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Quatre tombelles à bûcher de La Tène à Bovigny

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(1)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

155

AnneCAHEN-DELHAYE

QUATRE TOMBELLES A BUCHER DE

LA TENE A BOVIGNY

BRUXELLES

1974

(2)

QUATRE TOMBELLES A BUCHER DE LA TENE

A BOVIGNY

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par Ie Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire 1 1040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark 1 1040 Brussel

©

Service national des F ouilles

(4)

ARCHAEOLOGIA

BELGICA

155

AnneCAHEN-DELHAYE

QUATRE TOMBELLES A BUCHER DE

LA TENE A BOVIGNY

BRUXELLES 1974

(5)

INTRODUCTION

Au nord-est des hauts plateaux ardennais, la commune de Bovigny occupe le bord oriental du plateau des Tailles. Les vestiges protohistoriques que recèle son territoire furent repérés très tót par le docteur P. Lomry, de Bovigny. Dès 1928, celui-ci invita Edmond Rahir, alors directeur du Service des Fouilles de l'Etat, à explorer un groupe de tombelles au lieu-dit Hastape, au sud-est du hameau de Courtil (1 ) (fig. 1). Puis en 1930, il fit appel à Jacques Breuer, alors attaché aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, qui sonda trois tertres à Honvelez, lieu-dit Péréwé (2) (fig. 1).

Toujours à Bovigny, des membres du Cercle archéologique Segnia son-dèrent en 1962 et 1963 une tombelle à Halconreux, Les Cmounes.

En 1970 et 1971, nous avons poursuivi les recherches sur le territoire de cette commune par l'exploration systématique de trois tombelles remar-quables par leurs dimensions, tant en étendue qu' en hauteur.

1 E. RAHIR, Vingt-cinq années de recherches, de restaurations et de reconstitutions, Bruxelles, 1928, p. 265-266 qui les situe erronément dans un lieu-dit Pralles.

2 Pour l'occupation de la région au second äge du fer, voir A. CAHEN-DELHAYE, Tombe/les celtiques dans la région de Bovigny. Fouilles de M. ]. Breuer dans trois groupes de sépultures en 1930 dans Ardenne et Famenne, 11, 1968-69, 3, pp. 139-140, 164-168 (= Archaeologia Belgica 122) ou l'on trouvera la bibliographie à laquelle il convient d'ajouter : M. E. MARIËN, Tribes and Archaeological Groupings of the La Tène Period in Belgium: Some Observations dans The European Community in Later Prehistory, Studies in honour of C. F. C. Hawkes, Londres, 1971, p. 219.

(6)

6 520

INTRODUCTION

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Fig. 1. - Carte de situation des groupes de tombelles de Rogery et Halconreux indiqués par un triangle et de Courtil et Honvelez indiqués par un cercle. C.M. 56.5.

(7)

COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY

A un kilomètre au nord du hameau de Rogery, au lieu-dit Le Rovreux,

deux tertres s'élevaient dans la parcelle cadastrale 48 c de la section B (fig. 2, 3). Ces monuments étaient installés sur un terrain en pente douce inclinée vers le SSO, situé à proximité d'un sommet, à 520 m d'altitude (fig. 2).

(8)

8 COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY

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I

50m 176

Fig. 3. - Rogery. Les tombelles reportées sur un extrait du plan cadastral.

A eet endroit, le socle rocheux, gréso-schisteux, est recouvert d'une mince couche de limons éoliens mélangés à des cailloux issus de l'altération de la roche en place (1).

On connaît l' existence de ces deux tombelles depuis 1928 au moins (2).

Elles furent vraisemblablement repérées par le docteur P. Lomry.

La tombelle I fut explorée du 6 juillet au 14 août 1970, la torn-belle II du 19 juillet au 5 août 1971 (3). Chaque tertre fut fouillé

inté-1

J.

DECKERS, F. GEELHAND DE MERXEM, Carte des sols de la Belgique. Texte explicatif de la planchette de Bovigny, 180 W, pp. 39-40.

2 Edmond Rahir signale leur présence dans un rapport manuscrit.

3 A. C(AHEN) D(ELHAYE), Bovigny: tombelle celtique dans Archéologie, 1970, 2, pp. 85-86,

(9)

COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY 9 gralement par la méthode des quadrants décentrés jusqu'au sol en pla-ce (1) (fig. 9).

~ Humus

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Sol en place

~ Sol perturbé

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J

Charbon de bois

Fig 4. - Liste de sigles.

~ Elément de fer

Tessons

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Os incinérés

Douze mètres à peine séparaient les deux buttes.

La tombelle I possédait un diamètre approximatif de 20 m pour une hauteur de 0,60 m (fig. 5). Le tertre II était plus petit : d'un diamètre de 17 m environ, il avait une hauteur de quelque 0,35 m.

Fig. 5. - Rogery. La tombelle I avant la fouille.

1 Deux quadrants de la tombelle I furent prolongés vers l'extérieur en tranchées

rectan-gulaires. Nous tenons à remercier les propriétaires, la famille Dewalque et particulièrement le locataire, M. Paul Dewalque, de Rogery, qui nous ont aimablement accordé toutes les autorisations de fouille.

(10)

10 COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY

Les coupes nord-sud et est-ouest relevées au travers de chaque tertre exposaient une stratigraphie similaire (fig. 4, 15). Sous la couche d'humus, le remblai était constitué d'un limon orange vif renfermant quantité de lamelles de schiste philladeux et de nombreux gros moellons de grès entassés sans ordre apparent. Le remblai de la tombelle I comportait deux couches : la couche supérieure était plus compacte et contenait mains de bloes de grès que l'in-férieure. Enfin, le sol en place se présentait sous diverses formes très con-trastées : des bancs de schiste décomposé formant un sol très compact, tantót rouges ou violets, tantót verdatres, entrecoupés par endroits par des amas de gros moellons de grès.

Tombelle I

Dans le remblai de la tombelle I, nous avons recueilli sept tessons épars (a). Vers le centre du tertre, de 0,30 à 0,65 m, sous la surface, précisément entre les deux strates du remblai, gisaient les restes d' un bûcher funéraire.

0

(11)

COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY 11

LE BÛCHER (fig. 6, 7)

Il était totalement recouvert d'une assise, haute de 0,20 à 0,35 m et de

3,40 sur 2,40 m de cóté, de gros moellons de grès jetés pèle-mèle les uns contre

les autres. Ces moellons étaient rougis sur la face qui reposait sur les braises

du foyer. Celui-ci avait une forme approximativement ovale dont les axes

atteignaient respectivement 1,60 et 2 m.

Ce bûcher avait été allumé sur une surface irrégulière d' ou émergeaient

quelques moellons. Il en subsistait une épaisse couche de charbons de bois

de hêtre (1 ). Le feu avait été violent car la terre sur laquelle reposait le bois

brûlé était rougie sur une hauteur de quelques centimètres.

L'analyse du radiocarbone des cendres a donné la date suivante : 2540

±

50 B.P., soit 590

±

50 avant notre ère (2).

Fig. 7. - Rogery. Le bûcher dans la tombelle 1.

1 ldentification assurèe par les laboratoires de l'lnstitut royal du .Patrimoine artistique que

nous remerc1ons.

2 L'analyse a éte effectuée par Ie laboratoire de carbone 14 de l'Université de Groningue que nous remercions vivement (GrN 6477).

(12)

12 COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY

Dans les cendres, nous avons recueilli 52 grammes de petits fragments épars d' os calcinés parmi lesquels le docteur P. Janssens croit reconnaître un fragment de phalange humaine (1 ).

Plusieurs fragments d'un vase (b), une petit fer de flèche (c), une douille (d) et une tige (e) en fer et quelques concrétions ferrugineuses gisaient épar-pillés dans le bûcher.

LE MATÉRIEL

a. Sept tessons (fig. 8, Ia)

Façonnés sans l'aide du tour, ces fragments ont appartenu à trois réci-pients au moins. Deux tessons, fort épais, sont des fragments de fond de vase, les cinq autres appartiennent à la paroi. L'un d'eux qui présente une surface

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Fig. 8. - Rogery. Matériel des tombelles I et Il. Réduction 1/3.

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1 Nous remercions Ie docteur Janssens d'avoir eu l'obligeance d'examiner ces vestiges osseux.

(13)

COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY 13

parfaitement plane et lisse, porte une impression à l'ongle. Les autres sont d'une facture assez grossière : pa.te tendre, assez homogène, surface à peine aplanie et irrégulière, couleur brune à orangée sur la face extérieure, gris foncé dans le noyau et sur la face intérieure.

b. Haut vase en terre cuite (fig. 8, 16) Haut. 255 mm environ Il était brisé en plusieurs fragments éparpillés dans un rayon de 1,50 m; le fond, entier, reposait horizontalement au centre du bûcher.

Large anneau de base en ressaut sur la panse haute et tronconique, longue épaule arrondie, col court et concave, petite lèvre évasée. Bourrelet horizontal à la base du col. Panse rehaussée de trois groupes équidistants de trois ou quatre sillons parallèles horizontaux.

Pa.te tendre, peu fine, peu homogène (la pellicule extérieure a disparu en maints endroits, sans doute sous l'action du feu), avec chamotte. Surface parfaitement plane et lisse. Couleur brune et grise. Profil régulier et symé-trique.

c. Fer de flèche (fig. 8, Ic) Long. 49 mm.

Bon état de conservation sauf un angle de la plaquette triangulaire éraflé. Bois conservé à l'intérieur de la douille.

Il comprend une douille, une plaquette triangulaire isocèle aux bords tranchants, dépouvue de nervure médiane.

d. Petite douille en Jer (fig. 8, Id) Long. 37 mm. Sectionnée aux deux extrémités. Bois conservé à l'intérieur de la douille. Elle prolongeait peut-être la douille du fer de flèche.

e. Tige en fer (fig. 8, Ie) Long. 40 mm.

Brisée à l' extrémité amincie.

Tige de section rectangulaire, rétrécie à une extrémité.

Tombelle II

La tombelle II abritait deux petits foyers excentriques qui reposaient à la base de l'humus actuel (fig. 9, 15). Cette situation permet de supposer que les foyers ont été partiellement arasés par les travaux agricoles.

Le centre du tertre était marqué par un amas de moellons de grès qui se trouvaient au sommet de la butte (fig. 15).

(14)

14 COUPLE DE ~OMBELLES A ROGERY

Fig. 9. - Rogery. La tombelle II en cours de fouille.

LE BÛCHER 1

Il reposait à 4 m au nord-ouest du centre de la tombelle. De contour irrégulier, son plus grand axe atteignait 1 m à peine. Il avait été allumé sur

une surface plane, en légère déclivité, qui avait rougi sous l'action de la

chaleur.

Le dosage du carbone 14 du bois brûlé a fourni la date suivante: 2245

±

50 B.P., soit 295

±

50 avant notre ère (1).

Aux cendres de bois de hêtre (2) étaient mêlés quelque 34 grammes de fragments d' os calcinés et des perles éparpillées d' un collier ( a).

LE FOYER 2

Il se trouvait à 3,50 m au sud du milieu de la tombelle. De forme appro-ximativement quadrangulaire, long de 1,20 m, il fut allumé sur une surface 1 L'analyse a été effectuée par Ie laboratoire de carbone 14 du Niedersächsisches Landes-amt für Bodenforschung à Hanovre que nous remercions vivement (Hv 5521).

(15)

1

COUPLE DE TOMBELLES A ROGERY 15

horizontale et plane. Les charbons de bois de hêtre (1) ont été datés par la mé-thode du radiocarbone de 2370

±

80 B.P., soit 420

±

80 avant notre ère (2).

Une tige en fer (b) était po:,ée à plat, au centre de la partie supérieure de ce foyer.

LE MATÉRIEL

a. Vingt-neuf perles et deux courtes tiges en bronze (fig. 8, Ila)

Diam. des perles, 3 à 13 mm; long. des tiges, 8 et 13 mm. Après restauration, 1 7 perles subsistent. Elles sont déformées par le feu et très oxydées. Tig es sectionnées à leurs extrémités. Patine vert foncé et gnse.

La grandeur des perles varie du simple au quadruple. Une seule est encore perforée; sur les autres, la corrosion du métal a permis la conservation du fü passé au travers des perles dont l' épaisseur n' atteint pas 1 mm. Les tiges ont une section arrondie.

b. Tige courbée à une extrémité, en Jer Long. 50 mm environ. Elle était tellement corrodée qu' elle n' a pu être préservée.

1 Identification assurée par les laboratoires de l'Institut royal du Patrimoine artistique.

2 Analyse effectuée par Ie laboratoire de carbone 14 du Niedersächsisches Landesamt

(16)

TOMBELLES D'HALCONREUX

A 5,5 km au sud du couple de tombelles de Rogery, au nord-est du hameau

d'Halconreux, s'élève un groupe de quatre tertres (fig. 10). Il se situe dans

un lieu-dit Les Cmounes (ou l'Ecquemoune), parfois aussi dénommé Chimonti,

dans la parcelle cadastrale 2142 h de la section E (1) (fig. 11).

Fig. 10. - Halconreux. Carte de situation des tombelles.

1 A quelque 500 m au nord de ce groupe s'élèvent dix-sept tombelles qui furent explorées

en 1928 par E. Rahir dans un lieu-dit Hastape. Ces tertres ont livré des sépultures à in-humation dotées d'un mobilier de La Tène 1.

(17)

176é TOMBELLES D1HALCONREUX 2143X2 2143Y2 nrè'Golia, - ... JieIII•

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\ Limerlé 200m

Fig. 11. - Halconreux. Les tombelles reportées sur un extrait du plan cadastral. 17

A une altitude de 500 à 504 m, ces tombelles occupent un terrain en légère

pente vers l'est, à proximité immédiate d'un sommet.

L' existence de ce groupe de tombelles fut signalée en 1911 par Ie docteur P. Lomry (1).

Le tertre I a été fouillé intégralement selon la méthode adoptée pour les tombelles de Rogery, du 2 au 20 août 1971 (2). Le centre de cette butte avait

1 P. LoMRY, Découverte de quelques tombes anciennes et interprétation concordante de quelques mots dans un coin des hautes Ardennes dans Annales de l' Institut Archéologique du Luxem-bourg, XLVI, 1911, p. 382.

2 L'autorisation de fouille a été aimablement accordée par M. Léon de Potter, de Gouvy,

propriétaire, et M. Roger Daco, d'Halconreux, locataire. A. C(AHEN) D(ELHAYE), Bovigny: tombelles de La Tène avec foyer dans Archéologie, 1971, 2, p. 108.

(18)

18 TOMBELLES o'HALCONREUX

déjà été entamé auparavant par une large tranchée, attribuée au docteur Lomry, qui recoupait le bûcher et atteignait le sol en place (fig. 16).

En outre, nous ferons état des résultats d' un sondage effectué en oc-tobre 1962 et septembre 1963 par des membres du Cercle Segnia dans la tombelle IV. Il fut limité à deux tranchées qui recoupaient le centre du mo-nument (1).

Les quatre buttes s'alignent selon un axe NE-SO. Une distance de 17,5 à 22,5 m les sépare. Leur diamètre respectif est de 24 m (tombelle I), 13 m (tombelle II), 18 m (tombelle III) et 20 m (tombelle IV).

Tombelle I

Sa hauteur maximum atteignait 0,65 m.

Sous l'humus, le remblai comportait deux couches distinctes : une couche haute de 0,45 m maximum de liman jaune clair ou rougeatre contenant un abondant cailloutis qui reposait sur une couche de terre brun-rouge, plus friable et plus tendre (fig. 16). Le sol en place, très compact, présentait une couleur brun-rouge ou jaune avec, par endroits, des affleurements violacés.

LE BÛCHER (fig. 12)

A la limite des deux couches de remblai du tertre, à une profondeur de 0,40 à 0,58 m reposaient les restes d'un bûcher fortement perturbé par d'an-ciennes galeries d'animaux fouisseurs. Il avait un contour arrondi et un diamètre maximum de 3,40 m. Le feu avait été allumé sur une surface plane et régulière qui avait rougi et durci par la chaleur sur une épaisseur maximum de 0,05 m. Il avait été alimenté à l'aide de bois de hêtre et de chêne (2). Les

charbons de bois ont été datés par la méthode du radiocarbone de 2320

±

60 B.P., soit 370

±

60 avant notre ère (3).

Quelque 111 grammes d' ossements incinérés gisaient au sommet de la couche de cendres. Des tessons céramiques (a) et éléments de fer (b) reposaient parmi les charbons de bois; quelques uns se trouvaient aussi à proximité immédiate du bûcher.

1 M. M. Meunier, président du Cercle Segnia, nous a très aimablement communique les

renseignements suivants et autorisé à publier Ie profil de la bouteille qu'il détient.

2 Identification assurée par les laboratoires de l'lnstitut royal du Patrimoine artistique. 3 Analyse effectuée par Ie laboratoire de carbone 14 du Niedersächsisches Landesamt

(19)

TOMBELLES D1HALCONREUX 19 . :·. · .. -· .. -~i·:· i 11 0 lm

A

B

(20)

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20 TOMBELLES D1HALCONREUX

LE MATÉRIEL

a. Quarante tessons (fig. 13, Ia)

Ces fragments appartiennent à deux vases au mains. L'un est pourvu d'un petit col vertical et d'une épaule soulignée par un léger méplat. L'autre, pansu, est muni d'un simple rebord rentrant. L'un d'eux est omé d'un groupe de trois fines incisions horizontales.

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-Fig. 13. - Halconreux. Mobilier des tombelles I et IV. Réduction 1/3.

Pate très tendre et friable, contenant de la fine chamotte. La surface bien aplanie était lisse (actuellement fendillée); la pellicule extérieure a disparu sur la plupart des fragments. Parois fines. Couleur grise, greige ou orange en surface, grise dans le noyau.

b. Douze éléments en fer (fig. 13, 16).

Parmi ceux-ci, une lame épaisse et étroite s'amenuisant vers une extré-mité, sectionnée à l'autre. Long. 80 mm.

(21)

TOMBELLES D1HALCONREUX 21

Des autres éléments, il ne subsistait que des petits fragments informes.

Tombelle IV

Cette tombelle a livré un petit bûcher qui reposait à 6 m de son centre apparent et à 0,35 m de profondeur.

LE BÛCHER ET LE MATÉRIEL

Aux charbons de bois étaient mêlés quelques fragments d' os incinérés et des tessons éparpillés d'une bouteille en terre cuite (a).

a. Bouteille en terre cuite (fig. 13, !Va) Haut. préservée, 219 mm.

Le fond manque.

Panse large et subaissée, col haut, large orifice et lèvre évasée. Paroi très fine. Deux bourrelets horizontaux sont appliqués au centre de l' épaule et au milieu du col du récipient.

Argile tendre, assez friable. Surface soigneusement lissée. Couleur greige-gris dans le noyau.

(22)

RITES FUNÉRAIRES ET MA TÉRIEL

Les tertres

Nos tombelles se distinguent par leurs dimensions importantes tant en superficie qu'en hauteur, la plus grande atteignant 24 m de diamètre et 0,65 m de haut. Aucune d'entre elles n'a livré de vestige d'un dispositif - fossé, cercle de pierres ou de pieux - qui aurait ceinturé la butte.

Les trois tertres que nous avons explorés renfermaient chacun un, voire deux foyers qui reposaient toujours à une profondeur moindre que la hauteur du moment. Cette constatation nous amène à penser que ces feux ne furent pas allumés sur la surface ancienne, mais qu'un petit tertre avait été édifié préala-blement à l'incinération du défunt et qu'il aurait été rehaussé ensuite, sauf dans la tombelle II de Rogery ou les foyers reposaient au sommet même du tertre, à la base de l'humus.

Il convient de remarquer la présence de quelques tessons de céramique d'usage éparpillés dans le remblai de la tombelle I de Rogery.

Les bûchers

Deux tombelles ont livré un assez grand bûcher central, deux au-tres, de petits foyers excentriques. Les feux avaient été intenses si l' on en juge par l' épaisseur de la terre rougie sur laquelle reposaient les cendres. Seul le foyer 2 de la tombelle II de Rogery n' a pas livré de fragments d' os inci-nérés.

Le bûcher de la tombelle I de Rogery avait été éteint à l'aide de gros bloes de grès, comme en témoigne leur face qui fut rougie au contact des bois incandescants.

Les feux avaient été alimentés à l'aide d'un bon combustible : du bois de hêtre exclusivement dans les deux tombelles de Rogery, de hêtre et de chêne dans la tombelle I d'Halconreux.

Les ossements recueillis dans les cendres semblent pouvoir être attribués à l' espèce humaine. Il n'en subsistait toutefois qu' une fort petite quantité (entre 34 et 111 grammes); aussi, peut-on se demander si la plus grande part n'aurait pas été recueillie, une fois le feu éteint. Cependant, le fait que les

moellons aient été jetés sur les braises encore chaudes interdit une telle s up-position dans la tombelle I de Rogery.

(23)

RITES FUNÉRAIRES ET MATÉRIEL 23

Il convient enfin de rapprocher nos tombelles, pour la coutume de I' érec-tion de tertres et surtout Ie rite de l'incinéraérec-tion des défunts sur un bûcher au I' on jetait les offrandes, de celles qui furent élevées dans Ie Hunsrück et I'Eifel (1).

Le matériel

Le f er de flèche trouvé dans Ie bûcher de la tombelle

I

de Rogery perm et d'attribuer Ie monument à un homme tandis que les perles du bûcher de la tombelle II de Rogery indiqueraient une sépulture de femme. Les vases que renfermaient les tombelles d'Halconreux ne permettent pas de déterminer Ie sexe du défunt.

Les offrandes paraissent bien pauvres tant par Ie nombre que par la qualité, surtout si I' on considère I' importance des tertres qui ont certainement nécessité un grand travail de terrassement.

Le fer de flèche est Ie seul exemplaire trouvé, à notre connaissance, dans les tombelles de nos plateaux ardennais. De telles pointes apparaissent dans

des sépultures de la fin de Hallstatt en Champagne, dans la nécropole des

Jogasses (2), mais elles ne font plus partie du mobilier de La Tène

I

des nécropoles marniennes (3). D'autre part, dans la culture de l'Hunsrück-Eifel, cette arme est attestée dès la phase

I

B, contemporaine de notre Hallstatt final (4) et réapparaît ensuite à la phase II B (contemporaine de notre La Tène I b et c) à Braubach (Kr. Rhein-Lahn) (5), à Rascheid (Kr. Trier-Saar-burg) (6) et Losheim (Kr. Merzig-Wadern) (7). C'est avec celle de Losheim que la pointe de Rogery offre le plus de similitudes.

Les deux vases <lont on a pu reconstituer le profil (ceux des tombelles I de Rogery et IV d'Halconreux), possèdent une longue épaule, une lèvre évasée et un au deux bourrelets horizontaux qui agrémentent le milieu du

1 H. E. JOACHIM, Die Hunsrück-Eifel-Kultur am Mittelrhein, Cologne, 1968 (Beihefte der

Bonner ]ahrbücher 29), p. 126.

2 P.-M. FAVRET, Les nécropoles des Jogasses à Chouilly (Marne) dans Préhistoire, V, 1936,

fig. 14.

3 D. BRETZ-MAHLER, La civilisation de La Tène I en Champagne. Le faciès marnien dans

XXIIIe supplément à « Gallia, » Paris, 1971, pp. 111-112.

4 Nous devons ces rapprochements à M. A. Haffner (lettre du 13/9/73).

5 H. E. JOACHIM, Inventaria Archaeologica, Deutschland, 16, Bonn, 1969, D150, 4.

6 W. DEHN, Vorgeschichtliche Denkmäler und Funde um Hermeskeil dans Trierer Zeitschrift,

20, 1951, fig. 9, 18.

7 N. GRoss, A. HAFFNER, Ein Gräberfeld der jüngeren Hunsrück-Eifel-Kultur von Losheim,

Kreis Merzig-Wadern dans 16. Bericht der Staatlichen Denkmalpflege im Saarland, 1969,

(24)

24 RITES FUNÉRAIRES ET MA TÉRIEL

col. Les bourrelets sont attestés dès la phase I de La Tène en Champagne ou ils persistent jusqu'à La Tène II(1). D'autre part, ils sont bien représentés

dans la civilisation de l'Hunsrück-Eifel II B.

Le vase de Rogery, par son large anneau de base, sa panse tronconique,

son col court, sa lèvre évasée et son décor de plusieurs groupes de trois et quatre rainures horizontales, s'apparente étroitement à un vase découvert dans la nécropole de Wintersdorf (Kr. Trier-Saarburg) qui appartient à la culture de l'Hunsrück-Eifel (2). On rapprochera aussi notre exemplaire d'un vase de Hoppstädten (Kr. Birkenfeld), pourvu d'un décor similaire d'incisions et d'un bourrelet horizontal sur l'épaule, mais dont le profil est plus angu-laire (3). Selon A. Haffner, on rencontre des vases de ce type dans le Huns-rück-Eifel dès la fin de la phase II A et au cours de la phase II B qui cor-respond à La Tène I b et c (4).

La bouteille d'Halconreux, avec sa large panse surbaissée et son haut col trouve également des parallèles dans la culture de l'Hunsrück-Eifel II B, à Wollendorf (Kr. Neuwied) (5) et à Obermendig (Kr. Mayen) (6), par exemple. Selon A. Haffner, notre récipient doit être contemporain de cette phase II B (7).

1 D. BRETZ-MAHLER, op. cit., p. 140, fig. 120.

2 W. DEHN, Ein Grabhügelfeld bei Wintersdorf a. d. Sauer dans Trierer Zeitschrift, 11, 1936,

pl. 20, a.

3 L. KrLIAN, gelgräber bei Hoppstädten dans Trierer Zeitschrift, 24-26, 1956-58, pl. 22, 7.

4 Lettre du 13/9/73.

5 H. E. JOACHIM, op. cit. (1968), pl. 44, A2.

6 Ibid., pl. 44, Bl.

7 M. Haffner estime que cette bouteille remonterait à la fin de la phase II B car il existe

des formes apparentées à notre pièce dans des sépultures de La Tène II, dans la même

région, à Horath notamment : G. MAHR, Die Jüngere Latènekultur des Trierer Landes,

(25)

...

.

CHRONOLOGIE ET CONCLUSION

Typologiquement, nous pouvons considérer la pointe de flèche et le

vase de Rogery d'une part, la bouteille d'Halconreux de l'autre, comme

contemporains de la phase II B de l'Hunsrück-Eifel (vers 350-250 avant

notre ère).

Par ailleurs, les charbons de bois recueillis dans les foyers dateraient,

selon !'analyse du radiocarbone de 590

±

50 avant notre ère pour la tombelle

I de Rogery, de 420

±

80 et 295

±

50 pour la tombelle II de Rogery et de

370

±

60 pour la tombelle I d'Halconreux. Les deux dernières dates obtenues

cadrent bien avec celles fournies par l' analyse typologique du mobilier. Celle

de 590, par contre, semble trap ancienne. Le hêtre à partir duquel cette date

a été obtenue était peut-être très vieux lorsqu'il a été brûlé.

Le rite de l'incinération des défunts sous tombelle et la céramique

per-mettent de rattacher nos deux groupes de sépultures à la culture de

l'Huns-rück- Eifel.

Dans le groupe des tombelles situées à l' est du plateau des Tailles, il

existe un troisième ensemble de tertres qui abritaient des foyers

exclusive-ment : les trois tertres fouillés en 1930 par

J.

Breuer près de Honvelez (fig. 1 ),

hameau appartenant à la commune de Bovigny également (1). Ces monuments

n' ont pas livré de mobilier, mais dans l'un des foyers découverts, des os

incinérés étaient mêlés aux cendres.

Les autres tombelles explorées dans cette région recouvraient toutes une

sépulture à inhumation. Ces tombes renfermaient un mobilier apparenté à

cel ui de la culture de l'Hunsrück-Eifel II A (2). Il convient dès lors d' opposer

ces tombes à inhumation du début de La Tène I aux incinérations de la fin

de La Tène

I.

Il serait cependant prématuré de conclure à une modification

fondamentale du rite funéraire à l'est du plateau des Tailles vers le milieu

de La Tène I (3).

1 A. CAHEN-DELHAYE, loc. cit. (1968-69), pp. 164-168.

2 Ibid., pp. 153, 163.

3 De nouvelles fouilles dans les tombelles de cette région nous apprendront sans doute si le rite de l'incinération est généralisé vers la fin de La Tène I d'une part et s'il n'apparaît pas au début de La Tène, de l'autre .

(26)

26

Les fouilles ont été menées à bien grace à une abondante collaboration. Monsieur A. Contet, de Gouvy, membre du Cercle Segnia, nous a très aima

-blement introduit dans la région et initié aux tombelles du groupe des Tailles. M. M. Meunier, d'Houffalize, président du Cercle Segnia, a suivi avec intérêt nos travaux et communiqué ses notes et dessins relatif5 à la fouille de la torn-belle IV d'Halconreux. Mmes Cl. Deltour-Levie, M. Van Berg-Osterrieth, Mlles M.-H. Corbiau, A.-F. Gervy, H. Remy, Cl. Stas, C. Ter Assatouroff et M. M. Erken, tous archéologues, M.

J.

Jaume, préparateur au S.N.F., ont assuré une collaboration aussi dévouée qu' efficace.

M. Cl. Dupont a réalisé les dessins qui illustrent ce rapport.

Enfin, nous remerciom vivement le Dr. A. Haffner, du Rheinisches Landesmuseum de Trèves, qui nous a proposé de multiples rapprochements du matériel avec le mobilier qui appartieri.t à la culture de l'Hunsrück-Eifel.

(27)

'

TABLE DES MATIERES

Introduction

Couple de tombelles à Rogery .

Tombelles d'Halconreux .

Rites funéraires et matériel

Chronologie et conclusion 5 7 16 22 25

(28)

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Fig. 14. - Rogery. Plan et coupes au travers de la tombelle I.

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(29)

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Fig. 15. - Rogery. Plan et coupes au travers de la tombelle IL

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Fig. 16. - Halconreux. Plan et coupes au travers d la tombelle I.

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