LES RUINES DE DROSSART À MEMBACH
Si on en eroit la tradition, un eouvent, le « eauvent des moines rouges)) se serait élevé à Drossart. Le site se trouve dans la forêt domaniale de l'Hertogen-wald, à environ 100 m de la Via Mansuerisea, la fameuse vieille route qui traverse les Fagnes ardennaises (fig. 84). A eet endroit, le terrain présente eneare maintes boursouflures et de nombreuses tuiles attirent l'attention. Le sous-sol est eomposé d'une terre argileuse. Le terrain qui s'incline vers le sud-ouest est traversé par de petits ruisseaux.
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Fig. 84. Localisation précise des deux ensembles fouillés à Drossart; en trait continu noir: la
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Déjà en 1768, les vestiges figurent sous le toponyme de « ruines de l'abbaye de Raussart )) . Au XIXe siècle, quelqucs recherches ont été faites sur le terrain. Et les vestiges repérés ont été idcntifiés soit à un relais romain établi
le long de la Via Mansuerisca, soit à un eauvent remontant au Moyen Age, parfois attribué aux Tcmpliers.
Reprenant I' étude du site (32), nous n'avons pas tardé à recouper les restes
d'une construction quadrangulaire de 10,50 m sur 20 m, orientée nord-ouest/ sud-cst (fig. 85). Le plan n' est pas un quadrilatère parfait en ce sens qu'aux angles nord et sud, il présente un renfoncement. Des murs, il ne
subsiste que les soubassements en pierre (fig. 86) ou simplcment une trace brune. Ils sont construits avec des pierres de quartzite, irrégulières, liées avec un mortier de chaux ct de gravillon; ils mesurent cntre 65 cm et 75 cm de large; la hauteur conservée n' excède pas 50 cm, soit de 1 à 4 assises au
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'--- - - - --'5m Fig. 85. Plan du batiment.
32 Pour nous avoir accordé l'autorisation de fouille, nous adressans nos remerciements à I' Administration des Eau x et Forêts et spécialement à Monsieur Zorn, Ingénieur responsabie du
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Fig. 86. Le mur occidental (à gauchc) et un fragment de dallage de la cour (à droite).
maximum. La première assise est soit posée directement sur le sol vierge, une terre argileuse jaune, soit logée dans une petite tranchée de fandation de 15/20 cm de profondeur. Une paroi divise inégalement en deux l'espace intérieur. U ne co uche de terre battue noire semble bi en farmer le sol. Les nombreux fragments de tuiles recueillis aux alentours du batiment et dans les remblais ont dû en assurer la couverture. L'entrée ménagée dans le renfonee-ment de l'angle méridional donne sur une aire empierrée qui se développe le long de la façade, et ce, sur une largeur d'au rnains 10 m. Des pierres plates assemblées ont dû appartenir à un dallage appliqué sur l'empierrement dont les éléments sont entassés en 2 ou 3 assises (fig. 86). Parmi ceux-ci, figurent des fragments de tuiles semblables à celles de la couverture du toit, témoins d'un remaniement ou d'un aménagement postérieur.
A l'extérieur de ce batiment, mais à proximité des murs, il faut signaler la présence de quelques trous de pieu; ils sont de dimensions très différentes: les diamètres, pris au niveau du sol vierge, varient entre 37 et 70 cm et les profondeurs atteignent entre 15 et 40 cm.
Au sud, en contrebas de eet ensemble, s'étend une seconde surface empierrée, de même facture que la première. L'étendue assez vaste (20 m sur 25 m) a pu être cernée. Nous n'avons repéré aucun batiment y attenant. La Via Mansuerisca pas se à 60 m seulement de cette cour.
Mis à part les nombreuses tuiles, le matériel archéologique recueilli au cours des fouilles est très réduit: quelques bouts de verre à vitre verdatre, un petit fragment de bord de vase en verre fin et une pierre à aiguiser dans le premier ensemble; aucun objet dans le second. Toutefois, même sans disposer actuellement d'indice certain pour la chronologie, le mode de construction peu soigné du batiment, les tuiles et les fragments de verre nous conduisent à proposerune période postérieure à 1' époque romaine, et bi en sûr antérieure au XVIW siècle, pour l'occupation du site.