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La chaussée romaine Reims-Cologne entre la Meuse et Bastogne

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Marie-Hélène Corbiau

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

1. Introduetion

La Table de Peutinger indique une chaussée unissant à l'époque romaine, Durocortorum à Colonia Agrippina, par Noviomagus, Mose, Meduantum etM.ne-rica (1) (fig. 1).

De nombreux ouvrages ont paru à ce propos (2); après plus de deux siècles de recherches, il faut constater une certaine ignorance de cette route. Historiens et 1:

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Fig. 1. Extrait de la Tablede Peutinger (d'après K. Miller).

1 K. MILLER, Die Peutingersche Tafel, Stuttgart, 1962, Segm. II, 5.

2 N. PÉRIN, Les voies romaines de Reiros à Trèves et à Cologne dans les Ardennes: hypothèses et problèmes, Rev. Hist. Arden. 1, 1969, l-25; !'auteur donne une bonne synthèse des travaux qui concernent la Reirus-Cologne et principalement sa traversée en territoire français, maïs avec Ie souci de rattacher ses résultats au réseau routier romain.

(2)

146 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE -r-Tl-..,._-<..,. ... >.,.). REIMS "\j:'"). ·; i ; ,; ,<, ' ' ,•' ' ; .. ,.. ... .,.,...,....,-f -c.., ... "'\

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'·-... .,'·-...( '·-.... ,.~ ... .( ... "' ..c~.or~•,.). ... ~ ... "'..,... ... .... 'r ... ' '•. KÖLN 0'==~~~~~~='50km Fig. 2. Carte topographique générale: chaussées romaines Reirns-Cologne, Reims-Trèves

et Trèves-Cologne et voies secondaires.

archéologues lui oot prêté divers itinéraires, parfois très différents. lis ne se sont pas mis d'accord sur la direction qu'elle prend au départ de Reims; et ainsi, on retrouve deux orientations principales qui conduisent à Cologne (fig. 2).

U ne salution envisage un trajet cornmun avec la chaussée Reims-Trèves dont la Reims-Cologne se sépare soit avant Williers, soit à la Tour Brunehaut à Pin (Izel) pour eosuite traverser 1' Ardenne par Straimont, Sainte-Marie-Chevigny et Basto-gne.

U n autre itinéraire part de Reims vers Charleville-Mézières et après les vallées de la Meuse et de la Semois, pour certains rejoint Bastogne à travers 1' Ardenne tandis que pour d'autres, continue par la Famenne.

Au-delà de Bastogne, la chaussée se poursuit par les territoires de Tavigny, Lirnerlé, Beho, Saint-Vith, Bullange, Rocherath, passela frontière allemande et continue par Dreiborn, Gemünd et Zülpich ou sui vant la plupart des auteurs, elle se

joint à la voie venant de Trèves vers Cologne.

La chaussée Reims-Cologne n'a pas été explorée rigoureusement sur la totalité de son parcours. Mis à part certains rares tronçons qui oot fait J'objet

(3)

LA CHAUSSÉE ROMAJNE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 147 d' études plus détaillées, les itinéraires proposés sont peu exhaustifs; ils sont figurés sur des cartes archéologiques dessinées à trop grande échelle. La plupart ne reposent que très rarement sur la découverte de vestiges archéologiques ou histori-ques, mais plus souvent ils ont été établis trop schématiquement et seulement à partir de certains points reconnus comme des jalons de cette route, ainsi l'identifi-cation des stations routières énumérées dans les guides antiques.

La connaissance si confuse et si lirnitée de cette chaussée romaine dont une souree historique authentifie l'existence, réclamait un nouvel examen qui retienne des études antérieures, les renseignements positifs et rejette les données qui, fausses ou fantaisistes, ont, à la faveur du temps, fait naître trop souvent des idées qu'on ne pensait plus à discuter.

Cette étude s' attachera plus spécialement au parcours de la chaussée Reiros-Cologne entre la Meuse et Bastogne, car la traversée de 1' Ardenne bel ge est particulièrement mal connue.

2. ltinéraire entre Carignan et Bastogne (fig. 3,1, 2; 4,3)

De nombreux auteurs ont attribué à la chaussée Reims-Cologne un itinéraire commun a vee la voie Reims-Trèves pour la première partie du tra jet, jusqu' au-delà de Carignan.

Après Carignan, la chaussée Reims-Trèves passe à Tremblois, puis à Wil-liers ; par une descente en épingle à cheveux, elle franchit la profonde vallée de la Williersou elle traverse le relais de Chameleux. Eosuite par Pin (lzel), Etalle, elle gagne Arlon(3). Son parcours en Gaume est particulièrement bien conservé.

L'idée d'un parcours commun aux deux chaussées remonte à A. Wiltheim qui sans donoer de précision, détachait la voie de Cologne vers Mande-Saint-Etienne qu'il identifiait à Meduantum, la troisième étape de la Tablede Peutinger(4).

Plus tard, C. Sulbout a repris cette conception qu'il a voulu quelque peu étoffer. D'Ivois-Carignan, il mène la Reims-Cologne par les Epioux, le territoire de Florenville, la Tour Brunehaut à Pin, Chiny ou elle traverse la Semois, Straimont, Saint-Pierre, Sainte-Marie-Chevigny, Morhet, Mande-Sainte-Marie et Mande-Saint-Etienne(5). On ne peut accepter un tel tracé jusqu'à Straimont, 3 Cf. notamment N. BERGIER,Histoire des grands chemins del' empire romain, Bruxelles, 1728, 523-525. - M. TousSAJNT, Répertoire Archéologique du Département des

Arden-nes, Paris, 1955. - J. MERTENS, La chaussée romaine de Reims à Trèves, Le Pays Gaumais

XVII, 1956, p. 91-115.- N. PÉRIN, l.c., 1-25.

4 A. WILTHEIM, Luciliburgensia sive Luxemburgurn romanum, Luxemburgi, 1842 (éd. Neyen), 108-110; repris par G.F. PRAT, A propos de la création de la Société Archéologi-que d' Arlon, Ann. Inst. Arch. Luxemb. II, 1849, 140-141.

5 C. SuLBOUT, Notice archéologique sur Amberloux et quelques localités de la province de Luxembourg. Epoque gallo-romaine. Le Luxembourg romain,Ann. lnst. Arch. Luxemb.

(4)

11

I.

148 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

présenté au mépris de la géographie régionale et ne s'appuyant sur aucune donnée. On ne doit retenir son témoignage qu'à partir de Sainte-Marie-Chevigny jusqu'à Morhet parce qu'il a vu les restes de la voie.

Quelques variantes locales ou plus régionales ont égalements été publiées; mais elle ne sant assurées par rien. Walkenaer conduit la Reims-Cologne, à partir de Mouzon, par Martué identifié à Meduantum, Hamipré, Vaux-les-Rozières, Bastogne (6).

F. Crousse, se basant sur des études antérieures, oriente aussi la voie par Martué qui est également Meduantum, le nord de Florenville, Lacuisine, Chiny, Straimont, Saint-Pierre et Sainte-Marie-Chevigny(1).

Pour von V eith, la séparation de la Reims-Trèves se fait à Williers et la voie passe à Florenville, assimilée à Meduantum, Chiny, Suxy, Assenois, Massul, Rosières, Morhet et Mande-Saint-Etienne (8 ).

Ces itinéraires différents suivant les auteurs, mentionneut seulement le nom des localités traversées par «ces chaussées ,, . Ils sant dessinés sans donnée archéo-logique, historique ou toponymique et tiennent peu compte de la topographie de la région. Ils se révèlent d' eux-mêmes peu crédibles et n' ont eu que très peu d' échos. Ils illustrent des essais infructueux de retrouver une chaussée donton n'avait pas la moindre trace jusqu'à Sainte-Marie-Chevigny, mais dont on voulait assurer la liaison à partir de la Reims-Trèves, en passant, dans certains cas, par Meduantum.

Jusqu'à ces toutes dernières années, on plaçait le détachement de la chaussée vers Cologne, de la Reims-Trèves, à la Tour Brunehaut, à Pin; et du pied de ces vestiges, la voie se dirigeait vers Izel, traversait la Semois à Moyen ou on localisait

Meduantum et en ligne droite, montait par le carrefour Notre-Dame à Straimont

(fig. 3,1).

Cet itinéraire qui bifurque au carrefour protégé par la Tour Brunehaut et ainsi passe à Moyen repose essentiellement sur une rapide affirmation de G. Jottrand dont la première justification était l'identification deMoyen avec Meduantum (9).

V, 1867,240, 242-243,249, 292-294; repris par C. VAN DESSEL, Topographie des voies

romaines de la Belgique, Bruxelles, 1877, 7-10; eet auteur ajoute l'identification de Meduantum avec Mande-Saint-Etienne.

6 W ALKENAER, Géographie ancienne, historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, Paris, 1839, ill, 85-86.

7 F. CRoussE, Conférence sur les voies de communication de la Gaule Belgique et principalement de l' ancien pays de Liège avant et pendant la domination romaine,

Bruxelles, 1879, 52.

8 voN VEITH, Die Römerstrassen Cöln-Reims und Reims-Trier, Bonn. Jahrb. LXXV,

1883, p. 22-26; repris par J. HAGEN,Römerstrassen der Rheinprovinz, Bonn, 1931, 2e éd.,

195.

9 G. JoTTRAND, De l'emplacement de Meduantum et Menerica, Ann. Féd. Arch. Hist. Belg., Arlon, XIV, 1899, IJ, 136-141.

(5)

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 149 Cet auteur reprenait ainsi une hypothèse deC. Grandgagnage qui proposait, avec

un point d'interrogation, d'identifier Moyen àMeduantum (1°). J. Vannérus déve-loppa cette idée dont le principal argument restait l'identité entre Moyen et

Meduantum; cette salution était appuyée par la présence de la Tour Brunehaut qui devait surveiller le croisement des voies et par la découverte de ruines romaines au

Pergy, à Moyen, au passage de la Semois(11).

Nombreux furent ceux qui ont défendu cette théorie qui toutefois n'est pas

sans susciter des remarques mettant en doute l'existence de ce tronçon(12). L'ori-gine de cette orientation fondée sur l'identification de la stationMeduantum est des plus douteuse. L'existence sur le terrain de ce segment de voie romaine jusqu'à Straimont n'a été confirmée par aucune découverte matérielle. Les tronçons des diverticules antiques signalés sur ce parcours n'ont pas été identifiés comme

1° C. GRANDGAGNAGE, Mémoire sur les anciens noms de lieux dans la Belgigue orientale,

Mém. couron. pub!. Acad. Roy. Sciences Lettres Beaux-Arts Belg. XXVI, 1855, 64.

11 J. VANNÉRUS, Trois villes d'origine romaine dans !'ancien Pays de Luxembourg-Chiny:

Arlon, Bitbourg et Yvois, Acad. Roy. Belg. Bull. Classe Lettres Sciences Mor. Polit., 5e

s., XXI, 1935, 153, 159-161.-J. VANNÉRUS, Les chaussées romaines de Reims à Trèves

et Cologne dans leur traversée du Pays Gaumais, Le Pays Gaumais VI-VII, 1945-1946,

41-45,49-53. J. Vannérus se fonde aussi sur l'article deL. RoGER, Nouvelle contribution à

la toponymie Luxembourgeoise, Ann. Inst. Arch. Luxemb. LIII, 1922, 20-24, dans lequel

l'identité de Meduantum et Moyen s'explique par la phonétique.

12 C. SULBOUT, l.c., 292, a mentionné Ie passage de la Reims-Cologne par la Tour

Brunehaut, cf.supra p. 147. -K. MILLER,/tinerariaRomana, Stuttgart, 1916,77, adopte

cette direction en faisant passer la chaussée par Moyen-Meduantum; on retrouve cette orientation chez R. MüLLER, Die Geographie der Peutinger Tafel in der Rheinprovinz, in Holland und Belgien, Geogr. Anz., 1926, 9/10,4.-ID., Die Angaben der römischen Itinerare über die Heerstrasse Köln-Eifel-Reims, Munstereifel, 1933, 38-39.- L. ROGER,

l.c., 21-24, à partir de l'identification deMoyen avecMeduantum a également choisi cette direction. - V. BALTER et Ch. DusoJs, Contribution à la Carte arché.o1ogique de la Belgique,Ann. Inst. Arch. Luxemb. LXVII, 1936, 218-221.- ro., La chaussée romaine

Reims-Cologne passe-t-elle par Mande-Saint-Etienne ou par Bastogne, Bull. Inst. Arch.

Luxemb. XIV, 1938, 5. Les résultats des recherches de ces deux auteurs pour qui la

Reims-Cologne passait à la Tour Brunehaut et à Moyen-Meduantum s' apparentent très fort à la thése défendue par J. Vannérus qui toutefois fit autorité pour cette question; il fut suivi

notaroment par A. GEUBEL et L. GouRDET, Histoire du Pays de Neufchiiteau, Gembloux,

1956, 32-33.-J. MERTENS, Les routes romaines de la Belgique,Arch. Belg. 33, 1957, 23

+

Carte.- L. HECTOR, La chaussée Reims-Cologne, Chêne et Lierre XXXV, 1967, 3-11.

-V. GAuCHEZ, Topographie des voies romaines de la Gaule-Belgique, Ann. Acad. Arch.

Belg. XXXVIII, 3e s., VIII, 1882, 250, 254-257 et VON VEITH, l.c., 25, considèrent cette

artère comme une liaison secondaire doublant la Reims-Cologne à (!Ui ils assignent un autre

(6)

150 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

appartenant à cette artère (13); et ces données ne suffisent pas à elles-seules à

l'accréditer. La fonction des vestiges duPergy et leur relation avec une éventuelle

voie n:ont pas été déterminées car ils n'ont fait l'objet d'aucune recherche. De plus, des fouilles récentes ont montré qu'il n'y a pas de chaussée romaine se séparant à la Tour Brunehaut de la voie vers Trèves et de là s'engageant vers

Moyen. L' empierrement mis au jour Ie long de Ia construction qui s' élevait Ià ou on situait la Tour et qui n'est pas eet édifice, appartient à un chemin quine se prolonge

pas au-delà de l'établissement qu'il dessert et qui en aucun cas ne peut être assimilé à la chaussée Reims-Cologne(14).

Ces observations discréditent la thèse de la Reims-Cologne passant par la

Tour Brunehaut dont l'authenticité avait déjà paru suspecte(15).

D'autre part, à Tremblois, 3 km avant d'entamer la descente de Williers, une voie ancienne se détache de la chaussée romaine Reims-Trèves pour se diriger vers le nord-est, à travers leBais du Banel (16) (fig. 3,1). C'est actuellement un chemin de terre forestier qui conduit à Ia frontière beige et rejoint ensuite la voirie de Chassepierre. A la frontière, le prolongement de cette voie ne suit plus le chemin qui s'incurve vers l'est, mais forme la lirnite franco-beige sur environ 125 mètres, et quelques 150 mètres plus loin, recouvre de nouveau un chemin dit de Trembloy

ouancien cheminde Carignan, puis lechemin de Martué à Carignan (17), séparant

Fig. 3. Itinéraires entre Tremblois et Sainte-Marie-Chevigny (Extraits de la carte n° 63, province de Luxembourg). Echelle 1/200.000. © Geocart.

(7)

LA CHAUSSÉE ROM A !NE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 151

Fig. 4. Itinéraire entre Sainte-Marie-Chevigny et Bastogne (Extrait de la carte n° 63, province de Luxembourg). Echelle 1/200.000. © Geocart.

13 P. MARcHOT, Vestiges de chernins romains (suite), Ann. Inst. Arch. Luxemb. XLV,

1924, 235-238.

14 G. HossEY, La Tour Brunehaut à /zei-Pin, Arch. Belg. 242, 1981, 12, 28-29, 31.

15 Après s'être rallié à la thèse de J. Vannérus, M.J. Mertens moins affirmatif, signale deux autres possibilités: par leBais du Banel, J. MERTENS, Quelques aspects de la

romani-sation dans l'ouest du Pays Gaumais, Helinium

m,

1963, 216-217 (= Arch. Belg. 74,

1963).-ID., Le Luxembourg méridional au Bas Empire. Documents ancienset nouveaux,

dansMémorial Alfred Bertrang, Arlon, 1964, Pl. I, sur Jaquelle on retrouve un décroche-ment de la Reims-Trèves avant Williers et un autre à la Tour Brunehaut, en traits

discontinus. - I D . , Florenville à l'époque romaine, dans Florenville. Exposition du 700e anniversaire del' affranchissement au droit de Beaumant 1273-1973, Virton, 1973, 74;

d'autre part, I' auteur dissocie la Reims-Trèves de Ia Reims-Cologne qu'il fait passer sur Ie territoirede Bouillon, J. MERTENS, l.c., (1963), 217; J. MERTENSet A. DESPY-MEYER, La Belgique à l'époque romaine, Cartes Arch. Belgique 1-2, Bruxelles, 1968,20-21, Cartes;

ces cartes illustrent bien les hésitations entre les trois solutions (un tracé indépendant de la Reims-Trèves et les deux décrochements de la Reims-Trèves) dessinées sur Je territoire beige comme des routes à "tracé douteux ». On peut constater que N. FOLMER, Die Römerstrasse

Reims-Trier, Hémecht XXV, 1973, 509-510, fig. 1, hésite également entre l'itinéraire par

la Tour Brunehaut et un tracé se séparant de la Reims-Trèves avant Williers.

16 J. MERTENS,l.c., (1963), 217, n. 34. -G. HossEY, A. MATTHYS, Epoqueromaine, dans Chassepierre au passé, ( 1981), 5.

17 Atlas des communications vicinales de la commune de Chassepierre, Bruxelles, 1844. -Atlas des communications vicinales de la commune de Florenville, Bruxelles, 1846.

(8)

152 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOONE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

ainsi Chassepierre et Florenville (18). Sur le territoirede Martué, 1' itinéraire ancien

suit la route qui conduit au village ets' en sépare au second carrefour pour continuer vers !'ancien passage de la Semois, en aval du pont actuel; une voie venant de Florenville dont Ia trace bordée de deux fossés a été reco~nue près du site de Ja

Coue, dans une prairie Iongeant Ia Semois ou d'autre part, elle passe à cöté d'une construction romaine devait venir se brancher sur ce parcours (19). En suite, celui-ei traverse Ia Iocalité et vraisemblablement emprunte Ie même tracé que la route actuelle qui conduit à Straimont, se maintenant ainsi sur la hauteur. Cette route sépare encore Lacuisine et Chiny jusqu'au territoire de la commune suivante, Straimont ou le trajet continue à se confondre avec la route contemporaine qui l'amène à la Vierre (fig. 3,1).

Elle traverse le ruisseau avant d' entrer dans le villa ge, au pont Marie-Thérèse.

La traversée de 1' agglomération et Ia suite du trajet vers Sainte-Marie-Chevigny se fait, selon les auteurs, suivant deux itinéraires (fig. 3,2).

L'un sort du village par le nord-ouest, suit une orientation vers Ie nord par Menugoutte, Harfontaine, Le Plane, l'ouest de Warmifontaine, Tournay. Ce tracé est repris sur une grande partie, par la route actuelle qui relie ces localités. Parvenant à la route de Recogne-Neufchäteau devant Ie km 36, la voie bifurque vers Ie nord-ouest etsuit cette route en direction de Neufchäteau. Elle traverse ainsi Verlaine; à Lamouline, par une nouvelle bifurcation vers Ie nord, elle se dirige vers Saint-Pierre qu'elle laisse toutefois à l'ouest; au-delà de la croix Saint-Pierre, elle oblique en direction de Sainte-Marie-Chevigny en empruntant !'ancien chemin dit

la voie de Saint-Antoine, entre Presseux et Flohimont et prolongeant cette direction en ligne droite, elle retrouve la route qui traverse Sainte-Marie-Chevigny. L. Hec-tor a étudié spécialement Ie tronçon entre Straimont et Sainte-Marie-Chevigny; il a retrouvé de nombreuses références toponyrniques dans les archives qui peuvent cautionner un tracé antique(2°). Ainsi à Straimont dontIe nom Iui-même est déjà évocateur, deux documents du XVIe siècle font allusion à l'existence d'une voie près de sa traversée de Ia Vierre. A Lamouline, on retrouve Ie champ à la voie d' Ivoix, appellation qui pourrait bi en conserver Ie souvenir de son ancienne destination.

18 Une coupe effectuée en 1982 par le Service National des Fouilles sur Je territoirede Chassepierre, à J'entrée du bois, au Iieu-dit Devant Boisban, n'a révélé aucun vestige

d'arnénagement routier; nous devons ces renseignements inédits à Monsieur A. Matthys,

Chef de travaux au Service National des Fouilles, qui dirigea ce sondage.

19 A. MATTHYS et J. DE Rf:MONT, Le chdteau des Seigneurs de Florenville, Arch. Belg., 139, 1972, 8-9, 24, 52, fig. 3,5. Cette voie peut être un chemin secondaire se détachant de la chaussée Reims-Trèves à Charneleux.

20 L. HECTOR, L'Histoire de Chevigny,Ann. Inst. Arch. Luxemb. LXXXII, 1951, 18, 165, 172, 176,241. - I D., l.c., (1957), 4-7, 10-11. Cette orientationestrepriseentre autres par

(9)

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOONE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 153

L'autre trajet qui rejoint Sainte-Marie-Chevigny quitte Straimont en direction de Grapfontaine, traverse Neufchateau, arrive à Longlier; eosuite obliquant vers le oord, il se poursuit par Tronquoy et Bernimont. On possède très peu de renseigne-ments sur eet itinéraire proposé par V_ Gauchez qui supposait le passage d'une voie de moindre importance par Longlier en direction de Cologne et que d'autres ont repris comrne celui de la Reims-Cologne(21)_

A Sainte-Marie-Chevigny, la voie antique passeau sud du cimetière ou son empierrement fait de grosses pierres plates fut mis au jour, ainsi qu'ill'est noté dans les archives de la paroisse de Saint-Pierre(22)-C. Sulbout I' a décrite à l'entrée et à la sortie de ce village comrne une ''solide chaussée >> (23)_ Elle quitte cette localité en empruntant le chemin de Wideumont, en direction de ce hameau (fig. 4,3). A la sortie de Sainte-Marie, elle traverse une zone marécageuse ou suivant C. Sulbout, elle se présente comrne une voie construite avec plusieurs couches de pierres(24 ). En 1959, des travaux y ont égalementrecoupé son assise, composée de pierres placées sur un radier en bois(25). L'analyse par Ie radiocarbonede cette infrastructure a confirmé la chronologie romaine des vestiges(26).

Cette voie passe au oord-ouest de Wideumont. Avant d'arriver au village suivant, Laneuville, on peut encore reconnaître son tracé gräce à sa forme bombée, prés du cimetière. A Laneuville, elle est recouverte par la rue du village qui se prolonge par un chernin de campagne conduisant au bois de Wavre. Elle passe à

l'extrémité sud-est de Remagne à travers le bois, par la Damselle. Elle traverse eosuite une enclave boisée de Remience, passe à la Hache; on pouvait encore la

21 V. GAUCHEZ,l.c., 154 etcf. supra p. 149.- V. BALTERetCh. Dusms,l.c., (1936), 220. - Ch. Dusors, L'Influence des chaussées romaines sur la frontière linguistique de I'Est,

Rev. Belg. Philol. Hist. IX, 1930, 474.- J. VANNÉRUS, l.c., (1945), 49 évoque cette possibilité en signalant la première énoncée, p. 49-50.- A. GEUBEL et L. GouRDET, o.c.,

32-33.-L. RECTOR, l.c., (1957), 5, considère ce tronçon comme un diverticule de la Reims-Cologne; Ie lieu-ditPétrê invoqué à ce propos ne doit toutefois plus être retenu car il signifie «poire sauvage>>, dans la région: renseignement de M.A. Geubel que nous remercions.

22 L. RECTOR, l.c., (1957), 7. 23 C. SuLBOUT, l.c., 292. 24 C. SuLBOUT, l.c., 293.

25 J. MERTENS, Sainte-Marie-Chevigny (Lux.), L'Ant. Class.'

xxvn,

1958, 415 (=

Archéol.).

26 M. CouTEAUX, Recherches palynologiques en Gaume, au Pays d' Arlon, en Ardenne méridionale (Luxembourg beige) et au Gutland (Grand Duché de Luxembourg), Acta Georg. Lovan. Vill, 1969, 38-39. Cette datation se trouve renforcée par les calibrations obtenues d'après M. STurvER, A high-precision calibration of the AD radiocarbon time scale, Radiocarbon XXIV, 1982, l-26, et J. KLEIN, J.C. LERMAN, P.E. DAMON and E.K. RALPH, Calibration of radiocarbon dates: Tables based on the consensus data of the Workshop on Calibrating the radiocarbon time scale, Radiocarbon XXIV, 1982, 103-150.

(10)

154 LA CHAUSSÉE ROMAINE REJMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

distinguer au siècle dernier(27). Elle entre ainsi à Tillet, en suivant un chernin de

terre, passe à Copon ou fut réalisé un sondage au lieu-dit Vi tchassée romaine :

quatre couches de pierres de schiste oude grès mêlées à de laterreet à de l'argile

formaient l'assiette de la voie, épaisse d'environ 0,75 m(28). Elle coupe

l'extré-rnité nord de Morhet. A Sibret, la voie toujours recouverte par le chernin de terre,

longe le cimetière romain de F échière, à Poisson Moulin (29). Elle traverse

Floha-mont en formant la rue principale. Elle continue en ligne droite, recouverte tantöt par un chernin secondaire, tantöt par un chernin forestier. Son empierrement était

encore apparent à hauteur de Villeroux. A la Spagema, à la lirnite de Sibret et de

Bastogne, elle croise la chaussée Arlon-Tongres. De ce point, en direction de Bastogne, le chemin de terre toujours, forme aussi la frontière entre Bastogne et Sibret.

Entre Copon et Bastogne, ce tracé correspond à !'ancien chemin de

Saint-Hubert, dit aussi chemin de Musy (3°).

Elle entre à Bastogne au sud, par la Porte Haute, traverse la ville recouverte

par la Grand' Rue et quitte par le Chemin des Pélerins ou la Voie des

Alle-mands(31).

Certains, à partir de Copon ont orienté la chaussée Reims-Cologne vers

Mande-Sainte-Marie situé à 1 km au nord de Flohamont, puis vers

Mande-Saint-Etienne (32).

La chaussée romaine venant de Sainte-Marie-Chevigny ne passe ni à Mande-Sainte-Marie, ni à Mande-Saint-Etienne, mais se dirige bien en ligne droite à

Bastogne comme l'ont montré V. Balter et Ch. Dubois(33). Cet itinéraire a été

27 E. TANDEL, Les communes luxembourgeoises, IV, Ann. Inst. Arch. Luxemb. XXV, 1891, 555.

28 W. LASSANCE et A. THIRY, Miettes archéologiques. La structure de la chaussée romaine

Reims-Cologne, Curia Arduennae IV, 1953, fase. 4, 12.

29 R. DE MAEYER, Le cimetière romain à incinération de Poisson Moulin (commune de

Sibret) (Luxembourg), Bull. Inst. Arch. Luxemb. IX, 1933, 33-57, pl. I-V.

3

°

Ce tronçon fut signalé à plusieurs reprises; cf. notarnment, C. SuLBOUT, l.c., 240,

242-243, 249, 293. - E. TANDEL, l.c., IV, (1891), 555. -ID., V, (1892), 663.

-V. BALTER et Ch. DUBOIS, l.c., (1936), 220-221.-ID., l.c., (1938), 1-5.-L. HECTOR,

l.c., (1951), 6-7, 199,239,240,292. -Ch. Dusois, Les origines lointaines de Bastogne,

Parcs Nationaux, VIII, 1953, 89.-L. HECTOR, l.c., (1957), 9.

3l V. BALTER et Ch. Dusms, l.c., (1938), 6-15. -Ch. Dusms, La grande voirieromaine à

travers I' Ardenne (Province de Luxembourg), Parcs Nationaux IV, 1949, 24.-ID., l.c.

(1953), 89-90, 1 fig.-L. HECTOR, l.c., (1957), 9-10.- A. MATTHYS et G. HossEY, La

Porte de Trèves à Bastogne, dans Conspectus MCMLXXX1, Arch. Belg. 247, 1982, 135. 32 C. SuLBOUT,l.c., 293-294. cf. aussi voNVEITH,l.c., 3, 26.-V. BALTERetCh. Dusms,

l.c. (1938), 1-5.- J. HAGEN, o.c., 195. 33 V. BALTER et Ch. DUBOIS, l.c. (1938), 1-15.

(11)

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 155

envisagé parce que les auteurs pensaient que M eduantum pouvait être identifié au

nom de cette localité, indépendamment de données historiques ou de découvertes archéologiques.

La théorie qui suppose un itinéraire commun des chaussées Reirus-Cologne et Reims-Trèves jusqu' au-delà de Carignan fut largement suivie et a donné naissance à des tracés qui se séparaient de la Reims-Trèves en quelques endroits entre

Carignan et Pin. Ces itinéraires reposaient souvent sur I 'identification

deMeduan-tum. Très laconiques, ils se limitent à l'énumération des localités qui sont sur Ie passage de la voie. Ils n'ont jamais été fixés sur Ie terrain. Aussi la plupart ne doivent-ils plus être retenus pour !'étude des chaussées romaines car ils n'y apportent aucune contribution.

Le décrochement à la Tour Brunehaut était Ie fruit d'une de ces propositions

qui a particulièrement rencontré I' adhésion de nombreux auteurs.

Un parcours s'est dessiné d'une façon plus précise, adoptant la séparation avant Williers et gagnant Sainte-Marie-Chevigny par Martué et Straimont. Maïs on connaît peu de choses de ce chernin ancien ; on en ignore les structures et la chronologie.

De Straimont, deux itinéraires sont repérés pour arriver à Sainte-Marie-Che-vigny. En !'absence de toute donnée archéologique, on ne peut décider s'il faut en préférer un; ces deux possibilités se justifient et ont pu exister ou coexister.

A Sainte-Marie-Chevigny, la chaussée fut mise au jour en quelques occasions mettant hors de doute son existence. On peutensuite la suivre jusqu'à Bastogne qu 'elle atteint par un itinéraire très direct, dessiné encore en plusieurs endroits par son empierrement ou par Ie re lief surélevé de son assiette. 11 apparaît évident qu' à

partir de Sainte-Marie-Chevigny, I' itinéraire décrit est un tronçon de chaussée

romaine.

Cette liaison depuis la Reims-Trèves jusqu' à Sainte-Marie-Chevigny appar-tient-elle au tracé que l'on voit unissant Reims et Cologne sur la Table de Peutinger? L'état des recherches ne permet plus de l'affirmer. On doit constater que parmi les renseignements qui concement celie-ei et les autres itinéraires recensés dans ce chapitre, on ne retrouve pas d'élément décisif qui réponde positivement à cette interrogation. Cette orientation ne correspond pas avec la relation de la Table de Peutinger qui indique une voie directe Reims-Cologne.

3. Itinéraire entre Reims et Sainte-Marie-Chevigny (fig. 6,4, 5)

La chaussée romaine qui quitte Reims en direction de Charleville-Mézières est bien connue jusqu'à la Meuse. De Reims, elle passe par Boult-en-Suippe, L'Ecaille, Saint-Loup-Champagne, Avançon, Chäteau-Porcien, Ecly, Inaumont, Sery, Novion-Porcien, Margy, Viel-Saint-Remy, Launois, Jandum, Gruyères,

(12)

156 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

I

AIGLEMONT ___ ... o'---~==='2km / j / I I I I I I I , .. '/

Fig. 5. Traversée de la vallée de la Meuse par la chaussée romaine venant de Reims.

Fagnon et arrive à Warcq (34). Cet itinéraire est confirmé tant par la toponymie que

par les vestiges qu 'on peut retrouver sur le terrain, qu 'ils soient apparents ou qu' ils se présentent sous forme d'une levée de terre, d'un vieux chemin de campagne ou d'une limite de parcelle ou de finage.

La traversée de la Meuse est une question controversée qui a donné lieu à différentes interprétations étroitement liées à l'identification deMose, la deuxième étape de la Table de Peutinger. On a ainsi localisé cette station, sans preuve certaine, à W arcq, à Mézières et à Montcy Saint-Pierre. N ombreux sont ceux qui se sont demandé si cette voie existait au-delà du fleuve. Toutefois, il est certain que la chaussée que l'on suitjusqu'à Warcq ne doit pas s'arrêter à la Meuse; eet itinéraire se prolonge jusqu'au fleuve, à un endroit au sud de Warcq que l'on appelle le Gué des Romains (fig. 5); 1' existence de ce gué pouvant livrer un passage à la chaussée venant de Reims a été évoquée à quelques reprises (35); mais les auteurs en sont

restés à cette constatation, n'envisageant que d'une façon hypothétique, la pour-suite du trajet par Mézières. Outre cette dénomination significative, mais pas

34 N. PÉRIN, l.c., 5-25, fig. 9. - N. BERGIER, o.c., 529. - M. ToussAINT, o.c. 35 A. DESSAILLY, Reconstitution de la voie romaine de Reims à Cologne, par Novion-Porcien, Warcq et Etion, Paris, 1891, 15-16.- M. TousSAINT, o.c., 1 . - N. PÉRIN, l.c.,

20-21. -M. PARISSE, Lafondation de l'AbbayedeMouzon en 971,Rev. Hist. Arden. VII, 1972, 18.

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LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 157 décisive, l'histoire apporte une confirmation étonnante de la traversée de la Meuse en ce lieu par la chaussée venant de Reims.

L'Historia monasterii Mozomensis écrite vers 1040 relate un épisode

intéres-sant de la vie du martyr Arnoul avant 969/971 (36). D'origine lorraine, eet homme pieux entreprend un voyage dans la région mosane. Comme il quitte le comté de Porcien, il est attaqué et blessé par des brigands dans la forêt de Froidmont. Malgré un état alarmant, il parvient cependant à atteindre le village de Gruyères en empruntant une <<via regia >> (tandem vix ad villam quam Gruerias appelabant pervenit, et ducente se via regio, ut dicunt, pergio substitit ... >>. Bien que des soins

lui soient prodigués, Ie saint agonise et souhaite être enterré le long de la voie ( « ... in hoc loco et in hac via ... >>). Il en fut ainsi et sa tombe-un tumulus -est érigée

en bordure directe de la route ( « ... locurn illum tumuli secus viam in dextra positi

... >>). Le texte confirme encore cette situation par la suite ( « ... quia ibi utpote in via regia super eum non quibat Jieri ecclesia ... >> ).

L'Historia nous rapporte ensuite l'achat des reliques d' Arnoul par Otton,

comte de Warcq qui les fait transporter dans son chäteau de Warcq.

La localisation des lieux évoqués, Froidmont, Gruyères et Warcq ne laisse planer aucun doute sur l'identification de la via regia avec la route

Reims-Warcq(37).

De plus, l'Historia raconte l'épisode de !'attaque du chäteau de Warcq par les

troupes d' Adalbéron, archevêque de Reims. Les assaillants ont dû suivre la via regia Reims-Warcq. Le chäteau implanté au confluent de la Sormonne avec la

Meuse résiste à 1' assaut. L' évêque de Reims a dû traverser la Me u se en empruntant un gué. Nul doute que c'est là Ie passage de cette via regia sur la Meuse.

La suite de cette voie au-delà de la Meuse vers le nord a été négligée. Et en fait, elle n'a pas été reconnue comme telle au-delà de Membre, à la frontière beige, si ce n'est par V. Gauchez et A. Pierret, mais cedernier à titre d'hypothèse(38).

V. Gauchez a présenté une liaison routière Reims-Cologne comme une voie

directe entre Reims et Mézières qui ensuite passe par Cons-la-Grandville, Pusse-mange, Bagimont et oblique vers le nord afin de traverser la Semois à Membre ou I' auteur localiseMeduantum; de ce point, elle se poursuit par Louette Saint-Pierre,

Gedinne jusqu' au sud de Vonêche ou par un coude à 90°, elle entame la traversée de la Famenne. Ce chercheur prolonge ensuite la chaussée en ligne droite jusqu'à Zülpich, en passant par les Hautes Fagnes; il ne figure toutefois qu'une partie du tra jet, entre l' Amblève et la Baraque Michel. Pour Ie parcours de Mézières à 36 M.G.H. Script. XIV, 602-603. - M. PARrssE, l.c., 11-13; nous remercions M.A. Matthys qui nous a communiqué ces renseignements.

37 M. PARISSE, l.c., 18.

38 V. GAUCHEZ, l.c., 164-172, Carte.-A. PrERRET, Notes sur quelques vieux chemins de l'Ardenne, Namureum X, 1933, 17-23, 1 fig.-ID., Essai d'explication historique des

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158 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE EN1RE LA MEUSE ET BASTOGNE

Fig. 6. Itinéraire entre Saint-Laurent (France) et Sainte-Marie-Chevigny (Extraits de Ja carte n° 57, province de Namur et de Ja carte n° 63, province de Luxembourg).

Echelle 1/200.000. © Geocart.

Membre, quelques localités sont seulement mentionnées; aucun autre élément n'est avancé pour illustrer Ie passage de la voie. La traversée de la Semois à

Membre semble dictée par Ie souci de retrouver la station deMeduantum; la suite

du trajet à travers la Famenne recouvre sans doute des tronçons de voies anciennes, certaines vraisemblablement romaines, mais la totalité du parcours présenté dans eet ouvrage est fantaisiste, dessinée en passant par les localités ou des vestiges romains étaient connus à l'époque.

N. Périn a noté le Gué des Romains à Aiglemont et a évoqué la possibilité que

(15)

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 159 suivant un ancien chemin en provenanee de Charleville; la localisation de

Me-duantum à Membre n'emportait pas sa conviction(39).

Si I' on s'en tient aux notes concernant la Reims-Cologne que M. Toussaint a

reprises, la chaussée passe du territoirede W arcq sur cel ui de Mézières, par Ie Gué

des Romains, eosuite à Charleville, Montcy Saint-Pierre, Montcy Notre-Dame et Aiglemont d'ou elle gagne Neufmanil, Gespunsart et Ie oord de Bagimont. Elle traverserait ainsi cinq fois la Meuse! Notons que venant de Montcy Notre-Dame, elle atteint Aiglemont par un autre Gué des Romains (40).

En suivant Ie prolongement de la voie au-delà du Gué des Romains à Warcq,

on traverse Mézières par la presqu'île de Saint-Julien ou passe Ie Chemin des Romains (41), pour arriver à Saint-Laurent d'ou partent deux anciens chemins.

A. Pierret a décrit d' anciennes voies sur Ie territoire beige, se trouvant dans Ie

prolongement de la chaussée qui relie Reims à la Meuse(42) (fig. 5,4). L'un vient

de Charleville-Mézières par Cons-la-Grandville, Gespunsart, Hamechenoit, Ie

oord-ouest de Bagimont, Hyontaine, passe sous Ie Chesté de la Roche, à la borne

K 27 de la route Charleville-Marche. C' est Ie tracé d 'une voie reconnue comme très

ancienne qui, de Saint-Laurent à Gespunsart est recouverte par la route actuelle N379, sauf entre La Grandville et I' entrée de Gespunsart ou elle court quelque peu à I'ouest se maintenant ainsi sur la crête, encore en grande partie signalée par des

chemins secondaires qui l'amènent sur Ie territoirede Bagimont en Belgique(43).

Une autre vieille voie part deSaint-Laurent et rejoint la première au K 27 à Sugny par Ie nord de Gernelle, le Barnier (sur Pussemange), Ie Wèbe de Gernelle, l'ouest

de Sugny, leleune Bois. Ces deux voies anciennes abandonneut l'une et l'autre la

ligne droite après Saint-Laurent et épousent les contours du relief modelé par la Meuse.

Du K 27, une voie continue en traversant Ie valion du ruisseau de Membre, remonte la Taille le Comte en direction de Laforêt. Il existe également une voie très ancienne qui à Bagimont, au lieu de se diriger vers Ie K 27, monte vers Ie carrefour des Quatre Barnes, qui s' appelait jadis Ie Chêne à l' image, ou elle bifurque en suivant un chemin forestier qui sert de limite provinciale, traverse Ie misseau de Membre et re joint Ia première voie, après la Taille le Comte, au bois Chenai (44).

39 N. PÉRIN, l.c., 21.

40 M. ToussAINT, o.c., 15-17, 33, 35-37, 1 carte; cette cartedonneun tracé simplifié quine correspond pas au texte.

41 A. DESSAILLY, o.c., 15-16.- M. ToussAINT, o.c., 36. 42 A. PIERRET, l.c., (1933), 17-23, 1 fig.

43 Nous sommes particulièrement reconnaissante à Monsieur J.L. Duvivier de Fortemps de Lhonneux à qui nous devons la description précise et inédite de ces chemins qu' il a étudiés et explorés sur Ie terrain.

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160 LA CHAUSSÉE ROMAlNE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

Le trajet continue par Ie village de Laforêt et arrive à I' ancien gué de Vresse qui permet la traversée de la Semois. Par La Haisette, Ie nord de Grande Chairière, Ie nord de Gros Fays, l'ancienne voie arrive sous la dénomination de Voie des Pélerins et Voie des Canons à l'antique chapelle Notre-Dame de Bon Secours de Oizy, construite au Chêne à I' image. Après la chapelle, la voie se sépare en deux branches. L'une en direction deSaint-Hubertpar Ie sud-est de Baillamont, Naomé, Opont, Maissin, Villance, Libin et Hatrival. A. Pierret pensait qu'elle pouvait être un tronçon de la Reims-Cologne(45).

La seconde voie se dirige vers Carlsbourg qu' elle traverse, passe au sud de Memy et parvient à Paliseul (fig. 6,5). Après avoir traversé ce village, elle s'engage vers Acremont, puis à travers laforêt du Luchy en ligne droite gagne Neuvillers, Saint-Pierre et Sainte-Marie-Chevigny.

On a constaté les restes d'un empierrement ancien entre la Semois et Oizy, notamment à Oizy (46). Le tracé entre la chapelle d'Oizy et Saint-Pierre est un

ancien chemin qui apparaît encore nettement en quelques endroits, entre au tres en entrant à Carlsbourg(47). Cet itinéraire passe par l'antique chapelle d'Oizy et par

Paliseul, site carolingien mentionné dès le milieu du

vrne

siècle. On retrouve dans la toponymie à Neuvillers, Ie souvenir du passage d'une voie empierrée et celui d'une voie qui joignait Paliseul(48). On peut aussi voir une allusion à eet axe de

communication dans la légende de Sugny rappelant que Ie Chiiteau de la Roche

avait été construit par des manants venus de Luchy (49).

Ces indices permettent de penser à l'existence d'un ancien parcours depuis la Me u se jusqu' à Sainte-Marie-Chevigny.

L'itinéraire de la chaussée romaine que l'on suivait de Reims à Warcq et à laquelle les premiers inventeurs déjà prêtaient Cologne comme destination, n'avait été jusqu'à ce jour reconnu précisément que dans sa traversée du territoire français, jusqu'à la Meuse, à I' inverse de son prolongement vers le nord, et spécialement en Belgigue ou ce tronçon a été pratiquement ignoré.

Les données de A. Pierret, confirmées et précisées par les renseignements de J .L. Duvivier de Fortemps de Lhonneux s' inscrivent étonnament dans la continua-tion de cette chaussée romaine.

11 est certain que cette voie venant de Reims ne pouvait pas seulement rejoindre la Meuse; sa traversée ne fait plus aucun do u te et Ie Gué des Romains à Warcq est un passage lui permettant d'atteindre l'autre rive, lequel n'exclut pas qu'il puisse y avoir d'autres points ou l'on passait le fleuve. Cette salution a l'avantage de ne traverser qu'une fois la Meuse.

4 5 A. PIERRET, L.c., (1933), 22.- ID., L.c., (1934), Carte.

46 A. PIERRET, L.c., (1933), 19.

47 Renseignements de J.L. Duvivier de Forterups de Lhonneux.

4 8 L. RECTOR, L.c., (1951), 253, 260, 276.

(17)

l

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 161

Les tracés qui la prolongent au-delà de Saint-Laurent vers la Semois sont des communications très anciennes qui ont dû avant tout s'accomoder durelief parti-culièrement accidenté de cette vallée de la Meuse. Après la traversée de la Semois qui se présente aussi comme un passage difficile, la voie reprend une orientation plus directe jusqu'à Bastogne. Ce tronçon apparaît bien comme une très ancienne liaison qui vient rejoindre la chaussée romaine à Sainte-Marie-Chevigny.

Actuellement, i1 est difficile de déterminer exactement tout le parcours que

dut eroprunter Ie prolongement de la chaussée romaine de Saint-Laurent jusqu '-Saint-Marie-Chevigny. D'autres recherches préciseront et complèteront eet axe routier.

Cette proposition qui conduit la Reims-W arcq au-delà de la Me u se par Sugny,

la chapelle d'Oizy, Paliseul et Sainte-Marie-Chevigny comble la lacune <<

géogra-phique >> qui empêchait que 1' on reconnaisse cette voie comme la

Reims-Colo-gne(so).

4. Les stations routières

Les étapes figurées sur la Table de Peutinger n' ont pas encore été identifiées

a vee certitude, malgré I' énorme dossier qui leur est consacré. La première,

N

ovio-magnus, que la Table place à 12lieues de Reims soit 26,666 km a été localisée en

des Iieux quine donnent pas entièrement satisfaction, à Saint-Loup-Champagne, à

26km de Reims, à Novion-Poreien à environ 49km de Reims(51). Plus

récem-ment, N. Périn a avancé une nouvelle hypothèse en signalant à environ 27 km de

Reims un endroit sur Ie tracé même de la chaussée, dont l'appellationLe haut de la

Noue Maga pourrait rappeler Ie nom de cette première station, maïs qui attend un

controle archéologique (52

).

Mose situé 25 lieues plus loin, soit 55,55km, doit être à environ 82km de

Reims et se trouver au passage de la Meuse. En réalité, environ 76 km séparent

Reims de la Meuse en suivant le parcours décrit dans le deuxième chapitre. L'on a proposé Warcq, Mézières, Montcy Saint-Pierre, localités qui se trouvent sur la

Meuse(53). Aucune découverte ne permet actuellement de préférer Warcq ou

50 C. VANDESSEL,o.c., 9. -N. PÉRIN,l.c., 11-17. - P . PÉRIN, Contribution à l'étudedu

peuplement rural des régions d' entre Me u se et Aisne à 1' époque mérovingienne: état des recherches archéologiques, Rhein. Vierteljahrsbl. XXXV, 1971, 12-13.

51 N. PÉRIN, l.c., 10-24. a repris les différentes localisations des trois premières stations.

52 N. PËRIN, l.c., 18.

53 Mose fut localisé à tort à Mouzon par certains auteurs qui ont choisi la théorie d'un itinéraire commun aux deux chaussées allant à Cologne et à Trèves; cf. entre au tres voN VErTH, l.c., 26-27. -1. VANNÉRus, l.c., (1935), 153.- Ch. Dusors, l.c., (1949), 23.-F.RoussEAU, Les Carolingiens et l'Ardenne, Bull. Acad. Roy. Belg. Cl. Lettres, 5e s.

(18)

162 LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

Mézières qui sont traversées par la chaussée. L'archéologie devra décider de !'emplacement exact de cette station.

La troisième étape estMeduantum, à 9lieues ou 19,998 km du site précédent.

Cette identification a donné lieu à des localisations très diverses (54). Membre sur

Semois est éloigné de la Meuse d' environ 20 km. La proposition fut avancée, mais

avec un certain doute par A. Bertrand (55), reprise par V. Gauchez(56) et remise en

question par N. Périn (57). En effet, jusqu 'à ce jour, aucun élément archéologique

n'a con:firmé cette attribution.

On peut difficilement accepter que ce relais se soit trouvé à Nohan (Les Hautes

Rivières, France)(58), à Méan dans Ie Condroz(59), à Mande-Saint-Etienne(60),

quine se trouvaient pas sur un tracé de la chaussée Reims-Cologne, mais qui ont été

choisis par des auteurs qui ont cru retrouver dans le nom actuel, la transposition

moderne del' appellation antique et qui, en suite, en fonction de cette attribution ont établi l'itinéraire de la voie. Le casdeMoyen illustre également cette démarche.

Martué et Florenville figurent aussi sur la lis te des M eduantum mais n 'ont pas été

suivis (61). La localisation de cette troisième station reste aussi à déterrniner.

La distance de l'étape suivante dont le nomM.nerica est incomplet, n'est pas

indiquée. Pour Walkenaer, F. Crousse et V. Gauchez, cette station pourrait être à

Metternich, pour A. Bertrand, cité par N. Périn, à Mederath (?), pour von Veith,

repris par Ch. Dubois et J. Hagen, à Villenhaus, pour M. Killer, à Brühl, pour

R. Müller à Gemünd(62).

On ne sait siLindesina figurée sous et en travers du registre normal se trouve

sur eet itinéraire. Tous les auteurs ne la reprennent pas; von Veith, Ch. Dubois et

J. Hagen la placent près de Gemünd, K. Milier à Bullange et R. Müller, en dernier lieu, à Valander(63).

s4 Cf. aussi V. BALTER et Ch. DusOis, l.c., (1938), 3 et J. V ANNÉRUS, l.c., (1945-1946),

50-51 qui présentent un résumé de ces situations.

ss A. BERTRAND, Les-voies romaines en Gaule. Voiesdes Itinéraires,Rev. Ar'ch., 1864,46.

s6 V. GAUCHEZ, l.c., 164.

S7 N. PËRlN, l.c., 21.

ss A. DESSAJLLY' o.c.' 18.

S9 C.G. RoLAND, QueUes identifications peut-on proposer pour les stations romaines

appe1ées << Meduanto » et << Menerica » que la Table de Peutinger place sur la voie romaine

de Reims à Cologne? Ann. Féd. Arch. Hist. Belg. Arlon, XIV, 1899, I, 30-31; 11,63-69.

60 Cf. supra p. 147, 154-155. 61 Cf. supra p. 148-149.

62 WALKENAER, o.c., 86.- F. CRoussE, o.c., 52.- V. GAUCHEZ, l.c., 61,

164-165.-A. BERTRAND, o.c., 46. -N. PËRIN, l.c., 12.- voN VEITH, l.c., 6-7. -Ch. DusOis, l.c.,

(1930), 475.-J. HAGEN, o.c.' 191. -K. MILLER, o.c., 77.- R. MüLLER, o.c.' (1926),

4 . -ID., O.C., (1933), 34, 36.

63 VON VEITH, l.c., 13-14.- Ch. Dubois, l.c., (1930), 475.-J. HAGEN, o.c.,

(19)

LA CHAUSSÉE ROMAINE REIMS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE 163

L' identification de ces stations desservant la Reiros-Cologne est une question délicate, sujette à de nombreuses controverses; elle reste aujourd'hui sans solution comme Ie mantrent ses multiples localisations. La difficulté s'est trouvée aceroe parce qu'on s'est acharné à retrouver les stations en se basant avant tout sur la toponymie plutot que de reehereher Ie tracé de la voie sur lequel des vestiges pouvaient être identifiés au relais.

5. Condusion

Cette chaussée Reims-Cologne a été mal étudiée dans son ensemble. La recherche fut perturbée par des études soucieuses avant tout d' identifier les stations

routières énumérées sur les guides antiques tandis que I' étude du tracé même de la

voie restait une préoccupation rnineure. Il y eut une telle confusion que la direction que prenait la voie en quittant Reirns fut sujette à discussion.

Au XVIIe siècle, A. Wiltheim dessinait une artère routière qui se décrochait

de la chaussée Reims-Trèves traversant I' Ardenne vers Mande-Saint-Etienne en

direction de Cologne. Cette théorie d'un itinéraire commun aux deux chaussées

s'est développée et fut adoptée par de nombreux auteurs, que la séparation des

voies se fasse avant ou après Williers. Nous avons souligné qu'aucun témoignage

concret n'y apportait de confirmation, qu'il fallait effacer Ie carrefour de la Tour Brunehaut du réseau des chaussées romaines. De plus, cette solution est en désaccord avec Ie témoignage de la Table de Peutinger qui indique une voie distincte en direction de Cologne et s' accomode mal de cel ui de I 'Itinéraire d' Antonin. Sa confrontation avec les deux documents antiques achève de ruiner cette théorie.

La Table de Peutinger signale une voie directe Reims-Cologne avec ses

stations routières et l'Itinéraire d' Antonin mentionne la chaussée Reims-Trèves avec les étapes qui lajalonnent(64). Mais il n'est fait allusion à un trajet commun de ces deux chaussées sur aucun de ces deux documents. Les postes de relais de l'Itinéraire d' Antonin ont été localisés avec plus de chance que ceux de la Tablede

Peutinger, à I' emplacement de vestiges d' agglomération romaine; et les distances

indiquées correspondent à la réalité. Les premières stations des deux voies ne sont

pas identiques. La première étape que l'Itinéraire d' Antonin indique sur la Reims-Trèves est Vungus vicus que I' on s'accorde à localiser à Voncq; aucune confusion

n'est possible avecNoviomagus de la Tablede Peutinger; Noviomagus est en outre

confirmé par l'itinéraire de Tongres(65). La seconde halte de l'Itinéraire est Epoissus vicus également identifié avec certitude avec Carignan tandis queMose se

trouve sur la Meuse. La station suivante sur la Reims-Trèves sera Orolaunum vicus

64 J. MERTENS, l.c., (1956), 100.-ID., l.c., (1964), 192-194.- N. PÉRIN, l.c., 9-10.-N. FoLMER, l.c.

65 C.I.L., XIII, 9158. - A. DE LoË, Belgique Ancienne, Catalogue descriptif et raisonné, liJ. La période romaine, Bruxelles, 1937, 51-53, fig. 5.

(20)

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164 LA CHAUSSÉE ROMAINE RE!MS-COLOGNE ENTRE LA MEUSE ET BASTOGNE

ou Arlon; Meduantum est la troisième étape signalée sur la Reims-Cologne. Ces deux guides antiques qui sant une souree historique primordiale pour l'existence de ces chaussées, n'ont pas été réalisés avec la rigueur que nous voudrions y retrouver, ni a vee la précision de nos ouvrages actuels. Des erreurs oot pu s'y glisser au cours des transcriptions. Maïs cette valeur relative et les réserves qui s'imposent sur leplande la précision aïnsi que la différence de leur destination et de l'époque de leur réalisation qu'on peut leur reconnaître ne suffisent pas à expliquer d'une façon satisfaisante les discordances que nous avons relevées et qu'il ne faut pas minirniser, d'autant plus qu'il existe une autre voie indépendante qui sort de Reims vers le oord.

Durant ce même XVIIe siècle, N. Bergier décrivant les chaussées au départ de Reims, signalait une voie qui partait vers Cologne, indépendamment de cellede Trèves. Les travaux de divers auteurs oot eosuite précisé eet itinéraire en le présentant comme celui qui allait à Cologne, décrit par la Tablede Peutinger. Maïs toutes ces recherches se sont arrêtées à la Meuse, même si certaïns ont envisagé sa traversée, de telle sorte que cette destination qu'on lui avait prirnitivement recon-nue fut mise en doute. L' itinéraire était évidemment bi en marqué jusqu 'au fleuve; maïs au-delà de celui-ci, la topographie change et on se retrouve devant un relief tourmenté que la voie ne pouvait franchir en ligne droite. Le prolongement de la route apparaissait aussi problématique car on parvient très vite sur le territoirede la Belgique ou l'on a presque taujours ignoré le premier tronçon- l'étude de la Reiros-Cologne y étant orientée tout autrement! - Il semble donc que ce soit des difficultés d'ordre géographique qui aient paralysé la suite des recherches.

N. Périn a souligné la coexistence des deux théories pour parvenir à Cologne, a exarniné les différentes possibilités en soulignant finalement clairement les questions fondamentales: la Reiros-Cologne existe-t-elle en tant que voie directe? quelle est la destination de la Reirns-Warcq? quelle relation y a-t-il entre la Reims-Cologne et la Reims-Warcq? Nous avons tenté d'y apporterune réponse. Au terme de cette étude, une orientation propre, indépendante dès le départ de Reims s'impose au détriment des intinéraires traditionnels qui empruntaient la première partie du tracé vers Trèves. Il apparaît évident que la chaussée Reims-Warcq franchit la Meuse, traverse la vallée et se prolonge sur le territoire belge. Par Paliseul, eet itinéraïre aboutit à Sainte-Marie-Chevigny à partir d'ou son trajet est bien déterminé en direction de Cologne. Ainsi, cette chaussée répond à la relation de la Tablede Peutinger qui la renseigne. Et l'artère routière qui se détachaït de la Reims-Trèves doit sans do u te plutot être considérée comme une voie transversale assurant une communication secondaire (66).

66 Nous remercions Madame R. Piette et Monsieur Cl. Dupont, dessinateurs, et Monsieur H. Denis, photographe au Service National des Fouilles qui ont réalisé I' illustration. Nous adressoos également nos remerciements à la Société Geocart de Sint-Niklaas qui nous a autorisée à reproduire des extraits des cartes au 1/100.000 qu'elle édite.

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