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Un habitat danubien à Blicquy. I. structures et industrie lithique

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

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D. CAHEN et P.-L. VAN BERG

UN HABITAT DANUBIEN A BLICQUY

I. STRUCTURES ET INDUSTRIE LITHIQUE

BRUXELLES 1979

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UN HABITAT DANUBIEN A BLICQUY I. STRUCTURES ET INDUSTRIE LITHIQUE

(3)

ARCHAEOLOGIA BELGICA Dir. Dr. H. Roosens

Etudes et rapports édités par Ie Service national des Fouilles

Pare du Cinquantenaire I I 040 Bruxelles

Studies en verslagen uitgegeven door de Nationale Dienst voor Opgravingen

Jubelpark, I 1040 Brussel

© Service nationaJ des Fouilles

D/1979/0405/12

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ARCHAEOLOGIA

BELGICA

221

D. CAHEN

et

P.-L. VAN BERG

UN HABITAT DANUBIEN A BLICQUY

I. STRUCTURES ET INDUSTRIE LITHIQUE

BRUXELLES 1979

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INTRODUCTION

L'étude du Néolithique ancien dans notre pays soulève nombre de questions de chronologie et de répartition géographique. Jusqu'à présent, Ie Rubané n'était attesté qu'à l'extrémité orientale de la zone limoneuse de la Belgigue moyenne, sur un territoire délimité par les vallées de la Meuse, du Geer et de la Méhaigne (fig. 1). En !'absence de frontières naturelles, on peut s'interroger sur les facteurs qui auraient empêché l'expansion des premiers agriculteurs et éleveurs vers l'ouest, au-delà de la Hesbaye liégeoise et limbourgeoise. De même, on peut se demander quelles sont les limites temporelles de I' occupation rubanée et ce que sont devenues les populations omaliennes. Ces problèrnes s'avèrent importants pour comprendre la néolithisation de nos régions puisque, par exemple, il subsiste un hiatus notoire entre Ie Néolithique ancien et moyen.

Face à ces questions, quelques découvertes récentes apportent de premiers éléments de réponse. Ainsi, Ie Rubané a été retrouvé en Hainaut occidental sous une forme assimilable à l'Omalien de Hesbaye ce qui, en une fois, agrandit de cent kilomètres vers l'ouest l'aire de répartition de cette culture. D'autre part, le site épi-Roessen de la Bosse de !'Tombe à Givry, daté de la seconde moitié du quatrième millénaire, constitue un précieux témoin de l'évolution du Danubien en Europe du nord-ouest(l). Il faut enfin mentionner !'ensemble des stations danu-bienoes repérées dans la région des sourees de la Dendre occidentale par Monsieur Léonce Demarez et l'équipe du Cercle de Tourisme et de Recherches Archéologi-ques de Blicquy-Aubechies. Ces dernières trouvailles à Ellignies-Sàinte-Anne, Ormeignies, Aubechies, Irchonwelz, Moulbaix et Blicquy s'échelonnent sur une dizaine d'années. Ce travail est consacré au rapport des fouilles effectuées au site danubien de la Couture de la Chaussée, à Blicquy.

Le site est localisé à Leuze-en-Hainaut sur le territoirede I' ancienne commune de Blicquy, le long de la chaussée Brunehault, au lieu-dit Couture de la Chaussée (parcelle 463b, section B/2). Il occupe le sommet, vers 57m d'altitude, d'un plateau limoneux qui deseend en pente très douce vers l'ouest (fig. 1).

Des silex taillés et quelques tessons de poterie dans les labours ainsi que des sondages à la tarière, révélèrent l'existence du site et de plusieurs fosses dont l'une fut explorée en 1972 par L. Demarez et Ie C.T.R.A. Cette fosse livra un matériel évoquant celui d'Ellignies-Sainte-Anne attribué au Roessen par F. Hubert(l). La même équipe poursuivit le travail en 1973 et dégagea plusieurs fosses (pl. I: A à G) ainsi que quelques trous de poteaux apparemment isolés.

:1. J. MICHEL et D. TABARY-PICAVET. LaBosse de I 'Tombe à Givry (Hainaut). Tumulus protohistorique et occupation néolithique épi-Roessen. Bull. Soc. Roy. Beige Anthrop. et Préh., t. 90, 1979, pp. 5-61.

(6)

6 463 b Sectlon B 2 0 lOOm

--=-===-INTRODUCfiON Co ut ure de la chaussée

Fig. 1. Cartes de situation et extrait du plan cadastral. 1 : Blicquy. 2: airede répartition du Rubané dans Ia vallée de la Meuse.

N ous avons repris les fouilles à Blicquy en 1977, en collaboration avec le Service national des Fouilles et le C.T.R.A., avec l'aide également de la Société Tournaisienne de Géologie, Préhistoire et Archéologie(3). Les recherches ont débuté par l'exploration d'une grande fosse et d'une autre plus petite (1 et 2). Ensuite, un décapage à la pelle mécanique nous a permis de dégager de nouvelles

3 Nous remercions vivement M.L. Demarez, inventeur du site, qui a participé aux fouilles et nous a confié Ie matériel découvert lors de ses propres travaux. M.J. Dubois nous a aimablement autorisés à travailler sur ses terres. M. !'abbé G. Coulon, Président de la S.T.G.P.A., nous aapporté l'aide de sa société etnous a accordé une généreuse hospitalité. L'illustration a été réalisée par Madame Y. Baele.

(7)

INTRODUCf!ON 7

structures (3 à 9) et de repérer une série de trois trous de poteaux signalant !'emplacement d'une habitation. Celie-ei fut intégralement décapée en 1978 ainsi que d'autres structures (10 à 14). Enfin, un sondage limité à 6m au nord des fouilles de 1973 a livré de nouvelles fosses (15 et 16) ainsi que les premiers éléments d'une seconde habitation qui sera fouillée ultérieurement (pl. I). Lors des travaux de 1977 et 1978, chaque fosse a été quadrillée en mètres carrés et Ie décapage horizontal conduit par tranches de 5 ou lücm d'épaisseur afin de pouvoir discerner d'éven-tuelles phases de remplissage.

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STRATIGRAPHIE, ENVIRONNEMENT, CHRONOLOGIE, ECONOMIE

Stratigraphie: à !'emplacement du site, Ie substrat est constitué d'argiles yprésien-nes surmontées de limons hesbayens. La partie supérieure, jaune-brun, de ces limons est traversée de Jangues de décoloration blanchätre. A partir de 2 m de profondeur, Ja colaration vire au jaune päle homogène avec de petits nodules de manganèse et des taches de rouille. Celles-ei deviennent plus abondantes vers 3 m de profandeur ou commence une zone de gley de teinte grisätre. Les limons présentent de nombreuses laminations subhorizontales et une texture fendillée.

Entre la terre arabie (épaisse de 0,25 à 0,30 m) et les limons jaune-brun s'intercale une bande de limons brons homogènes épaisse de 0,10 à 0,15 m et traversée par endroits de fines bandes horizontales grises de texture plus grossière (fig. 5). Les limons bruns remplissent les fentes de rétraction et des galeries d'animaux fouisseurs dans les fosses. La répartition des vestiges archéologiques dans eet horizon dessine Ie contour des fosses néolithiques avant qu'elles ne deviennent discernables, ce qui suggère que la colaration brune et l'homogénéisa-tion de cette bande résultent d'une évolul'homogénéisa-tion pédologique des limons(4 ). 11 faut également souligoer que nous n'avons pas retrouvé la surface d'occupation origi-nelle et que les fouilles ne concernent que la partie inférieure des structures creusées dans Ie sol.

Environnement (par Jean Heim)(5): !'analyse pollinique de la fosse 12 montre,

au-dessus du limon en place (stérile du point de vue palynologique), une brusque apparition de la forêt caractérisée en premier Iieu et en dominanee par Ie tilleul et accessoirement par du noisetier, du chêne, de l'aulne, de l'orme (pourcentage de pollen arboréen de l'ordre de 60% ). La strate herbacée est dominée par les graminées et les fougères du type monoletes et un peu de polypode. 11 s'agit de spectres polliniques caractéristiques de l'époque atlantique (5.500-2500 B.C.). A ces niveaux profonds, l'agriculture est attestée par de rares traces de céréales accompagnées de plantes indicatrices de terrains dénudés telles des hépatiques du genreRiccia etAnthoceros (plantes des terrains dénudés, notamment des éteules). La présence de pätures est indiquée par une proportion de graminées d'environ 15% ainsi que par du pollen du type Crepis, Cirsium, Rumex, Ranunculaceae.

Au fur et à mesure que l'on monte vers Ie sommet de la fosse, Ie taux de boisement diminue (de l'ordre de 10% de pollen arboréen) a vee différents niveau x

4

Nous remercions MM. P. Haesaerts, chef de travaux à l'I.R.S.N.B. et J. Moeyersons, premier assistant au M.R.A.C. qui nous ont aidés dans l'interprétation stratigraphique.

5 Laboratoire de Palynologie, U.C.L. Ces quelques données ne constituent qu'un rapport

prélirninaire. Une étude plus détaillée paraîtra ultérieurement, après l'achèvement des analyses.

(9)

STRAT!GRAPHIE, ENVIRONNEMENT, CHRONOLOGIE, ECONOMIE 9

stériles. La culture de céréales augmente et les pätures s'étendent (graminées supérieures à 20%).

Au site rubané de Blicquy (B.P.O.), on retrouve un spectre pollinique proche du précédent. La forêt atlantique est toutefois moins bien représentée et le noisetier est plus abondant, ce qui témoignerait d'un paysage plus ouvert que cel ui de Ia base de la fosse 12.

En résumé, les analyses polliniques mantrent l'influence anthropique sur la forêt originelle atlantique et fomnissent des résultats praehes de ceux obtenus dans d'autres sites du Néolithique ancien(6).

Chronologie: I'homogénéité du site et de son matériel est indiquée par divers

arguments: !'absence dans Ia fouille de vestiges attribuables à d'autres époques (à l'exception de rares fragments d'outils de silex poli et de tuiles romaines trouvés dans Ia terre arable); !'absence de phases de remplissage nettement distinctes dans les fosses; l'organisation des structures autour de la maison témoigne de I'unité d'occupation; les raccords de silex taillés et de poteries établissent la contempora-néité des différentes zones et profondeurs d'une même fosse ainsi que des diffé-rentes fosses (fig. 2).

La palynologie attribue I'occupation du site à l'Atlantique tandis que la typologie indique I'appartenance du matériet au Néolithique danubien. Outreces données, nous disposons d'une série de douze dates au radiocarbone effectuées toutes sur charbon de bois (1). Un échantillon recueilli dans un amas charbonneux (pl. I: 19) s 'est avéré très récent(8) tandis qu 'un autre prélevé dansIetrou du poteau

central de la maison a donné un äge excessivement vieux (9). Les dix autres

échantillons proviennent des fosses à raison de deux par structure, récoltés à des profondeurs différentes (fosses 1, 3, 4, 12, 15) (tab. 1). Les dates sont échelonnées sur près de 1.700 ans entre 4.795 et 3.105 B .C. (éch. 5 et 12), sans carrélation par fosse ou par profandeur puisque dans 3 cas, I' échantillon profond est plus jeune que le supérieur. Les résultats extrêmes sont affectés d'une erreur très importante, ce qui permet d'écarter les dates les plus vieilles et les plus récentes (éch. 5, 8, 11, 2, 12). Il reste finalement 5 dates qui se rangent entre 4. 725 et 4.070 B.C. (éch. 4, 1, 7, 3, 6). De tels écarts, relativement courants dans la datation des sites rubanés, sont attribués généralement à l'emploi de bois d'äges différents pour les

construc-6 J. HEIM~-G'envirennement végétal de Fhabitat néolithique du Rubané à Reichstett par I' étude du conten u pollinique des fosses. Dans: Le site néolithique de Reichstett (Bas-Rhin), fouilles 1976 (suite).Rev. Archéol. del' Est et du Centre-Est, nos 111-112, 1978, pp. 56-63.

7 Nous sommes redevables à M. M.A. Geyh, Directeurdu laboratoire Cl4 du Niedersäch-sisches Landesamt für Bodenforschung (Hanovre) de la datatien de nos échantillons.

8 Hv-9273: 335 ± 70 B.P. (1615 A.D.)

=

éch. 10. 9 Hv-9272: 8.445 ± 570 B.P. (6.495 B.C.)

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éch. 9.

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10

STRATIGRAPHIE, ENVIRONNEMENT, CHRONOLOGIE, ECONOMIE

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Fig. 2. Plan des liaisons du matériellithique et cérarnique. Traits pleins: remontages de silex taillés. Traits interrompus: raccords de tessons de poterie.

tions, les foyers etc ... (1°). On observe toutefois une concordance acceptable des

résultats entre 4.300 et 4.100 B .C. environ. Comme l'äge réel de l'occupation est nécessairement plus jeune que cel ui des charbons de bois analysés, une date vers la

fin du cinquième millénaire (4.200-4.000 B.C. en années radiocarbone) constitue

une estimation très raisonnable.

10 J.N. LANTING, W.G. MooK. The Pre- and Protohistory ofthe Netherlands in termsof

(11)

STRATIGRAPHIE, ENVIRONNEMENT, CHRONOLOGIE, ECONOMIE 11 H.C. 3.500 4.000 4.500 5.000 5.500 6.000 LU c:::::::j:::::: HV-9285: 6.505:!: 105 8.1![78-1 :50-60cm]

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7500 8.000

Tab. I. Datations radiocarbone du site de Blicquy-Couture de la Chaussée, du site rubané

de Blicquy -Porte Ouverte (B.P.O.) et du site rubané d'Omal.

Sur base des données du radiocarbone, l'occupation danubienne de la Cou-ture de la Chaussée n'apparaît pas plus récente que celle du site rubané de IaPorte Ouverte à Blicquy également (B.P.O.) ou que cellede l'Omalien à Omal (tab. I). Les résultats obtenus tant pour Ie Danubien de Blicquy que pour Ie Rubané de Blicquy et d'Omal concordent avec les dates des phases récentes du Rubané des Pays-Bas (11), du plateau d 'Aldenhoven en Allemagne (12) ou du Rubané récent

d' Armeau en France(13). La position chronologique du groupe danubien de Blic-quy évoque celle de la céramique du Limbourg (14) et de la culture Grossgartach

qui, au plateau d' Aldenhoven, est contemporaine de la fin du Rubané (15). Tout ceci montre que vers la fin du cinquième millénaire, un certain nombre de groupes danubiens régionaux étaient affranchis de la tradition rubanée qui, par ailleurs, persistait encore sur les mêmes territoires.

11 P.J.R. MoDDERMAN. Linearbandkeramik aus Elsloo und Stein. Anal. Praehist.

Leiden-sia lil, Leiden, 1970, pp. 192-201.

12 P. STEHLI. Keramik. Dans: Der bandkeramische Siedlungsplatz Langweiier 2,

Ge-meinde Aldenhoven, Kreis Düren. Rhein. Ausgrab. 13, Bonn, 1973, pp. 57-100. 13 F. PoPLIN. La faune danubienne d' Armeau (Yonne, France): ses données sur l'activité humaine. Dans A.T. CLASON (éd.). Archaeozoological Studies. Amsterdam, 1975, pp.

179-192.

14 P.J.R. MooDERMAN. 1970, op.cit., pp. 141-143.

15 P. STEHLI. Grossgartacher Scherben von bandkeramischen Siedlungsplatz Langweiier

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12 STRATIGRAPHIE, ENVIRONNEMENT, CHRONOLOGIE, ECONOMIE

Economie: la pratique de 1' agriculture est directement attestée par le pollen de céréales tandis que cellede l'élevage est indiquée par quelques dents de bovidés domestiques. Quelques fragments d'os brûlés pourraient appartenir les uns à des

ovicaprins, les autres à des oiseaux (16 ). La nature acidedessols de Blicquy n'a pas

favorisé la conservation des vestiges organiques. Nous ignorons donc si d'autres végétaux ou animaux étaient cultivés ou élevés et la part de la chasse et de la

cueillett~ dans 1' alimen tation.

16 Nous remercions M.A. Gautier, Professeurà la R.U.G., qui adéterminé les ossements.

Un rapport plus détaillé paraîtra ultérieurement.

(13)

STRUCTURES ARCHEOLOGIQUES

Maison

Le plan de la maison est dessiné uniquement par des trous de poteaux sans tranchée de fondation (fig. 4 et pl. I). En coupe, ces trous de poteaux mootrent un profil en U souligné par un précipité d'hydroxydes de fer (fig. 5, a à e). Leur profandeur est assez faible, de 0,10 à 0,20m sous Ie décapage (0,40 à 0,50m sous la surface) et leurforme est plusou moins circulaire a vee un diamètre de l'ordre de 0,30 à 0,40m.

Fig. 3. Vue de la maison en fin de fouille, d'est en ouest.

La maison est construite selon Ie système des tierces, soit des rangées de trois poteaux intérieurs alignés selon un axe perpendiculaire à celui de l'habitation. La paroi est formée de pieux espacés de 0, 75 à 1 m dontil ne subsiste que de rares exemplaires, parce qu'ils étaient sans doute enfoncés moins profondément que les poteaux intérieurs qui supportaient la charge du toit. Orientée de 74,5° vers l'ouest, la maison présente un plan subreetangulaire coiffé à 1' ouest d' un chevet trapézoïdal dont la présence est indiquée par Ie rétrécissement de la demière tieree et l'inflé-chissement à cette hauteur de la paroi sud de la maison vers Ie oord-ouest (il ne reste rien de la paroi oord). D'est en ouest, on trouve un premier groupe de trois tierces suivi d 'un poteau central isolé puis d'un second groupe de trois tierces dont les deux dernières sont très rapprochées; après un espace vide, vient la demière (septième) tieree plus étroite qui marque le début du chevet. Cette disposition permet de

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:

! 14 STRUCTURES ARCHEOLOGIQUES

distinguer de quatre à sept compartimentsinternes mais, en I' absence de

cloison-nement, toute reconstitution reste conjecturale (fig. 4). Longue de 31 m, la maison présente une largeur de 5,75 m au petit cöté est pour 5,25 m au début du chevet et 4 m environ au petit cöté ouest. La di stance entre les poteaux centraux de chaque tieree est variable: 3,25m, 2,55m, 4,50m, 3,50m, 5,50m, 2m, Sm. La largeur des tierces varie également d'est en ouest: 3,75m, 3,75m, 3,50m, 3,75m, 3m, 3, lOm, 2,50 m. L'écartement des parois par rapport aux tierces devait atteindre un mètre. Le poteau central isolé est de loin leplus large et leplus profond. Le poteau nord de la quatrième tieree est sensiblement décalé vers 1' ouest puisque les poteaux nord des troisième et quatrième tierces sont distants de 8,50 m contre 7,50 m pour leurs correspondants du cöté sud.

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Fig. 4. Reconstitution du plan de la maison.

Entre les fosses C et 15 et au sud-ouest de cette demière, les sondages ont rencontré quelques trous de poteaux appartenant à une seconde habitation appa-remment orientée de manière analogue à la première (pl. I).

La maison danubienne de Blicquy présente un ensemble de caractères inter-médiaires entre les habitations rectangulaires du Rubané classique et les maisons trapézoïdales du Roessen. En 1978, une maison analogue a été découverte à Irchonwelz, à quatre kilomètres environ à vol d'oiseau(17). Le matériel des fosses

de cette maison offre de très fortes similitudes avec cel ui de Blicquy. En élargissant le cercle des comparaisons, on constate que le dispositif de la quatrième tieree a vee son poteau décalé correspond au Y (dont une branche manquerait) des maisons des phases anciennes du Rubané des vallées de la Meuse et du Rhin. Un dispositif comparable constitué tantöt d'une tieree décalée, tantöt d'une tieree oblique s'observe dans diverses maisons subrectangulaires, légèrement ou franchement trapézoïdales du Bassin Parisien et de Bourgogne et dont le matériel associé appartient soit au Rubané récent du Bassin Parisien, soit à l'un ou l'autre groupe

17 Fouilles du Centre de recherches protohistoriques de l'Université de Paris I sous la

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STRUCTURES ARCHEOLOGJQUES 15

danubien << postrubané >> (18 ). L'orientation proche de I' est-ouest de la maison de

Blicquy la rapproche davantage du Bassin Parisien que des régions rhénanes ou mosanes. En dépit de ces convergences, il subsiste certaines particularités comme la combinaison de plans reetangulaire et trapézoïdal et la présence du poteau central isolé. On peut en condure que la maison de Blicquy constitue une variante du plan danubien, dérivant du modèle rubané ancien et présentant des analogies avec certaines habitations rubanées récentes et << postrubanées >> du nord de la France.

Fosses

Les fosses varient par leur forme, la colaration de leur remblai, leur mode de remplissage et leur richesse archéologique. Les plus riches (1, D et E) sont situées de part et d'autre de la maison, légèrement à droite chaque fois de la quatrième tieree ce qui pourrait suggérer l'existence d'ouvertures dans les longs cötés entre Ie poteau central et la quatrième tieree (pl. I et fig. 4). Plusieurs fosses se terminent à

l'ouest par une pointe peu profonde des tinée peut-être à évacuer les eaux tombant du toit. La forme des fosses fouillées en 1972-1973 est imprécise. Il s'agit visiblement de structures étroites, profondes et allongées, qui se dédoublent par endroits. Ce phénomène pourrait résulter la présence de la seconde habitation à

laquelle il faudrait alors attribuer les fosses C et E (pl. I).

1: long. 8,50m, larg. 2,50m, prof. 0,85m. Forme ovale terminée en pointe vers l'ouest, fond plat, remblai gris vers Ie haut, bande noiratre vers Ie fond, pas de structure de remplissage marquée. Fosse riche: la majeure partie du matériel est concentrée entre 0,40 et 0,65 m de profondeur, particulièrement Ie long de la bordure nord (fig. 5).

2: long. 2,50m, larg. 1,25 m, prof. 0,75 m au centre. Forme ovale, profil en cuvette, remblai gris et noiratre au centre. Fosse pauvre.

3: long. 1,50 m, larg. 1 m, prof. 1,20 m. Forme ovale; en coupe, parois verticales jusque 0,80m s'évasantensuite pour atteindre unelargeurde 1,40m à la base, fond plat, remblai gris. Fond tapissé d'argile noire très riche en charbons de bois parfois volumineux; bandes d'argile noire incurvées vers Ie bas dans Ie tiers inférieur du remblai; parois rubéfiées. Matériel peu.abondant. Il s'agit d'une structure de cambustion souterraine mais vraisemblablement pas d'un four à céramique (fig.

5).

18 C. et D. MORDANT. Le site néolithique des Gours-aux-Lions à Marolles-sur-Seine

(Seine-et-Marne).Bull. Soc. Préh. Franç., t. 67,1970, pp. 345-371. J. JOLY. Informations archéologiques de la circonscription de Bourgogne. Gallia Préh. XI, 1968, p. 403. G. BAILLOUD. Le Néolithique en Picardie. Rev. Archéol. de l'Oise, 7, 1976, pp. 10-28. M.

BouREux et A. CouoART. Implantations des premiers paysans sédentaires dans Ja vallée de l'Aisne. Bull. Soc. Préh. Franç., t. 75, 1978, pp. 341-360.

(16)

16 STRUCTURES ARCHEOLOGIQUES

d

e

c

Fig. 5. Coupes de trous de poteau. a: paroi sud. b: poteau centraL c: troisième tierce. d et e: deuxième tierce. ProfiJs des fosses 1 et 3. Légende. 1: terre arable. 2: limon brun homogène. 3: remblai grisätre. 4: remblai noirätre. 5: bande argileuse noirätre. 6:

limon grisätre homogène. 7: terre brûlée. 8: charbon de bois. 9: bande ferrugi-neuse. 10: perturbation. 11: remblai jaunätre tacheté de noir. 12: bloc de liman jaunätre (sol en place laissé en blanc). Ech. 1/20.

4: long. 5,50m, larg. 1,50m, prof. 1,20m. Forme ovale allongée, profil en cuvette, remblai grisätre vers le haut, bande noirätre vers Ie bas puis remblai jaunätre tacheté de noir tapissant Ie fond. Fosse riche (fig. 6).

5 à 9: petites taches grisätres peu profondes et irrégulières, pauvres en matériel. Fonds de fosses ou trous de chablis?

10: long. 4m, larg. 1,25m, prof. 0,95m. Forme ovale irrégulière, profil en cuvette aplatie, remblai gris clair pratiquement stérile. Orientée N.N.O.-S.S.E.

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STRUCTURES ARCHEOLOGIQUES

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18 STRUCTURES ARCHEOLOGJQUES •

11: long. 2,50m, larg. 0,75m, prof. 0,60m. Forme ovale allongée, profil en cuvette, remblai gris clair, stérile.

12: prolongation ouest des fosses G et F. Long. 5,50m, larg. 3m, prof. I ,95m.

Forme irrégulière divisée en 2lobes, celui du sud pénétrantdans la maison, celui du nord se terminanten pointe peu profonde. En coupe, profil asymétrique avec paroi verticale au nord, engradins au sud. Fond plat. Remblai grisätre jusque 0,70 m puis noirätre sous une bande riche en charbons de bois jusque I ,50 m, remblai du fond jaunätre a vee taches et linéoles noires. Grosse bande de bloes de terre brûlée vers le fond du remblai noirätre, descendant de Ja maison et butant contre paroi nord. Fosse assez pauvre sauf quelques amas de tessons (fig. 6).

13: long. 4m, Jarg. 2,I5m, prof. 0,85m. Formeirrégulière allongée se terminant en pointe vers l'ouest, profil en cuvette, remblai noirätre. Fosse pauvre.

14: long. 3,25 m, larg. I ,75 m, prof. 0,65 m. Forme irréguJière, profil en cuvette irrégulière, remblai gris clair très pauvre. Orientée N.O.-S.E. pénétrant partielie-ment dans Ja maison.

15: long. 9,50m, larg. 3 m, prof. 1,40m. Forme irrégulière, profil en cuvette,

remblai gris jusque 0,55 m, noirätre jusque I, 15 m et traversé de bandes d'argile noire incurvées vers le bas, remblai du fond jaunätre panaché de taches puis de linéoles noires. Fosse attenante à la seconde maison; 3 m2 seulement fouillés et

riches en matériel (fig. 6).

16: long. 2,50 m, larg.

±

I ,75 m, prof. 0,85 m. Folll)e ovale irrégulière, profil en cuvette aplatie, remblai gris avec bandes gris foncé. Fosse pauvre attenante à la seconde maison.

17: taches grises irrégulières et stériles.

18: amas charbonneux avec céramique vemissée récente.

19: amas charbonneux vers 0,50m de prof., récent d'après date radiocarbone.

Outre ces structures, nous avons noté quelques taches brunes irrégulières et stériles. Des drains orientés S.O.-N.E. parcourent Ie terrain à intervalles de 8,50 à

(19)

INDUSTRIE DE SILEX

Le matériel découvert en fouille comporte 15.518 artefacts de silex taillé (poids total: 63.346 g) dont l'inventaire et la répartition par variétés de silex sont donnés au tableau II.

Vl Vl z w 1- w 0 0.. z w Vl Vl z ;::: 0.. w w 1- w w Ir u <( :l: 1- z w Vl :J w Ir Cl Vl w w Vl ::::; al lL lL <( 1- 1- Ir :l: ::::; w u Cl -Ir w Ir w w w ;:: 1- w Vl 0 lL :r Vl :J :J 0 w :J w 0

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~~~~16

S3,7 p 1 ss 670 20938 2B63 166 690 739 14 7.481 S3,2 S.C. N 2 - 100 39 s 14 1 s 17 183 1,2 p 42S

-

362 169 27 103 s 6 104 1.201 1,9 S.C.V. N 1 - 7S7 1 - - 2 - 48 809 S,2 p 69 - 35S2 10 - - 30 - 1.S78 S.239 8,3 S.N.G. N 2 - 3S6 s 1 - 3 - 23 390 2,S p 29S - 2.689 41 s - 78 - 804 3.912 6,2 S.N .B. N 1 4 3.676 46 1 2 1 s 4 124 3.873 24,9 p 20 97 8.701 204 9 26 168 3 3.273 12501 19,7 S.G.B. N 2 1 422 3 - 1 2

-

41 472 3,1 p 149 18 2.47S 19 - 11 29 - 1.489 4.190 6,6 S.B. N

-

- 1.410 37 1

-

- - 8 1.4S6 9,4 p - - 2.309 13S 4 - - - 139 2.S87 4,1 TOT AL N10 23 3.94S 79S 43 95 S8 25 524 5.518 100 p 1.113 78S 42.026 3.441 211 830 1.049 23 14.868 63.346 100 •t. N 0,1 0,1 89,9 5,1 q3 0,6 0,4 0,1 3,4 100 p 1,8 1,2 64,8 s.~ 0,3 1,3 1,6 0,0 2~5 100

Tab. Il. Inventaire de !'industrie de silex par catégorie typoiogigue et par variété de silex (N: nombre, P: poids en g).

Nature des matériaux

Outre les silex brûlés (S .B.), non identifiables, qui représentent 9,4% du total

des artefacts, nous avons reconnu six variétés de silex:

Silex gris mat (S.G.M.): grain très fin, opaque, gris avec plages rougeätres, verdätres ou noirätres, finement zoné en gris clair et foncé. Cette matière, qui se présente brute sous forme de plaques, représente 53,7% des artefacts et a été spécialement utilisée pour la production de lames.

(20)

lil

20 INDUSTRIE OE SILEX

Silex café au lait (S.C.): grain très fin, translucide, brun clair marbré. Cette

matière, qui se présente brute sous forme de rognons, représente 1,2% des artefacts et a été utilisée quasi exclusivement pour la production de lames.

Silex noir à cortex vert (S.C.V.): grain fin, translucide, noir avec inclusions

beiges, cortex verdätre.· Cette matière, qui se présente brute sous forme de galets, représente 5,2% desartefactset a servi surtout à la production d'éclats.

Silex noir grossier (S .N. G.): grenu et opaque, noir moucheté de cl air, nombreuses

géodes, cortex rugueux. Cette matière, qui se présente brute sous forme de noyaux irréguliers, représente 2,5% des artefactset a servi surtout à produire des éclats.

Silex noir à cortex beige (S.N.B.): grain fin, opaque, noir brillant moucheté de

clair, cortex de craie. Cette matière, qui se présente brute sous forme de rognons, représente 24,9% des artefacts et a foumi quelques larnes maïs surtout des éclats.

Silex gris et gris-brun (S.G. B.): variété rnains bi en définie que les précédentes et

sans doute hétérogène. Cette matière représente 3,1 % des artefacts et a foumi quelques larnes maïs surtout des éclats.

Nous n'avons pas identifié la provenanee exacte de ces variétés de silex. Selon F. Hubert, le S.G.M. proviendrait de Ghlin et le S.C. de Baudour-Douvrain, soit une di stance d'environ vingt à vingt-cinq kilomètres de Blicquy (19). Le S.C. V. se

trouverait dans le Landénien qui affleure dans la région tandis que le S.N.G. est analogue au silex de Stambruges et de Blaton, à une dizaine de kilomètres du site. Le cortex des variétés S.G.M. et S.N.B. portedes stries produites sans doutelors de I' extraction du silex. Il est à noter que ces deux variétés, les plus utilisées, ne sant certainement pas originaires du voisinage immédiat de !'habitat. Signalans aussi que les silex de Spiennes ne se retrouvent pas dans !'ensemble de Blicquy et que les autres sites du Néolithique ancien de la région des sourees de la Dendre occidentale recèlent un mélange analogue de silex, ce qui indique l'existence d'un circuit d'approvisionnement autonome.

Processus de débitage

Production d' éclats: leséclatset le matériet associé (nucléus, fragments, déchets,

outils sur éclat, éclats utilisés représentent 14.281 artefacts soit 92% de l'inven-taire. Il n'y a que 6 nucléus à éclats, globuleux et irréguliers (fig. 10, nos 10, 12). 11s sant en S.C.V., S.N.G., S.N.B. et S.G.B. 11 n'y en a aucun en S.G.M. ou S.C., variétés utilisées de préférence pour la confection des lames. 11 est donc vraisem-blable que. nombre d'éclats S.G.M. et S.C. soient des sous-produits du débitage laminaire. 11 est clair d'autre part que les quelque 5.000 éclats n 'appartenant pas à ces de u x dernières variétés ne peuvent résulter du débitage des 6 nucléus identifiés. Toutefois, !'outillage comporte 123 percuteurs, broyeurs et polyèdres facettés qui

(21)

INDUSTRIE DE SILEX 21

pourraient être des nucléus recyclés en outiJs et dont la répartition par variétés de silex est à peu près analogue à celle des éclats (fig. 10, nos 3 à 5, 7 à 9, 11). Dans cette hypothèse, chaque nucléus aurait foumi 40 éclatsen moyenne. On peut donc croire que la production des éclats est locale et qu' elle a été effectuée aux dépens de variétés de silex d'origine assez proche du site.

Production de larnes: la composante laminaire (lames, nucléus à lames, éclats de

réfection de plan de frappe, outiJs sur lame, larnes utilisées et déchets de fabrication d' outils sur lame) représente 1097 artefacts, soit 7, 1 % de I' industrie. Les variétés S.G.M. et S.C. correspondent à 993 artefacts, soit 90,5% de la camposante laminaire. Tous les nucléus à larnes sonten S.G.M. et S.C., maïs i! n'y en aque4 qui n' ai ent pas été défigurés par un remploi comme percuteur.

Les chaînes opératoires sont assez difficiles à reconstituer. Dans le cas du S.G.M. qui se présente sous forme de plaques, il fallait d'abord fragmenter celles-ei pour obtenir un volume utilisable (fig. 7, n° 5). La préparation débutait par l'aménagement de la tranche des plaques afin de lui donner une certaine obliquité pour augmenter la surface débitable. Cette étape du travail a livré des éclats assez larges dont l'extrémité distale et Ie talon forment des plans parallèles et qui ont souvent été utilisés (fig. 7, n° 4, fig. 9, n° 19). L'arête entre la tranche et l'une des faces était alors régularisée en crête par des enlèvements alternants (fig. 7, nOs 7, 8), un plan de frappe était préparé et I' extraction laminaire pouvait commencer. Faute de nucléus, il est malaisé de préciser les étapes ultérieures. Les 2 nucléus retrouvés paraissent épuisés et sont à peu près semblable (fig. 7, nos 1 et 3). Le meilleur exemple est en forme de tête d' obus et toute sa surface porte des négatifs de lam es. Il n 'a qu'un plan de frappe, oblique, et l'extrémité opposée du nucléus présente des traces d'écrasement indiquant que le bloc était posé sur un corps dur lors du débitage (fig. 7, n° 1). Les éclats de réfection de plan de frappe ne ressemblent pas aux tablettes d'avivage omaliennes, puisque les plans de frappe n'étaient pas sectionnés horizontalement maïs recoupés en oblique à partir de la surface des enlèvements laminaires (fig. 7, nos 9 à 11). Cette technique permettait d' exploiter toute la surface du nucléus. Pour le S.C.la méthode est analogue maïs appliquée à des rognons. Un nucléus ébauché montre un plan de frappe Iisse et une amorce de crête. Un autre, épuisé, présente une surface d'enlèvements laminaires opposée à une crête arrière réfectionnée dans une demière tentative d'exploiter Ie nucléus. Le plan de frappe est facetté (fig. 7, n° 2).

Nous avons raccordé quelques larnes et éclats de préparation, sans jamais parvenir à reconstituer une séquence complète (fig. 14, nos 1 et 10). Compte ten u de la rareté des vestiges techniques du débitage laminaire face à !'abondance des produits finiset vu l'impossibilité que les quelques nucléus retrouvés aient foumi près d 'un millier de larnes, il est hors de question que la production des larnes ait été effectuée dans I' espace fouillé. On peut supposer que !'atelier de débitage reste à découvrir dans une autre partie du village ou, plus vraisemblablement, que la préparation des larnes était localisée aux lieux d'extraction de la matière première.

(22)

I

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I 4 5 10 8

Fig. 7. Silex: débitage laminaire (une flèche simple indique les coups de burin; un cercle traversé d'une flèche désigne Ja direction de percussion lorsque Je bulbe est absent). Ech. 1/2.

(23)

INDUSTRIE DE SLLEX 23

Les larnes sont d'excellente facture, longues, fines, à nervures dorsales bien parallèles, avec des extrémités distales très minces parfois légèrement spatulées (fig. 7, n° 6, fig. 14, nos 1 à 11). Le débitage à partir de plans de frappe opposés semble inexistant. Une série importante, près du tiers des larnes présente un très petit talon en triangle, en lentille ou en croissant, éversé et séparé du bulbe par une petite lèvre. Le bulbe est très diffus (fig. 7, nos 7 et 8, fig. 14, nos 6 à 10). Ces caractéristiques évoquent le débitage par pression (2°). Les au tres larnes sont sans doute produites par percussion. L'existence du débitage laminaire par pression constitue, si elle se confirme, une particularhé technique remarquable de !'indus-trie de Blicquy.

La plus grande lame conservée atteint 19cm de long (fig. 7, n° 6), mais la majorité des pièces intactes est comprise entre 4 et 7 cm. La distribution de la longueur des fragments de larnes comporte 2 modes, l'un entre 2 et 3cm, l'autre moins net, entre 4 et 6cm, comme celui des larnes entières. On peut supposer que les longues larnes étaient réduites à un gabarit utilisable tandis que les pièces qui présentaient déjà la longueur recherchée étaient laissées entières. Parrui les procé-dés de réduction des lames, signaloos la cassure simple (fig. 14, nos5 à 9), la cassure dans une encoche (fig. 14, nos 10, 15 à 18) et la technique du microburin (fig. 14, nos

12 à 14); ces deux dernières catégories formentles larnes segmentées du tableau II.

Outillage

Il y a 524 outils (pièces retouchées) soit 3,4% de ]'industrie à raison de 137 (26, 1%) sur lame, 272 (51 ,9%) sur éclat et 115 (21 ,9%) sur bloc. Il y a donc assez peu d'outils sur lame, mais il faut tenir compte des larnes utilisées sans être retouchées et des supports mis à gabarit qui portent peut-être des traces d'utilisation indiscernables à I' reil nu. La moitié des outiJs sont façonnés en S.G.M. et un quart en S.N .B., les au tres variétés se partagent le quart restant. Pour chaque catégorie d'outil, nous indiquons l'ordre décroissant de fréquence des variétés de silex. Denticulés: 131 soit 25% des outils (S.G.M., S.N.B., S.C.V., S.N.G., S.G.B., S.C.). Il y a 108 denticulés sur éclat (fig. 8, nos 1 à 6, 8, 9, 12, 13), 16 denticulés nucléiforrnes (fig. 8, nos7, 10, 11) et 7lames denticulées (fig. 8, nos 14 à 16). Les denticulés sur éclat présentent des retouches irrégulières, semi-abruptes, affectant indifféremment n'importe quel bord et face; les outils doubles et multiples sont nombreux. Les bords de travail peuvent être convexes, rectilignes, sinueux ou concaves mais les convexes dominent. Au total, ces outils sont peu stéréotypés. Les denticulés nucléiformes sont également façonnés sur éclat par des retouches plus régulières et plus abruptes qui tendent à envahir tout Ie périmètre du support.

(24)

2 4 7 6 11

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(25)

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(26)

26 INDUSTRIE DE SILEX

Les retouches des larnes denticulées sont à nouveau irrégulières et alternes dans 4 cas sur 7.

Grattoirs: 72 soit 13,7% des outils. Il y a 39 grattoirs sur lame (54,2% de la catégorie; S.G.M., SmC., S.N.B., S.G.B.) et 33 grattoirs sur éclat (45,8%; S.G.M., S.C.V., S.N.B., S.N.G., S.G.B.). Tous les grattoirs sur lame, sauf 2, sont distaux (fig. 9, nos 1 à 16). Ils se divisent en 23 grattoirs à front convexe, 6 à front reetiligne (fig. 9, nos 9 à 11' 16), 4 à front denticulé (fig. 9, nos 8, 12, 14) et 6 grattoirs à front très étroit (fig. 9, n° 2). Il n'y a qu'un grattoir à retouches marginales (fig. 9, n° 3). Parmi les grattoirs sur éclat (fig. 9, n° 17 à 23), mentionnons 2 sous-types intéressants. Le premier rassemble 6 grattoirs à front semi-circulaire parfois prolongé par des denticulations latérales (fig. 9, nos 17 et 18). Le second comporte 5 grattoirs doubles latéraux-distaux aménagés sur de grands éclats larges en S .G.M. (fig. 9, nos 19 et 22). Il n'y a que 2 grattoirs suréclat à front rectiligne. Signaloos aussi que 2 grattoirs façonnés sur des supports successifs ont été trouvés dans des fosses différentes (fig. 9, n° 23).

Percuteurs et broyeurs: 65 soit 12,4% des outils (S.G.M., S.C.V., S.G.B., S.N .B., S .N.G .). Il s'agit de pièces portant des enlèvements courts en tous sens et des arêtes écrasées et martelées. Un premier groupe rassemble 24 percuteurs sur plaquette ou gros éclat de S.G. M. de forme tendantau disque et qui présentent une arête périphérique ménagée par des enlèvements alternants, écrasée et parfois arrondie par l'usage (fig. 10, nos 1 et 2). Un second groupe comporte 41 pièces de forme plus globuleuse (Ie S.G.M. y est plus rare) et dont les arêtes et aspérités sont martelées. Il s'agit vraisemblablement de nucléus remployés comme l'indique la présence de 2 anciens nucléus à larnes en S.G.M. (fig. 10, nos 3 à 6).

Polyèdresfacettés: 58 soit 11,1% des outiJs (S.N.B., S.C.V., S.N.G., S.G.B., S.G.M.). Il s'agit de petits bloes tendant vers la sphère, portant des enlèvements courts, en tous sens, mais dont les arêtes et aspérités sont restées vives et ne présentent pas de trace d'usage. Ils se distinguent des percuteurs globuleux par de moindres dimensions et un poids moyen inférieur de moitié (35,9 g contre 73,9 g). Il ne s'agit pas de nucléus car, manifestement, le but du travail était d'aménager une forme et non de détacher des éclats (fig. 10, nos7 à 9, 11). On ne peuttoutefois exclure que ces outils dont la fonction est énigmatique soient des nucléus retravail-lés.

Burins: 32 soit 6,1% des outils (S.G.M., S.C., S.N.B., S.G.B.). La présence de burins caractéristiques, en nombre non négligeable, constitue une particularité de I' industrie de Blicquy. On compte 24 burins sur lame et 8 sur éclat. Les burins sur lame se répartissent à raison de 10 sur troncature (concave dans 5 cas) 10 sur cassure (dont 1 double), 3 burins dièdres et 1 sur pan naturel (fig. 11, nos 1 à 9, 12). Parmi les burins sur éclat, il yen a 5 sur pan brut de débitage, 2 sur troncature et 1 sur cassure. L'un des burins sur troncature est double et fait partie d'un outil composite (fig. 11, nos 13 et 14). Il y a en outre 25 chutes de burin dont 7 présentent un bord retouché (fig. 11, nos 10 et 11). Certaines larnes retouchées et troncatures

(27)

2 4 3 '

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• 9 8 10 11 12

(28)

6

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7 5

I

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12 13

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8 9 14 15 16

(29)

INDUSTRIE DE SILEX 29

portent parfois des enlèvements accidentels évoquant un burin plan (21) (fig. 13,

22).

Eclats retouchés: 29 soit 5,5% des outils (S.G.M., S.N.B., S.G.B., S.C.V., S .N. G.). Il s' agit d 'éclats portant quelques enlèvements postérieurs au débitage du support, sans forme ni bord de travail définis. Ces pièces peuvent être comptées comme ébauches, ratés ou outils de fortune.

Troncatures: 25 soit 4,8% des outils (S.G.M., S.N.B., S.C., S.G.B.). On

distingue les troncatures proprement dites des encoches sur extrémité de lame. Il y

a 13 troncatures sur lame, toutes distales, à raison de 10 convexeset obliques (dont

1 inverse) et 3 rectilignes et droites (fig. 13, nos22 à 24, 29). Parmi les encoches sur

extrémité de lame (ou troncatures concaves), 9 sont distales contre 3 proximales

(fig. 13, nos25 à 28).

Outils multifaces: 20 soit 3,8% des outils (S.N.B., S.N.G., S.G.B., S.C.V.,

S.G.M.). Sous cette appellation(22

), nous rangeons des outils assez grossiers

alliant une forme allongée, des retouches abruptes et une section triangulaire, quadrangulaire ou irrégulière et dont certains correspondent plus ou moins aux

<<quartiers d'orange>> décrits par J. Hamal-Nandrin et J. Servais(23 ). Un premier

ensemble de 6 pièces évoque de gros perçoirs ou tarauds (fig. 12, nos 6 et 7), un deuxième groupe rassemble 3 outiJs moins nettement appointés (fig. 12, n° 11). On trouve enfin 9 instruments comportant 2 bords retouchés abrupts et plus ou moins

parallèles (fig. 12, nos 8 à 10).

Larnes à retouches marginales: 18 soit 3,4% des outils (S.G.M., S.C., S. N.B.).

IJ s'agit de larnes dont un long cöté au moins portede petites retouches régulières.

Dans 5 cas, ces retouches se limitent à la zone du bulbe et étaient sans doute

destinées à faciliter l'emmanchement (fig. 11, nos 15 et 16). Toutes ces larnes sont

cassées.

Racloirs: 15 soit 2,9% des outiJs (S.G.M., S.C.V., S .N.B., S.G.B., S.C.). Tous sur éclat, les racloirs sont, sauf ex ception, peu caractéristiques et assez grossiers.

Les' racloirs simples convexes dominent le lot (fig. 9, nos 24 et 25). On trouve

quelques racloirs inverses et 3 doubles.

Perçoirs: 14 soit 2,7% des outils (S.G.M., S.N.B., S.C.B.). IJ n'y a que 5

perçoirs sur lame dont 1 seul de forme très régulière (fig. 13, nos 16 à 18). Les 9

perçoirs sur éclat portent quelques retouches assez abruptes dégageant une pointe

assez courte sur n'importe quelle partie du support (fig. 13, nos 19 et 20). Autotal

21 J. DESTEXHE-JAMOTTE. Les burins accidentels. Bull. Soc. Roy. Beige Anthrop. et Préh.,

t. 74, 1963, pp. 37-42.

22 Traduetion du terme <<mehrkantige Geräte>>. Cf. J.P. FARRUGIA. Steinmaterial. Dans:

Der bankeramische Siedlungsplatz Langweiier 2, op. cit. pp. 106-133.

23 J. HAMAL-NANDRIN et J. SERVAlS. Instruments à section triangulaire ou quadrangulaire et

dontune ou deux faces sont retouchées. Bull. Soc. Préh. Franç., t. XXV, 1928, pp.

(30)

2

1

(31)

INDUSTRIE DE SlLEX 31

des outiJs de perçage il faut ajouter sans doute quelques outiJs multifaces et plusieurs éclats utilisés (fig. 13, n° 21, fig. 14, n° 19).

Coins àfendre: 13 soit 2,5% des outiJs (S.G.M., S.N.B., S.C.V.). Il s'agit de

pièces esquillées de grandes dimensions dontune extrémité écrasée est opposée à l'autre, écaillée. L'un de ces outiJs porte un lustre très net laissé par un emploi sur du bois (fig. 12, nos 1 à 3).

Armatures de faucille: 10 soit 1,9% des outiJs (S.G.M.). Typologiquement, ces

outiJs devraient être rangés parmi les troncatures convexes obliques dont ils ne se distinguent que par la présence d'un lustre. Ce dernier, plus développé sur la face dorsale, affecte Ie cöté gauche des armatures et est disposé en oblique (fig. 13, nos 1 à 6). Dans 1 cas, Ie cöté opposé au tranchant est retouché, tandis que 2 exemplaires présentent une base amincie. Dans 3 cas, la troncature porte un piquant trièdre. Outre les armatures retouchées, on trouve quelques larnes mises à gabarit portant un faible lustre longitudinal (fig. 13, n° 7, fig. 14, nos 1 et 10).

Encoches sur éclat: 10 soit 1,9% des outiJs (S.G.M., S.N.B., S.C.V., S.G.B.).

On trouve 7 encoches retouchées, latérales pour la plupart et 3 encoches clacto-niennes (fig. 12, nos 4 et 5).

Armatures danubiennes: 6 soit 1,1% des outiJs (S.G.M., S.N.B., S.C., S.G.B.).

Il yen a 3 trapézoïdales, 2 triangulaireset 1 à dos convexe (fig. 13, nos8 à 11, 14, 15). Elles sont toutes asymétriques. La base est concave dans 5 cas sur 6 et rectiligne dans Ie dernier. Dans 5 cas sur 6 également, la base est amincie par des retouches inverses; 3 armatures ont Ie dos à gauche et 3 à droite. La base est proximale dans 2 cas et distale dans les autres; 5 armatures portent un piquant trièdre à la pointe et l'une en présente un second à la base; 2 larnes segmentées constituent sans doute des ébauches d'armatures (fig. 13, nos 12 et 13). Du point de vue dimensionnel, ces pièces sont très standardisées.

Pointes à dos convexe: 3 soit 0,8% des outils (S.G.M.). 1 pointe porte un dos

rabattu convexe, complet, les 2 autres ne présentent qu'un dos partiel (fig. 13, nos

30 à 32).

Eclats à tranchant bifacial: 2 soit 0,4% (S.N .B .). Il s'agit d'éclats dont 1 bord est

retouché de manière bifaciale. L'un d'eux appartient à un ensemble remonté réparti entre plusieurs fosses de part et d'autre de la maison et qui a également livré 1 grattoir (fig. 15, n° 5).

Tranchet: 1 soit 0,2% des outils (S.G.M.). Cet instrument unique provient du

limon brun homogène au-dessus du sol en place. Son appartenance à !'industrie danubienne est douteuse et il pourrait s'agir d'un éclat remployé ultérieurement (fig. 16, n° 16). En effet, dans la terre arable, on trouve quelques fragments d'outils polis en silex gris de Spiennes qui peuvent être rapprochées d'une fosse Michels-berg découverte à quelques centaines de mètres de !'habitat danubien (24).

24

L. DEMAREZ. Dans: L'Archéologie en Hainaut occidental (1973-1978). Catalogue de

(32)

2 3 4 8 9~ 18 16 17 19

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25 24 21

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{

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29 28 32 31

Fig. 13. Silex: faucilles, armatures danubiennes, perçoirs, troncatures, pointes à dos. Ech. 2/3.

(33)

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10 11 I

G

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34 INDUSTRIE DE SILEX

Pièces utilisées

Un certain nombre de larnes et d'éclats non retouchés portent des traces macroscopiques qui résultent sans doute de l'utilisation.

Larnes utilisées: 95 soit 0,6% de !'industrie (tab. II). Pratiquement toutes ces

larnes sont cassées. Les traces d'usure consistent en menues ébréchures, unifacia-lesou bi(aciales affectant l'un des bords au moins et qui prennent parfois I' allure d'une denticulation irrégulière (fig. 14, nos 1 à 11). Nous avons déjà signalé la présence de larnes lustrées. Il s'agit sans doute d'éléments de faucille qui occu-paient une autre place dans Ie manche que les arrnatures tronquées.

Eclats utilisés: 58 soit 0,4% de I' industrie (tab. II). Ils présentent en gros les

mêmes caractéristiques que les larnes utilisées mais il n'y en a qu'un portant un lustre distaL Certains éclats montrent des ébréchures alternes de part et d'autre d'une pointe peu aiguë suggérant un emploi pour pereer (fig. 13, n° 21, fig. 14, nos

19 et 20).

Distribution de l'industrie

L'inventaire fosse par fosse ne révèle guère de différences appréciables, ni du point de vue des outils ni de celui des vestiges du débitage. Les fosses riches recèlent un matériel complet tandis que les plus pauvres ne contiennent que des assemblages disparates. Les fosses ne semblent avoir été Ie siège d' aucune activité particulière et ne renferment sans doute que des objets de rebut.

(35)

INDUSTRIE LITHIQUE EN MATIERES DIVERSES

Outrele silex, les artisans de Blicquy ont travaillé d'autres roehes comme le

grès, le schiste, le phtanite, ·le quartzite et l'oligiste(25).

Grès

L'intégralité de ce matériel est façonnée en grès landéniens originaires des environs. Il comporte 646 éléments (poids total: 37.252g). On trouve 552 fragments et éclats de grès (9 .428 g) ne portant aucune trace de bouchardage ni de polissage qui résultent probablement de la mise en forme des instruments. Lafosse 4 contenait un nombre appréciable de ces déchets. Il y a également 71 fragmentset éclats (11.868 g) qui présentent ces traces et proviennent sans doute de la réfection d'outils utilisés. Les instruments sont très rareset se divisent en outils de broyage,

meules et broyons, et outils destinés à la confection des parures, polissoirs et

alésoirs.

Broyage: le matériel comporte 12 éléments (15.142g) à raison de 4 grands

fragments de meules concaves (fig. 15, n° 2), 2 fragments de meules ou broyons

pla~s dont l'un portedes traces d'ocre, 1 meule ou broyon plat complet (fig. 15, n°

1) et 5 broyons plus globuleux (fig. 15, nos3 et 4). Aucun de ces instruments ne

correspond au modèle du moulin rubané qui comporte une meule dorman te plate ou

convexe et une meule mobile plate ou concave.

Confection des parures: il y a 11 instruments (913 g) que nous supposons destinés à la confection des braceiets en schiste. On trouve 6 alésoirs, petites mèches de forme conique servant à élargir 1 'ouverture des bracel ets et qui présentent parfois des

gorges successives correspondant à un emploi dans des trous de diamètre croissant

(fig. 16, nos 1 et 2). Les 5 polissoirs à rainures sont cassés, mais un exemplaire

complet a pu être reconstitué. Un spécirnen comporte trois rainures, les autres n'en

possèdent qu'une (fig. 16, nos 4 à 6). Les flancs et le dos de ces outils sont polis et

leursectionest quadrangulaire ou circulaire. Les rainures ne sont pas parfaitement rectilignes et leursectionest asymétrique. Pour ces raisons, ces rainures paraissent résulter du polissage de la tranche externe des braceiets et non de la fabrication d'outils en os ou en bois. Les flancs des polissoirs devaient servir à achever la tranche interne des bracelets.

Sc biste

Les seuls éléments de schiste travaillé retrouvés dans les niveaux archéologi-ques consistent en 21 fragments de braceiets correspondant à une quinzaine de

25 Nous remercions M.G. Mortelmans, Professeur honoraire à l'U.L.B., qui s'est chargé

(36)

- - -

-Fig. 15. Grès: matériel de broyage. Silex: bloc remonté dispersé entre les fosses D, 1 et4.

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1

2

6

14

16

Fig. 16. Grès: matériel de confection des parures. Schiste: bracelets. Quartzite: ébauche.

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38 INDUSTRIE LITIDQUE EN MATIERES DIVERSES

spécimens différents et en quelques déchets de fabrication (fig. 16, nos 3, 7 à 14). Le schiste provient du massif cambrien du Brabant. Tous les braceiets appartiennent au même type, assez plat, à bord externe arrondi et parfois légèrement biseauté. Ils ne sont pas décorés, sauf un exemplaire dont la tranche externe est agrémentée d'une cannelure (fig. 16, n° 14). Plusieurs braceiets sont bien finiset usés tandis que d'autres ne paraissent pas avoir été portés (fig. 16, nos 10 et 13). Il n'y a pas de perforation qui puisse indiquer que ces braceiets étaient articulés. Le diamètre interne varie de 4,5 à 8 cm et plus de la moitié des exemplaires sont compris entre 6 et 7 cm. Les plus petits braceiets ne pouvaient être portés que par des enfants tandis que les autres pouvaient convenir à des rnains assez fines, de femmes sans doute.

Le caractère local de la fabrication de ces parures est souligné par la présence des outils destinés à leur fabrication et de quelques déchets de schiste perforé et strié. Ces braceiets sont totalement inconnus dans le Rubané classique (ou l'on trouve en revanche des polissoirs à rainures) mais ils apparaissent dans Ie Rubané récent du Bassin Parisien ainsi que dans divers groupes roessenniens.

Divers

Il y a quelques rares éclatset 1 grattoir en phtanite du Carbonifère. L'usage de colorants est attesté par I seul bloc d' oligiste oolithique raclé et poli. U ne plaquette de quartzite vert du Devillien du massif cambrien du Brabant porte quelques enlèvements et traces de piquetage (fig. 16, n° 15). Mentionnons en outre la présence d'un nodule de pyrite et cellede petits galets de silex parfois éclatés par Je feu. Ces demiers étaient particulièrement abondants dans la fosse 4.

On n' aretrouvé aucun outil poli en silex, en phtanite ou en roe he volcanique et cette carenee constitue un nouvel élément qui distingue !'industrie danubienne de Blicquy de celle du Rubané (26 ).

26 Ces outils polis existent par contre dans les sites rubanés des environs de Blicquy.

(39)

CONCLUSION

Vers la fin du cinquième millénaire, un groupe d'agriculteurs-éleveurs s'est installé au sommet d'un plateau limoneux dans la région des sourees de la Dendre occidentale. 11 a défriché la forêt atlantique pour édifier ses maisons et pour instalier ses champs et ses pätures. L'habitation était orientée face aux vents dominants d'ouest et présentait un chevet rétréci qui offrait une meilleure résis-tance aux intempéries. Le plan de cette maison paraît dériver de celui des habita-tions du Rubané ancien mais offre aussi des analogies avec les construchabita-tions

<< postrubanées ,, du Bassin Parisien.

Les artisans ont exploité certaines matières premières locales telles des grès pour les meules et quelques variétés de silex; ils ont dû eh ereher plus loin le schiste pour leurs braceiets et du silex de très belle qualité pour la confection de longues larnes. Le débitage laminaire pourrait avoir été effectué aux lieux d'extraction du silex et il diffère, par ses techniques, du débitage rubané. Avant d'être employées, les larnes étaient fréquemment réduites à un gabarit campris entre 4 et 7 cm.

L'outillage comporte à peu près deux fois autant d'instruments sur éclat que sur lame. Cependant, nombre de larnes pourraient avoir été utilisées sans retouche. La gamme des outils correspond à peu près à celle des industries rubanées. Les instruments de morphologie aléatoire (denticulés, percuteurs, éclats et larnes retouchés, coins à fendre) dominent le lot. Parmi les outils de forme plus stéréoty-pée, les grattoirs sant abondants suivis des burins mais les perçoirs sant rares. Les armatures danubiennes appartiennent à un type assez ordinaire. En revanche, les armatures de faucille sant caractérisées par une troncature convexe oblique ce qui les rapproche de celles d'Ellignies-Sainte-Anne mais les distingue des faucilles omaliennes.

Au total, !'industrie lithique s'inscrit dans la tradition rubanée avec des différences notables dont certaines découlent peut-être de la matière première disponible, tandis que d'autres pourraient refléter un choix culturel. Si l'on tient compte de la présence des parures en schiste, du matériel de broyage et de !'absence d'outils polis, l'image globale s'avère finalement assez différente de celle du Rubané. 11 faut cependant souligner que les différences paraissent eneare plus nettes par rapport au x industries postérieures comme 1' épi-Roessen de Givry, le Cemy ou le Néolithique moyen.

(40)

l

TABLES DES MATIERES

Introduetion ... .

Stratigraphie, environnement, chronologie, économie ... .

Structures archéologiques ... .

Maison ... .

Fosses ... .

Industrie de Silex ... . Nature des matériaux ... . Processus de débitage ... .

Outillage ... .

Pièces utilisées ... .

Dis tribution de I' industrie ... . Industrie lithique en matières diverses ... .

Grès ... · · · Schiste ... .

Divers

Conclusion ... .

Imprimé en Belgique par la

S.A. lmprimerie Erasmus. Gand

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Plan général des fouilles et emplacement des coupes des fig. 5 et 6.

Referenties

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