ARCHAEOLOGIA
B·ELGICA
28
W. LASSANCE
Le cimetière mérovingien
de Ghlin-lez,..Mons
(Bulletin 3, 1956, de la société royale Paléontologique et Archéologique de !'arrondissement judiciaire de Charleroi).
~~
...
,:~
n..
Le cimetière mérovingien
de Ghlin-lez-Mons
1.
Découvertes antérieures.
L' existence d'un cimetière mérovingien était connue des
habitants du Marais Ste-Anne, probablement même depuis des
siècles, puisqu'un vase,
(fig.
4. h.),
portant
à
l'extérieur de la
base Ie millésime 1630, suivi des initiales de son propriétaire,
entrait, en 1938
(I), dans les collections de la Belgique Ancienne
des Musées royaux d' Art et d'Histoire (
2).
Va se noir, de forme
biconique et orné
à
la roulette, et que M. Breuer considérait
comme un type ordinaire des nécropoles du Vle - Vlle
siècle.
D'
au tres trouvailles sont probablement issues de ce
cime-tière et dispersées au hasard des collections. C'est ainsi que
G. Sohier, dans une chronique de J'hebdomadaire "Dimanche"
(30-5-1943), relatait qu'il y avait autrefois au chateau de
Mencoureur chez Mme
de Damseaux, une
grande urne franque
en terre noiriitre trouvée à
Ghlin.
(I)
En outre, un tiers de sou d'or originaire du même lieu
~don de M. Renier Chalon
~figure dans les collections des
Musées royaux
(1)
(Pl.
II).
En réalité, les trouvailles semblaient se grouper dans
les parcelles cadastrales 357 et 358 (voir fig.
1 et 2): M. 0. Gicart,
en 1938. creusant les fondations d'une fosse dans son garage
actuel (358 E) découvre des ossements et les fragments d'un
vase (f).
Son voisin, M. Namur, en été 1953, en faisant installer une
citerne dans la cour de sa maison (357 0), trouve une sépulture
et un vase (fig. 4, e)
.
Les deux trouvailles sont actuellement en possession de
M. Ghislain qui s'était déjà occupé en 1936, de récupérer Ie
vase signalé dans la publication de M. Breuer.
Le 11 novem bre 1954, M. Gicart exhume dans son jardin
(358 b) un squelette gisant à environ un mètre de profondeur.
Il en avise M
.
Ghislain qui ramène au jourun crime bien conservé,
quelques ossements, un fer d
e
lance, une pointe de flèche, une
pierrede chevet et quelques autres débris de fer (fig. 4, g).
Cette dernière découverte incita Ie Service des Fouilles
à
tenter un sondage de ce cimetière au cours de l'hiver. Sous la
direction de M. Breuer, il en entreprit les travaux, du 8 février
au 15 avril1955.
2. Situation.
La nécropole occupe le versant septentrional. à pente
extrêmement réduite, de la vallée de la Haine, rivière qui coule
à
quinze cents mètres du Marais
Ste~Anne. Un ruisseau, ditruisseau
d'Erbis~ul. deseend des collines boisées du nord de lacommune- habitat néolithique et protohistorique comme
I'
attestent les découvertes faites sur cette partie du sol de Ghlin
-traverse Ie centre du village et rejoint la Haine vers Jemappes.
Le caractère dominant du pays est le silex. Aussi voit-on
une effiorescence de stations de taille dont les plus connues
sont celles du
Mouligneau et des Dons, déjà repérées par Ie
Chanoine Puissant, E. De Munck et D. Toillez. Avant eux,
Vinchant (auXVIIe s.), Van Dessel, Chotin et Schayes révélaient,
: -~.
Em.t/5000
Figure 1.
aux cénacles d'archéologues, les antiquités romaines de Ghlin
détruites dans leur presque totalité par Ie creusement récent du
canal de Nimy à Blaten.
Un vieux chemin, dit de Mans
à
Tournai, que la tradition
populaire fait rementer
à
l'époque romaine, longe la nécropole
qui neus occupe. Cette dernière devait cependant se prolanger
jusque de l'autre cóté de la route, selon des témoignages
recueillis sur place. Ce fait indique que cette veie est, en tout
cas, postérieure au cimetière.
(I)
(I) Un artiele bien documenté de Mme G. Faider-Feytman, Le dépót monétaire de Ghlin dans l'Antiquité Classique, 24e année, T. XXIV, 1955, 2 fase. pp. 412-425, tout en attirant !' attention sur les vestiges romains de Ghlin, vient de faire rebondir la question de l'antiquité de la vieille route de Mons à Tournai (p. 423) :
" .... diverticulum qui, peut-être, unissait cette route principale " (Bavay-Assche) à Tournai par Baudour et Péruwelz.,
Sourees citées :
" Route XL VII de V. Gaut'hez, Topographie des Voies romaines
" de Belgique, 1882, pp. 400-402; reprise par
J.
Vannérus, Le" Limes et les forti{ications gallo-romaines de Belgique, 1943. pp. 163 " et 180. Voir aussi Paul Rolland, Topographie tournaisienne " gallo-romaine et franque, dans Annales de l'Académie d'archéologie " de Belgique, LXXV, 7e série, T. V, 1929, pp. 77 à 109 • ., On sait avec quelle circonspection il faut user des routes Gauchez ; nombre d'auteurs ont d'ailleurs depuis longtemps condamné sa méthode qui relève de la fantaisie.
J.
VANNÉRUS, lui-même, dans son rnagistral ouvrage, les cite, faute d'un manuel plus moderne, mais en recommandant la prudence.Sur Ie territoire de Ghlin, sections cadastrales B et C, nous en connais-sons deux tronçons, dont l'établissement paraît antérieur au morcel-Iement parcellaire et dontIe tracé est complètement bousculé dans la traversée de la localité, mais il ne s'agit point de l'itinéraire proposé par Mme FAIDER.
" I1 devait, dit-elle, eroprunter Ie tracé de l'actuel sentier Milfort " qui s'embranche aujourd'hui à la route de Mons à Baudour, à " proximité de l'endroit ou fut découvert Ie dépot .. (p. 423). Or, selon les renseignements recueillis auprès de M.M. GHISLAIN, de Ghlin, et MOISIN, de Mons, et aussi d'après nos propres obser-vations, Ie sen tier Milfort paraît être de création relativement moderne. Dans cette région marécageuse, il est diflicile de suivre Ie tracé des vieux chemins.
La véritable et ancienne route de Tournai est située bien plus au nord. C'est l'un des rares chemins qui ne soit pas dû à l'administration des Pontset Chaussées de Marie-Thérèse, dans la région de Mons.
37
Le sol est composé d'une couche d'humus reposant sut
un sable vert glauconifère à allure fluviatile considéré comme
landenien
(I)
reposant lui-même sur un sable de transport marin
tertiaire
en position stratigraphique.
Ces demiers apports géologiques s'appuient sur la marne
homogène à relief variabie qu'on trouve à une profandeur
moyenne de 1 m. à 1 m. 50.
C'est précisément là ou la marne affieure Ie plus près de
la surface du sol que les sépultures se rencontrent, creusées
dans cette dure assise géologique.
La marne avait conservé les osseroenes de façon étonnante.
IJs ont été confiés pour étude au Dr Twiesselmann, conservateur
à l'Institut des Sciences Naturelles.
Sept tombes ont été dégagées, aucun squelette n' était
intact. C' est une particularité digne d' être soulignée dans
cette région intensivement peuplée ou Ie sable peu profond fait
I'
objet de recherches et ou, jusqu'à une époque récente, chacun
enfouissait ses déchets domestiques dans Ie potager.
Outre sept tombes, décrites ei-après, une vingtaine
d'autres, complètement pillées et éparpillées, ont été repérées;
" C'était encore au début du siècle dernier, nous écrit M.
" GHISLAIN, Ie chemin de la diligence. Comme je vous l'avais
" signalé, à l'endroit ou cette voie aborde la nécropole mérovin-" gienne, j'ai découvert, naguère, un pavement, composé de petits " moellons alignés, enfoui à une certaine profondeur. Ce pavement " s'était déjà rencontré, auparavant à !'emplacement de l'actuel
" bureau des Postes. L'assiette de la route s'est clone légèrement " déplacée au cours des siècles.
" Fin mars 1956, s'achève la réfection d'un tronçon de cette voie, " non loin du Marais Ste-Anne.
" Elle présentait dans ses assises un cailloutis de silex assez épais " par endroit ...
Le vieux chemin de Tournai est-i! un diverticulum ? Le débat est ouvert et il est convient de l'aborder a vee prudence.Faisons simplement remarquer qu'en prolongeant les deux tronçons rectilignes repérés sur les bans Est et Ou est de Ghlin la route se heurte de front au cimetière mérovingien, ce qui, à prime abord. infirme son antériorité.
(1) Dormal, Observations sur un nouveau faciès du quaternaire et sur quelques stations préhistoriques, Bull. Soc. Anthr. Brux. T. X, 1891~
des fosses sépulcrales
et des ossements isolés en indiquaient
I'
emplacement.
Les travaux se partagent en trois secteurs :
Jardin Gicart
:
tombes 1
à
4
Jardin Namur :
tombes 5 et 6
rue du Mouligneau : tombe 7
La fouille fut facilitée par Ie caractère géologique du
terrain
(1).
Sitót Ia marne atteinte, un examen attentifrévélait, ou
son contenu préalablement signalé par une couche de sable
remanié, ou son profil non remanié annoncé par une tranche de
sable
gris~clair,vierge de colorations organiques.
3. Description des Tombes.
T. I.
(fig.
3).
Profandeur 0,75 m. Le squelette reposait sur la marne
dans laquelle aucune fosse n'était creusée. Un contour presque
imperceptible marquait la trace du cercueil.
Dimensions du cercueil: 2 m. x 0,70 m.
Orientation : axe E.
0.
Crane en place. Humérus, radius et clavicule droite
bous-culés. Cage thoracique et bassin disparus. Tibias et os des pieds
dans la position de l'inhumation.
Mobilier : vase biconique enfoui dans Ie sol
à
6 cm, à
I'
est
des pieds du squelette
~profandeur 0,77 m.
Dimensions en mm.: Haut.105- Diam. de !'ouverture: 56- diam.
de la panse : 95 - diam. du fond: 37 ; terre noire et dure, lissée
à
I'
extérieur ;
portant une gorge sur I'
épaule.
T. II.
(fig.
3).
Profandeur 0,96 m. Dimensions de la fosse: larg. 1,10 m.
long. 1,90 m. profond. 0,26 m.
Orientation : axe E.
0.
(I) M. Maurice Lefert, feuilleur du Service, neus a aidé de sen expérience durant 3 semaines ; neus Ie remerciens vivement.
Nes sentiments recennaissants s'adressent également à M. Emile Limauge, beurgmestre de Ghlin, qui a faverisé de teute sen influence les travaux entrepris rue du Meuligneau -ainsi qu'à MM. Maurice Ghislain et Paul Meisin, Ie premier, déveué archéelegue de Ghlin et Ie secend, animateur de la Seciété de Recherche Préhisterique en Hainaut qui n'ent pas cessé de suivre et d'enceurager les fouilles. Nous remerciens également MM. 0. Gicart et Namur (père et fl.Js} qui neus ont facilité l'accès de leur jardin respectif.
Figure 2.
1. Sable en place2. Marne
3. Terrain remanié à l'époque moderne 4. Fosses sépulcrales
La partie supérieure du squelette,
à
savoir: ca ge thoracique,
colonne vertébrale, crane, humérus et clavicules était bien
conservée et les ossemen es demeurés dans leur position initiale,
ainsi qu'un fragment d'os illiaque. Vers Ie fond de la fosse,
à
!'est,
gisaient deux tibias dérangés. Cette partie de la sépulture était
d'ailleurs remaniée par des apports de sable glauconifère
des-ce
.
dus des couches supérieures. Plusieurs phalanges des doigts
de la main droite ont été rencontrées
à I'
emplacement du cubitus
et du radius droit disparus.
Mobilier:
1.
Plaque de ceinturen en fer ( épaisseur moyenne 3 mm.)
portant deux rivets dans sa partie la plus large et des
restes d'une damasquinure en argent.
2. Silex retouché, fortement tacheté de rouille sur ses deux
faces (briquet).
3. Idem sur une face.
4. Petite loupe de métal, patine vert foncé, probablement du
bronze.
Ces divers objets n'occupaient plus leur emplacement
initia!.
T. 111.
(fig.
3).
Profendeur 0,92 m. Dimensions de la fosse : larg. 1,05 m.
long. 2,40 m. Profond. de la fosse, cóté
ouest (partie ou
s'ap-puyait Ie crane): 0,23 m.;
milieu: 0.40 m.; est (à
!'emplacement
des pieds Ie sol se relevait légèrement) : 0,33 m.
A l'exception du crane, appuyé sur un bourrelet de marne,
de l'humérus et du cubitus droits, !'ensemble du squelette avait
été dérangé. La plupart des ossements avaient disparus, sauf un
tibia, un fémur et un radius étalés pêle-mêle.
Mobilier:
1. Hache symétrique,
à
tranchant largement développé planté
à
0,05 m. du pariétal. dans Ie bourrelet de marne.
Dimensions en mm.: long. totale 177 ; épaisseur moyenne
de l'emmanchement 36
Situation : cóté gauche contre Ie crane.
2. Silex retouché (53 x 44).
41
3.
Plaque de ceinturen en fer ornée de trois têtes de rivets en
bronze. Elle porte des traces nettes de damasquinures en
argent.
Dimensions en cm.
:
long. 8,3 ; larg. 5,6 ; diam. des têtes
de rivets 1,4).
Situation
:
àla ceinture.
4. Fibule annulaire en bronze (diam. 45 mm.) décorée au
poin-çon (ceil de perdrix), avec barrette
àmême décor, dentelée
vers I' extérieur (long. 39 x 43 mm).
Situation: déplacée.
5.
Fer de Iance dim. en cm.: (long. 51,3; larg. max. de la soie 4;
épaiss. de la soie 0,55; diam. max. de la douille 2,30).
Les deux faces portent un décor incisé dans Ie métal.
Le motif consistait, vraisemblablement, en serpents
entre-lacés. Malheureusement, I'oxydation profendene permet
pas de distinguer plus nettement les détails de I'
orne-mentation, (fig. 5 et pl. I annexe).
Situation: Ie long du br<1s droit, la pointe dirigée vers !'est
T. IV.
Profandeur à la tête 1,31 m. Aux pieds, 1,47 m. Dimensions
de la fosse: larg. 1.62 m. long. 2,45 m.
Orientation : axe
E.
0.
Cràne en place; la partie supérieure du squelette, Ie bassin
et les pieds avaient dispuus. Si!
•
J]s étaient conservés dans leur
position initiale, les fémurs et les tibias.
Traces décomposées d'un petit objet en fer Ie long du
fémur gauche (couteau: long. 15,5 cm.).
Tombe dérangée.
T.V.
Profandeur 1.40 m. Le squelette reposait, en partie, sur Ie
banc de marne, I'autre partie étant
àune profandeur identique
en contact avec une poche de sable en place.
Fosse creusée dans la marne, dimensions: larg. 1,54 m. ;
longueur totale (approximative) de Ia sépulture 2,80 m.
Orientation:
E.
N. E. -
0.
S.
0.
La tête du squelette était légèrement penchée vers la
gauche; colonne vertébrale déplacée- une grande partie des
ossements disparus hormis les humérus, radius, fémurs et tibias.
Quelques fragments informes et rouillés d'un petit couteau
en fer (long.
18
cm.) alignés Ie long du tibia droit.
Une ligne noire bien marquée dans Ie sable roux paraissait
être la trace d'un cercueil.
Tombe bousculée.
En outre, des silex taillés ont été retrouvés, près du cóté
droit du squelette, dans plusieurs taches sombres contrascant
avec Ie sable plus clair (prof.
1 m. 50 :
a) deux percuteurs
.
( galets locaux en silex), un fragment de
hache polie retaillé et porcant des traces d'utilisation
(fig. 4. A.
1)
eauleur gris-mastic, un fragment de lame brisée
(fig. 4, A. 2) eauleur bleu-pale, un grattoir finement retouché
de eauleur blanchatre (fig. 4, A. 3), une lame de couteau
brisé porcant sur toutes ses arêtes des traces de percussion,
eauleur
gris~noiratre(fig. 4, A. 4).
On a recueilli, en outre :
b) buit tessons de poterie grossière dont :
5 de pate bien cuite, eauleur rouge-pale.
1
de pate cassante, eauleur noire.
2 de poterie poreuse fort cuite, eauleur
brun~clairavec
des particules blanches.
c) un fragment d'os, couleur ivoire, bien conservé; il a
pro-babiement été utilisé comme instrument, maïs lequel 7
T. VI.
Profandeur
1.10 m.
Oimensions de la .fosse creusée dans la marne: largeur
1,05 m. ; long. 2,40 m.
Orientation axe E. N E.
~S. S.
0.
Tête légèrement penchée vers la droite.
Sépulture dégradée par Ie terrassement moderne d'une
fosse
àdéchets
domesrique~qui englobair une surface d'environ
3
m2•
Etaient
conservé~:
la partie droite du squelette, les
clavicules, colonne vertébrale. sacrum droit. une partie des
cótes et l'humérus gauche.
Som.
GHLÎN 1955
T. VII.
(fig. 3).
Profandeur de la tombe: crane
1
m.: pieds 0.90
m.
Dimensions de la fosse creusée dans la marne (une partie
du périmètre de celle-ci avait disparu): larg.
0,90
m.; long.
+
1,80
m.
Orientation: axe E. 0.
Tombe partiellement démolie par suite de travaux
d'ur-banisme: lors du creusement et de l'élargissement de la route,
demeure arasée dont des briques de module espagnol ont été
retrouvées dans nos tranchées.
Le cräne seul était bien comervé et en position normale,
ainsi que deux ti bias qui indiquaient
l'
orientation du squelette.
Mobilier:
Fragment d'un couteau aligné contre Ie fémur gauche.
Partie supérieure d'un vase biconique décoré à la roulette
(col) eauleur gris.
*
*
*
Céramique retrouvée dans les
assises de la rue du
Mouligneau.
La constitution des assises de cette rue se présente
comme suit (vair coupe à la figure 3):
a. pavé :
0,15
m.
b. sable apporté :
0,05 rn.
c. couche de ballast très dur: sable gris damé mêlé de
rognons de silex brut, 0,40
m.
d. sable en place reposant sur la marne (e)
0.30 rn.
Eléments de datation
:
Ça et là, au cours des travaux de fouille, on a retrouvé des
tessons céramiques. Nous examinons, ei-après, ceux susceptibles
d' ap porter un élément chronologique.
A.
Terre cuite.
1)
Fragment d'un anneau de base recouvert irrégulièrement
de glaçure verdätre-jaunatre. Couleur dans les cassures
:
gris avec raches roses; sur la surface: ocre-rose.
Diamètre 8 cm.- Probabkmfnt de fabrication régionale.
2)
Fragment de panse d'un grand récipienr. Epaisseur
+
9 mm.
J
45
3)
Fragment d'un plat en terre cuite rouge<ître; face
supé-rieure eauverte de glaçure vert-brunatre.
4)
Fragment du fond d'un plat; base coupée
àla ficelle.
Terre-euite blanchätre-grisätre; face supérieure eauverte
de glaçure jaunätre avec taches brunes.
5)
Fragment du fond d'un plat avec anneau de base en
terre-euite blanchàtre; la partie inférieure est Iisse et brillante.
Diamètre:
+
12 cm.
B. Grès.
1)
Fragment de la panse d'un récipient. Teinte dans les
cassures: grisatre; surface recouverte de glaçure saline
brunàtre-grisàtre.
2)
Fragment de la panse d'un récipient. Couleur dans la
cas-sure : gris-foncé ; face externe eauverte de glaçure saline
brun-foncé.
3)
Début d'anse d'un pot, eauleur grisàtre dans les cassures.
Surface recouverte de glaçure saline brun-moucheté.
4)
Fragment d'anneau de base de
+
20 cm. de diamètre.
Epaisseur des parais 1.4 cm. Couleur gris-foncé; surface
recouverte de glaçure saline gris-verdätre.
Chronologie.
Il est difficile de dater ces tessons, car nos connaissances
dans la céramique ordinaire médiévale et moderne de notre
pays ne sant guère étendues.
Il semble bi en que tous ces tessons datent de
I'
époque de
la construction de la rue ou du rnains de
I'
établissement de son
premier empierré. Il est en tout cas certain que rien n' est
antérieur au
XVJe
siècle.
Si Ie pied en terre cuite (A. 1) semble assez archaïque, par
contre Ie (A.
5)
paraît appartenir
à
un plat en faïence datant
du
xvne
siècle.
En ce qui concerne les grès - quoigu' on n'ait pas de
pièces de comparaison bien nettes - anse (B. 3), gros fond (B. 4),
La construction de la route, datée approximativement par
la céramique
(I)
recueillie dans ses assises, ne paraît pas
remon~ter au delà du XVIe siècle.
*
*
*
Trouvailles isolées d'époque mérovingienne.
(fig.
4).
a)
Fragment de la panse d'un vase portant un décor à la
roulette; terre grise très dure, légèrement sableuse.
b)
Petite boude en bronze bien patiné, et dans un excellent
état de conservation.
Epaisseur moyenne de l'ceillet: 25 mm.; la double plaque
à charnière est fermée par un rivet ; épaisseur de la plaque
simple : 5 mm. Pièce médiévale tardive.
c)
Bague en bronze qui adhérait à une phalange (tombe
dérangée); diamètre moyen : 20 mm. Assez fruste.
d)
Vase en terre noire légèrement lustrée; terre poreuse et
dure, eauleur gris aux endroits usés.
~11 porte une gorge
sur
I'
épaule.
Dimensions : hauteur 110 mm. ; diamètre ouverture
64 mm.; diamètre panse 102 mm.; diamètre fond+ 40 mm.
Ces quatre objets
a~b
~c ~ d ont été trouvés au cours des
fouilles de 1955.
e)
Vase en terre grise, assez dure, légèrement sableuse
à
taches plus sombres (Collect. Ghislain: trouvé dans la
courette de M. Namur).
11
porte trois gorges sur la panse.
Dimensions en mm. Haut. 110; diamètre ouverture 64
;
diamètre panse 102; diamètre fond+ 40.
f)
Partie supérieure d'un grand va se en terre gris-som bre,
dur, parfois légèrement poreuse; la cassure vers Ie haut
est roussàtre à certains endroits (Collect. Ghislain
:
trouvé
sous l'immeuble Gicart).
La panse porte neuf petites dépressions crénelées.
Diamètre fond 80 mm. diamètre panse 147 mm.
(1) Celle-ci a été examinée par M. René Borremans, préparateur au Service des Fouilles, qui a bien voulu nous suggérer ce paragraphe. Nous l'en remercions cordialement.
\".
([)
®
rn
2~
43 5cm.
5cm.
ûHUN 1955 : Trcwailles isol~s
Fig. 4
g)
Fer de lance : long. 364 mm. ; larg. max. de la soie
35 mm. ; épaisseur de la soie 5,5 mm. ; diamètre max. de la
douille 30,5 mm.
Pointe de flèche: long. 50,1 mm.; larg. max. des ailerons
15 mm. ; diam. max. de la douille 8 mm.
Outil
à
quatre dents : long. totale 61 mm. ; long. moyenne
des dents 25 mm. ; écartement rnayen des dents 3 mm.
Objet en fer (pzut-être fragment de petite lance
?) long.
totale 41 mm.; larg. du corps 7,5 mm. ; larg. de la soie
20,5 mm. épaiss. de la soie 0,2 mm. (Collect. Ghislain) (1).
h)
Vase 1630: Vase biconique décoré à la roulette, surface
externe lissée et de
·
teinte noiràtre. Pàte grise dans les
cassures et
àl'intérieur; dure et cassante.
Le fond externe du vase porte un graffiti :
ANO 1630 et les initiales
J.
R. (
2)
Dimensions en mm.
:
haut. 96,3; diam. ouv. 74; diam.
panse 100; diam. fond 37.
*
* *
Etude comparative du mobilier.
Hache 1) T. I/1. (fig. 3).
Cette forme de hache est plutot rare ; elle apparaît
cependant dès la fin de l'époque romaine et demeure employée
dans les m:Jbiliers funéraires jusqu' au
vne
siècle.
Type
à
peu près identique
à
celles de
Lede (FI. Orient.) (
3),
Trivières (Hainau t) (
4),Muizen (Brabant) (
5),
Fontaine- Valmant
(Hainaut) (
6),Sauville (Lorraine)
(1)
et
Envermeu (Normandie) (
8).
(!) Ces obiets ont été traités par les soins du laboratoire du Musée de Mariemont.
(2)
J.
Breuer, Buiietin Musées Royaux d'Art et d'Histoire, 1938), lnv. B 2869.(3) A. de Loë, Catalogtte, IV, p. 124, fig. 100.
(4) Loc. cit. p. 114, fig. 94.
(5) M.R. A. H., Salle mérovingienne, vitrine Muizen.
(6) D. A. van Bastelaer, Le cimetière franc de Fontaine- Va/mont, Bull.
Comm. roy. Art et Arch. 1894, pl. V, descrip. p. 465.
(7) M. L. Vilminot, Sauvi/le et son cimetière barbare. Revue lorraine
d'anthr., 1929-1930, p. 68.
(8) Abbé Cochet, Sépultures gauloises, romaines, franques et normandes,
GHLÏN
1955
~
-
ueoi
Scm.
Figure 5.
Boude 4) T. lil. (fig. 3).
Peu d'éléments permettent une comparaison susceptible
de dater cette boucle de façon péremptoire. Elle ressemble
cependant à deux fibules annulaires saxonnes trouvées dans Ie
nord des Pays-Bas (1) •
•
Comme dans !'exemplaire de Ghlin, l'ardillon est mobile
et on Ie pas se
à
travers
I'
étoffe. L' ornementation consiste en
un décor animalier que Anna ROES considère comme saxon.
Elle date cette boucle du
JVe
siècle, ainsi qu'une broche
annu-laire du Musée de Laon décorée d'une double paire de têtes
animales affrontées,
Fibules annulaires celtiques, ou fibules annulaires
anglo-saxonnes (
2),
leur forme se retrouve jusque bien avant dans Ie
haut moyen-age (
3).La forme la plus proche de la boucle de Ghlin est
repré-sentée dans la tombe de Walheim (vallée du Main inférieur) (
4)
datée de la seconde moitié du
vne
siècle maïs !'auteur la
considère comme élément étranger au terroir de la Hesse et,
dans Ie rite funéraire, utilisée comme ornementation plutót que
comme boucle proprement dite.
Boude
isolé b).
(fig.
4).
De forme plus simple, on la retrouve dans la tombe de
Hammeiburg datée approximativement de la fin du
Ve
siècle
(province de la Hesse-Nassau) (
5).
On peut voir au Musée des Antiquités Nationales
à
St
Germain-en-Laye (Salie XVII, vitrine 25) une petite boucle très
apparentée
à
celle de Ghlin, ainsi que deux au tres, plus grandes,
(1) Anna Roes, Berichten R.. 0. B. ann.lV. 11 déc. 1953, pp. 28-30. (2) G. Baldwin-Brown, The Arts in Early England, Vol. lil - Saxon Art
and industry in the pagan period, London 1915, fig.Let Ll, pp. 285-287.
(3) Boucles-anneaux dans des tumulus du JXe siècle. District de Seeroz (Biélorussie).
A.S., Kurgany R.askopannye, dans Zirao, VIII, 1895, 1896, pp. 92-96. A. S., Kurgany R.askopannye leremenkom v. Buraskom Niezdie, dans Zapiski lmp. R.uss. Arch. Obsestva, St Petersbourg. 1895-96.
(4) G. Behrens, Fränkische Frauengräbe~ aus R.heinhessen, Mainzer Zeit-schrift, XXXV, 1940, f. 32, pp. 14 et 16.
(5) H. Muller-Karpe, Das Hammeiburger Kriegergrab der völker-wan-derungszeit, aus Mainfränkishes Jahrbuch 6/1934, p. 204, fig. 1, n° 2.
PLANCHE I Grandeur: 111.
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Tiers de sou d'or barbare de Ghlin.
(Collection mérovingienne des Musées royaux d'Art et d'Histoire
à Bruxelles) Grandeur: 2/1.
51
mais de même style. Elles proviennent de tombes
mérovin-giennes du Nord de la France.
CONCLUSIONS.
Outre les sept sépultures examinées
à
Ghlin, on peut
évaluer
à
une vingtaine celles qui furent systématiquement
pillées et détruites dans la portion explorée par Ie Service des
Fouilles.
L' étendue de la prospection archéologique de 1955 ne
permet pas d' établir un plan complet de la nécropole de Ghlin.
Cette nécropole qui s'intègre dans les quinze cimetières
mérovingiens recensés dans !'arrondissement de Mons,
(I)
n'a
pas livré d' objets vraiment caractéristiques pour Ie
VIe
siècle.
Nous préférerions en conséquence les placer au
Vlle
siècle.
Remarquons aussi, mais sans y attacher plus d'importance
qu'il convient, !'absence totale d'objets d'utilité nettement
féminine
(perles, colliers, broches). Le pillage, auquel notre
cimetière semble avoir été soumis, pourrait avoir fait disparaître
ces objets
à
une époque assez reculée.
W. LASSANCE.
(1) G. Faider ... Feytman, Le cimetière mérovingien de Tertre, Revue beige d'arch. et d'hist. de !'art, 2~3, XII, 1942.