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Tavigny Saint-Martin. Lieu de culte romain et médiéval

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(1)

TAVIGNY SAINT-MARTIN

LIEU DE CULTE ROMAIN ET MÉDIÉVAL

(2)

Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par le

Service national des F ouilles, Pare du Cinquantenaire 1

1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen,

Jubelpark 1 1040 Brussel

(3)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

126

J.

MERTENS

et

A. MATTHYS

TAVIGNY SAINT-MARTIN.

LIEU DE CULTE

ROMAIN

ET MÉDIÉVAL

BRUXELLES

1971

(4)

1 1 1 1 1 1 INTRODUCTION

<< Le Cercle Segnia >> se propose de réunir, avec la collaboration du<< Service national des Fouilles >>, un petit nombre d'étudiants belges et des pays limitrophes de la Belgique pendant une quinzaine de jours - du 1 er août au 15 août 1964 - en vue de faire l'étude d'un site archéologique récemment repéré en Ardenne belge.

Sur le plan scientifique, ce petit rassemblement international sera placé sous la direction du Service national des Fouilles et plus spécialement de Monsieur

J.

Mer-tens, conservateur au même Service et professeur à l' Université de Louvain. Ce faisant, notre but est de favoriser des contacts entre étudiants et futurs maîtres en archéologie dans Ie cadre de l' Europe et plus particulièrement de nos pays d'Occident, de donner à ces mêmes étudiants l' occasion de pratiquer des travaux de fouilles et de se farmer à l' observation archéologique. Pour nous-mêmes, nous pourrons trouver dans les travaux et études envisagés une ample satisfaction comme aussi dans la mise en valeur du site choisi et encore inédit. Pour chacun enfin, organisateurs et participants, il y aura Ie plaisir de faire connaître et de découvrir nos sites historiques de l' Ardenne belge >>.

Ainsi s'exprimait le secrétaire du Cercle archéologique de Houffalize Segnia, dans une circulaire datée du 24 février 1964 et envoyée aux recteurs et professeurs d' archéologie des universités de Belgique et de quelques pays vo1sms.

Ce fut le début d'une aventure qui, au fil des ans, s'avérait être une très heureuse initiative, et qui connaît un remarquable succès.

Certes, l'idée de << stage archéologique >> n' était pas nouvelle : plusieurs chan-tiers de fouilles accueillirent et accueillent encore des jeunes et des moins jeunes, désireux d'occuper leurs loisirs joignant l'utile à l'agréable en s'adon-nant à ce nouvel hobby qu'est devenu << l'archéologie militante>>.

Cependant la fouille de Mont-Saint-Martin Tavigny, car c'est de ce site qu'il s'agit dans la circulaire de Segnia - inaugura dans notre pays la série des camps archéologiques, vrais cours pratiques réservés aux étudiants uni-versitaires se spécialisant dans cette branche.

Pareille formule de travail présente le grand avantage de mettre les étudiants en contact direct avec le monument, de transposer en pratique les éléments théoriques du cours et de créer des contacts entre spécialistes permettant la confrontation de méthodes de recherches parfois diverses; bel exemple

(5)

-Il

6 INTRODUCTION

également de collaboration entre services officiels, universités et chercheurs locaux trop souvent isolés et délaissés.

Depuis lors, des dizaines d' étudiants ont suivi ces cours et c' est avec une réelle satisfaction que nous avons pu constater que plusieurs d' entre eux ont continué sur leur lancée, participant à des fouilles tant en Belgique qu'à l' étranger.

* * *

Le site choisi- Saint-Martin ou Mont-Saint-Martin- , commune de Ta-vigny, présentait le grand avantage d' être pratiquement intact; jamais fouille n' avait eu lieu en eet endroit à part quelques grappillages faits en 1944 du-rant l' offensive des Ardennes par un soldat allemand qui mit au jour des restes de fondations.

Le site était entouré de légendes : lieu de culte et jadis endroit considérable, le village aurait été détruit par les Huns, les Sarrasins ou les Normands, décimé par la peste en 1636... L' église daterait de 1005 ! Dans les fagnes entourant Saint-Martin se trouverait un puits abandonné ...

Jusqu'il y a une dizaine d'années, quatre hêtres magnifiques et séculaires veillaient sur le hameau endormi. L'un d'eux fut déraciné par une grosse tempête et le petit fragment de tuile romaine, serré entre les racines, révéla à M. Meunier, qui visita l'endroit en septembre 1961, toute l'importance historique de l'endroit. Nous-mêmes avons poussé jusqu'au Mont-Saint-Martin au printemps 1962, dans le cadre d'une reconnaissance générale de la région et ayant l' intention de fouiller les grandes tombelles s' élevant un peu plus à l' est, à la limite des communes de Tavigny et de Limerlé. Ce dernier pröjet n'ayant pu être réalisé, les vestiges de Saint-Martin furent retenus comme objet de fouilles pour 1964.

Les recherches furent eff ectuées en trois campagnes : la première eut lieu du 8 au 22 août 1964 et groupa 14 étudiants; la seconde, du 2 au 15 août 1965 en compta 12 et la troisième, du 31 juillet au 13 août 1967, 20. Dans l' ensemble, les participants provenaient des universités de Lille, Nimègue, Leyde, Gand, Liège, Namur et Louvain.

Avant de présenter le rapport de ces recherches, je m'en voudrais de ne pas signaler ici la collaboration efficace et l'aide bénévole des membres du Cercle Segnia parmi lesquels j'aimerais nommer Messieurs Le Maire, président, Alié, Contet, ... sans oublier l'actif secrétaire M. Meunier; ce sont eux qui se sont toujours chargés des préparatifs pratiques, des autorisations néces-saires et même du défrichement préalable du terrain, nous offrant le site comme sur un plateau d'argent. Une mention spéciale doit être faite pour

.

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1

(6)

-A. Contet qui tout en participant activement aux fouilles, s' est surtout oc-cupé du travail ingrat mais indispensable de l'installation des camps et de l'intendance. Je remercie également le conseil communal de Tavigny qui dans sa séance du 27 décembre 1963, sous la présidence du bourgmestre Annet, accorda l'autorisation de fouilles.

Ce$ dernières purent être réalisées grace à l' aide financière du Service natio-nal des F ouilles dont je tiens à remercier le directeur H. Roosens, ainsi que celle du Séminaire d'archéologie de l'université de Louvain (K.U.L.).

Après ces trois campagnes de fouilles, l' essentiel du Mont-Saint-Martin a été dégagé; les travaux mirent au jour les vestiges d'un Janum gallo-romain; ce sont ces ruines qui avait été choisies pour y établir une petite nécropole du haut moyen age. C' est à eet emplacement aussi qu' ont été découverts les fondations d'une petite église entourée de son cimetière ainsi que les restes d'un habitat médiéval (fig. 1). Outre les vestiges dégagés, il reste encore quelques ruines éparses aux alentours, cependant sans beaucoup d'intérêt apparent (fig. 4).

Le site attend maintenant son aménagement définitif, aménagement destiné à mettre en valeur ces humbles vestiges, ces restes perdus d'un petit hameau et d'un lieu de culte ou, pendant des siècles l'homme a vécu, a prié en invoquant les dieux gaulois, le panthéon romain et le bon saint Martin1

1 Les fouilles effectuées a Tavigny ont été signalées dans Archéologie, 1964, 86-87; 1965, 75- 76, fig. 8 et 1967, 80, ainsi que dans la chronique Fouilles et découvertes de la revue Ardenne et Famenne, VII, 1964, 72; VIII, 1965, 84-85 et X, 1967, 29-30; cf. également

(7)

8 INTRODUCTION

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Fm. 1. - Vue générale de la zone centrale des fouilles avec la chapelle à l'arrière-plan, les traces du Janum et l'énigmatique bätiment circulaire (voir plan I)

(8)

La commune de Tavigny (arr. de Bastogne) est située dans la partie nord-est de la province de Luxembourg. Elle touche aux communes de Houffa-lize et Mabompré à l'ouest, de Cherain et Limerlé au nord, de Longvilly, Mont et Noville au sud. Elle est limitée à l'est par le Grand-Duché de Luxem-bourg. Elle est entourée de ses hameaux et dépendances dont les plus impor-tants sant Buret et Boeur au sud, Steinbach et Ceturu au nord (fig. 2).

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FrG. 2. - Localisation topographique du site de Saint-Martin.

Au nord de la commune, au milieu d' étendues boisées et de plantations, au croisement des vieux chemins menant de Ceturu à Buret et de Stein-bach à Tavigny, à quelques 2 km 500 à vol d'oiseau du centre de la com-mune, se trouve le lieu-dit Saint-Martin; situé sur une petite éminence entre les cotes 495 et 500, ce site est un des points culminants de la région. Dominé par trois hêtres, ce lieu est un terrain inculte ou poussent broussailles et petits arbustes ; des amoncellements de pierre sont encore visibles et té-moignent d'un établissement ancien (fig. 3). C' est sur la parcelle sect. B n° 833 que furent découverts les vestiges qui font l' objet du présent rapport.

(9)

10 CADRE TOPOGRAPHIQUE

Fig. 3. - La zone de Saint-Martin après un premier défrichement et avant les fouilles.

853

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FrG. 4. - Extrait du plan cadastral de la commune de Tavigny; les zones hachurées marquent les vestiges d'habitat.

(10)

Frc. 5. - Photo aenenne verticale du site de Saint-Martin prise avant les fouilles (4.2.1957); 1 : zone fouillée, 2 : ruïnes

(11)

12 CADRE TOPOGRAPHIQUE

FrG. 6. - Photo aérienne oblique de la zone des fouilles, prise du N.E. (mai 1964). (Photo Min. D.N.; i;;ubl. autor.). Des traces d' au tres bàtiments sant encore visibles plus au nord dans la parcelle ainsi que dans la partie inférieure de la parcelle 85ln2 (fig. 4); ces endroits incultes et recouverts de broussailles se découpent dans les champs environ-nants mués actuellement en plantations de résineux. Une autre trace, visible sur la photo aérienne, révèle un bàtiment à deux corps dans la partie supé-rieure de la parcelle 853°1 (fig. 4, 5 et 6).

Le site de St. Martin a été repéré depuis longtemps déjà et la tradition y

situe un village important. Les dénominations les plus anciennes de ce lieu-dit qui sant conservées <latent du XVIIe siècle : elles concernent une Haute Cour du Mont St-Martin exercant droit de justice <lont dépendait entre autres

Goniprez 1

. En 1759, il est encore fait mention d'une Cour du Mont St-1 Les notes de F. Bourgeois (t) mentionnent des extraits d'actes dont le lieu de conser-vation est aujourd'hui imprécis. Nous tenons à remercier Monsieur Geubel de nous avoir transmis ces renseignements (16/6/70).

1640 - mayeur ... de la Hte Cour de Tavigny et Mont St Martin 1641 - ... justice de la Hte Cour de Tavigny de Mt St Martin 1645 - mayeur et justice de la Hte Cour en Mont ...

(12)

Il

Martin exerçant le droit de moyenne et basse justice 1. Parmi les dénomina-tions modernes, on trouve: les deux hêtres de St. Martin, le village St. Martin

et St. Martin. L'ancienneté du site est elle-même confirmée par la tradition: Tavigny aurait été un village détruit par les << Sarrasins >> vers le VIIle siècle 2, ou encore par les invasions du IXe siècle 3

• La tradition orale rapporte

égale-ment un abandon brutal du site par suite d' une peste qui avait ravagé la population. Les quelques survivants abandonnèrent leurs maisons et se

réfugièrent dans les villages et hameaux avoisinuants: Boeur, Ceturu,

Goni-prez. Quoiqu'il en soit de ces causes de destruction, ces mentions sont le

signe d'une haute tradition.

1 E. TANDEL, Les communes luxembourgeoises, Arlon, IV, 1891, 157. 2 E. T ANDEL, ibid.

3 D. GurLLEAUME, L'archidiaconé d'Ardenne dans !'ancien diocèse de Liège, Bulletin Soc. art et hist. diocèse de Liège, XX, 1913, 157 et note p. 103.

(13)

14 CADRE TOPOGRAPHIQUE l 67XIV 1 67! ssVI 0

Bi

E1

(14)

1 I

I.

Le temple gallo-romain (bätiment A) (plan 1).

A. DESCRIPTION DES VESTIGES.

Les fouilles ont permis de dégager les restes cl' un petit f anum de type classique à cella presque carrée entourée d'une galerie s'appuyant sur un stylobate de même plan 1

.

Orientée N.0.-S.E. selon un axe de 142° 2

, la cella a une longueur - extra muros - de 9,15 m au S.O. (larg. mur: 90 cm) comme au N.E. (larg. mur:

115 cm) et une largeur de 7,5 m au N.O. (larg. mur: 95 cm) et de 7,55 m au S.E. (larg. mur: 100 cm). Généralement en mauvais état de

conserva-Frc. 8. - Vestiges du temple : au centre Ie mur de la cella, au premier plan la trace du stylobate 4.

1 Pour la terminologie, cfr. A. GRE IER, Manuel d' archéologie gallo-romaine, III, 1, 1958, 387.

(15)

16 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES - ] M

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FrG. 9. - Coupe schématique du mur de la cella.

tion (fig. 8), les murs de la cella subsistent néanmoins partiellement en un endroit ou ils ont été réemployés dans une construction tardive : à eet en-droit en effet ils sant recoupés par le mur 49 1 de l'annexe de la chapelle médiévale auquel ils servaient d' assise. Cette circonstance particulière permit de distinguer trois murs superposés ayant formé la substruction de la cella

(fig. 9 et 10): le mur de fondation l repose dans une tranchée large de 90 cm, creusée dans la tête de roche schisteuse; conservé de -229 à -319, il est édifié en lits superposés de dalles de schiste et de quartz posées de chant et en épi 2

• D'une hauteur uniforme de 90 cm, il est en maçonnerie sèche, seule

la partie supérieure a reçu une couche de mortier gris et dur. Le mur 2, large de 76/80 cm est conservé de -175 à -229; à ce niveau il s'appuye sur la fondation l avec un ressaut de 21 cm marqué vers l'intérieur de la cella;

haut de 54/55 cm, il est construit en moellons noyés dans un mortier gris et dur, appareillé sur les deux faces au moyen de dalles de schiste posées à plat et rejointoyées (fig. 11). Le mur 3, d'une largeur de 60 cm est conservé de -136 à -175, élevé sur le mur 2 avec un ressaut interne de 10 cm et externe de 5 cm; le noyau du mur recèle un blocage de pierres noyées dans du mor-tier; il est revêtu d' un parement de bloes de schiste bien équarris.

1 Ces numéros sont ceux figurant sur les plans de fouille.

2 Tous les niveaux sont donnés par rapport au point O du terrain, situé à

+

230 par rapport à la borne IGM 22, dont Ie sommet se trouve à l'altitude 496, 76 m.

(16)

FrG. 10. - Coupe du mur de la cella.

La cella est séparée du stylobate par une galerie de circulation large de 2,75 m, sauf au S.O. ou elle atteint une largeur de 2,95 m.

Le stylobate 4 affecte la forme d'un quadrilatère long de 16,80m au S.O. (larg. mur : 90 cm) et de 16,80 m au N.E. (larg. mur: 82 cm), sa largeur au N.O. étant de 14,90 m (larg. mur : 120 m) et de 14,70 m au S.E. (larg. mur : 95 cm) ; ce mur de soubassement n' est généralement conservé qu' à l'état de tracesnégatives la partiesupérieure apparaissant entre -227 et -259. Seul l' angle est, conserve encore quelques assises de pierres de schiste posées de chant en maçonnerie sèche recouvertes au sommet de mortier gris et dur (fig. 11). La technique constructive du stylobate est clone identique à celle du mur de fondation de la cella. Le remblai de la tranchée de fonda-tion contenait, au N.O. dans les Tr. 64 II et 65 I, des restes importants de bois calciné.

(17)

18 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

FIG. 11. - Face externe du mur de fondation de la cella 2.

FIG. 12. - Angle est du temple 4 recouvert par Ie long cóté nord de la chapelle 13 et recoupé par les tombes 11, 41, 42, 43, 44.

(18)

B.

MATÉRIEL ARCHÉOLOGIQUE.

Tout le matériel archéologique provient de niveaux remaniés à l' époque médiévale.

Monnaie

1. (fig. 13). Inv. 65Ta30: (<< puits >> 5.)

Commode, Rome (185). Denier en argent.

Av: M COMMANTP / FELAVGBRIT, tête laurée à droite.

Rv: PM TRP XI IMPV / 11 cosvPP, Jupiter assis à gauche, tenant foudre et

sceptre.

D : 2,35g: 12. 1.

Cfr. H. MATTINGLY, E. A. SYDENHAM, The Roman Imperia! Coinage, Lon-don, 1923, type 117a; Coins of the Roman Empire in the British Museum,

London, 1923, type 182.

FrG. 13. - Denier en argent de Commode (1). (Ech.: 1/1)

Céramique

2. (fig. 14). lnv. 67Ta39 (tr. 67 XIV) : fragment de rebord d'amphore; páte jaune. Diam. ouv. : 18 cm.

3. (fig. 14). lnv. 67Ta12 (tr. 64 111) : fragment d'anse de cruche, bilobée; páte brun clair.

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FIG. 14. - Tavigny : matériel archéologique provenant du temple : céramique (2-5), bronze (6) (Ech. : 1/3).

1 Nous remercions Melle

J.

LALLEMAND, conservateur au Cabinet des Médailles de Bru-xelles d'avoir bien voulu identifier cette monnaie (11/3/70).

(19)

20 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

4. (fig. 14). Inv. 67Tal0 (tr. 67 II): fragment de rebord; pa.te beige fortement dégraissée, à engobe jaunatre. Diam. ouv : 12 cm.

Cfr. W. VAN VrNCKENROYE, Gallo-romeinse grafvondsten te Tongeren, Ton-geren, 1965, 38, pl. 13/19 (II c - d)1 .

H. BRUNSTING, Het grafveld onder Hees bij Nijmegen (II 6 - III d.). 5. (fig. 14). Inv. 65Ta31 (tr. 65 I) : fragment de rebord d'une coupe en sigillée Drag. 32. Pa.te orangée, enduit brun orangé brillant. Provenance : Est de la Gaule. Diam. ouv. : 22 cm.

Cfr. H. THoEN, De terra sigillata van Grobbendonk, dans Noordgouw, VII, 1967, 119, pl. 6/41 (II/III).

Métal

6. (fig. 14). Inv. 65Ta29 (tr. 65 I) : fragment de bronze doré. Long. : 4, 7 cm, épaisseur : 0,2 cm.

Ce fragment semble avoir appartenu à une statue drapée. Les traces im-portantes de dorure permettent de croire que ce fragment a appartenu à la statue d'une divinité 2

La technique de coulée du bronze semble être une cire perdue sur positif, le relief interne correspondant au relief externe.

Pierre

7. (fig. 15). Inv. 65Ta8 (tr. 65 II) : fragment architectonique mouluré, en grès3

, haut de 25 cm, se composant de haut en bas, d'un bandeau (haut. : 9,8 cm) séparé par un listel (haut. : 1,5 cm), d'une moulure en forme de talon renversé (haut. : 7 cm) ; cette moulure est séparée par un listel (haut. :

2 cm) d'un autre listel (haut. : 1, 7 cm; long. : 15 cm) encadrant la face antérieure et les cotés d'un denticule (larg. : 11 cm).

1 Toutes les datations fournies par la bibliographie sont indiquées entre parenthèses et

suivent immédiatement celle-ci. Les capitales indiquent les siècles, les minuscules les quarts de siècles.

2 G. GAMER, Fragmente van Bronzestatuen aus römische Militärlagern, dans Germania,

XLVI, 1968, 60.

3 Nous remercions M. M. Gulinck, du Service géologique de Belgique, d'avoir bien

voulu examiner cette pierre. Il s'agit d'un grès poreux, assez tendre, légèrement

brun-ätre, non calcarifère qui pourrait provenir d'une zone décolorée d'un grès bigarré (Bund-sandstein); formation que l'on rencontre en bordure de l'Ardenne, dans le Grand-Duché

de Luxembourg et dans l'Eifel. Les grès d'origine locale c.a.d. d'äge dévonien ou

(20)

La face supérieure est grossièrement équarrie au pic par des coups en croisillons. Une technique identique, quoique plus soignée, a été appli-quée sur la face visible. La face postérieure est détruite, de même que la partie inférieure; hauteur et largeur de l' élément architectonique ne peuvent clone être déterminées avec précision.

Une reconstitution est cependant possible gràce aux données de Vitruve 1 La hauteur du denticule doit être égale au double de sa largeur (11 cm) soit 22 cm. Cette hauteur est confirmée par la hauteur du double listel

surmontant le denticule, qui doit être le sixième de la hauteur de ce dernier, or ce listel a 3,6 cm.

L' espace compris entre chaque denticule ou metatome <levant comporter les 2/3 de la largeur du denticule, cette mesure devait être proche de 7,6 cm. Ce fragment découvert hors contexte dans un niveau médiéval, a vraisem-blablement appartenu à la corniche du temple. Une moulure identique, quoique de dimensions moindres, a été retrouvée à Elst; elle provenait du temple II de style corinthien, érigé peu après 70, sous Vespasien~2

FIG. 15. - Fragment de corniche ( ?) du temple, en grès (7) (Ech. : 1/10).

C. ETUDE COMPARATIVE ET CONCLUSIONS.

Bien qu'arasés pratiquement au niveau des fondations, les vestiges

con-servés permettent de reconstituer !'aspect général du temple: celui-ci s'élevait

vraisemblement sur un podium; constitué de schiste et de terre, le remblai de cette plate-forme était contenu par le mur de soubassement de la cella 2 et par le stylobate 4. Il est évidemment malaisé de déterminer la hauteur exacte du podium en considérant uniquement la hauteur conservée du rem-blai, des remaniements importants ayant été apportés lors des constructions

1 Vitruvius, De Architectura, III, 5, 11.

2

J.

E. A. BoGAERS, De Gallo-romeinse tempels te Elst in de Over-Betuwe, 1955, pl. 41/38

(21)

22 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

postérieures modifiant sensiblement les niveaux primitifs. La hauteur

conser-vée du mur 2 de la cella permet seule d'apporter une solution. (fig. 9):

le ressaut supérieur du mur 2 se situe à 168/ 1 70; la partie inférieure reposant

sur la fondation 1 se situe à -242, mais à -234 on trouve une couche de débris

de construction du mur 2 (fig. 9, b), cette couche bien horizontale s'appuye

sur le sol en place (fig. 9, c). La hauteur entre ce niveau de construction et

le ressaut supérieur peut clone indiquer une hauteur de podium, autour de la cella, proche de 60 cm.

L'on peut supposer que l'accès au podium se faisait par un escalier, comp-tant quelques marches.

Dans ces temples, la cella et le déambulatoire sont des éléments bien

dis-tincts : la cella est la demeure de la divinité, la galerie est réservée aux

fidè-les 1

; le culte se rendait dans l' enceinte du péribole, sur l' au tel situé <levant

les escaliers menant à la cella. Bien qu' aucun élément de l' autel n' ait été

retrouvé, on pourrait situer son emplacement sous l'autel du sanctuaire chrétien; situé dans l'axe longitudinal du temple, eet endroit pourrait

con-venir parfaitement, il n'est, de plus, éloigné que de 5,25 m du stylobate.

L'accès se faisant toujours par un petit cöté, dans l'axe longitudinal, et du

cóté de l'autel, l'entrée du Janum serait à placer au S.E.

Le seul fragment architectonique retrouvé ne permet pas de donner les

détails de !'aspect extérieur du sanctuaire. Trouvé - hors contexte - dans

un niveau médiéval, ce fragment de pierre moulurée pourrait bien avoir

appartenu au temple (cfr. fig. 15 n° 7); il s'agit d'un fragment de corniche

corinthienne comme celle qui entourait le temple II de Elst.

Par son plan simple, ses dimensions modestes, le sanctuaire de Tavigny

évoque irrésistiblement les petits f ana que l' on retrouve dispersés dans

toute la Gaule; il entre dans la série de sanctuaires découverts ces dernières

années en Belgique 2 tels Fontaine-Valmont I et II, Liberchies, Kontich,

1 VITRUVIUS, op. cit., 111 3, 3, 6, 8.

Site Cella 1 Stylobate Galerie (larg.) . atat1on 1 Orien- 1 D · tation Hofstade 7,10 X 6,75 730 Il cd-III ab Tavigny 8,68 X 7,40 16,50 X 14,50 2,75; 2,95 au S.O. 142° II -III Fontaine -Valmont I 8,85 X 7,40 16,30 X 15,20 2,95 78° I cd-Ill ab II 8,40 X 7,50 16,30 X

±

15 2,95 78° id. Kontich 11 X 14 17 X 20 2 81°

Liberchies 13 X 13 23 X 23 4,20 150° av. III d Tongres 13,65 X 16 24,90 X 35,10 3,90 X 4,10 X 5,60 162° II a-11 c

(22)

Tongres 1

; seul le temple de Hofstade présente un plan à cella unique 2. Les dimensions de ces temples sant variables, mais on relève une similitude chez certains d' entre eux, alors que l' état des vestiges - souvent de simples traces - et les irrégularités de la construction ne permettent qu'une approxi-mation.

Les proportions du Janum de Tavigny sant proches de celles de Fontaine-Valmont, tandis que la cella a des mesures identiques à celle du temple F 1 de Cornelimünster 3

• Cette similitude n' est, sans doute, pas fortuite et

ten-derait à démontrer l'utilisation de certaines constantes dans l'élaboration du plan 4

Quoique les vestiges archéologiques ne le précisent pas davantage, l' entrée du temple devait se trouver vers l' est, disposition conforme à celle de la plupart des temples gallo-romains de nos régions 5

• L' orientation S.E.-N.O. de Tavigny est conditionnée probablement par l'orientation générale de la plate-forme naturelle du terrain sans exclure toutefois l'influence possi-ble de certains éléments cultuels gaulois qui restent cependant des inconnues.

La chronologie de l' édifice est tout aussi difficile à préciser : en général, les édifices maçonnés apparaissent à partir du milieu du Ier siècle et se développent surtout vers la fin du Ier et le début du IIe siècle; le matériel archéologique, bien que trouvé hors contexte, situe l' occupation gallo-ro-maine de Tavigny aux IIe/IIIe siècles (cfr. tessons fig. 14, 4 et 5).

La divinité honorée dans ce f anum reste inconnue. Seul un fragment de bronze doré appartenant à une statue monumentale drapée aurait pu appartenir à la statue du culte (fig. 14, 6).

1 On consultera, pour les temples cités: (Fontaine-Valmont) G. FAYDER-FEYTMANS,

Le site sacré de Fontaine-Valmont, Mém. et Public. Soc. des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, LXXIV, 1960; (Liberchies) Archéologie, 1962, 56-59; 1964, 73; 1965, 60-61; (Kontich) Archéologie, 1966, 62-63; 1967, 53-55; (Tongres)

J.

MERTENS, Een romeins

tempelcomplex te Tongeren, Kölner Jahrb. Var- Frühgesch., IX, 1967/68, 101-106.

2 S.J. DE LAET, Een Gallo-Romeins heiligdom op de Steenberg te Hofstade bij Aalst

(Oost-Vlaanderen), Cult. Jaarb. Prov. Oostvlaanderen, 1, 1950, 240-270.

3 Cette cella mesure 8,68 x 7,40 m: E. GosE, Der Tempelbezirk van Cornelimünster, Bonn. Jahrb., CLV/CLVI, 1955/56, 177.

4 En supposant un pied de

±

30 cm, certaines mesures sont à noter : les murs ont une

largeur moyenne de 3 pieds (± 90 cm), de même la hauteur reconstituée du podium de la cella mesure aussi 2 pieds. La longueur de la cella est de 30 pieds (± 9 m), sa largeur

est de 25 pieds (± 7,50 m) soit la moitié de la largeur du stylobate (± 15 m).

5 Une intéressante statistique relative à l'orientation des temples carrés gallo-romains et

celle des << Viereckschanzen >> celtiques est donnée par K. ScHWARZ, Spätkeltische

Viereck-schanzen, 18 ]ahresber. Bayer. Landesamt. Denkmalpflege, 1960, 61. En Grande-Bre-tagne l'orientation la plus répandue se situe également à l'est, cfr. M.

J.

T. LEWIS, Tem-pies in Roman Britain, 1966, 32-33.

(23)

1

1

' ,

1

24 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Outre les vestiges du temple, on a relevé à l'angle 0. du Janum, une fosse rectangulaire 5 (plan I), d' 1,60 m sur 1,55 m, taillée dans l'argile schisteuse

jusqu'à -399. Ce << puits >> avait les parois tapissées de grandes plaques de schiste hautes de près de 65 cm. Le remblai était très diversifié : le fond était jonché de plaques de schiste recouvertes d'une couche d'incendie de 15 cm. Entre -250 et -370, il y avait surtout des pierres et du schiste, de même que quelques tessons médiévaux. Du niveau -283 provient une mon-naie de Commode (fig. 13, 1). Peu d'éléments permettent de dater cette fosse de l' époque gallo-romaine, les traces d' incendie qu' elle recelait sont cependant à mettre en rapport avec les traces identiques relevées dans le remblai du stylobate N. 0. ; de plus la situation près du temple peut-être caractéristique d'une favissa 1

. Le remblai médiéval indique sans doute un

remploi postérieur.

2. L'occupation médiévale primitive : la nécropole (plans

I

et II).

A. DESCRIPTION DES VESTIGES.

Une petite nécropole prirnitive implantée pour sa plus grande partie dans les ruines du temple gallo-romain, a été découverte près du sanctuaire chré-tien établi au moyen age.

Certains indices tels que l' orientation, le mode de construction et la situa-tion par rapport aux bätiments permettent de distinguer deux groupes d'in-humations antérieures à la construction de la chapelle.

Le premier groupe comprend les tombes 8, 11, 58 auquel s' ajoutent les tombes 12, 26 qui lui sont apparentées par l'orientation E.O.

La tombe 8, orientée à 93° par rapport au nord magnétique, creusée à -198, est recoupée par le mur sud 13 de la nef de la chapelle; elle est clone anté-rieure à celle-ci.

La tombe 12, à -185, orientée à 96°, est taillée dans la tête de roche comme la tombe 8 qu' elle recoupe; elle contenait les restes d' un jeune individu, les mains jointes sur le bassin, le chevet à l'E.

La tombe Il recoupée par la tombe 6 antérieure à la chapelle (cfr. infra),

était creusée jusque -253, les restes insignifiants du squelette ne permettant pas de déterminer l' orientation du défunt.

Recoupée par le mur nord 13 de la nef, la tombe 58 est aussi antérieure à l' implantation de la chapelle; aucun ossement n' était conservé.

1 On rencontre souvent des<< puits

>> de ce type près des temples. Cfr. e.a. M.

J.

T. LEWIS, op. cit., 44-45. 1 Il 1

.

....

Il

(24)

La tombe 26, à -182, était orientée à 87°; elle contenait le squelette d'un

enfant <lont la tête se trouvait à l'E. Cette dernière inhumation tout comme

la 12 ne sont placées dans ce groupe que par leur orientation identique. Le second groupe comprend les tombes 6, 7, 9, 10 orientées S.E.-N.O.

La tombe 6 est sans conteste antérieure à la chapelle; elle fut recoupée par

le flanc nord 13 du sanctuaire; orientée à 150° et délimitée par des plaques

de schiste dressées, elle est recouverte de dalles à -211; aucune trace de

l'inhumation n'a été conservée.

La tombe 7, à -192, orientée selon un axe de 164°, est recoupée par le mur

de chevet du sanctuaire et par l' au tel l 5; tapissée de dalles de schiste posées

de chant, cette tombe ne présentait aucune trace d'ossements (fig. 16).

Les tombes 9 et l O se trouvent hors de la zone habituelle des inhumations

autour de la chapelle - respectivement dans les batiments D et E, (plan Il)

- particularité indiquant sans doute qu' elles n' ont rien de commun avec

le sanctuaire chrétien.

La tombe 9 avait été construite avec un soin particulier : creusée dans la

tête de roche selon un axe de 162°, de -191 à -232, puis dans le schiste en

place jusque -283, elle avait les parois bien verticales; la partie supeneure

était entourée d'un muret de maçonnerie sèche; large de 78 cm, elle devait

(25)

26 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

avoir une longueur de près de 2 m (fig. 17). C' est sans doute lors de la con-struction du batiment E, dont les murs 85 et 78 recoupent la tombe, que celle-ci a été vidée de son contenu. Certains indices dans le remblai permettent de croire à une inhumation sous tombelle.

La tombe 10 située à l'entrée du bátiment D était orientée à 155°; le fond de la tombe, à -244, était tapissé de dalles de schiste; elle avait une largeur uniforme de 80 cm, la longueur n' ayant pu être déterminée. Les parois étaient délimitées par des dalles de schiste dressées, hautes de 60 cm.

(26)

B. CoNcLusrnNs.

Si sur la base de l'orientation, deux groupes d'inhumations peuvent être distingués, une chronologie relative pourrait être fournie par la tombe 6

qui recoupe la tombe 11 appartenant au premier groupe (orient. E.O.). Quant à la chronologie absolue, !'absence totale de mobilier funéraire rend toute datation impossible.

Certains indices cependant, et principalement les rites funéraires pour-raient faire songer à une occupation mérovingienne.

L'orientation E.O. des inhumations du premier groupe est caractéristique de cette période. Les deux seules tombes 12, 26, dont les ossements sont conser-vés, ont leur chevet à l'E, ce qui n'est pas habituel, mais il n'est pas certain, par ailleurs, que ces tombes soient contemporaines de l' occupation primitive du site.

L'orientation S.E.-N.O. des tombes du second groupe n'est pas répandue, néanmoins la tombe 9, probablement sous tombelle, n'est pas un cas isolé dans cette région, puisque ce caractère particulier se retrouve dans la né-cropole toute proche de Limerlé datée au VIIe siècle 1.

Le soin apporté à la construction des tombes : muret en maçonnerie sèche (tombe 9), caisson de dalles de schiste dressées et couverture de même ma-tériaux (tombes 6, 7, 9, 10) sont des caractères que l'on retrouve dès le haut moyen age; ces Cqractéristiques n' app~raissent, , par ailleurs, que dans les tombes du second groupe.

L'habitude qu'ont les mérovingiens d'inhumer dans des ruines romaines pourrait être un indice supplémentaire.

Aucune trace de sanctuaire primitif en connexion avec ces inhumations n' a pu être découverte. Il reste clone à supposer que ce cimetière a été implanté à un moment ou soit la coutume d'inhumer près des lieux de culte n'était pas encore répandue soit plutót au moment ou les lieux de culte anciens conservaient un certain attrait. Les exemples de sanctuaires chrétiens établis sur une nécropole pré-existante sont nombreux dans notre pays. La chrono-logie de ces nécropoles sans mobilier est fondée sur le terminus fourni par la date de construction du sanctuaire cimetérial. Mais la chronologie de l' ar-chitecture pré-romane est elle-même encore sujette à caution, et ne permet clone pas de <later les nécropoles pré-existantes avec la précision voulue.

1 F. BouRGEOIS, Neuf tombes de la nécropole mérovingienne de Limerlé (fouilles de 1963), Arch. Belgica, 89, 1966.

(27)

1

1

28 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Certaines chapelles contiennent des sépultures mérovingiennes, comme à

Arlon 1, Landen 2, Grobbendonk-Ouwen 3 Le sanctuaire de Gerpinnes daterait encore du VIIIe siècle en supposant qu'il ait été édifié en l'honneur de Ste Rolende morte vers 774/775 4

; une petite nécropole devait déjà exister à eet endroit puisque la tombe de la sainte recouvre une autre inhumation. A Waha, on a découvert un petit sanctuaire érigé sur une nécropole mé-rovingienne; l'on y rencontre comme à Tavigny deux types d'orientation dans les tombes, mais dans ce cas-ci ce sont les tombes E.O. qui recoupent celles qui sont orientées N.S. 5

• ·

En Ardenne, la petite église de Tenneville a été construite sur une nécro-pole <lont les tombes orientées E. 0 . ont les mêmes caractères constructifs que celles de Tavigny; ce cimetière a été situé entre le VIIIe et le Xe siècle 6

Des tombes sans mobilier datées des VIII/IXe siècles ont été dégagées sous la . chapelle de Leefdaal et de Heverlee 7

• De même, quelques tombes sans

mobilier et de la même époque ont été retrouvées, peut· être déjà en con-nexion avec un sanctuaire primitif, à Genk 8 et à Dourbes 9Le même phé-nomène s' est présenté au tour de l' églisette antérieure à la première église romane de Snellegem datée de la fin du Xle siècle 10.

La petite nécropole de St. Martin entre certainement dans la catégorie de ces cimetières de haute époque. Ces indices renforcent en tous cas la chro-nologie proposée qui doit se situer au VIIe-VIIIe siècles.

1 H. RoosENS et

J.

ALENUS-LECERF, Sépultures mérovingiennes au

<< Vieux cimetière » d'Arlon, Arch. Belgica, 88, 1965.

2 Archéologie, 1959, 136-137.

3

J.

MERTENS, Gallo-romeins graf uit Grobbendonk, Arch. Belgica, 53, 1961, 17, fig. 9.

Cfr. aussi Archéologie, 1958, 131.

4

J.

MERTENS, L'église St. Michel à Gerpinnes, Arch. Belgica, 60, 1962, 58-59. 5 Archéologie, 1962, 70; 1963, 19.

6

J.

MERTENS, L'église Sainte-Gertrude à Tenneville, Arch. Belgica, 54, 1961, 21. 7

J.

MERTENS, Leefdael. Opgravingen in de St Verona kapel, Arch. Belgica, 22, 1954, 145-153;

Id., Opgravingen in de Sint-Lambertuskapel te Heverlee, Arch. Belgica. 115, 1969 (Acta

Arch. Lov. 1, 1969), fig. 26.

8

J.

MERTENS, Oudheidkundig onderzoek van de Sint-Martinuskerk te Genk, Arch. Belgica,

36, 1957, 39.

9

J

.

MERTENS, L'église Saint-Servais à Dourbes (Namur), Arch. Belgica, 8, 1952, 143. 10 L.

DEVLIEGHER, Oudheidkundig onderzoek in de St-Elooiskerk te Snellegem, Arch.

Bel-gica, 37, 1957, 94.

1

,

....

...

(28)

3. La chapelle St. Martin (bätiment B) (plan I).

A. DESCRIPTION DES VESTIGES.

Les substructions de cette petite chapelle sont disposées selon un axe lon-gitudinal, orienté à 148,5°. Composé d'une nef rectangulaire et d'un petit choeur sensiblement carré, à chevet plat, ce sanctuaire d'une longueur totale de 14 m 50, a été pourvu au S.O. d'une annexe accolée à la nef.

La nef mes ure 7, 5 0 sur 5, 25 m dans IBuvre; les murs 13, larges de 90 / 125 cm sont encore conservés sur une hauteur de 60/70 cm; ils sont construits au moyen de dalles de schiste de 10/20 cm d' épaisseur, disposées en assises horizontales reliées à l'argile (fig. 18); ces murs s'appuyent sur une fonda-tion irrégulière large de 125 cm, dont certaines assises sont disposées en

FIG. 18. Mur de la chapelle: technique de construction.

11

(29)

30 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

arête de poisson (fig. 19). Cette technique est aussi employée en élévation dans la face interne N.E. du chreur et dans certaines parties des longs cótés de la nef.

L' entrée du sanctuaire est ménagée près de 1' angle nord de la nef; large de

96 cm, elle est marquée à l'extérieur par un seuil formé d'une plaque de schiste de 135 X 60 cm, à -136. Ce niveau correspond à la partie supérieure des fondations (fig. 20).

Le long cóté S.O. est renforcé vers l'intérieur par deux assises de dalles de schiste 14 de -146 à -176; à ce niveau elles reposent sur des couches de rem-blai de la nef.

Le chreur mesure 3,30 sur 3,90 intra muros; il communique avec la nef par une petite porte large actuellement de 80 cm. Les murs du chreur et de la nef sont bien reliés et présentent la même technique de construction (fig. 21).

(30)

FIG. 20. - Seuil et entrée de la chapelle.

(31)

32 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Le bloc au tel 15 situé dans l' axe et conservé depuis - ll 1, repose à -136 sur le sol du chreur (fig. 16); long de 112 cm, sa largeur devait être proche de 80 cm; un passage de 60 cm a été ménagé entre l'autel et le mur du chreur. La petite annexe, construite contre la nef au S.O., mesure, dans reuvre, 4,80 X 3,25 m: le mur 49 en maçonnerie sèche est fait de moellons de cal-caire et de schiste; épais de 75 cm il est conservé de -136 à -170; les autres

murs de cette pièce 50 et 51 s'adaptent à l'ensemble. Aucun passage ne

semble avoir existé entre cette annexe et la chapelle; elle est probablement

d'époque tardive, passant au-dessus des tombes 17 et 18.

B.

MATÉRIEL ARCHÉOLOGIQUE. a - Groupe 1

La chapelle a livré très peu de matériel archéologique; la céramique dé-couverte provient principalement d'une couche surmontant le ressaut externe des fondations de la nef et que l' on retrouve sur toute l' étendue du site ( cfr. tessons n° 8 à 24). La surface de cette couche présente, par ailleurs, les tra-ces nettes d'une occupation (cfr. inv. 64Tal (Tr. 64-I), 64Ta7 (Tr.64-II), 64Tal6 et 21 (Tr.64-21), 65Tal5et 29 (Tr.65-I), 65Ta24 et 36 (Tr.65-IV).

Céramique

8. (fig. 22). Inv. 64Tal: fragment de rebord à bandeau droit, lèvre droite. Terre blanche. Diam. ouv. : 12 cm.

Cfr. Andenne 66, fig. 22, Al 1 a/d, 9 (pér. I, XId-XIIc)1. Andenne 66, fig. 30, A56/b, 6 (pér. I, XId-XIIc).

9. (fig. 21). Inv. 64Tal: fragment de panse en terre rose recouverte d'une

glaçure plombifère jaune brun. Décor d'impression à la roulette de

petits rectangles irréguliers.

Cfr. Andenne 66, fig. 20, A 8/c, 4 (pér. I, XId-XIIc).

Andenne 66, fig. 22, All/a/d, 22, (24 pér. I, XId-XIIc). Andenne 66, fig. 30, A56/b, 11 (pér. I, XId-XIIc).

10. (fig. 22). Inv. 64Ta7: fragment de rebord droit, lèvre à extrémité con-vexe. Terre blanche, recouverte sur l'épaule d'une glaçure plombifère jaune mouchetée de brun; décor d'impression à la roulette de petits losanges irréguliers. Diam. ouv. : 9 cm.

Cfr. Andenne 66, fig. 12, A4c/c, 4 (sans décor) (pér. I, XId-XIIc).

1 Andenne 66

=

R. BoRREMANS et R. WARGINAIRE, La céramique d'Andenne, Rotterdam, 1966.

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1 l 1 1 1 1 j

(32)

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11. (fig. 22). Inv. 64Ta16: fragment de panse en terre blanche. Décor d'ap-plication d'une bande plastique repoussée.

Cfr. Andenne 66, fig. 22, Alla/cl, 23 (pér. I, XId-XIIc).

Andenne 66, fig. 27, A36/d, 5 (pér. I, Xld-Xllc).

Andenne 66, fig. 31, A57/b, 13 (pér. I, Xld-Xllc).

12. (fig. 22). Inv. 64Tal6: fragment de rebord tourné vers l'extérieur, lèvre en biseau. Terre brun clair recouverte à l'intérieur, sur la lèvre et sur l'épaule, d'une glaçure plombifère orangée. Décor d'impression à la roulette de petits rectangles irréguliers.

Cfr. tesson n° 2.

13. (fig. 22). Inv. 64Ta16: fragment de base en terre jaune, recouverte à l'in-térieur d'une glaçure plombifère jaune, quelques taches à

l'

extérieur. L' arête de la base est délimitée par une bande plastique appliquée, de section triangulaire; une pincée forme un petit pied.

Cfr. Andenne 66, fig. 20, A8/c, 4 (pér. I, Xld-Xllc).

Andenne 66, fig. 31, A57/b, 12 (pér. I, Xld-Xllc).

14. (fig. 22). Inv. 65Ta36: fragment de base, anneau de base légèrement pincé. Terre cuite grise. Diam. : 10, 7 cm .

15. (fig. 22). Inv. 65Ta24: fragment de rebord, épaissi sur une face, lèvre à

extrémité convexe. Terre blanche recouverte à l'intérieur d'une glaçure plombifère jaune. Diam. indéterminé.

16. (fig. 22). Inv. 64Tal6: terrine à rebord évasé, lèvre en biseau; corps ellipsoïde aplati, base convexe dont l' arête est délimitée par une bande plastique appliquée, de section triangulaire, supportée par quatre ( ?) petits pieds pincés. Terre rouge, recouverte sur le rebord et à partir de l'épaule d'une glaçure plombifère orangée recouvrant également l'in-térieur. Diam. ouv. : 24 cm; diam. base : 12 cm; haut. :

±

9,5 ( ?) cm.

Cfr. Andenne 66, fig. 20, A8/c, 4, (décoré) (pér. I, Xld-Xllc).

17. (fig. 22). Inv. 65Tal5: fragment de panse en terre blanche, décor d'appli-cation d'une bande plastique repoussée.

Cfr. tesson n° 4.

18. (fig. 22). Inv. 64Tal6: fragment de rebord, en bandeau concave, lèvre à extrémité en biseau. Terre blanche. Diam. ouv. : 14 cm.

Cfr. Andenne 66, fig. 31, A57/b, 1 (pér. I, XId-XIIc).

(33)

34 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

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1 10

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16 17

(34)

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...

1

1 1

LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 35

19. (fig. 22). Inv. 64Tal6: fragment de rebord, en bandeau concave, lèvre

à extrémité convexe. Terre blanche. Diam. ouv. : 12 cm. Cfr. Andenne 66, fig. 31, A57/b, 15 (pér. I, XId-XIIc).

20. (fig. 22). Inv. 64Ta16: fragment de rebord, en bandeau convexe, lèvre à extrémité convexe. Terre blanche. Diam. ouv. : 16 cm.

21. (fig. 22). Inv. 65Ta36: fragment de panse en terre blanche; décor d'appli-cation d'une bande plastique repoussée.

Cfr. tesson n° 12.

22. (fig. 22). Inv. 65Ta15: fragment de rebord tourné vers l'extérieur, lèvre en biseau. Terre jaune orangée. Diam. ouv. : 23 cm.

23. (fig. 22). Inv. 65Ta29: clef, fer; long. : 13 cm.

24. (fig.· 22 et 38). Inv. 65Ta24: Pierre à aiguiser, schiste vert; long. : 14,9 cm.

b - Groupe 2

Outre ce premier groupe de découvertes, un second ensemble de trouvail-les provient de l'intérieur de la chapelle; dans le chceur et dans la nef a été retrouvée une couche de charbon de bois mêlée à des débris de construction qui témoigne d'un violent incendie : les traces couvraient en effet tout l'in-térieur du batiment et étaient même visibles sur les murs (matériel 25 à 32, inv. 64Ta13 (Tr.64-I et Tr.64-III), 64Ta10 (Tr.64-IV).

Monnaies

25. Inv. 64Tal0: Ferri IV, duc de Lorraine (1312-1328). Av:

+

PAR (rsr) v (s crvr) s

Rv: croix dans grènetis; ]Rr[; billon fruste.

Cfr. F. DE SAULCY, Recherches sur les monnaies des ducs héritiers de Lor-raine, Metz, 1841, 56 et pl. IV, 12.

26. (fig. 23). Inv. 64Ta13: Charles II, duc de Lorraine (1390-1431); atelier de Sierk.

Av:

+

KAROLVS. ovx. LOTHO; écusson de Lorraine penché, dans un grènetis. Rv: MONETA: IN: SIERK; épée, la pointe en bas entre deux feuilles de houx,

coupant un grènetis; billon 0,445 g.

Cfr. F. DE SAULCY, op. cit., p. 79 et pl. VIII/2.

Cette monnaie date selon toute vraisemblance d'avant 1421; à cette époque Charles II est nommé gouverneur du duché de Bar comme tuteur de son beau-fils René d' Anjou, duc de Bar; dès cette période, les armes du duché de Lorraine et du duché de Bar sont associées sur les monnaies.

(35)

36 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Cette monnaie fournit un terminus post quem pour l'incendie de la chapelle qui doit se situer au moins après 1390.

F1G. 23. - Monnaie de Charles II, duc de Lorraine (Ech. : 1/1).

Céramique

27. (fig. 21). Inv. 64Ta13: cruche à col cylindrique à lèvre en biseau, corps ovoïde renversé, anse à attaches verticales superposées, base manquante. Grès gris clair à beige. Diam. ouv. : 6,2 cm; haut. max. : 14 cm.

Cfr. A. BRUIJN, Die Mittelalterliche keramische Industrie in Südlimburg, Berichten R.O.B., XII/XIII, 1962-63, 445, fig. 87/7 (Schinveld IV, Pér. V, XIV be).

J.

A. TRIMPE BURGER, Ceramiek uit de bloeitijd van Aardenburg (13de-14de

eeuw), Berichten R.O.B., XII-XIII, 1962-63, 545, fig. 69 (XIVB).

27

(36)

J.

G. . RENAUD, Aardewerkvondsten van het klooster Mariendaal, Berichten

R.O.B., IX, 1959, 220, fig. 22.

J.

MERTENS, Middeleeuws aardewerk uit Tienen, Arch. Belgica, 90, 1966, 232, fig. 189/9, fig. 190/11.

Pierre

28. (fig. 24). Inv. 65TaIO: disque d'ardoise bleue. Diam.: 10 cm; ép. max.:

0,9 cm.

Ce petit disque a pu servir de couvercle pour une cruche.

Métal

29. (fig. 24). Inv. 64Tal0: fragment de fer découpé; larg. max. : 10,2 cm;

long. max. : 12, 7 cm.

Ce fragment de penture en forme de fleur de lys, provient peut-être d' une

porte. La lamelle médiane est percée d'un trou de logement pour un clou à

tête en forme de clef de violon.

30. (fig. 24). Inv. 64Tal0: fragment de couteau de fer; larg. max. : 2 cm;

long. max. : 10 cm.

31. (fig. 25). Inv. 64Tal3: plaque de revêtement de bronze ayant recouvert

la potence supérieure d'un revers de croix processionnelle. Aigle tourné à gauche, en réserve sur émail, entourné d'un nimbre émaillé en dégradé

blanc à rouge, ailes émaillées en bleu lavande, tournées vers la droite.

Points gravés sur le corps, traits gravés sur les ailes. Un filet d' émail

blanc entoure la figuration1

. Quatre trous sont disposés symétriquement en

rectangle. Haut. max.: 4,5 cm; long. max.: 5,9 cm; ép. max.: 0,16 cm.

32. (Fig. 25). Inv. 64Ta13 : plaque comparable à la précédente, provenant

de la potence gauche du revers.

Lion tourné à droite, en réserve sur émail, entouré d'un nimbe émaillé

en dégradé blanc à rouge, ailes émaillées en bleu lavande, tournées vers

1 Ces objets ont été analysés aux laboratoires de l'Institut royal du Patrimoine artistique

par Madame D. Thomas, que je tiens à remercier pour sa collaboration. Du rapport d'analyse (Dl. 70/997) nous reprenons les éléments suivants : << Le métal des plaquettes est du bronze à assez forte teneur de plomb; les plaquettes sont travaillées par martelage, découpées, ciselées, dorées et émaillées. La dorure est faite au feu, très probablement au mercure. La structure de recuit du métal montre bien qu'il s'agit d'une plaque travaillée et non coulée, Les émaux sont de trois types différents :

centre : couche de base subopaque rouge, recouverte d'un verre blanchatre altéré, probablement transparent à l' origine.

ilots : verre bleuté altéré (irisations); couleur d'origine probablement bleu clair. bords : verre blanc opaque, assez friable ; couleur d' origine : blanc.

(37)

38 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

(Ech. : 2/3).

0

(Ech.: 1/1)

FrG. 25. Deux fragments de revêtement de croix processionelle

(38)

LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES 39

la gauche. Petits traits géminés gravés sur le corps, traits gravés sur les ailes. Un filet d' émail blanc entoure la figuration. Quatre trous disposés symétriquement en rectangle. Haut. max. : 5,9 cm; long. max.: 3,9 cm; ép. max.: 0,16 cm.

Ces émaux font partie du revêtement métallique d'une croix telle qu'en ont fabriqué les ateliers limousins vers le milieu du Xllle siècle. Les frag-ments de Tavigny sont des extrémités de croix et font partie des décors de revers classés par Thoby parmi les « croix gemmées à revêtement de cuivre estampé et gravé avec Christ en haut-relief ►> 1. Ces croix portent,

effectivement, au revers, aux extrémités de leurs bras, quatre plaques en forme de potence ornées des animaux symboliques des évangélistes : on retrouve successivement l'aigle de St. Jean à la partie supérieure, l'homme ailé de St. Mathieu en bas, Ie lion de St. Marc à gauche et le boeuf de St. Luc à droite. L'identité frappante des potences de Tavigny et celles de la croix de Cologne et, dans une moindre mesure sa ressemblance à la croix du Mans, prouvent combien ces reuvres ressortissent à !'art industrie! 2

La facture peu soignée des gravures, la qualité médiocre des émaux champ-levés, Ie découpage sommaire des plaques abondent en ce sens. Des restes ligneux adhéraient encore à la partie postérieure des potences, elles avaient en effet été clouées sur une àme de bois ; un clou enfoncé dans la tranche de bois indique également un revêtement sur les cótés.

C. EssAI DE DATATION ET INTERPRÉTATION.

Le plan de eet édifice peut sans doute être situé dans le temps : le type de la chapelle à nef rectangulaire avec entrée dans un des langs c6tés, reliée à

un chreur carré communiquant par un passage étroit, les proportions mo-destes de l' église, sont autant d' éléments témoignant d' une construction ancienne (fig. 26).

Ce type de plan est fort répandu tant en Belgique que dans les pays limi-trophes : en Belgique, la plus ancienne église connue de ce type est la chapelle Ste. Vérone à Leefdaal, datée de la fin du IXe ou du début du Xe siècle 3

Du Xe siècle également date St. Martin à Genk, de même que la chapelle d'Erpekom sur le territoire de Grote-Brogel 4

; on situe St. Maximin à

Jehon-ville dans les dernières décennies du Xe siècle 5

; Ste. Gertrude de

Tenne-ville date des X-Xle siècles, tout comme St. Martin à Ougrée 6

, alors que

1 P. THOBY, Les croix limousines, Paris, 1953, 39, 107 et notes.

2 Ibid., pl. XX, 33 et pl. XXII, 36.

3

J.

MERTENS, Leefdaal, Arch. Belgica, 22, 1954.

4

J.

MERTENS, Oudheidkundig onderzoek van de Sint-Martinuskerk te Genk, Arch. Belgica,

36, 1957, 41.

5

J.

MERTENS et F. BouRGEOIS, L'église Saint-Maximin à ]éhonville, Arch. Belgica, 66,

1963.

6

J.

PAPELEUX et R. lKER, L'église St. Martin à Ougrée, Arch. Belgica, 105, 1968.

(39)

40 LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

FIG. 26. L'ensemble de la chapelle vu du sud.

le petit chreur carré de l' église de Wintershoven semble avoir été ajouté encore après le XIIe siècle à la << Saalkirche >> existante 1 ; les églises de Berg

et de Mons-lez-Liège ne sont pas datées avec plus de précisions 2 •

Aux Pays-Bas, dans le Limbourg, ce plan se rencontre dès la première moitié du VIIIe et semble exister jusqu'au XIIe siècle 3

• En Frise et dans la province de Groningen ce plan était aussi fort répandu, mais la chronologie y est peu assurée 4

En Allemagne, le premier plan de ce type semble apparaître à Echternach

1 G. V. Lux, Oudheidkundig onderzoek van de Sint-Petruskerk te Wintershoven, Arch.

Belgica, 112, 1969.

2 Archéologie 1959, 136;

J.

PHILIPPE, Les fouilles archéologiques du Moyen áge entreprises

en 1942 à l'église de Mons près Liège, Bull. Inst. Arch. Liégeois, LXVII, 1949-50, 401 sqq.

3 P. GLAZEMA, Oudheidkundige opgravingen in de door de oorlog verwoeste Limburgse kerken,

Public. Soc. Hist. Arch. Limbourg, LXXXIV, 1948, 197 et notes.

4 H. M. VAN BERG, Plattegronden van middeleeuwse kerken in Groningen en Friesland,

(40)

ca. 698- 706 1, mais on y retrouve ces églises également jusqu'au XIIe siècle 2 •

Les exemples les plus anciens appartiennent sans aucun doute à l' architecture anglo-saxonne qui connaît ce type de batiment dès le milieu du VIIe siècle 3

:

Escomb, daté de ca. 700 a un plan identique à la chapelle de Tavigny 4, mais en Angleterre comme ailleurs ce plan perdure jusqu'au XIIe siècle.

La survivance de ces petites églises pendant plusieurs siècles s' explique sans doute par le fait qu' elles répondent aux nécessités élémentaires du culte : nef pour contenir les fi.dèles et chCEur séparé pour la célébration de l' office. Les caractéristiques de son plan subsistent : nef rectangulaire, chCEur carré plus étroit, et communication entre eux par un passage plus ou moins im-portant. Les détails par contre, comme l' entrée principale, l'importance du passage nef-chCEur diffèrent sensiblement. Il semble toutefois que l' entrée dans un des longs cótés soit un caractère plus archaïque que l' entrée dans l'axe, quoique le plus souvent ce déplacement soit dû à l'un ou l'autre obstacle,

soit topographique comme une pente, soit architectural, comme une

tour-donjon. Quant à l'accès au chCEur, il pose un problème d'influence liturgique dans l'architecture: le caractère étroit du passage entre nef et chCEur a été attribué à l' influence des moines irlandais ; on le retrouve en effet dans les régions converties par eux au VIIIe siècle5

• L' expression architecturale

d'une influence liturgique irlandaise elle-même peu définie pourrait clone être un repère chronologique d'importance.

Malheureusement, des études récentes ont montré que le passage étroit n' apparaîtrait en Irlande même qu' au Xe siècle 6, alors que l' Angleterre saxonne connaît cette particularité déjà dès la moitié du VIIe siècle, l'Alle-magne dès la fin du VIIe, et les Pays-Bas depuis le VIIIe siècle au moins. Bien que le chCEur carré puisse trouver son origine en Northumbrie, ce plan largement diffusé sur le continent pourrait être autochtone et a même été caractérisé de << franc >> par opposition aux plans dans lesquels le chCEur n' est

1 W. BoECKELMANN, Grundformen im Jrühkarolingischen Kirchenbau des östlichen

Fran-kenreiches, Wallraf-Richartz Jahrbuch, XVIII, 1956, 37 et notes.

2 G. BrNDING, Bericht über die Ausgrabungen in niederrheinischen Kirchen ( 1964-1966), Bonn. ]ahrb., CLXVII, 1967, 357-387. Cfr. aussi les plans parus dans F. ÜSWALD, C. ScttAEFFER, H. R. SENNHAUSER, Vorromanische Kirchenbauten, München, 1966-1970.

3 H. M.

J.

TAYLOR, Anglo-Saxon Architecture, Cambridge, I, 1965, cfr. e.a.

Stone-by-Faversham.

4 A. W. CLAPHAM, English Romanesque Architecture before the Conquest, Oxford, 1955,

39, fig. 13, pl. 9.

5 F. CABROL-H. LECLERQ, Dictionnaire d' archéologie chrétienne et de liturgie, II, lère partie

B, 1188. Les églises de Cornouailles portent des patronymes irlandais tels St. Piran, St. Gwythian et présentent un plan identique à celui de Tavigny.

6 A. G. LEASK, Irish Churches and Monastic Buildings, Dundalk, I, 1955, 76. W. BoECKELMANN, op. cit., 36, notes 45, 20.

(41)

42 LES VESTIGES AOCHÉOLOGIQUES

pas séparé de la nef et qui dénoteraient une influence anglo-saxonne méridio-nale 1

Les exemples cités démontrent à loisir qu'une datation par analogie aux plans existants s'avère impossible. De plus, l'état de ces églises est souvent fort fragmentaire et seules, souvent, ne subsistent que les fondations de l' édifice. Il est malaisé à ce niveau de déterminer si le mur entre le chreur et la nef comportait en élévation un passage étroit ou s'il n'existait qu'à l'état de fondation. Les comparaisons ne se justifient clone pas toujours.

Si l' évolution architecturale de ce petit sanctuaire paraît clone élémentaire, il n'en va pas de même de son évolution chronologique. , Un terminus post quem pour l'érection de la chapelle est difficile à assurer, la chronologie proposée pour les inhumations recoupées par ses murs repose, faute de matériel archéologique, sur des présomptions plus que sur des faits. Les indices énumérés permettent de proposer l' époque mérovingienne et ils ne s' opposent en tous cas pas à cette datation.

Un terminus ante quem peut être fourni par le matériel très homogène dé-couvert dans un niveau d' occupation reposant sur le ressaut extérieur des fondations; la céramique (cfr. matériel archéologique n° 8-22) situe ce niveau entre la fin du Xle et le troisième quart du XIIe siècle (période Andenne I). Les sources historiques peuvent en outre, dans une certaine mesure, apporter des précisions intéressantes : la mention la plus ancienne de Tavigny - sous le vocable de Tevenihc - est consignée dans le polyptique de Prüm; le cartu-laire de cette abbaye date de 893 et fut recopié par Césaire de Heisterbach en 1222 2 : outre la description du bien domanial comprenant casa et ceteris

edificiis, il donne la liste des coutures du domaine et des autre biens : un pré, deux moulins et une brasserie ainsi que dix-sept manses avec leurs tenanciers respectifs et leurs redevances ; le texte se termine par : est ibi ecclesia una. Ce terme désigne généralement l' ecclesia mater ou église paroissiale située au centre domanial. U ne des prérogatives de l' église paroissiale étant le droit d'inhumation, il est permis de l'identifier avec la chapelle St. Martin autour de laquelle s' est développé un petit cimetière 3

• Le caractère paroissial de

St. Martin, de même que son importance 4 sont par ailleurs confirmés par la

1 G. BINDING, op. cit., 385.

2 H. BEYER, Urkundenbuch zur mittelrheinischen Territorien, Coblence, I, 1860, 172. G. DESPY, Villes et campa1;nes aux IXe et Xe siècles: l' exemi;le du pays mosan, Revue Nord,

L, 1968, 158-161.

3 Cfr. p. 44-49.

4 D. Gu1LLEAUME, L'archidiaconé d'Ardenne dans !'ancien diocèse de Liège, Bull. Soc. art

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