtre, ainsi qu'une raspe en bois blanc et en charmes. 4e année de recroissance, ce bois aïant été coupé en 1783 d' après l' authorisation des Seigneurs de cette chambre 48.

29. - 1788, 31 janvier

Jean-Baptiste Adnet renonce à la jouïssance des Jossés du vieux chateau de la Coulx 49

30. - 1891

Lorsque Tandel compose ses << Communes Luxembourgeoises >> le

sou-venir du chateau et de ses ruines était encore vivace parmi les anciens Floren-villois.

Les Sires de la Coue 50 habitaient un manoir construit sur la rive gauche de

la Semois à la limite du territoire actuel de Florenville et de Lacuisine, au lieu dit actuellement encore << la Coue >>. Il était entouré de fassés qui l'isolaient et

rece-vaient les eaux de la Goutelle ou Fontaine. On en voyait les ruines jusqu'il y a une trentaine d' années, et les anciens du village indiquent encore l' emplacement du gibet 51

46 A.G.R., Acquits Ch. des comptes. n° 2090. 47 A.E.A., Prévoté de Chiny, Procédures. 48 A.G.R., Ch. des comptes, n° 6190. 49

A.G.R., Acquits Ch. des comptes, liassen° 2105.

50 TANDEL, Les Communes luxembourgeoises, 111, Arlon, 1891, p. 924, notice du docteur Jacques sur la commune de Florenville.

51 Sur la foi de JEANTIN, Les chroniques de l'Ardenne et des Woëpvres, I, Paris, 1851, p. 363 - dont on connaît les inexactitudes et les fantaisies - , Ie docteur Jacques évoque une première famille des seigneurs de Florenville, les « sires de la Coue ». Jules Vannérus (lettre

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22 LES SOURCES HISTORIQUES

3. Conclusion.

Bien avant que les fouilles du chateau des seigneurs de Florenville appor-tent la preuve de son existence, sa localisation était nettement établie par les documents d' archives.

Le texte de 1273 (Doe. 1) assure la première mention topographique

connue. La maison a été établie devant un terrain dont la super:ficie correspond à celle de la parcelle qui portera, au moins à partir de 1532 (Doe. 14) jusqu'à nos jours, le nom de Grand-Pré (fig. 5, n° 7) 52. La situation à cöté du Jardin

- actuellement La Rosière - y est également reprise (fig. 5, n° 9) 53 . Si le

toponyme actuel de La Coue désigne l' emplacement des ruines, il n'en a pas toujours été ainsi (:fig. 5, n° 3) 54Le terme apparaît pour la première fois en

1592 (Doe. 16) et dé:finit les terrains compris entre l'ancienne route, aujourd'hui disparue, de Florenville à Martué et les fossés de La Court, qui désignent !'emplacement du chateau (fig. 5, n° 1) (Doe. 17, 24). Le texte de 1599 (Doe. 17) exprime très clairement la situation du chateau dans la topographie géné-rale : ... une vieille place ( ... ) scitues entre Florainville et Martuez ....

Le paysage témoigne à son tour et confirme les textes (:fig. 5). Le vivier encore visible au nord-ouest des ruines est cité au moins à partir de 1523

(Doe. 12), puis durant tout le XVIIe siècle (Doe. 15, 21, 22) (:fig. 5, n° 2).

Situé entre ... la rivière (Semois) d' une part et le routy dudit Martuel d' autre part ... (Doe. 16), il touchait également au Circuit de la Cour. Ce ... circuit

de la maison avec les fosse a lentour ... (Doe. 16) que révèlent maintenant en-core quelques dénivellations rectilignes est cité depuis 1273 (Doe. 1). Ces fossés sont renseignés encore au XIVe siècle (Doe. 4) et puis du XVIe au XVIIe siècle (Doe. 12, 15, 16, 20, 21, 22, 24, 26, 29). Si on ajoute à cela qu'il

du 23 mars 1954) a établi la généalogie de cette familie, qui tirait son nom du village de Wahler (Grand-duché de Luxembourg, à environ 15 kms à l'ouest de Luxembourg), et n'avait absolument rien à voir avec notre Coue ni avec Florenville.

Il est intéressant de rapporter ici, à titre documentaire, une « légende qui avait cours jadis dans Ie pays au sujet de la grande donation du comte de Chiny aux communes du comté : Ie chateau de la Cou était occupé par Ie frère du comte de Chiny, lequel, pour capter la fortune de son frère, lui avait fait subir l' opération pratiquée sur les gardiens du sérail. Arrivé à un certain age et se rendant compte de sa fächeuse condition physique et de la méchanceté de son frère, il aurait donné aux communes formant l'ancienne gruerie de Chiny, les droits usagers dans la forêt de ce nom, droits actuellement abolis par suite du partage de la dite forêt entre les communes usagères. (Note de M. Collard, secrétaire communal à Florenville, 1889) ». (T ANDEL, op. cit., p. 1038, v0 Lacuisine).

Il semble qu'il y ait une confusion entre la modeste source dont les eaux coulent dans Ie vivier du chateau, et Ie ruisseau « de la Goutelle ou Fontaine » qui alimente Ie lavoir public, au-dessus du moulin. 52 Cf. note 12, p. 12. 53 Cf. ibid. 64 Cf. note 31, p. 16.

(24)

LES SOURCES HISTORIQUES 23

ne se trouve en aultre endroit nuls [viviers et fossés] que ceux estant joindant de la

Jort maison (Doe. 15), on comprendra que ces éléments suffiraient à localiser

le chateau.

D' au tres détails encore explicitent la topographie. Le routy de martuel

devait selon les documents d' archives passer à proximité de l' ancien vivier du

chateau (Doe. 16 c); la photo aérienne révèle en effet ce tracé primitif de la

route Florenville-Martué (fig. 5, n° 4).

Si en 1273 (Doe. 1), les seigneurs de Florenville appellent leur résidence :

une maison, les hourds et fossés qui la défendent déjà à cette époque ne peuvent

iaisser planer de doute sur la signification exacte du terme, que l' on retrouve

ct'ailleurs encore en 1592 (Doe. 16) et 1654 (Doe. 24). Le texte de 1285 (Doe. 2)

est plus explicite et emploie chastel. D'autres termes évoquent la forte maison

(Doe. 4, 5, 15), le chateau (Doe. 3, 17, 24, 26, 28, 29), la place (Doe. 9, 10, 11,

13) ou encore la forteresse (Doe. 6, 7).

A partir de 1532, on retrouve les termes de la court ou la Cour pour

indiquer !'emplacement du chateau (Doe. 14, 16, 17, 20, 21, 22, 24, 26), alors

que la Coue était réservé au champ qui y touche (Doe. 16, 22) 55. Les textes

tardifs font souvent la confusion entre les deux termes, mais jusqu' en 1636,

au moins, les deux termes sont employés conjointement dans les mêmes

textes avec leur désignation respective (Doe. 166, 22).

Les renseignements sur la fin du chateau sont plus précis; la forteresse

tombe avant le 6 mai 1521, sans grands combats car elle ... n'estoit pas tenable

(Doe. 10, 11, 12). Robert II de la Marck, seigneur de Sedan, de Florange, de

Jametz, de Florenville, de Bouillon, etc ... surnommé le << Grand sanglier des

Ardennes >> ou << Robert le Diable >> perd ainsi Florenville. Après avoir dû

abandonner son chateau de Logne le ler mai 1521, il perdra encore

Messin-court, Florange, Saulcy et enfin la forteresse de Bouillon. T ous ses biens sont

confisqués par Charles-Quint, dont il avait été l'allié en 1518, avant de passer,

pour son malheur, au service de François Ier, le 12 février 1521.

Le chateau de Florenville est certainement démantelé peu après sa prise.

En 1523 déjà, il est ... a présent a ruynes ... (Doe. 12); en 1568, il est en ruyne

de longtemps ... (Doe. 15) et en 1599 c' est ... une vielle place de loingtemps ruines

par les guerres . . . ou encore un . . . vieil chasteau ruines . . . depuis plus de

... quattre vingt ans ... (Doe. 17). Cette dernière précision confirme la date

de la prise du chateau et de sa destruction peu de temps après.

Les murs démantelés jonchent de leurs débris l' emplacement de la

vieille forteresse; d'accès difficile à cause des fossés, le terrain est, en outre, de peu de qualité pour l'agriculture; ceci suffit à expliquer les difficultés de

location du receveur des domaines impériaux qui n'en ... f aisoit point de

proufitz ... (Doe. 12, 13, 15, 20). Cette situation dure pendant, tout le XVIe

(25)

24 LES SOURCES HISTORIQUES

Fig. 5. - Photo aenenne du site - interprétation historique, toponymique et

topo-graphique. (Photo Force Aérienne).

1. La Cour (1532) - emplacement du chateau

2. traces de !'ancien vivier 3. La Coue ( 1592)

4. traces des fossés bordant l'ancienne route, aujourd'hui disparue, Floren-ville-Martué (1592)

5. route actuelle Florenville-Martué 6. site d'habitat gallo-romain

7. Le Grand-Pré (1532)

8. La Queue de la Lente

9. Le Jardin (1273) - actuellement La Rosière

siècle, mais le 26 août 1599, le receveur Baudouin "de Monflin prend lui-même en location ... la place de loingtemps ruinez ... (Doe. 17). Le nouveau locataire doit, aux termes du contrat, ériger à l' emplacement du chateau une ... maison,

(26)

LES SOURCES HISTORIQUES 25

grange et establerie... . Le motif de cette obligation apparaît clairement dans

le texte : ... il se pourra servir et aider des pieres et matériaux qui se retrouveront

sur ledit lieu . . . le terrain sera ainsi nettoyé et pourra plus rapidement être

livré à la culture. Le petite exploitation paraît avoir été construite bien avant

1622, date à laquelle les documents signalent plusieurs restaurations (Doe. 18).

Les fossés ne sont toujours pas comblés en 1636 (Doe. 21, 22), mais en

1654 (Doe. 24) ils le sont partiellement, trois sont cités sur les quatre. En

1757, la ferme est décrite comme masure, sur le terrain croissent ... ronces,

épines et buissons ... de même que des chênes (Doe. 26, 27, 28). C'est au cours

du XVIIIe siècle que les fossés ont dû être comblés. A partir de 1 757, les

documents mentionnent le bois du cháteau de la Coux (Doe. 26, 27, 28).

Au XIXe siècle, le souvenir du chateau se survit (Doe. 30).

La forteresse de Florenville appartenait manifestement à des seigneurs

tenant, tout au moins au début de l' existence de la seigneurie, un rang

im-portant.

Il faut se rappeler que le mariage d'Othon et d'Isabelle unissait deux

puissantes familles, les Trazegnies et les comtes de Chiny. Les alliances de ces

familles, leur ascendance, le prouvent à suffisance.

La seigneurie de Florenville, au moment de sa constitution, était

relative-ment étendue : Florenville, Martué, Chassepierre et ses hameaux,

Sainte-Cécile, Fontenoille, Mortehan avec Auby et Cugnon, territoire baigné dans

toute sa longueur par la Semois, ce qui constituait certes une situation des plus

favorable dans le comté de Chiny.

Malheureusement, la seigneurie fut démembrée dès la seconde

généra-tion. Cependant, elle conserva tout au long de son existence un statut tout

particulier, qui lui vint certainement de ses origines. Statut <lont il est encore

difficile d' évaluer exactement l' importance, mais qui est incontestable.

Il est sans doute excessif de <lire que la terre de Florenville ( ... ) ne f aisoit

pas partie du comté de Chiny (mais qu') elle appartenoit en toute souveraineté aux

seigneurs du dit Florenville et ensuite de la Maison de la marque ... comme le

prétendait, en 1717, le prince de Loewenstein-Wertheim, seigneur de

Chasse-pierre et descendant des la Marck 56 ou, comme l' écrivait la Gazette Th.

Renaudot en 1631, à la date du 6 novembre, que Florainville est une souveraineté

particulière ou le maréchal de la Force poursuivit le colonel Mars 57

Mais de très nombreuses mentions attestent que Florenville était une

seigneurie à part 58, une ancienne seigneurie qui a eu de tout temps ses exemptions

56 A.G.R., Jointe des terres contestées, liasse 479, art. Ier, n° 7.

57 Paris, Bibliothèque Nationale.

(27)

26 LES SOURCES HISTORIQUES

particulieres 59

, une seigneurie distincte de la prevosté de Chiny 60 et jouissait

d'un statut privilégié qui la rendait sans doute indépendante du comté de

Chiny 61

59 Le receveur des domaines lui-même, A.G.R., Ch. des comptes, en 1743. 6

' A.G.R., Acquits de la Ch. des comptes, liasse 3002, 28 mai 1753.

61

Peut-être un alleu plus ou mains souverain, selon M. le Professeur L. Génicot (lettre

du 23 mai 1967). Voir aussi la notice établie par M. Marcel Bourguignon, conservateur des

archives de l'Etat à Arlon, à l'intention du Conseil héraldique, pour l'attribution d'armoiries

(28)

(

IV. LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES

Aucune représentation iconographique du chateau des seigneurs de Florenville ne nous a été conservée. Tout au plus peut-on mentionner une carte tardive indiquant l' emplacement de la fortification.

- 1777 (fig. 6).

Carte chorographique des Pays-Bas autrichiens y compris les principautés de Liége et de Stavelot, par le comte de Ferraris. Feuille 163 (Conserv. Bibl. royale de Belgique, Bruxelles : sect. cartes et plans).

L'emplacement du chateau est signalé par un bois avec la mention ASM-A sa Majesté - .

La situation de ce bois dans une boude de la Semois et sa forme géomé-trique régulière ne laissent planer aucun doute quant à son identification avec

!'emplacement du chateau de la Coue. Depuis la chute de la forteresse en 1521

(Doe. 10, 11), les biens du seigneur de Florenville et les ruines du cháteau ont été confisqués par Charles-Quint. C' est ainsi que les comptes du receveur des domaines impériaux des Habsbourgs d'Espagne, puis à partir de 1713,

des Habsbourgs d' Autriche, mentionnent régulièrement les revenus de ces terres. De là vient la mention : << A sa Majesté >>.

En 1757 (Doe. 26), des arbres croissent à l' emplacement des ruines :

chênes, hêtres et charmes forment le bois dit chateau de la coux. Ce bois est également attesté par des documents en 1786 (Doe. 27), puis en 1787 (Doe. 28).

On y apprend que les arbres ont été coupés en 1 783, et lorsque le comte de Ferraris a levé ses cartes, soit avant 1777, il a clone encore pu vair le bois de la Coue et l' a consigné dans ses feuillets.

(29)

28 LES SOURCES ICONOGRAPHIQUES

Fig. 6. - Carte de Ferraris (1777) - Ie site du chateau envahi par Ie« bois de la Coux »

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